La Difference
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A partir d'un carnet de voyage remonté à la surface et de photographies prises sur place durant l'été 2009, Serge Delaive nous invite à le suivre lors de son troisième séjour dans ce pays que l'on nomme par défaut Corée du Sud, à la fois tellement accessible et ouvert, mais aussi "secret le mieux gardé d'Asie", comme le proclame la sagesse populaire. Lors des deux précédents séjours, l'auteur avait parcouru le pays avec sa compagne, native de Séoul, membre de cette diaspora d'enfants adoptés au cours des années 1960 et 1970, répandue dans tout l'Occident.
Cette fois, le couple emmène fils et fille à la découverte de la moitié de leur sang ainsi qu'à la rencontre de leur grand-mère naturelle retrouvée cinq ans plus tôt. Ancré dans l'impossibilité et la disponibilité constitutives du voyage, ce livre nous transporte touche par touche dans les traces de l'auteur et de sa famille, enfermés dans leur différence, réceptifs aux différences, parallèles à la Corée du Sud.
Une marche à pas de loup vers ce pays qui se refuse avec une affabilité tout orientale et dont l'attrait complexe mérite largement d'être abordé.
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OEUVRES COMPLETES : oeuvres complètes t.3 ; poésies 2000-2008
Jacques Izoard
- La difference
- Oeuvres Completes
- 22 Mars 2012
- 9782729119591
Avec ce troisième et dernier volume s'achève la publication des oeuvres complètes de Jacques Izoard dont les volumes I et II sont parus en 2005, trois ans avant sa mort.
" Professeur de lettres, il publie à vingt-six ans son premier recueil, Ce manteau de pauvreté, sous le pseudonyme auquel il restera ?dèle. Dès lors, il écrit régulièrement d'étranges poèmes, qui allient la description minutieuse d'une réalité quotidienne et familière et les tourments d'un esprit et d'un corps passionnés, parfois même violents, mais aussi doucement blasés. "La folie t'aime à la folie", se disait-il à lui-même. Ses fantaisies stylistiques paraissent dans les titres de ses livres : Voix, vêtements, saccages (1971), La Patrie empaillée (1973), Bègue, bogue, borgne (1974), Vêtu, dévêtu, libre (1978), Frappé de cécité dans sa cité ardente (1980), Le Bleu et la poussière (1998), Dormir sept ans (2001). [...] Pour ses soixante-dix ans, La Différence publiaient dans deux épais volumes ses oeuvres complètes. [...] Admiré par plusieurs générations, il fut imité, car il avait imposé son ton, où se mêlaient l'esprit des comptines à la Max Jacob et une délicieuse mélancolie à la façon d'Apollinaire ou de Supervielle, provocante, douce, érotique, sentimentale, selon l'humeur. Il avait constitué, malgré lui, car il n'avait ni l'esprit de chapelle ni la volonté de diriger quoi que ce soit, une sorte d'école de Liège, où de nombreux poètes, d'Eugène Savitzkaya, avec qui il vécut, à Joseph Orban, en passant par William Cliff, Ben Arès, Serge Delaive, Karel Logist, Philippe Leuckx et tant d'autres, créaient librement à sa suite. [...] Dans Lieux épars, son dernier recueil paru (La Différence, 2008), Izoard montrait ce qu'il devait à une sorte de surréalisme naturel, sexuel et visionnaire, agrémenté d'une faculté d'introspection ironique et discrète. "Grappes de mots ou de lilas, / je vous ensevelirai / dans la lumière du jour / et l'on ne pourra que cesser d'exister." " René de Ceccatty, Le Monde.
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L'oeuvre de Serge Delaive, Liégeois pérégrinant de l'Argentine à la Corée, se construit, tantôt poèmes, tantôt romans (il a reçu le prix Rossel en 2009 pour son roman Argentine). Mais c'est toujours sur le voyage qui nous ramène à la solitude essentielle, que s'ancrent ses textes. D'un bout à l'autre des continents, dans l'apogée ou le déclin des civilisations, l'homme ne change pas et chemine sur le vide : " Nous marchons des heures et des heures / nous parcourons des distances prodigieuses / à travers les montagnes les étendues blanches / les forêts sombres l'enchevêtrement urbain / il nous arrive parfois de nous retourner / pour évaluer la réalité du trajet parcouru / alors nous cherchons l'empreinte de nos pas / et chaque fois nous posons un constat identique / il ne reste aucune trace pas le moindre indice de notre passage sur la surface écaillée de la sphère étrange. " Serge Delaive est né à Liège en 1965. Il a publié plusieurs recueils en Belgique. En compagnie de Karel Logist et de Carl Norac, il anime la revue littéraire Le Fram.
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Après Le livre de la neige publié en 1990 et qui obtint le prix Max Jacob en 1991 et La Rose de décembre et autres poèmes paru de manière posthume en 2004, ce Prologue au silence, si mince et si dense, vient confirmer la nature métaphysique de la poésie de François Jacqmin. Écoutez :
Là, c'est installer la distance où l'être s'effondre dans le plaisir d'être là.
Ou encore :
Il faut s'étonner d'une certitude davantage que de l'inconnu, frais et limpide comme l'eau du monde.
On apprend dans la postface due à Catherine Daems que l'oeuvre de Jacqmin compte des milliers de pages inédites. Comme son illustre devancier, Pessoa, François Jacqmin, être modeste et secret, ne pensait sans doute pas que ses contemporains soient prêts à entendre à ce qu'il avait à leur dire. Le temps est venu d'écouter un des plus grands poètes de langue française.
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Enfant, tu venais d'avoir cinq ans. Cinq ans d'une vie éclair. Cinq ans de remue-ménage, de rebondissements et de sourires d'espoir. Tout passerait vite de sourires, coups de dés, coups de Dame, sans y croire. Tout passerait le temps d'une vie éclair, semée ci et là d'heures d'inconsciences et de comas, de sourires et d'espoirs. Tout passerait le temps d'un dernier soupir, d'un dernier espoir, d'un dernier refus de soleil noir. Ton père tenterait de te réanimer, préférant voir une nouvelle absence, une crise dérisoire. Ton père tenterait de te réanimer, casserait l'ampoule de valium, aspirerait le valium dans la seringue inversée, injecterait le valium dans ton petit cul, dans ton petit corps de chair dérisoire.
Sous le pseudonyme de Ben Arès se cache un jeune écrivain liégeois, sans concessions, attentif à la place du poète dans sa ville. Depuis quelque temps déjà, la poésie l'accompagne : " La poésie m'est tombée dessus, peu après certaines lectures... Cette rencontre a eu lieu assez tard, vers l'âge de vingt ans. Une série de hasards, une suite d'événements ont en quelque sorte "préparé" cette rencontre. "
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Christ film Dans la rue aux bastringues la grosse dame vend des cartes postales obscènes.
Grouillement bleu violet la lune est large et chaude et sur les joues de la femme tous les regards de la foule en joie.
Le bar, le rire hystérique des carreaux rouges dans la nuit est un clavier en délire qui pianote une musique aigre une musique nègre.
Tout à coup éclairs soleils éblouissement gong jazz-bands bonds violons carillons masques hanches danses ventres spasmes cris La redécouverte d'un poète belge, ami de Magritte, et dont les livres, aujourd'hui épuisés, ont été publiés au Mercure de France et chez Gallimard.
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Au centre du livre, un " être " à la recherche de sa voix perdue. Qui est-il ? On ne sait. Il est sans visage. Sur sa route, il rencontre des personnages qui le rapprocheront ou l'éloigneront de sa quête. Des portraits et des textes courts rythment le récit. Après la mort, la vie chemine. Où va-t-elle ? Comment s'inscruste-telle ? De quelle manière prend-elle le dessus ? Au lecteur de le découvrir. Il y a une intensité, une force dans l'écriture de ce jeune écrivain nourri de poésie (Artaud, Rimbaud, Whitman, Ginsberg, Maïakovski, Cendrars, Thomas...) et habité par la fièvre. La fréquentation d'autres Liégeois (Jacques Izoard, Eugène Savitskaya, Serge Delaive) lui permet de survivre.
Mort de la première. Naissance de la seconde peau. Tout commence quand elle rôde. Tombe ! Sort hors de ses gonds ! Bascule à bras-le-corps ! Engendre l'accident, la rupture incontournable avec le monde. Tout commence, s'ensuit, s'ensuivra au pied de la lettre. D'aucun secours.
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Qui souffle sur la paume ! L'haleine rêve de roses et nul ne caresse l'eau qui coule à travers corps pour mieux irriguer les poèmes. Invisible haleine sans mots ! Tout dire sans rien dire ! Ton fragile regard en mon regard. Et l'aérienne existence proche du vent, de la clarté ! Ne ferme pas les paupières. Poussière d'or : un seul reflet.
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Thibaut Binard, jeune poète liégeois, s'est suicidé le 16 septembre 2005. Il avait envoyé à La Différence ce recueil : Diagonal doce. Son ami Karel Logist le présente : " Thibaut Binard est né en novembre 1980. Il a vécu en Belgique, à Liège et dans beaucoup d'autres lieux. Il n'aimait pas seulement les livres et la littérature, mais aussi la musique, les voyages, l'amitié et par-dessus tout la rencontre. Après une licence en philosophie, il s'est mis à la recherche de ses limites. Et à remplir ses promesses. Sa vie fut dès lors passionnément habitée par l'écriture. Il faisait des poèmes en regardant plus loin. Quelques-uns d'entre eux ont paru en revue. Son premier livre, Lancer, est paru à Bruxelles chez Maelstrom l'année dernière. Thibaut a choisi de partir le 16 septembre 2005. Il nous laisse de nombreux poèmes, des notes, des lettres et deux romans.
Et voici que surgit Diagonal Doce, un livre "vivant", né de sa rencontre avec l'Amérique latine. Et Thibaut Binard, c'est certain, aurait aimé notre surprise, lui qui a toujours eu une question, un voyage et un rêve éveillé d'avance sur nous tous. "
Diagonal dos C'est un paysage lunaire. On y marche sans grande peine La fatigue est derrière soi On y marche sans cratère devant soi sans Plus de côte, sur l'horizon, sur l'altitude Et les pieds s'enfoncent dans les galets - c'est surtout pour cela que ça ressemble à la lune - avant de gagner les tremplins. Alors le regard plonge et s'abîme comme sur un chariot fou Alors les paupières ne retiennent plus le jaune d'oeuf de tes yeux qui Dégringolent les versants ondulés Qui glissent sur la patinoire de la projection, cette projection : toi-même ayant sauté. Mais tu ne sautes pas car tu as faim alors les yeux voyagent plus Et mieux Mais tu ne sautes pas car le soleil t'agrippe Il est plus près de toi
Il te colle à la peau Il est plus près de toi ; vous êtes deux vigiles Et le fond du canyon implore votre clémence.
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C'est chaque fois plus dur plus acéré plus noir ça court de jour en jour à rebours de l'espoir ça vous écrase un homme ça grince, ça patine ça racle, ça cramponne moi je reste à ma place je tiens bon, je m'agrippe je m'accroche, je grimace je plaide, je ploie, je pleure je tiens le coup, je mords sur ma chique je m'applique à voir plus loin plus clair
à la vie à la mort je pourrais lâcher pied reprendre le collier mais je n'ai pas la force de faire demi-tour Tu veux qu'on échange, tu veux ? Tu veux ? Tu la veux ? Viens la prendre ma place au soleil comme tu dis Tu veux ma place ? Prends-la toute mais balaye mes traces lâches et lasses parts d'ombre sur les vitres du jour.
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En attendant Bénarès la quête de son nom en attendant Bénarès sur la côte la quête de son ombre voilà qu'il gardait les braises à nu du fragile équilibre voilà que l'heure brûlait et s'imposait de poser les limites de pied ferme la maîtrise de la langue où passion n'est plus la réponse du chant manquant mais la voie de l'unité du poing qui sert l'étranger l'étrangère aux lèvres de lune et d'air aux retours ô combien discrets et songeurs
Sous le pseudonyme de Ben Arès - nom évoquant les voyages - se cache un jeune écrivain liégeois et sans concessions, attentif à la place du poète dans sa ville. Depuis quelque temps déjà, la poésie l'accompagne : « La poésie m'est tombée dessus, peu après certaines lectures... Cette rencontre a eu lieu assez tard, vers l'âge de vingt ans. Une série de hasards, une suite d'événements ont en quelque sorte "préparé" cette rencontre. Avant d'écrire des poèmes, j'aimais déjà l'écriture, de lettres, par exemple », explique Ben Arès.
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LANCE-PIERRE
Au bout de quelque temps
j'en ai eu plus qu'assez
en fait j'en avais plein le dos
que le temps me lie à ma chaise cette chaise
que je maudissais
J'avais bu jusqu'à la lie
la soupe amère des jours sans but
J'avais avalé sans goût
les toujours mêmes fricassées
les petits oignons le cru bourgeois
J'ai claqué la porte
le bruit a dévalé la pente
j'ai couru pour le rattraper
Rien dans les poches
Rien dans la tête
Du haut de la colline
juste avant de m'élancer
j'ai pris la peine de photographier
cette rue que je n'avais
somme toute jamais vue
Je me souviens que
les nuages faufilés buvaient aux tuiles
et que le gros soleil rouge clignotait
une interdiction désormais sans objet.
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OEUVRES COMPLETES : poésie t.2 ; 1979-2000
Jacques Izoard
- La difference
- Oeuvres Completes
- 24 Mai 2006
- 9782729116187
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OEUVRES COMPLETES : poésie t.1 ; 1951-1978
Jacques Izoard
- La difference
- Oeuvres Completes
- 18 Mai 2006
- 9782729116170
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OEUVRES COMPLETES : poésie 1944-2004
Philippe Jones
- La difference
- Oeuvres Completes
- 27 Mai 2005
- 9782729115623
Au point culminant de la poésie belge contemporaine, Philippe Jones joue un rôle particulier.
Non point celui d'un phare, de ceux que célébrait Baudelaire : il est trop discret pour revendiquer une situation privilégiée. Mais depuis plus d'un demi-siècle (le poète est né à Bruxelles en 1924) son oeuvre a pris l'extension d'un archipel de corail. Pourtant, si ses branches s'étendent de part et d'autre de la frontière, on ne les remarque pas toujours comme il le faudrait, parce que les critiques sont souvent myopes et que de ce côté-ci, on n'attache pas à la poésie l'intérêt qu'elle suscite dans de nombreux autres pays européens (en Italie ou en Angleterre par exemple).
Ainsi, alors que cette oeuvre s'est imposée depuis la dernière guerre comme une des plus marquantes du paysage littéraire d'outre-Quiévrain, aux côtés de celles de Marcel Thiry, Albert Ayguesparse, Fernand Verhesen, André Miguel, Liliane Wouters, Jean Tordeur, Achille Chavée, Robert Goffin, sans parler de Norge et d'Henri Michaux (que l'on s'est plu à annexer) il est fort peu et mal représenté dans nos anthologies et nos histoires.
À la faveur de ce volume qui réunit à présent son oeuvre poétique complète, nous allons enfin pouvoir prendre la mesure d'un homme qui n'a cessé d'être l'exemple de la rigueur dans sa démarche et de la fidélité à une conception de la poésie exempte de toute concession à la mode et aux sirènes médiatiques. Une poésie qui n'est pure que parce qu'elle est vraie, lieu de recherche d'une vérité de l'être nourrie de la recherche d'une vérité du monde.
Frédéric Nietzsche écrivait : " Notre chasse à la vérité/est celle d'une chasse au bonheur. " Ces deux attitudes ont trouvé leur point de jonction dans l'oeuvre de Philippe Jones, où le bonheur consiste précisément à trouver la vérité de soi, comme celle des autres, la vérité de l'amour dans la vision de la nature. CHARLES DOBZYNSKI
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Livre à deux voix sur la quête de l'impossible fusion, est-ce le peintre qui répond au poète ou l'amant qui répond à l'amant ? " qui cherche trouve.
Mais que cherche-t-on ? que cherches-tu ? la nouvelle pierre de rosette, le talisman de ben laden, le caillou philosophal, ou le coeur d'or du soleil ? non ! tu lacères ta propre ombre, ta double peau d'animal et d'humain. ".
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