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Soline De Laveleye
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Chaque poésie est tenue pour singulière, soit. Cependant certaine parole poétique se distingue par une capacité d'attention telle, par une force de rayonnement à ce point irrépressible, à partir de circonstances souvent au plus près du quotidien, au plus proche de l'expérience sensible, comme pour faire face à l'inattendu, à l'imprévisible, parfois pour témoigner du presque rien ; mais un presque rien si considérable qu'il bouleverse tout le rapport que l'on entretien avec le monde qui nous entoure, qui nous habite, que nous respirons, et qui respire en nous. C'est que la perspective qu'une telle poésie développe et engage cherche l'adresse de l'autre, du lecteur, pour le rejoindre et le toucher. Sans quoi la parole poétique est vouée à tourner sur elle-même. La poésie de Soline de Laveleye évoque cette nature du quotidien si insistante, tout ce « ronronnement des choses », selon ses propres termes, comme pour se maintenir en elle, en cette réalité qu'elle ressaisit par les mots, par la parole poétique, permettant ainsi d'accéder aux pulsations du corps, inséparables en ses textes de l'imagination et de la pensée. Celles des sensations tout autant, et celle de l'espace en sa clarté comme de ses obscurités, non moins. Une manière, et peut-être la seule, de « rendre le monde visible », pour le saisir ; et au milieu de chantiers en action, pour y ajouter. Alors que chez cette auteure aucune complaisance n'est épargnée face au monde à « apprivoiser » et tel qu'il va ; face à ses dérives ressenties dans les plus infimes moments de l'existence. Cette poésie impulse une dimension critique, un regard à distance, un recul nécessaire à notre acuité, à cette lucidité qui nous est devenue indispensable pour ne pas dire, essentielle, pour vivre à l'époque nôtre.
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Les phrases de la macheuse : et autres histoires
Soline de Laveleye
- Maelstrom
- 1 Juin 2014
- 9782875051714
Je voyais que les phrases se multipliaient, qu'elles constellaient la table et le sol, qu'il y en avait des myriades, accrochées à leur bout de papier comme à des coques de noix lancées dans les tourbillons des rigoles des trottoirs, des phrases de tout et de rien, des questions posées au matin, lancées aux chiens, des paroles qui tintaient sur le verre vide du pochard, des phrases pour saluer les menottés des machines à sous et les inviter à une pérégrination lointaine, des phrases à glisser dans la poche des vieux figés sur la première raie des passages pour piétons, des phrases pour tendre les bas de laines qui tirebouchonnent sur les chevilles, des phrases que j'aurais aimé apprendre par coeur pour vous les dire.
Lorsque une histoire va commencer, quelque chose se met en suspens. C'est le moment de reprendre son souffle et d'écouter, sous les remous, la vie qui bat, le pouls lent et puissant des vivants. Ensuite, les mots viennent. Comme une invitation au voyage, au plaisir de la traversée. Se laisser emporter, perdre pied, aborder des rivages insoupçonnés.
Dans ce livre, les textes et les images nouent un dialogue libre et joyeux, dont les échos vibrent longtemps, multipliant les itinéraires.
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Dans une ville emmurée où se pratiquent d'étranges rituels, une passeuse clandestine oeuvre aux évasions et aux métamorphoses. Le temps d'un spectacle, une marionnette raconte ses pérégrinations, émaillées de rencontres troublantes et d'apprentissages. On y croise des exilés et des bonimenteurs, des travestis désespérés, des femmes aux cuisses lustrées montées sur des échasses, des animaux de compagnie revenus à l'état sauvage, et même une troupe d'enfants parlant un langage oublié.
Ces figures entremêlées composent une fable burlesque et sensuelle, le tableau baroque d'un monde aux prises avec l'illusion. S'y font écho la soif de liberté des habitants de Ciutabel et la quête initiatique de Pouc. Des personnages prêts à tout pour briser le miroir aux alouettes, avides d'échapper à la pesanteur des rôles et des enfermements.
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«je suis dans une pièce sans fenêtre depuis combien de jours suis-je sans fenêtre sans souffle immobile quand je cherche la sortie je sais qu'il y a une porte mais je ne peux pas je suis interdite je ne peux pas ouvrir cette porte comme dans ces rêves où menacés nous ne pouvons plus nous mouvoir le corps n'obéit pas»