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"Ma mère n'ose plus aller se coucher. À peine s'étend-elle que moi, dans son ventre, je me mets à donner des coups de pied tels qu'elle doit se relever en gémissant. Tant qu'elle travaille ou qu'elle est assise le dos bien droit, je suis gentil. Elle dort assise, dans un fauteuil qui a été poussé contre le lit matrimonial. Ses pieds contre ceux de mon père, c'est la seule marque de tendresse que j'autorise.Au cours de la vingtième nuit qu'elle passe de la sorte retentit un cri effroyable. Un coup de tonnerre fait trembler la maison sur ses bases, ma mère s'éveille en sursaut. «?Bonne nuit, gente dame.?» Un petit homme trapu d'une soixantaine d'années se tient au milieu de la chambre. Il porte un antique pourpoint et des bottes à revers, il a des bajoues et un double menton. Une cuiller en bois est fixée à son chapeau mou à large bord. Il prend en main le chapeau et exécute avec grâce un profond salut. Son crâne est chauve.«?Bonne nuit?», parvient enfin à articuler ma mère."Paru en 1985, cet ouvrage inaugure l'oeuvre aubiographique de l'auteur, La Trilogie du Pays de Waes, que viendront compléter La langue de ma mère et Les boîtes en carton. On y rencontre le jeune Tom et sa famille, les amis, les voisins, le peuple pittoresque de sa région natale. Il se compose de quatre récits. Le premier conte l'histoire de la famille Lanoye, plusieurs générations d'éleveurs et de bouchers. ; un ancêtre apparaît en rêve à la mère enceinte de Tom, la morigénant parce que son fils à naître ne perpétuera pas la tradition familiale, mais deviendra un intello à petites lunettes. Le deuxième narre l'existence plus ou moins farfelue d'un mécanicien qui vient de mourir et de sa femme tout aussi originale. Le troisième celle d'un surdoué de la lecture qui défraie la chronique et la science. Dans le dernier, l'auteur fait l'éloge funèbre de son frère aîné devant un parterre de personnalités internationales. L'unité d'atmosphère est telle qu'on peut parler d'un roman éclaté. On y trouve le ton particulier des oeuvres de maturité de l'auteur, une sentimentalité qui ne verse jamais dans le sentimentalisme grâce à l'ironie et au sens aigu du grotesque, ainsi qu'un mélange du réel et du fantastique.Romancier, dramaturge, poète, chroniqueur, scénariste, performeur à l'occasion, Tom Lanoye est une star aux Pays-Bas et en Flandre. Forte de plus de cinquante titres, son oeuvre, parmi les plus lues et primées est traduite dans de nombreuses langues. Son théâtre est régulièrement joué dans le monde entier, notamment au Festival d'Avignon.
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Sang et roses. Au XVe siècle, Jeanne d'Arc, simple paysanne, reçoit l'ordre divin de «bouter les Anglais hors de France». Elle mène les troupes françaises, lève le siège d'Orléans, conduit le dauphin Charles au sacre, à Reims, et contribue ainsi à inverser le cours de la Guerre de Cent Ans. Capturée à Compiègne, elle est vendue aux Anglais puis condamnée au bûcher pour sorcellerie. Gilles de Rais, grand seigneur de France, est un des rares hommes à combattre aux côtés de Jeanne d'Arc jusqu'au bout. Après la guerre, il se livre à la magie et aux dépravations sexuelles. Il est condamné pour sodomie et pour le meurtre de dizaines d'enfants. Jeanne et Gilles, grandes figures de l'Histoire de France, sont au coeur de cette histoire. Une histoire qui se concentre sur les pouvoirs judiciaire et religieux, pour dénoncer les dangers des fondamentalismes qu'ils abritent en leurs seins.
Mamma Medea. Cette adaptation libre et contemporaine d'Euripide mêle le vers et la prose, la langue soutenue de la tragédie classique et le franc-parler d'aujourd'hui. Arrivé en Colchide, Jason veut récupérer la Toison d'or. Le despote Aiétès la lui remettra s'il sort vivant de l'épreuve qu'il lui impose. Médée, la fille d'Aiétès, tombe instantanément amoureuse de Jason. Pour lui faire gagner l'épreuve et pour s'enfuir avec lui, elle accepte de trahir son père, d'abandonner sa soeur et de tuer son frère. Ces épreuves passées, Médée, Jason et leurs fils se sont exilés en Corinthe. Médée a sombré dans la folie, car Jason, qu'elle aime plus que tout et pour qui elle a renié sa propre famille, a décidé de la bannir et d'épouser la fille du roi Créon. Désespérée, Médée assassine Créon et sa fille, ce qui rend Jason fou de rage. Calme et sérénité ne reviendront qu'après une querelle passionnée qui poussera Médée et Jason à assassiner leurs propres enfants.
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Un écrivain approchant la soixantaine, émigré en Argentine depuis plusieurs décennies, est de retour dans sa petite ville natale, en Europe centrale. Il se sent investi d'une grande et importante mission : participer au sauvetage, sinon à la renaissance, d'une minorité ethnique, dont la langue et la culture sont menacées d'extinction.
Avec ce roman, Alain Van Crugten a écrit une vraie parabole sur le devenir incertain des "petits" peuples dans le concert cacophonique du mondialisme.
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Mars 1968. Jean Artigues, jeune universitaire provençal en stage de recherche à Varsovie, y a tissé un réseau amical et professionnel. Il est non seulement le témoin intéressé, et souvent étonné, de la vie quotidienne dans une société du « Bloc de l'Est », mais il est impliqué malgré lui dans des incidents quasi inconcevables en régime communiste, qui vont ébranler le pays et donner le prétexte de la dernière campagne antisémite « officielle », provoquant l'émigration des trois quarts des Juifs de Pologne. Artigues est le spectateur privilégié d'évènements qui ont marqué l'histoire contemporaine de la Pologne et dont les effets se font encore sentir aujourd'hui. Cependant, « La dictature des ignares » n'est pas seulement un récit historique et politique ; il s'agit également du roman d'un amour qui s'acharne à vaincre les obstacles dans une situation complexe et dangereuse.
Alain van Crugten est l'auteur de romans, nouvelles et pièces de théâtre, publiés pour la plupart à L'Âge d'Homme et chez Luce Wilquin. Son Korsakoff a remporté le Prix Rossel des Jeunes, et il a reçu en 2004 un prix de l'Académie Royale de Belgique pour l'ensemble de son oeuvre. Également traducteur de six langues, il a traduit plus de quatre-vingts ouvrages, notamment des écrivains flamands Hugo Claus (Le Chagrin des Belges) et Tom Lanoye (La Langue de ma mère), d'écrivains polonais, dont S.I. Witkiewicz, Marian Pankowski, Bruno Schulz, SÅ‚awomir MroÅ1/4ek, ou du grand auteur tchèque Karel Capek.
Pour l'écriture de ce roman, il s'est inspiré de son expérience de boursier en Pologne à l'époque qu'il décrit. -
Les Marolles, un des plus anciens quartiers de Bruxelles où, au début du XXe siècle, s'entassaient de misérables masures dans les ruelles et impasses insalubres. C'est dans ce milieu pauvre que grandissent le fils et les quatre filles de Ferdi et Meeke Thomm, un maçon et une vendeuse de fleurs à la sauvette. On n'y parle que le bruxellois ou brussels, dialecte flamand - dont ils ignorent qu'il est flamand - mâtiné du français qui gagne peu à peu du terrain. Dans la langue populaire, le vrai Bruxellois est surnommé zinneke, « corniaud ». Et cela ne le gêne pas d'être comparé à un chien bâtard, il en tire même une certaine fierté. Mais Thomm n'a rien d'un nom de famille bruxellois, flamand ou wallon. C'est qu'à l'origine a vraisemblablement immigré une jeune fille allemande, qui aurait « fauté » avec le riche du quartier, fils des propriétaires d'une grande brasserie. Après avoir confié son bébé à on ne sait qui, elle aurait à nouveau émigré, cette fois à Paris, où elle serait devenue tenancière de maison close. C'est ce que découvre le narrateur - son arrière-petit fils - en même temps d'autres zones nébuleuses de l'histoire familiale, en écoutant parler - et parfois radoter - sa mère et ses deux vieilles tantes. En l'espace d'un siècle, les Thomm et leur descendance sont passés de la quasi-indigence de l'impasse marollienne au statut de petit bourgeois des faubourgs. Parallèlement, le brussels s'est effacé au profit de la langue française, même si la lignée a continué de pratiquer un bilinguisme français-brussels savoureux. Quant aux Marolles, s'y mélangent aujourd'hui de vieux Bruxellois, des strates successives d'immigrants et des îlots de gentrification. Un livre réjouissant, qui brasse dans un permanent humour grande et petite histoire, évolution sociale et folklore. Alain van Crugten est l'auteur de romans, nouvelles et pièces de théâtre. Son Korsakoff a remporté le Prix Rossel des Jeunes, et il a reçu un prix de l'Académie Royale de Belgique pour l'ensemble de son oeuvre. Également traducteur de six langues, il a traduit des écrivains flamands comme Hugo Claus et Tom Lanoye, polonais comme S.I. Witkiewicz, Marian Pankowski, Bruno Schulz, SÅ,awomir MroÅ1/4ek, ou tchèques (Karel Capek).
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Alain van Crugten, romancier, auteur de nouvelles et d'une dizaine de pièces de théâtre, est également traducteur. Il est connu pour sa version française du Chagrin des Belges de Hugo Claus, ainsi que pour son activité de professeur de littérature comparée et de lettres slaves à l'ULB. Bruno Schulz ou la Grande hérésie, publié par les Editions du CEP, est une pièce de théâtre articulée autour de la vie et des oeuvres de Bruno Schulz, un des plus grands écrivains polonais du 20ème siècle, tué par les nazis. La pièce d'Alain van Crugten sort en même temps que sa nouvelle traduction intégrale des oeuvres de Bruno Schulz.
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L'ancienne Pologne, située au coeur de l'Europe, avait été un carrefour d'ethnies, de langues, de religions et de cultures, toujours tournée en priorité vers l'Occident.
Anéantie en tant qu'Etat à la veille du XIXe siècle, elle restera soumise à la domination étrangère pendant plus d'un siècle, non sans lutter, non sans entretenir l'espoir constant de retrouver l'indépendance. Lorsque celle-ci vint enfin à l'issue de la Première Guerre mondiale, la Pologne à peine renaissante fut engagée dans une guerre pénible contre l'Union Soviétique, puis elle fut confrontée à d'ardus problèmes de frontières et de territoire et à un ensemble de problèmes économiques, politiques et sociaux auxquels elle était évidemment peu ou pas préparée.
Elle ne bénéficia même pas de vingt ans de paix pour se consolider, puisque le trop célèbre pacte Ribbentrop-Molotov régla son sort : la Seconde Guerre mondiale éclata sur son territoire et elle subit un second partage. Dans ce conflit, elle fut, de tous les pays engagés, celui qui subit proportionnellement les plus grands dommages, humains et matériels. Yalta la plaça, contre son gré, dans la zone de dépendance soviétique, où elle resta, non sans opposition intérieure, pendant quarante-cinq longues années.
Puis elle joua, notamment avec " Solidarité ", un rôle décisif de détonateur dans l'effondrement du " bloc soviétique ". Depuis ce moment, les forces vives de la nation polonaise n'ont plus qu'un but : entrer dans l'Union européenne, c'est-à-dire réintégrer cette Europe dont elle n'aurait jamais dû être séparée.
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Ioana, une Roumaine d'une quarantaine d'années, a échoué comme SDF sans papiers sur le pavé parisien depuis une dizaine d'années.
Le caricatural capitaine César Maugréant et son agaçant adjoint Émile Cougnotte cherchent en vain à comprendre de quelle manière elle est impliquée dans la mort étrange d'un vieillard sans histoire qu'elle surnomme Bibardu. On finira par apprendre dans quelles circonstances extraordinaires Ioana a fait la connaissance de Bibardu et l'incroyable roman que cachait la longue vie insipide de celui-ci. On apprendra aussi quel attachement a lié Bibardu à Ioana, et comment le vieillard lui a légué une fabuleuse preuve d'amour, qui lui permettra de réussir enfin à faire quelque chose de son existence - peut-être même avec l'aide du policier Maugréant, plus humain et plus compréhensif qu'il n'y paraissait.
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Le rebrolution et autres histoires a demi belges
Alain Van Crugten
- L'Age D'Homme
- 4 Février 2015
- 9782825144961
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Alain van Cureghem - mère juive polonaise des Marolles, grand-père néerlandais, grand-mère corse - raconte sa vie mouvementée. Mais des failles, des incohérences, des invraisemblances apparaissent dans le récit. Vrai, le dépucelage à treize ans sur un lit de roses ? Vraie, cette d'Ilse, fille naturelle du père collabo ? Vraie, la participation à l'assassinat de John Kennedy ? Vraies, les missions pour la Russie communiste ?... Avec ses avalanches de scènes incroyables, ses véritables morceaux d'anthologie, cette autobiographie de l'Autre garde en permanence une distance ironique à l'égard du monde et de son narrateur. Enfin réédité, ce roman belge - et même bruxellois - d'Alain van Crugten, paru chez Luce Wilquin en 2004 et prix Rossel des jeunes, nous offre un récit déluré à l'humour ravageur. Alain van Crugten est l'auteur de romans, nouvelles et pièces de théâtre. Son Korsakoff a remporté le Prix Rossel des Jeunes, et il a reçu un prix de l'Académie Royale de Belgique pour l'ensemble de son oeuvre. Également traducteur de six langues, il a traduit des écrivains flamands comme Hugo Claus et Tom Lanoye, polonais comme S.I. Witkiewicz, Marian Pankowski, Bruno Schulz, SÅ,awomir MroÅ1/4ek, ou tchèques (Karel Capek).
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Un fringant septuagénaire parcourt la Toscane sur les traces de son passé lointain. Pourquoi a-t-il entrepris ce voyage zigzagant et aléatoireoe Pourquoi l'identifie-t-il à celui qu'a décrit un grand poète tchèqueoe Et que vient faire le Diable en apparitions diverses et variéesoe Autant d'interrogations qui poursuivent le lecteur jusqu'à une fin inattendue.
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