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françoise houdart
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L'éclipse est à présent totale. Il est un peu plus de quatre heures du matin, et le spectacle est grandiose. Lune rouge, lune de sang. C'est un peu troublé que Sacha regagne son appartement au troisième étage de son immeuble. Le jour se lève déjà. Le silence qui l'accueille dans le hall d'entrée a une étrange résonance. L'intuition du vide lui saccage le souffle. Il pénètre sans bruit dans la chambre où il avait laissé Mado, sa femme, avant de descendre sur l'esplanade pour jouir du spectacle de l'éclipse. Mado n'est pas dans le lit. Il traverse l'appartement, appelle?: Allez, montre-toi, Mado... Mais elle ne répond pas. Rien ne manque à l'ordonnance du quotidien. Rien, sauf Mado.
Tétrade... Lune pourpre... Éclipse... Dans ce dix-huitième roman, Françoise Houdart sonde les mystérieux rapports qui mêlent aux fantasmes les plus déconcertants les cycles lunaires et la fécondité.
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La foudre frappe le tilleul séculaire devant la maison d'Eugénie, précipitant la vieille dame sur le carreau de sa cuisine. Sa fille Lisa va la voir à l'hôpital. C'est le début pour elle d'une prise de conscience de tous les mystères qui ont jalonné sa vie, depuis la pensione Mona Lisa, près de la gare Santa Maria Novella, à Florence où ses parents ont passé leur lune de miel et où elle a - peut-être - été conçue, jusqu'à la fuite de son père Auguste, incapable d'assumer une accusation grave, et dont elle n'a plus su que des cartes postales envoyées des quatre coins de France et d'Italie. De non-dit en non-dit, un mur s'est érigé, qu'il lui faut à présent déconstruire pierre à pierre.
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En acceptant de s'asseoir sur ce banc à la berge du Vieux Canal, à côté d'un homme étrange qui prétend s'appeler Moïse, Clémence a-t-elle bien conscience qu'elle se laisse insensiblement dériver dans les eaux troubles d'un passé dont il va lui léguer l'héritage ? Victoria Libourne, le seizième roman de Françoise Houdart, pose, de façon symbolique, la question essentielle de la trahison et du pardon, et prospecte, à la façon d'une enquête policière, les zones aléatoires au confluent du rêve éveillé et de la réalité, ces espaces hors du temps où s'interpénètrent les rumeurs de la lointaine Garonne, les images scintillantes d'un jardin sous la neige, le chant d'adieu d'improbables grenouilles et les méprises de l'amour.
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Ici, à la Bastida, on le surnomme " le Basquou ", le vieil homme qui se penche ce matin-là, au seuil d'un étincelant dimanche d'octobre, sur une jeune femme tout de blanc vêtue, gisant dans l'allée du château.
Pressent-il déjà, le vieux vannier, que ce qui est là va bousculer l'agencement coutumier de sa vie et des gens qui la partagent ? Ceux-là même, ces gens d'ici, avec leurs mots, avec les rumeurs et les humeurs qui les traversent, avec leurs maux de corps et leurs secrets enfouis au plus profond du coeur, comprendront-ils jamais pourquoi celle qui est tombée là, comme un ange désailé, va agiter de ses propres délires la mémoire de pierre de la Bastida jusqu'à ce que s'en libère enfin l'âme violentée de la Dame Blanche, la reine et l'oiseau, dont elle se croit parasitée ? Ce roman de Françoise Houdart, le onzième, place le jeu des coïncidences, des perceptions et des confusions de personnalités dans le cadre réel de la Bastide de Molières, humble joyau du Périgord Pourpre dans le Sud de la Dordogne, cette terre bénie des dieux épicurien, où les légendes nourrissent les événements de l'histoire des fortunes et des peurs que les hommes ont faites leurs.
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Une douzaine d'histoires - dont certaines imbriquées les unes dans les autres à la façon des matriochkas - que relient l'obsédante quête d'une collectionneuse à la recherche d'une poupée volée jadis dans un parc et les aventures parfois risquées, souvent déroutantes, de deux brocanteurs traquant l'aubaine rare au fond des greniers à vider ou croyant la saisir dans le double reflet bleuté d'une vitrine de bordel.
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" Me souvenir, dans l'après, de mon corps de gisante ? D'un geste, d'un ultime baiser, d'un mot déposé sur son front de marbre poli, si proche de ma chair encore, conserver la saveur je la contemple déjà, celle qui sera ma gisante.
Elle n'est personne. Elle est juste cela : la demeure exposée d'une vie arrêtée. Mais vous, ses prochains, avec vos mots frileux, avec vos mains nouées par la peur de toucher ; vous, avec vos larmes vraies et votre farouche instinct du vif et du mobile ; vous qui venez à sa rive, au chevet de son silence, l'un après l'autre, vous qui venez, passez ; vous qui poursuivez votre chemin, votre vie... Que dites-vous ? Que taisez-vous ? " Une oeuvre poétique et romanesque qui grandit et prend de la maturité (sept romans publiés à ce jour aux Editions Luce Wilquin), Françoise Houdart poursuit ici sa prospection des champs de la vie - et de la mort.
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