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anthony glinoer
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Etre éditeur : Histoire, discours, imaginaires
Anthony Glinoer
- L'Echappee
- 18 Octobre 2024
- 9782373091601
Personnage au statut fragile mais privilégié parmi le «peuple du livre», l'éditeur occupe un rôle clé dans la production du livre, qu'exprime la mention de son nom sur les couvertures. Parce qu'il a pour fonction principale d'amener un texte vers un lectorat, l'éditeur se tient dans un constant mais instable équilibre entre politique de l'offre et politique de la demande, entre audace et opportunisme, entre la création et son commerce. Dans quelle histoire s'inscrit l'activité de l'éditeur? Quels types de discours tient-il sur son métier? Comment cette figure nourrit-elle l'imaginaire social? Autant de questions qui trouvent des réponses dans ces pages.
Si l'édition française a fait l'objet de nombreuses publications, Anthony Glinoer réalise la première synthèse entièrement consacrée à la figure de l'éditeur, à la croisée de l'histoire du livre, de la sociologie des pratiques culturelles et des études littéraires. Un vaste corpus de mémoires, de romans, d'ouvrages savants, de films et d'entretiens a été mobilisé pour faire émerger, de manière vivante et illustrée, l'être éditeur, tant dans ses pratiques que dans ses discours et dans les représentations qui les entourent, entre diabolisation et célébration. -
« (.) Si l'usage des clés est si fréquent, c'est que l'image du monde littéraire est partout grimaçante. La fictionnalisation des lieux, des personnages et des discours prête à merveille à la satire. Il n'est guère surprenant, à cet égard, que tant Muno que Baillon, Mockel et Detrez mettent volontiers en scène des conflits et des querelles entre leurs personnages. La fiction est un moyen privilégié pour régler ses comptes et pour donner vie à l'entrechoquement des idées. Le journal intime offre un autre espace de choix pour les déclarations incendiaires ou venimeuses : Jean Muno ne s'en prive pas, comme le montrent à partir de corpus différents David Vrydaghs et Renata Bizek-Tatara, non plus que Paul De Wiespelaere. Un aspect qui traverse les articles réunis ici est peut-être le plus proprement belge de tous. Il s'agit du rapport à ce qui excède le littéraire. Les romans du XIXe siècle que Marianne Michaux a pris pour objet d'étude dans son article sont particulièrement représentatifs à cet égard, dans la mesure où tous jouent sur la confrontation entre le monde de l'art (littérature, peinture, théâtre) et le monde social. Que ce soit dans Soeur et Frère de Joseph Gaucet, dans Maubert de Henri Colson ou dans Le Directeur Montaque de Dominique Keiffer, cette confrontation ne se produit pas selon une axiologie opposant la bohème fantasque mais dévouée à un art autonome et la bourgeoisie utilitariste et castratrice ; par l'intermédiaire de la figure de l'artiste (ou plus tard de celle du journaliste chez Baillon) se dit plutôt une recherche de réussite sociale apaisée quoique déceptive, une lutte qui consiste moins à s'opposer à la société dans son ensemble qu'à tâcher d'y trouver une place, la plume ou le pinceau à la main. On retrouve cette tension et cette difficulté à se situer pour le poète entre deux grands types d'écrivains, le surréaliste d'un côté et le fonctionnaire de l'autre, dans l'analyse que livre Daphné de Marneffe du roman de Franz Hellens. Condamné à la marginalité au-dehors et au malaise identitaire au-dedans, l'écrivain belge doit avant tout négocier sa propre existence problématique. Les figurations du monde littéraire s'ajoutent ainsi à l'arsenal dont disposent les chercheurs pour mieux en comprendre les formes et les formulations. (Extrait de la présentation) »