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pascal feyaerts
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Appliquant le principe bouddhique selon lequel un lieu n'est jamais vide lorsque l'esprit est rempli, Feyaerts apprivoise le néant, le nourrit d'essentiel, puisant dans la finitude individuelle des raisons de croire en une infinitude collective.
Poète d'instinct, l'auteur nous emmène sur la sente de son questionnement, vers sa lumière.
« On voit à la démarche de chacun s'il a trouvé sa route. L'homme qui approche du but ne marche plus ; il danse. »
Cette pensée de Nietzsche traduit bien l'art poétique de Pascal Feyaerts : danser sur le fil éphémère de l'existence pour donner un peu de poids à notre insignifiance, quelque ancrage à notre impermanence.
Racines de l'éphémère... Un titre magnifique, proche de l'oxymore, pour un recueil tout en contrastes, un miroir derrière lequel la vérité nous regarde. -
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Tel le «Nu descendant l'escalier» de Marcel Duchamp, le temps semble se rétrécir pour Pascal Feyaerts au mouvement d'un présent arrêté. S'il vit dans le passé, c'est à l'état de deuil. La perte est immanente, constitutive de son état d'esprit. Le présent se dilue dans l'esseulement, ne se connaît à vivre qu'au titre de point de départ d'un futur sans perspective.
Ne reste que le corps pour aspérité sensible, l'âme pelée au vent. Aussi esquisse-t-il à travers le poème la transcendance qui lui permettra de surmonter l'angoisse que suscite en lui l'empilement des jours.
Qu'est-ce qu'un présent, qu'une durée qui ne se connaît plus pour durable, sinon la projection dans l'éternité pour approfondissement de l'instant ?
Reste l'éclat de temps que la fulgurance d'une image fixe dans l'éternel présent, la séduction du «bel aujourd'hui» (Mallarmé).
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"Parfois on se souvient que quelqu'un nous aimait..." Accoucher d'une douleur, souffrir, s'ouvrir, et qu'elle sorte glissante, sanglante, qu'elle se mette à vagir. Déjà elle quitte Feyaerts. C'est la délivrance. Mais cette douleur lui appartient, il doit la guider, l'assagir, l'éduquer, en faire un souvenir, un rappel, un sourire. Elle existe et tant que la mémoire est claire, il s'en souviendra telle une brume légère, parfumée d'une odeur de fièvre.
"Ne rien regretter de nos vies à plutôt coucher dehors que dedans..." La poésie de Pascal Feyaerts a la souplesse d'un vent léger, il ouvre avec respect les portes de l'espace et son rêve a des ailes, il plane dans l'apesanteur. Ses songes ont des éclats d'argent, des intimités de voile et de soie, une femme s'ouvre avec une lenteur voluptueuse comme une fleur sous le soleil de mai. Il ose exister entouré du symbole du blanc, une mariée se "souviendra longtemps de cette lumière un peu violente qui l'habitait à l'heure du serment..." Ses poèmes ont le charme étonnant de ce va-et-vient entre le sublime et ce noir chemin qu'il faut suivre heure après heure, entre le doute et la foi, entre le silence et le cri, entre l'amer et le miel.
"Entre un amour ancien et l'espoir qui renaît." (Extrait de la préface d'Anne-Marie Derèse)
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On ne fait pas de la bonne littérature avec des bons sentiments, c'est entendu ! Mais avec une fêlure, sans s'en apercevoir, on crée un passage entre soi et le monde.
La disparition est au centre de ce livre, et Pascal Feyaerts, qui est croyant, qui doit croire, touche ici avec justesse le manque et l'inconsolable des enfants du temps.
Ses mots sont les nôtres, dans d'autres circonstances, dans d'autres lumières. C'est pourquoi ces textes trouvent leur chemin.
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« C'est mon chemin d'inviter la lumière », m'avait un jour confié Pascal Feyaerts. Voilà une phrase qui pourrait résumer le contenu de ce recueil ! En peu de vers, il nous emmène dans son univers existentiel, avec humilité, lucidité et enthousiasme ! Ses poèmes traversent l'éphémère tout en questionnant le doute et ses répliques familières, les fêlures aux allures débonnaires. Extrait de la préface d'Anne-Marielle Wilwerth
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« En de brefs poèmes (entre quatre et dix vers), le poète, sans une once de complaisance, et en gardant la ligne de maigreur du poème dense, réussit à imposer (est-ce le mot ?) son univers de doutes, de clartés et d'ombres. Les fulgurances, certes, sont le fait de vrais poètes, que la vie et la mort inspirent, sans effet de langue, sans larmoyer. D'un lyrisme mélancolique, le poème coule, décisif, à la fois tendre et tendu, pour dire l'essentiel, sa vérité. » (Extrait de la préface de Philippe Leuckx).