Bernard Gilson
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Ceci n'est pas un roman.
Il s'agit de l'histoire vraie d'un jeune homme arraché à son quotidien par les ambitions de Napoléon 1er, et qui restera fidèle à l'Empereur, jusqu'à sa dernière bataille. « Entouré de quelques hommes, le capitaine Mortier (du 82ème) défend, contre un peloton de cavalerie anglaise, le drapeau, qui se retrouve percé par les balles et haché de coups de sabre. Dans l'action, Léopold reçoit un coup de sabre à la tête.
Sa vue se trouble, il met les genoux en terre et une main à sa blessure, d'où un liquide chaud s'échappe par saccades. Spontanément, il roule sur lui-même pour éviter les sabots des chevaux ».
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Chris Borowski, chroniqueur désabusé de courses cyclistes, doit rejoindre sa compagne Adélaïde au Québec.
Une grève sauvage du personnel du ferry l'empêche de traverser le Saint-Laurent. Bloqué sur la Côte de Charlevoix, il trouve une chambre dans un gîte à Port-au-Persil, petite bourgade perdue entre le fleuve et la route 138. Là, il fait la connaissance d'une multitude de personnages plus décalés les uns que les autres. À l'écart du monde, il entreprend la lecture obsédante d'un livre qu'il a emporté avec lui au fond de ses bagages.
Construit sous forme de séquences emportant le lecteur du Québec à la Belgique, ce roman explore, avec cynisme et tendresse, tous les thèmes chers à l'auteur : le retour au passé, la référence au père, l'errance et le voyage, la recherche de soi, la mort et, bien sûr, l'amour...
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Les petits riens, les faits de tous les jours, les gestes les plus anodins... tels sont les moteurs, les amorces de cette quinzaine de nouvelles : Le clairon, Trajectoires, Bords de Loire, La mort de VDB. sans oublier cette Camionnette rouge qui passe dans la rue chargée de souvenirs revenant vers vous comme autant d'uppercuts.
Ces courts textes incisifs mettent en avant une série de thématiques chères à l'auteur que l'on retrouve déjà dans ces deux premiers romans (Génération Raider et Deux fois par an) : la mort, l'amour, la mort de l'amour, la résistance ou non de ce dernier face au temps qui passe, l'importance des lieux et de la ville en particulier, le microcosme des bars de quartier - où la plupart de ces nouvelles ont d'ailleurs été écrites - la déambulation urbaine et puis, bien sûr, l'observation sensible de tout ce qui nous entoure. Les textes réunis ici sont des mises sous la loupe, avec cynisme et tendresse, humour (noir) et pudeur, de nos obsessions, nos agacements ou nos passions.
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Dans ce récit inspiré de La Modification de Michel Butor, tout démarre dans un train. Le narrateur quitte sa femme à Bordeaux pour rejoindre sa maîtresse à Luxembourg, comme il le fait régulièrement depuis plusieurs mois. Cette fois-ci, pourtant, tout ne se déroule pas comme prévu et son voyage se transforme en une série de péripéties plus inattendues les unes que les autres. Quand, enfin, il atteint Luxembourg, le héros découvre que, malgré les lignes droites qu'elle trace, la vie peut aussi faire des détours. À la vitesse d'un TGV.
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Ce modeste opuscule est dédié aux martyrs de la pilosité, en particulier au soldat inconnu qui déserta l'armée du grand (et tellement imberbe) Alexandre, refusant de porter le rasoir contre qui que ce soit.
On ne naît pas barbu, on le devient !
L'adolescent qui voit (enfin) pousser des poils sur son visage, trouve son bonheur en les rasant : le rasage marque l'entrée dans la cour des grands.
Plus tard, certains réalisent qu'en se rasant ils se conforment à une règle.
Dès lors, un choix s'impose.
Vingt ans (ou davantage) plus tard, l'homme devenu doublement sapiens se pose (enfin) la question du sens. Après le comment, le pourquoi ! Tout ce que nous sommes ou faisons doit faire l'objet d'un questionnement. Sinon, un sapiens de moins !
Tiré par les cheveux ? Recherche et dérision, humour et érudition, sont les piliers de la démarche de cette "Ode à la barbe", où amateurs et adversaires, glabres et barbus, hommes et femmes, bref l'humanité entière, se retrouveront dans sa quête d'essence et de reconnaissance.
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Les meilleures histoires se déroulent toujours dans les reins d'un pays coincé entre quelques collines grasses et des forêts ombreuses ; ici quelque part en Ardennes ou en Gaume.
La Nature y tient une place bruyante, plénière... Alors, sous le couvert des saisons, des regards, des rares paroles échangées, les corps de certains n'y tiennent plus, quittent la lisière des convenances, craquent, cédant au désir. Au bal du qu'en-dira-t-on c'est la fête. Cela se termine toujours mal ou presque. Le sang finit par verser : obole effrayante à la vie, à l'amour, au feu des chairs. En somme, un juste retour des choses.
- Mais qu'est-ce qu'il leur a pris.... Là, demeure la question, l'énigme de ces récits tout en sèves drues jetées.
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Entre le ciel et l'eau, l'a lumière y est partout souveraine.
Paysages du Nord, les polders s'étendent sur une zone sans frontière, un Nord improbable dont on ne sait où il commence, ni où il finit. Peut-on dire que les polders, françaises ou belges, engendrent un état d'âme ' Sans nul doute si on prend la peine de les découvrir accompagné. Variations sur une région unique, ces récits ne sont pas loin d'une déclaration d'amour au paysage, que chaque rencontre, chaque être, vient éclairer d'une lumière nouvelle.
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Deux fois par an, Jean et Mitsy marchent côte à côte sur la route où ils se sont rencontrés. Ils ne sont pourtant plus ensemble. Entre ces deux moments, Jean fait le bilan sur cette curieuse relation qui les mena de ville en ville et d'île en île.
On retrouve dans Deux fois par an les thèmes de prédilection de l'auteur que sont la ville, la marche, les bars. et l'amour qu'on peut y trouver.
La route qui intervient de manière récurrente dans le livre charrie une foule de gens, suscite d'improbables rencontres. Elle est jalonnée d'événements plus ou moins anodins et elle nous indique que le chemin effectué vaut bien plus que l'endroit où il mène.
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A la fois roman, pamphlet et assortiment de digressions tendres et satiriques, la mémoire de l'anchois est une oeuvre inclassable d'une lecture très agréable.
Il faut suivre cet anchois à travers un parcours typiquement méditerranéen comme une évasion captivante, riche en saveurs et en odeurs. l'ouvrage retrace l'itinéraire insolite d'un parisien, de parents kabyles, qui vit aujourd'hui à rome. ecrivain subtil et spontané, il raconte avec brio les petits et grands désirs des gens ordinaires qui ne font pas la une des journaux, mais qu'on aurait bien envie de rencontrer un jour.
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C'est une étrange histoire de mer.
Elle pourrait être de terre ou d'ailleurs. le vega navigue de l'ecosse au maroc. de la passerelle, le premier officier brisbois jette clandestinement des messages à la mer. il soumet ainsi de singulières demandes au hasard. l'une de ses bouteilles aboutit fortuitement dans les filets d'un chalutier livrant le message à decalu, l'inquiétant patron pêcheur. une autre encore. a bord du gros caboteur - univers mal connu des terriens -, les événements succèdent à la simplicité du quotidien.
Mais jeter aux vagues des messages dans une bouteille peut changer irrémédiablement le destin et l'ordre des choses. l'aventure maritime devient histoire de naufrageurs, enquête sans policier, cheminement amoureux, oú secrets et trahisons semblent inéluctables. chacun peut jeter sa bouteille à la mer, ou en trouver une. c'est toujours une question de "hasard". brisbois en était-il conscient ? une femme à la mer propose une réflexion profonde sur ce thème : le destin bat les cartes mais c'est nous qui jouons.
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Un auteur se penche sur son existence. Il peint celle-ci dans ses moindres détails, dans la fausse banalité du quotidien. Assis à sa table, il enclenche le lent processus de l'écriture. À ses côtés, sa femme veille et lui offre de se rapprocher de ses peurs, de ses doutes, de son obscurité. C'est grâce à elle qu'il ose raconter son histoire et celle de son étrange voisin à qui, au départ, rien ne semble pourtant le relier. Ce roman émouvant conduit infailliblement le lecteur vers une méditation sur l'écriture et sur la vie. Il interroge, en profondeur, tout le poids d'un terrible secret.
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Le 7 avril 1873, léon tolstoï écrivait à -son confrère paul golokhvastov : " quand avez-vous lu pour la dernière fois la prose de pouchkine ? faites-moi l'amitié de relire d'abord les nouvelles de belkine.
Tout écrivain doit les étudier et les réétudier." mais tolstoï savait-il que pouchkine avait attribué à l'auteur fictif belkine un autre texte encore, histoire du village de gorioukhino, dans lequel, après une quête passionnée d'un sujet littéraire, ledit belkine écrivait l'histoire de son village, une histoire qui prenait peu à peu le ton d'une critique sociale ? c'est peu probable, car ce texte inachevé de pouchkine ne fut publié, au xixe siècle, qu'une seule fois, dans la revue le contemporain, en 1837, et avec des coupures.
Si tolstoï avait pu " l'étudier et le réétudier " (la première publication, sans altérations, de ce texte étonnant date de 1924), gageons que sa lettre aurait pris la tournure suivante : " quand avez-vous lu pour la dernière fois la prose de belkine ? " histoire du village de gorioukhino n'est pas plus connu un siècle et demi plus tard. c'est pourquoi nous avons cru bon de le remettre à l'honneur dans une édition entièrement consacrée aux productions de ce double de pouchkine, apportant par la même occasion un nouvel éclairage aux nouvelles de belkine tant appréciées par l'auteur de guerre et paix.
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Victime d'amnésie suite à un accident, gladys recherche avec obsession une identité à travers des morceaux de vie.
Souvent inaccessible, cette quête de soi s'incruste en elle tant à travers ses chutes qu'à travers ses ascensions.
Fragment après fragment, entre interrogation et espoir, le miroir flou de l'existence se recompose au rythme lent des saisons qui passent.
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Entre amour des chats et chats d'amour, seule l'écriture pouvait s'insinuer pour dire le bonheur félin qui habite la paisible maison de campagne et son silencieux jardin.
Tout, dans ces récits, est secrète complicité, tendresse infinie, douceur et beauté. Tout vibre au seul nom de l'un d'eux, et il n'est pas un instant de leur vie qui ne participe, jusqu'au déchirant moment de leur départ, à l'harmonie d'un monde tissé de leur grâce et de leur sagesse.
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chargé de rédiger une sociologie des bars de la capitale, jason van bon, " mercenaire de l'écriture ", se lance à corps perdu dans ce boulot à la forte odeur d'alcool et de rencontres improbables.
de bistrot en troquet, il découvre finalement autre chose. l'amour et l'amitié le sauveront, mais pour un temps seulement, car les médias annoncent le grand truc, l'éclatement du pays, pour les mois à venir. conscient qu'il vit un moment charnière de son existence, van bon relativise et se dit que tout ce qui nous entoure est appelé à être modifié, à changer d'aspect ou de nom, à l'image de ces biscuits nappés de chocolat que sa génération - celle des trentenaires en plein naufrage existentiel - appelait raider.
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Douze ans en 1944, à Bastogne, l'arme au poing, dans une jeep qui roule entre les maisons détruites, zigzaguant entre les cadavres et les trous de bombe.
Douze ans ! L'âge des jeux d'enfants et des rêveries. La guerre semble terminée. Les parents de Gaëtan envoient leur fils en Ardenne, près de Bastogne, pour les vacances de Noël. L'enfant débarque dans une ferme durant le rude hiver de décembre 44. Une famille sympathique, de nouveaux amis, le garçon paraît heureux. Un jour, dans la blancheur de l'hiver, le fracas des canons brise le silence en surprenant toute la population et les divisions américaines cantonnées près de Bastogne.
Des combats sanglants s'engagent ; Gaëtan fait la connaissance de tankistes américains pris au piège tendu par les Allemands. L'enfant devient leur " mascotte " : il apprend à manier les armes. Les gars du char Sherman ne veulent plus se séparer d'un garçon qui semble leur porter chance. Audaces, horreurs, morts hélas ! L'enfant, malgré lui, est de la partie. Il se signale par son courage... dans la bataille de Bastogne, et ensuite à travers l'Allemagne jusqu'au front russe.
Gaëtan Delécaut, l'Enfant-Soldat, a son uniforme et ses armes qu'il démonte et remonte plus vite que les adultes. Il parle parfaitement l'américain et le soldat Warren l'a pris sous sa protection. Mais que se passe-t-il dans son coeur, dans sa tête, lui un gamin jeté dans un monde de fureurs ? Aujourd'hui, soixante-trois ans plus tard, véritable miraculé d'un enfer de feu et de sang, Gaëtan Delécaut vit en Belgique tandis que Warren, âgé de 96 ans, vit aux Etats-Unis.
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Il est des romans dont le charme perdure : Gaume figure parmi ceux-ci.
Depuis 1995, il reçoit un accueil ému et enthousiaste de ses lecteurs. Tendre et ouvert comme la région dont il parle, ce beau texte permet de réfléchir à notre mode de vie, à nos valeurs. C'est en Gaume que Pierre, un cadre bruxellois affairé, vient se ressourcer. C'est en Gaume qu'il découvre un nouvel équilibre. C'est aussi dans cette douce région du sud belge qu'il rencontre Reinette, une fille de la nature aux yeux turquoise, qui lui offre de vivre l'amour dans la simplicité et la tendresse.
Rythmée par le jazz et par le chant des bois et des collines, cette histoire est une ode à la nature, au quotidien et à l'amour.
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Si Milos Forman, et avant lui, Peter Shaffer ont présenté dans Amadeus un Salieri empoisonneur " moral " de Mozart, Alexandre Pouchkine, cent cinquante ans plus tôt, s'était emparé de la rumeur concernant un empoisonnement " physique " de Mozart par Salieri et avait écrit une " petite tragédie " où l'envieux Salieri se croyait investi d'une mission : celle de supprimer le génial compositeur qui était en train de réduire tous ses confrères au silence.
Ce texte, pour mineur qu'il soit dans la production de l'écrivain russe (deux courtes scènes), méritait de paraître enfin dans un volume qui lui fût entièrement consacré, les commentaires de Jean-Pierre Pisetta (avant-propos et postface) qui en accompagnent la nouvelle traduction s'efforçant de démêler le vrai du faux dans la thèse de l'empoisonnement ainsi que d'informer le lecteur sur la pièce elle-même et son auteur.
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