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Pendant une décennie effrayante, Andrew Graham-Yooll fut le rédacteur en chef du Buenos Aires Herald, le réputé quotidien anglophone de la capitale argentine. Autour de lui, régulièrement, amis et connaissances «disparaissaient» sans laisser de traces.
Bien que le moindre faux-pas eût scellé son sort, il ne se démonta pas et s'acharna à rendre compte quotidiennement, dans son journal, de la terreur ambiante. Il assista à des conférences de presse clandestines de la guérilla, dénonça assassinats et intimidations, aida des proches sans nouvelles de l'un des leurs et rencontra même un tortionnaire qui lui fit de sombres confidences.
Un récit édifiant sur la vie quotidienne en Argentine sous la dictature militaire des années 1970, la période la plus noire de l'histoire récente du pays. Une lecture plus que jamais d'actualité en 2022, à l'aune de nos démocraties défiées. -
La Faction Cannibale, c'est une histoire du vandalisme éclairé, illustrée par une recherche iconographique, littéraire et musicale riche et disparate qui reflète avant tout les obsessions de son auteur, imprégné par la pop culture de la fin des années 70 et de toutes les influences qu'elle charrie en son sein (le punk, Robespierre, Jack L'Eventreur, Debbie Harry, The Clash, André Breton, les Shakers, Alan Moore, Kim Gordon, Picabia, la bande à Baader, etc.) Servando Rocha se soucie peu de la chronologie et des frontières, il préfère nous faire emprunter des coursives temporelles. L'introduction d'un film sur les Sex Pistols nous renvoie aux émeutes de Gordon, qui nous conduisent aux conceptions de Burke sur le Sublime, qui nous mènent aux accidents de voiture sérigraphiés par Andy Warhol. Et singulièrement, toutes ces petites pièces mystérieuses assemblées les unes aux autres finissent par dévoiler un tableau poignant : les hommes n'ont jamais cessé de crier.
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Mexique profond ; une civilisation niée
Guillermo Bonfil batalla
- Zones Sensibles
- 19 Septembre 2017
- 9782930601274
Mexique profond. Une civilisation niée, paru pour la première fois en 1987 (15 autres réimpressions seront réalisées depuis en langue espagnole), est un classique de l'anthropologie historique mexicaine. L'argumentation de Guillermo Bonfil Batalla dans cet ouvrage ne se réduit nullement à opposer de façon schématique le monde indien (« Mexique profond ») et le « Mexique imaginaire » (qui correspond au monde occidental). Certains passages attestent d'un désir de convaincre les lecteurs de la réalité de la domination qu'un groupe humain a exercée sur un autre depuis l'arrivée des Conquistadores sur le territoire mésoaméricain au début du XVIe siècle, mais l'enjeu est avant tout d'inscrire cet antagonisme au sein d'un processus historique évolutif qui tend parfois à en occulter l'existence, notamment à travers la négation de la présence des Indiens depuis l'époque Moderne.
Le principal effort de Batalla vise à rendre sensible « l'ubiquité de la présence multiforme de l'indianité » en particulier en retraçant certains épisodes-clés de l'histoire du Mexique. De ce point de vue, les premières descriptions du monde préhispanique, non exemptes d'une idéalisation de l'autochtonie, ou les vigoureuses critiques formulées à l'encontre de l'entreprise coloniale, ne sont pas les plus surprenantes puisqu'elles s'appuient sur des données historiques bien connues. On notera cependant que, dès la première partie, plusieurs développements dépassent avec beaucoup de perspicacité bon nombre d'oppositions (ville/campagne, indien/ métisse) à l'intérieur desquelles le dualisme exposé dans l'introduction semblerait enfermer le propos de l'auteur. Les pages consacrées à la présence des Indiens dans l'univers urbain, dans les marchés ou pendant les activités rituelles font comprendre que l'anthropologue doit suivre la capillarité du corps social et non se contenter de délimiter des camps, territorialement hermétiques, dans lesquels vivraient de façon séparée des groupes différents.
En affirmant que le monde indien apparaît partout, sous de multiples visages, le propos de Batalla consiste donc à interpréter le réel pour rendre perceptible une forme d'existence qui a été chassée du champ de la visibilité. À cet égard, la dimension la plus stimulante de la réflexion de l'auteur réside dans sa capacité à faire émerger les paradoxes, voire les réécritures de l'histoire, autour desquels, comme dans beaucoup d'autres sociétés, s'est construite l'identité du Mexique. Les chapitres III et IV de la deuxième partie, s'attachent ainsi à démontrer que l'Indépendance de 1812, puis la Révolution éclatant un siècle plus tard, sont loin d'avoir été les périodes les plus favorables pour les cultures indiennes, en dépit de la glorification de « l'Indien », popularisé par les grands peintres muralistes. Ainsi, en prenant des distances avec une histoire officielle largement répandue dans son pays, Bonfil décèle-t-il une « alchimie mentale qui perdure jusqu'à nos jours » en vertu de laquelle les Mexicains possèdent une « capacité à dissocier l'Indien d'hier et l'Indien d'aujourd'hui ».
Pour ce qui concerne la dimension anthropologique, un des problèmes importants abordé par l'ouvrage est celui de l'articulation entre la multiplicité des peuples et leur intégration à l'intérieur d'un ensemble culturel uniforme, problème qui, depuis longtemps, aiguille la réflexion mésoaméricanistes (et dont l'insurrection du Chiapas ou l'élection de certains présidents indiens ne constituent que la partie la plus visible).
Par ailleurs, Mexique profond s'inscrit parfaitement dans des débats extrêmement contemporains concernant le multiculturalisme, le métissage, les situations postcoloniales, la question de la visibilité des minorités.
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Dîtes-moi à quoi ressemble un arbre ; mémoires de prison et de vie
Marcos Ana
- Aden Belgique
- Passe-Memoire
- 15 Septembre 2010
- 9782930402987
" Pablo Neruda, m'écoutait avec une émotion soutenue, tandis que ses doigts jouaient en silence avec un crayon vert.
Avant d'aller nous reposer quelques heures, Pablo commenta, contrarié : - Nous sommes insensés, si nous avions allumé un enregistreur, tu aurais la matière pour un livre impressionnant. - Mais, Pablo, tout ce que je t'ai raconté fait partie de ma vie, je ne vais pas l'oublier et je l'écrirai un jour. - Je sais bien que ces histoires t'accompagnent et que tu ne vas jamais les oublier mais, à force de les répéter, elles risquent de se mécaniser et de perdre l'intimité, la vive et frémissante spontanéité de cette nuit.
Il ne faut pas tarder à les écrire. - Ce n'est pas possible maintenant, Pablo. Je me dois à mes frères qui sont encore en prison, je dois sans relâche porter leur témoignage dans le monde. Mais Pablo insistait : - Tu dois te fier au pouvoir du témoignage écrit, la parole est fugace. Il s'agit de donner vie et de fixer sur le papier les histoires que tu m'as racontées cette nuit." Ce livre est la preuve que Marcos Ana écouta, enfin, les conseils du poète chilien.
Ces mémoires d'un jeune homme de 90 ans qui fut condamné à mort à 19 ans et enterré 23 ans dans les prisons franquistes sont un hymne à la liberté, à l'amour et à la lutte pour un monde meilleur. Pedro Almodóvar consacrera un film à ces mémoires dans les années à venir.
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Les enfants perdus du franquisme
Miguel Angel Rodriguez
- Aden Belgique
- Passe-Memoire
- 13 Septembre 2012
- 9782805920202
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Face à la "°crise des valeurs°" et à la "°perte des repères ", l'individu semble être devenu le dernier rempart.
Création de la modernité, l'autonomie du sujet social est perçue comme le symbole même de la liberté. c'est ce mythe inquestionné que miguel benasayag remet en cause dans ce livre iconoclaste. pour lui, loin d'être cette instance transhistorique et transculturelle, l'individu est une forme d'organisation sociale, d'une vision du monde qui n'a rien de fatale. et ceux qui, avec la meilleure volonté du monde, s'efforcent aujourd'hui de recréer du lien social entre les individus pour sauvegarder la vie face à la destruction capitaliste, ne font que renforcer la logique qu'ils pensent combattre : car dans le néolibéralisme avancé, l'individu est précisément le constituant du lien social régi par la loi du profit et de l'intérêt, l'atome indivisible de la massification.
Pour sortir de cette double impasse, il faut, explique miguel benasayag, " abandonner la position du mirador°" : celle de celui qui regarde le monde en situation d'extériorité, comme depuis un mirador. position qui est aussi bien celle du réaliste tenant de la "°pensée unique°" - le monde est ce qu'il est, nous n'avons d'autre choix que de "°faire avec°" - que celle de son adversaire idéaliste - ce monde est inacceptable, changeons les mentalités et tout deviendra possible.
Au fil d'un parcours philosophique aussi exigeant que passionnant, miguel benasayag propose ici une théorie de l'émancipation constituant un outil précieux pour tous ceux explorent les voies d'un renouveau de l'action politique.
" le monde devient, écrit miguel benasayag, "complexe, insaisissable, inquiétant, de plus en plus virtuel, violent, lointain..." seul surnagerait l'individu, prétendument autonome, qui concevrait le monde comme un objet à dominer.
C'est ce nouveau mythe qu'il déconstruit. " politis
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Après le coup d'État au Chili, en 1973, la dictature interdit jusqu'à prononcer le nom de Victor Jara.
Sa musique est censurée, ses disques détruits. Qui était ce chanteur qui fut assassiné dès les premiers jours du coup d'Etat? Que représentait-il pour le peuple chilien et pour l'Unité Populaire ? C'est à travers le récit de sa femme que nous découvrons la vie et l'oeuvre de Victor Jara. Comment le jeune homme découvrira le patrimoine culturel et populaire de son pays, le magnifiera et le transformera en une multitude de chants engagés au service de la lutte pour la justice sociale et contre la guerre.
Les chansons de Jara vont devenir des armes pour un peuple qui décida de prendre son destin en main et qu'on brisa un certain 11 septembre 1973.