L'age D'homme
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Un corps est le hors-sujet de ce livre. Tout autour de lui, des eclats, des ruptures, des issues. Le langage est alors un appel d'air, un rappel de chair, et espere donner a l'etre la possibilite d'avoir lieu.
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« Elle divague, ivre, elle s'épuise, elle se multiplie en vagues, en houles, en geysers, s'élève à la millième puissance jusqu'à devenir cette équation fluviale où toutes les eaux se tressent et courent vers la mer. »
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Illuminé par une enfance paradisiaque qui marquera et sa personnalité et son oeuvre, c'est - après le chef-d'oeuvre Mère paru en 1935 - dans le recueil posthume Souvenirs, l'un des derniers écrits par Maurice Carême, que se reflètent et l'éblouissement et aussi la nostalgie des bonheurs vécus enfant et adolescent. L'image du « poète de la joie » que certains de ses contemporains ont tenté de lui apposer ne résiste pas à une lecture approfondie ni de sa poésie ni de sa prose.
La dualité de sa vision du monde en fait bien davantage « un poète de la grandeur et de la misère de l'homme. Concise, discrète et pénétrante, son oeuvre nous parle de la solitude profonde de l'homme et de la joie de l'existence » (Laszlo Ferenczi, universitaire hongrois).
Malgré toutes les clartés que projettent tant et tant de vers de « Souvenirs », les ombres sont là qui font de Maurice Carême, dans sa miraculeuse simplicité, un des poètes majeurs du XXe siècle.
AUX FENÊTRES DU TEMPS Aux fenêtres du temps, J'ai regardé le monde.
Je me suis vu, enfant, Jouant tout seul dans l'ombre.
Que faisais-je, riant Dans les herbes profondes ?
Aux fenêtres du temps S'enfuyaient les colombes.
Je me voyais parlant Comme l'on parle en songe Dressé sur le ciel sombre Ainsi qu'un rosier blanc Aux fenêtres du temps.
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Dans le présent volume, architecturé comme une sonate en trois mouvements qui se répondent et développent progressivement sous leurs différents éclairages la thématique du rapport à l'impossible, Piet Lincken aborde par corollaire la question essentielle pour tout artiste de la véracité de sa quête, de la nature même de sa créativité.
Animé par un questionnement posé à l'origine par Hölderlin et Baudelaire, poursuivi à travers l'aventure rimbaldienne, et mis en abîme par Rilke, la poésie selon Piet Lincken est une démarche gnomique soucieuse de la plus clairvoyante vision de ce que peut être l'Homme contemporain au temps de la mort des dieux.
Eric Brogniet (extrait de la préface)
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Le temps ? Pour Maurice Carême, il est inéluctablement lié au destin de l'homme et sous-jacent dans l'ensemble de l'oeuvre. L'eau lui paraissait la métaphore des heures qui s'écoulent dans jamais revenir sur elles-mêmes. Comme le temps, comme la vie!
Fut-il un homme heureux de vivre ? Certes! Et pourtant, conscient que la mort est là, devant lui! Aussi, les questions essentielles jaillissent-elles, toujours posées, toujours sans réponse.
Un recueil de poèmes de Maurice Carême, depuis longtemps épuisé, 120 poèmes à lire et à chanter.
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En 1950, lors d'un séjour chez son ami André Decroix, Maurice Carême trouve un soir une méduse échouée sur la plage et la ramène dans l'appartement où il séjourne. De cette découverte banale en soi, va jaillir, comme l'écrit Rodica Pop à propos de Médua, "une fascinante transposition des faits réels vécus par l'auteur et des phantasmes de son esprit".
Doit-on parler d'un aspect inattendu de l'oeuvre? Ce serait méconnaître bien des aspects de celle-ci, ignorer l'homme épris de littérature que Carême fut tout au long de sa vie. Les grands auteurs fantastiques sont légion dans sa bibliothèque. Nous citerons entre autres: Maupassant, Oscar Wilde, Edgar P?, David Garnett dont il relira à plusieurs reprises le roman La femme changée en renard lors de sa longue et hésitante mise au point de Médua commencé en 1950 et terminé en 1976. C'est cette juxtaposition entre le réel et le fantastique qui va l'amener à ce perpétuel re-travail. Maurice Carême est persuadé qu'il faut cadrer l'évidence de la réalité. Celle-ci va lui permettre en même temps cette distanciation parfois fantasmatique, mais obtenue toujours - osons cette métaphore audacieuse! - avec l'artifice du réel. C'est à n'en point douter cette caractéristique qui l'éloigne le plus des contes d'Edgar P ? dont il fut un lecteur passionné.
Faut-il s'étonner en outre de trouver dans Médua ce sentiment de cruauté qui rend certaines pages hallucinantes? Il était déjà présent dans d'autres oeuvres précédentes comme La bille de verre ou Le royaume des fleurs. Maurice Carême confirme seulement dans le roman que republie aujourd'hui son ami Jean-Baptiste Baronian sa fascination pour l'irrationnel, l'étrange, le fantastique, genres où il s'affirme un des écrivains majeurs de sa génération.
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Dans ce récit, le poète Lucien Noullez décline avant tout son amour de la musique.
Le violon qu'il posséda longtemps s'est un jour envolé pour le Japon. Mais cet instrument de belle qualité a cohabité pendant de nombreuses années avec un autre violon, que le grand-père du narrateur avait ramené du Front de l'Yser en 1918. L'Erable au coeur raconte tour à tour une enfance bruxelloise des années soixante et l'hallucinante aventure d'un jeune gendarme de la Grande guerre, qui dut sa survie à l'amitié, à un cheval et à la musique.
Ces pages, qui passent librement de l'autobiographie au roman, sont tantôt drôles, tantôt frémissantes. Elles feront voyager le lecteur de la Belgique à la Charente, du présent au passé, de l'horreur à la musique. Les violons sont principalement construits en érable. Avec l'auteur, on ose croire, en lisant ce beau livre, que les guerres n'ôteront jamais l'érable au coeur des hommes.
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Instituteur à 19 ans, poète à 20 ans, Maurice Carême renonce à sa première vocation (1943) pour s'adonner tout entier à la seconde. Poète de renommée internationale, il a vu son oeuvre traduite en de nombreuses langues.
Après une période empreinte de surréalisme puis de futurisme (1926-1930), Carême en revient à une poésie simple, enfantine et exquise. Cette voie-là, il ne l'abandonnera pas : Poèmes de gosses (1933) mais surtout Mère (1935), son livre fétiche, bien que d'un style hors mode et qualifiés de « supernaïvisme », recueillent un succès considérable. Nombreux sont ses poèmes qui ont été mis en musique par Paul Gilson (le tout premier), Darius Milhaud, Francis Poulenc, Jean Absil, et largement diffusés par le disque. Après la Seconde Guerre mondiale, Carême poursuit dans la même veine et le même succès avec Femme, La Lanterne magique et La Maison blanche. Les années cinquante sont faites de tristesse pour le poète qui retravaille son style. Sa poésie essentiellement simple décrit le monde, mais interroge aussi souvent les mystères de l'homme. Du Prix Verhaeren (1927) au Prix européen à Trente pour l'ensemble de son oeuvre (1976), Carême a pratiquement connu tous les honneurs. Être ou ne pas être est un recueil où l'on reconnaîtra la langue simple et chaleureuse du poète qui interroge le monde et se remet sans cesse en question.
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Un crayon pour des acrobates
Lucien Noullez
- L'age d'homme
- Contemporains L'age D'homme
- 17 Mars 2006
- 9782825136492
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La toilette du mort ; Ezra Loomis Pound
Werner Lambersy
- L'age d'homme
- Contemporains L'age D'homme
- 7 Mars 2006
- 9782825136416
les deux textes qui composent cet ouvrage sont particuliers dans le parcours d'écriture du poète werner lambersy, auteur de plus d'une soixantaine de recueils traduits partout à travers le monde.
arrivé à un âge oú l'interrogation du passé s'empreint de l'expérience et d'une certaine lucidité, le poète regarde derrière lui, avec pour seul moyen d'expression, la poésie. soixante ans nous séparent désormais de la seconde guerre mondiale. les langues se dénouent, les archives s'ouvrent, les derniers témoins directs sortent de l'ombre. il a fallu trois générations pour que la mémoire revienne enfin.
le temps est venu de mettre à plat ce qui reste l'expérience de chacun, individu au parcours personnel, car, ainsi que werner lambersy l'écrivait dans anvers ou les anges pervers : " on est toujours victime de l'histoire ". il en est ainsi de l'histoire de son père. engagé volontaire dans la ss en 1942, adolf lambersy éloigne son épouse et son jeune fils avant de partir en pologne puis à berlin oú il aurait oeuvre à l'instruction nationale et politique des élites intellectuelles du reich.
comme beaucoup d'intellectuels engagés durant cette période, le père du poète, homme de conviction, voit comme une menace pour la civilisation la montée en puissance du communisme et trouve en hitler - la thématique est prépondérante dans les discours tant des dirigeants nationaux-socialistes que des partis collaborationnistes - le " dernier bastion contre la déferlante bolchevique ". victimes de l'histoire.
c'est le statut que l'on donnera volontiers aux enfants de ces collaborateurs, amenés à porter sur leurs épaules un fardeau héréditaire aussi symbolique que physique, fait de zones d'ombre, de culpabilité, d'incompréhension. la toilette du mort est un face-à-face bouleversant du père et du fils, qui évoque avec force le poids du passé dans la conscience de toute une famille.
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La chanson de nana sumatra
Jacques Crickillon
- L'age d'homme
- Contemporains L'age D'homme
- 1 Octobre 2001
- 9782825115602
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Poète, et poète avant tout, romancier, dramaturge mais aussi cinéaste, scénariste, peintre.
Hugo Claus, né a Bruges en 1929, est un des grands écrivains de notre époque. Ce recueil propose un ample choix effectué dans son oeuvre poétique, telle qu'elle s'est développée sans interruption de 1948 à nos jours. Offrant une variété de registres qui n'a cessé de s'enrichir au fil des années, l'écriture poétique de Claus reste toujours concrète et sensuelle, forte, virile. Elle fait surgir des univers d'une étonnante intensité picturale et musicale tout en permettant l'éclosion d'une pensée, d'une vision de ce monde dans lequel le poète vit avec passion même s'il le ressent comme défectueux, lui opposant tantôt le cri d'un âpre refus, tantôt les armes de l'humour et de la dérision.
Gaëtan Picon écrivait dès 1965 : " Si le Plus doué des écrivains flamands d'aujourd'hui, Hugo Claus, a reçu tous les dons : ceux du narrateur, du dramaturge, et même du peintre, c'est dans sa poésie - par sa poésie - qu'ils trouvent leur ordre, leur source, leur clef. Le naturalisme social d'une pièce comme Sucre, l'écriture objective des récits, l'expressionnisme brutal des gouaches, qui éclatent comme vessies de sang sur le mur : ce serait les entendre à contresens qu'omettre de voir jouer dans leur énonciation, leur gesticulation élémentaire (et physique non sans crudité), la lumière d'un excès proprement poétique.
L'ombre qui leur donne ce juste dessin vient de ce feu qui brûle ici : (...) feu trop vif, trop simple, trop vrai pour ne pas prêter son incandescence au métal d'une autre langue, quelle que soit la distance du néerlandais au français, et quelque hasardeuse que soit, chacun le sait, toute entreprise de traduction poétique ". Marnix VINCENT