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"Et ton corps et les mots, c'est pareil.
C'est tout un.
C'est tout nu."
Écrit sous l'eau est une suite de proses brèves au croisement de la poésie et de la narration, où l'on retrouve toute la puissance d'évocation du romancier Jacques Richard (la Femme qui chante, la Course, éd. Onlit).
Où sommes-nous ? Dans des lieux et un temps indéterminés, où la mer, les corps, les chemins et le ciel incertains, l'opacité du jour et la nuit alentour pèsent cependant de tout le poids de leur présence.
Qui sont-ils ? Un je qui adresse fréquemment à un tu. Deux êtres à la dérive qui boitent de n'être pas un et s'épuisent de se chercher sans fin. Mais se trouve-t-on jamais ?
Dans le secret de la chambre, l'existence n'est pas moins pleine d'ivresses et d'abîmes que dans la forêt du monde. Car vivre, c'est danser sur le fil tendu entre l'illusion de ce que nous croyons être et le péril de la réalité, dans la chair d'une langue que Jacques Richard fait parler pour nous, même et surtout quand il dit je. -
On met longtemps à voir ce qui est sous nos yeux. On doit apprendre à distinguer les contours de la réalité comme on apprend une langue inconnue. La mémoire se déclenche à retardement. Il suffit parfois de remettre ses pas dans ses pas effacés. Les voyages suspendus, les tarmacs, les voix enregistrées, prennent alors tout leur sens. Les images se précisent, les émotions reviennent avec une force inouïe. L'impression de feu dans la brume devient vision pure. Elle trouve ici à s'appliquer à des souvenirs sans visage, d'abord à New York, puis dans une ville dont le nom n'est prononcé nulle part et qui est la terre natale : cet endroit toujours hors d'atteinte, sauf à la veille d'un nouveau départ.
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Rome n'est plus dans Rome. Rome est toujours dans Rome. On ne se promène jamais deux fois dans la même ville, surtout quand, pour la première fois, on y retourne seul : ce livre de déambulations urbaines, de souvenirs sédimentés, est aussi un tombeau, hanté par le fantôme d'une absente. Aux poèmes répond une suite de douze photographies, d'apparence « romaine ». Ah, mais furent-elles prises à Rome ?
Cette ville, cette errance, que de raisons, toutes liées à une personne que la grammaire appelle deuxième et la vie, absente.
Devant la caisse, par toutes heures et par heureuse malchance, une file, comme pain sans croûte.
Puis je sens une main sur mon épaule, je sais qu'au moindre mouvement elle me sera enlevée.
C'est pourquoi j'aime m'arrêter dans ce bazar de fortune, je tiens à sentir deux fois ta main, celle qui me soutient, celle que je devine et qui tremble.
L'effroi aussi tient compagnie. -
« Derrière les maisons » que voit le poète? Qu'y découvre-t-il ? Un jardin, un ruisseau, le printemps, des arbres. Il aime jardiner, marcher, contempler la nature, qu'une main sur l'épaule le surprenne. « On sait qu'en son jardin/ on effleure déjà le paradis ». Souligner la discrète vibration d'une feuille, se laisser traverser par le vent, être enlacé par une lumière tendre, tout ce qui s'observe, tout ce qui se ressent, nous entraîne à méditer avec le poète notre condition de passants sur terre. Mais il sait aussi que le « chemin dénoue les peurs/ t'emmène plus loin ».
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Dans son préambule, Philippe Lekeuche se penche sur le sens du travail du poète, après longtemps de poésie. «?Faire?» de la poésie, dit-il, est un «?acte?». «?Il n'y a pas de mots d'amour, il n'y a que des preuves d'amour, cela a un prix (par exemple donner sa vie), tout comme cette pratique de la poésie exige des renoncements, et même le sacrifice - je le souligne -, la question restant ouverte?: le sacrifice de quoi?? On ne le sait pas, on l'apprend avec les années, dans l'endurance. Je veux dire qu'on le vit, c'est une épreuve. Et quant à la réponse de savoir si cela en vaut la peine, elle fait toujours défaut. Et qu'importe?! On n'a guère besoin d'elle.?»
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VERS LA JOIE se déplie en quatre rouleaux, quatre longs poèmes. Déplier, explicare en latin, c'est littéralement dérouler une explication... car pour les grecs, le monde est une complication, un enroulement qu'il s'agit de dérouler par la raison. Le poète en dépliant ses rouleaux tentent une évocation de la condition de l'homme, éphémère et souvent difficile, rapporte des moments oppressants de nos existences, trop fréquents, qui nous abattent, nous découragent, nous humilient. Il propose alors un chemin à suivre, vers la joie, car il nous faut exister malgré tout et coûte que coûte.
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Dans un pays pourtant phénomenal
Pascal Leclercq
- L'Herbe Qui Tremble
- D'autre Part
- 4 Avril 2022
- 9782491462406
"La vie est intraitable. On se cogne aux barreaux de la réalité. On circule dans un monde instable et menaçant. On croise des personnages hostiles. On affronte des péripéties tour à tour burlesques et brutales. L'amour lui-même n'est pas une sinécure. Les rêves se désagrègent. On se réveille avec la gueule de bois. On se défait en mille morceaux. Mais on rassemble ses abattis pour tenir vaille que vaille dans un pays pourtant phénoménal.
Pascal Leclercq pratique l'humour noir comme une forme de survie et le poème en prose comme un sport de combat."
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Tout est près, tout est loin : les vestiges de l'enfance, l'amitié, les amours difficiles, la mémoire et l'oubli, la solitude et l'ombre de la mort, la grâce furtive de la vie ordinaire, la mer atteinte au bout du train, les autres observés de biais, soi-même aperçu dans la glace. Funambule sur la corde du temps, Karel Logist cultive une sorte de distraction méthodique - mais méfiez-vous des distraits : rien ne leur échappe.
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Attaques éclairs suivies de replis silencieux/ aux griffes des pleurs voici de grands chemins très blancs/ des bêtes surgissent, puis disparaissent / au point de haltes sèches/ la foudre m'a embrassé/ Demain j'irai vivre dans les forêts// Rien, ne dis rien, écoute/ ce que ce cri de vent glacé/ va détruire et proclamer/ / UN JOUR LE MOT ORAGE S'EST DECHAÎNÉ.
Que restera-t-il de la foudre et de l'orage?? Des éclairs amoureux ? La cendre des villes ? Des gestes de pluie?? Que ce qui doit tomber Tombe. C'est avec le feu dans la langue que Constance Chlore écrit nos tremblements, l'errance, la violence faite aux hommes, notre relation aux vivants. Poèmes courts, poèmes longs cherchent au rythme des battements d'ailes un espace plus large. Loin des gouttes de néant. Le feu est dans la phrase et éveille nos sens?; les vents arrivent, nous soulèvent. L'oeil vient aux fleurs?; le vol des oiseaux n'est jamais loin. Aimer ressemble à une aile.
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«Un couteau se lève dès que tu écris.» Le ton grave, pessimiste des premiers poèmes cède à l'évocation de courts bonheurs, ceux du matin, du chant des oiseaux, des collines, du soleil confident, des fleuves, de la mer... Philippe Mathy dit le temps qui passe, et sème des poèmes qu'il «dépose sur une page en espérant qu'elle brûle».
EXTRAIT:
Qu'ai-je été ?
Quelques pas essoufflés dans le fracas de vivre.
Cherchant le feu d'un amour.
La vigne d'un rêve où goûter à l'ivresse des jours.
Une monnaie qu'on échange.
Entre deux conversations banales.
Le remuement d'air d'un oiseau.
Qui ne sait pas où le vent le mène.
Au bout de l'été une chaleur qui s'éteint.
Qu'ai-je été ?
Si peu.
Une pierre qui s'effrite.
Comme les mots en vain tracés.
Sur ce papier promis pour la cendre.
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Amour quelque part le nom d'un fleuve
Alain Dantinne, Jean Morette
- L'Herbe Qui Tremble
- 1 Octobre 2020
- 9782491462000
« Amour quelque part le nom d'un fleuve » réunit un large choix des poèmes d'Alain Dantinne publiés de 1979 à 2011. Ce sont pour la plupart des poèmes du voyage, voyages intérieurs du poète qui, des routes d'Amérique du Sud à celles de Roumanie, ne cesse d'interroger les vies qu'il croise et les sentiments qui le submergent. C'est une interrogation constante sur la recherche d'amour, voyager pour chercher, rencontrer enfin ce fleuve qui se trouve quelque part.
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Les poèmes de Carino Bucciarelli adoptent fréquemment une forme narrative. Ils se déploient dans un monde instable où chaque être, chaque objet est à la fois lui-même et un autre. Les rencontres, les péripéties de l'existence ordinaire y prennent l'allure d'un mauvais rêve. On y croise des personnages interlopes, les fantômes obsédants des ancêtres. L'ensemble respire une inquiétante et fascinante étrangeté, souvent empreinte d'humour.
L'imagination ne connaît pas de frontières. Carino Bucciarelli est belge d'ascendance italienne, mais l'on serait tenté de rapprocher ses poèmes et ses fictions du réalisme magique latino-américain.
Le présent recueil réunit, sous le titre « Quelques visages », un choix de poèmes écrits entre 1985 et 1992. S'y ajoutent deux ensembles plus récents, « Dix étincelles » et « Couleurs inouïes ».
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Une suite de poèmes en prose qui tentent d'observer ce qui se passe dans le corps quand on écrit ; le conflit sans merci entre le visage (cette figure composée qu'on propose à autrui, sans quoi l'existence serait invivable) et la gueule (cette « bouche d'ombre » qui parle en soi). Écrire, ce qui s'appelle vraiment écrire, suppose un état de disponibilité auquel on ne s'abandonne pas volontiers parce qu'il implique un ébranlement, une dépossession dont on ne sort pas indemne.
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Toute forme d'excès est absente de la poésie de Véronique Wautier. Elle privilégie au contraire le registre de la discrétion : pas de mots à l'emporte-pièce, pas de grandiloquence, mais quelques moments de notre vie difficiles à traverser que son langage parvient, grâce à une économie d'effets, à nous rendre acceptables.
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Poésie (presque) incomplète
Laurent Demoulin
- L'Herbe Qui Tremble
- D'autre Part
- 1 Janvier 2019
- 9782918220701
Voici un oiseau rare pour qui le vers classique reste une forme vivante, qu'on le coule dans un sonnet régulier ou qu'on lui forge un écrin neuf : le poème à rimes contrariées, par exemple, invitant à une double lecture horizontale et verticale.
Voici un poète insistant. Un seul poème ne lui suffit pas à épuiser un motif. Il lui faut, sur un même thème, broder des variations - en prose, en vers libres ou rimés - qui en explorent les possibles, en déploient toutes les nuances.
Voici un homme enfin en qui se disputent l'étonnement, le bonheur et l'angoisse d'être au monde, que taraudent la mémoire et la filiation, que subjugue la beauté stupéfiante des femmes. Aussi bien, jouer avec les formes, en inventer de nouvelles, n'a de sens pour Laurent Demoulin qu'au regard de cette conviction peut-être démodée : la poésie a quelque chose à nous dire. La forme, disait Victor Hugo, c'est le fond qui remonte à la surface.
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Des pierres de mouvances suivi de marche du lierre et de siècles ciselés
Gérard Legrand
- L'Herbe Qui Tremble
- 15 Octobre 2018
- 9782918220695
Proche d'André Breton, Gérard Legrand fut un membre important du groupe surréaliste de 1948 jusqu'à la dissolution du groupe en 1969. Le présent volume réunit ses trois premiers recueils de poésie, « Des pierres de mouvance » (1953), « Marche du lierre » (1969) et « Siècles ciselés » (1973). Le lecteur y découvrira une poésie altière déployant un faisceau d'images somptueuses, où le souci de se saisir dans sa vérité profonde - hors de tout épanchement existentiel ou biographique - se nourrit d'un contact essentiel avec le monde naturel, mais aussi de références à la mythologie, au jazz et au cinéma, de Johnny Hodges à la « Laura » d'Otto Preminger.
Cette réédition s'accompagne de six collages de Gérard Legrand.
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Tombeau de Christopher Falzone raconte en quelques poèmes la courte existence du pianiste américain, Mort à 29 ans, Christopher Falzone était un génie du piano, il était beau, aimait rire, aimait sa femme de 20 ans plus âgée, était diagnostiqué fou, fut enfermé. Pour se libérer de l'enfermement et des médicaments il prit la voie des airs.
C'est ce que raconte Jean-Louis Rambour en quelque 50 courts poèmes. Il entre dans la pensée de Falzone, il le comprend, ne paraît pas s'émouvoir de son destin.
Le poète raconte quelques moments de l'enfance du virtuose, d'autres avec sa femme «Lilas», d'autres dans l'hôpital qu'il supportait mal.
On dit de l'enfant qu'il est une «éponge», qu'il voit tout, retient tout et raconte sans mettre de l'ordre dans le récit. Les poètes savent garder certaines choses de l'enfance et Jean Louis Rambour, qui en a gardé le sens de l'observation, raconte, comme s'il y était entré, les mouvements du cerveau de Christopher Falzone. C'est à nos yeux un grand talent poétique.
Chez Jean Louis Rambour, la poésie est dans le récit des autres, qui ne nous ressemblent pas mais auxquels nous nous identifions. Il y a chez l'homme, nous dit JL Rambour, une communauté des émotions, des joies et des souffrances, et c'est au poète de nous la rappeler.
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Véronique Daine est une poète belge. Elle publie peu ce qui rend précieux ce nouveau recueil écrit sous la forme de courtes proses. Peut-on vivre sans le désir ? C'est le point de départ de toute poésie, le désir de l'autre le désir d'une langue qui nous éloigne des peurs, le désir d'être soi et de s'extraire de la solitude de l'enfermement. Les poèmes en relatent des instants, mêlés à des événements vécus par des personnes dont le langage a joué un rôle central dans leur tragédie. Elle ne sait pas n'être qu'elle-même, elle prend, elle reçoit autrui, elle ressent de profondes peurs, les siennes et toutes les autres, elle le dit avec répétition afin de trouver le passage qui l'extrairait des peurs et ouvrirait « finalement » un chemin de « joie ». Sa poésie sort de l'ombre et se dirige toujours vers la lumière, seule qui nous permette de «vivre vaste ». Les peintures d'Alain Dulac s'appuient sur les répétitions, en relatant avec le pinceau ce beau « récitatif contre la peur ».
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La poésie de Véronique Wautier pourrait se résumer avec l'un des vers de Continuo : « être en hiver sans être mort ». Voilà bien toute la charge émotionnelle que cette pensée nous insuffle, toute forme d'excès est absente de sa poésie, nous lisons Continuo et nous sommes dans la plus grande discrétion, pas de mots à l'emporte-pièce, pas de grandiloquence, mais quelques moments de notre vie difficiles à traverser que son langage parvient, grâce à une économie d'effets, à nous rendre acceptables : « tant de choses sans leur nom/ se propagent ».
Les peintures d'Anne Slacik sont au plus près de cette recherche d'équilibre entre les tourments et le besoin d'apaisement.
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Sur trois saisons, le printemps, l'été et l'automne, Philippe Mathy nous dit son amour de la Loire, qu'il observe de près. À décrire ce qu'il observe, « tout chante autour de [lui] ».
Philippe Mathy est une voix discrète. Sa poésie ne hausse jamais le ton. Elle dit avec des mots simples la beauté de ce qui l'entoure en masquant à peine une sombre mélancolie. Il faut lire les poèmes de Veilleur d'instants comme une suite de réflexions, d'observations posées dans un carnet. C'est vers les choses du quotidien que l'auteur tourne ses regards, non sans laisser sourdre l'angoisse de connaître leur disparition à chaque instant.
Dans la suite liminaire qui ouvre le recueil, le poète n'hésite pas à dire sa peur du temps qui passe et de celui qui s'approche en dégradant la vie.
Recueil après recueil, si la voix devient plus grave, Philippe Mathy ne cesse de dire la beauté et la bonté du monde.
Les peintures de Pascale Nectoux expriment ce flottement, disent la légèreté du temps qui passe.
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Alphabétiques est un abécédaire oulipien.
Vingt-six variations sur un même thème. Une lamentable histoire de drague : A désire ardemment suborner B ; B proteste avec énergie ; C intervient et ratatine A.
Vingt-six tautogrammes, un par lettre de l'alphabet. Mais qu'est-ce donc qu'un tautogramme ? Un tautogramme est un texte dont tous les mots commencent par la même lettre. Dans Alphabétiques, tous les mots du premier récit commencent par la lettre A, tous ceux du deuxième par la lettre B, et ainsi de suite jusqu'à Z.
Vingt-six images de Mathieu Labaye illustrant librement chacun des textes en jouant elles aussi de l'idée de variation.
Vingt-six variations typographiques.
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Ce recueil de Fabien Abrassart a été écrit après un voyage à Jerusalem et à Auschwitz laisse entendre le préfacier, qui précise : Les poèmes, "denses", « gravitent autour de ce point de non retour dans l'humain » que furent les catastrophes du 20ème siècle. Être humain cela s'oublie vite, le poète est là pour nous rappeler que nous le sommes toujours, humains, que l'homme n'est jamais loin et qu'il ne faut pas le laisser s'atténuer, s'effacer, disparaître. Le poète l'écrit avec une rage non contenue, par de petites historiettes, et même une « chansonnette » :
« dans le visage un trou d'obus entre deux tasses de café qui mène à mort les étrangers revient toujours la haine au cul » car, « s'il n'émeut le salaud à quoi bon le poète ».
Avec ses peintures, Marie Alloy nous donne une raison de plus de croire que la mémoire aussi sombre soit-elle recèle bien cet humain qui ne nous quitte jamais.
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Alain Dantinne est né et vit en Belgique, romancier, auteur d'aphorismes, il publie ce recueil sous le signe du voyage. « Au coeur de l'écriture l'ombre de la main » : La main, objet du poète, qui retrace dans ce recueil une sorte de résumé de sa vie : d'abord l'adolescence et ses marges incertaines, puis les voyages, « errances » qui élargissent l'homme où il tente de « retrouver les sentiers/ instables de la beauté », puis la contemplation de la beauté à travers la peinture, ici celle d'Edvard Munch, enfin, des poèmes dédiés à ceux qui comme le poète sont restés en marge, à rechercher « cette paroisse/ de l'enfance éblouie ».
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Horia Badescu est né et vit en Roumanie. « Roulette russe » est directement écrit en français Sous ces deux titres réunis en un recueil, Gérard Bayo poursuit sa recherche des traces des êtres d'aujourd'hui disparus et oubliés souvent. Il veut les soustraire à l'infernale saison de l'oubli, dont l'histoire n'est pas avare. Le poète les emmène vers une saison meilleure, l'évocation, même si elle n'est pas une reconnaissance, éloigne un peu du néant.
Il part aussi sur ses propres traces. Gérard Bayo sait que la mémoire des hommes, si elle n'est portée vers la lumière par les poètes, laissera, dans son sillage, moins que « l'image de la part accomplie ». Neige est un recueil sur la condition humaine.
« La termitière domine/ la couronne des thyas odorants.// Le chemin passait là.// à d'autres rues on a donné/ le nom des disparues. Le chemin/ passait là.// Seul l'invisible existe encore. »