Arts et spectacles
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Théâtre populaire, enjeux politiques
Pascal Ory, Chantal Meyer-Plantureux
- Complexe
- Le Theatre En Question
- 9 Juin 2006
- 9782804800994
La notion de « Théâtre populaire » a été souvent étudiée du côté des artistes, des théoriciens, jamais dans sa dimension politique. Ce fut pourtant un long combat qui provoqua de nombreuses discussions à l'Assemblée nationale. Des hommes politiques de droite comme de gauche s'affrontèrent : l'État devait-il ou non s'engager, devait-il ou non aider à la création d'un véritable Théâtre populaire en France ? Ce volume se présente sous la forme d'un essai suivi d'une anthologie. Les textes qui la composent ont été choisis pour rendre compte du dialogue souvent houleux qui a existé, de la fin du XIXe au milieu du XXe, entre artistes et hommes politiques.
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A l'exception notable du Marchand de Venise, le théâtre évite, depuis la Seconde Guerre mondiale, de représenter sur scène un personnage juif et désigné comme tel.
Et lorsqu'il s'y hasarde, il provoque de violentes réactions.
Il fut pourtant une époque où " la question juive " était l'un des sujets de prédilection de la scène française. Des pièces antisémites, consciemment revendiquées ou non, étaient jouées avec un très grand succès dans de nombreux théâtres parisiens. Les critiques se déchaînaient. L'antisémitisme de ce répertoire dramatique était discuté, approuvé ou combattu pour ce qu'il était à l'époque : une opinion politique.
L'antisémitisme ne se cantonnait pas à ces pièces, aujourd'hui tombées dans l'oubli, il contamina l'ensemble de la vie théâtrale des années 1880 à la Seconde Guerre mondiale, exhibant sur scène le " type juif ". Il irrigua aussi
bien le théâtre de boulevard " de droite " que le théâtre d'avant-garde " de gauche ". (Gémier, Lugné-Poe ou Dullin ont contribué à diffuser cette caricature dans le public.
) Certains auteurs dramatiques juifs eux-mêmes ajoutèrent leur voix au concert antisémite. Tous dénoncèrent le " théâtre juif ou enjuivé ", synonyme d'un théâtre médiocre, boulevardier, par opposition au théâtre pur, pauvre, d'avant-garde, aux mains des vrais artistes. Ce volume propose une réflexion autour de quelques textes importants - inédits ou opportunément disparus après-guerre - et d'un cahier photos, sur cette mémoire " confisquée " du théâtre.
Non pour jouer les procureurs mais pour comprendre le rôle et la responsabilité du théâtre dans notre histoire politique.
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Il n'est jamais simple de rééditer les écrits d'un auteur fasciste et antisémite, jugé et condamné à mort par un tribunal de l'épuration, car on est facilement soupçonné d'entreprise plus ou moins claire, plus ou moins sournoise, de " réhabilitation ".
Si, après avoir publié dans la collection " le théâtre en question " emile zola et romain rolland, nous avons décidé d'exhumer animateurs de théâtre, livre depuis longtemps introuvable d'un critique " oublié " des historiens du théâtre, c'est qu'il reste encore aujourd'hui le témoignage le plus riche sur copeau, dullin, jouvet, baty et pitoëff. retracer en préface l'itinéraire de ce critique dramatique, curieux de toutes les tentatives d'avant-garde, ne partageant ni les frilosités ni les goûts conventionnels de son camp, s'avère d'autant plus intéressant qu'il révèle aussi, en creux, le parcours politique de brasillach.
Cette édition d'un brasillach, présenté ni comme " traître " ni comme " martyr ", veut contribuer à rendre au théâtre sa mémoire politique et, comme tous les volumes de cette collection, à lui restituer sa place dans le débat d'idées. elle est complétée par un appareil critique et une bibliographie des articles de brasillach sur le théâtre.
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La réédition des " Théories " du Naturalisme au théâtre d'Émile Zola, préfacée par Bernard Dort, constitue le premier volume de la collection " Le Théâtre en question ".
Cette collection proposera de grands textes inédits ou aujourd'hui introuvables qui ont ouvert la voie au théâtre contemporain. Et quel texte fondateur plus injustement oublié que Le Naturalisme au théâtre, quel critique dramatique plus rarement cité parmi les théoriciens novateurs qu'Émile Zola ? Les historiens du théâtre prennent, à juste titre, comme date de l'avènement de la mise en scène moderne, la création du Théâtre-Libre d'Antoine, mais en omettant celui qui a posé les principes de cette révolution scénique, " le glorieux ancêtre " auquel Antoine ne cessera de se référer : " Je témoigne ici que tout le mouvement du Théâtre-Libre fut déclenché par son geste de puissant animateur.
Pendant quinze années de luttes, il n'y eut pour nous d'autre certitude et d'autre réconfort que son approbation [...]. Par lui, nous avons conquis la liberté du théâtre, la liberté d'y porter tous les sujets, tous les milieux, le peuple, les ouvriers, les soldats, les paysans, toute la foule tumultueuse et magnifique. "