LA DIFFERENCE|La Difference
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Forteresse Europe est une provocation de l'esprit qui traite de l'émigration à l'envers.
L'auteur, homme de théâtre et romancier, met en scène des Européens qui veulent quitter leur continent. L'idéal « Liberté, Égalité, Fraternité » ne s'est pas traduit par le paradis sur terre escompté, et déçus, ils veulent fuir. L'idéal démocratique de la société ouverte et multiculturelle par lequel l'Europe tente de répondre à cette violence demeure inopérant. L'individualisme et le laxisme ont conduit les Européens au nationalisme et à la xénophobie, accélérant ainsi la désintégration culturelle.
Dans ce climat, tout ce qui est nouveau, donc inconnu, fait peur. Le conservatisme triomphe. Même la pensée critique est devenue suspecte.
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A partir d'un carnet de voyage remonté à la surface et de photographies prises sur place durant l'été 2009, Serge Delaive nous invite à le suivre lors de son troisième séjour dans ce pays que l'on nomme par défaut Corée du Sud, à la fois tellement accessible et ouvert, mais aussi "secret le mieux gardé d'Asie", comme le proclame la sagesse populaire. Lors des deux précédents séjours, l'auteur avait parcouru le pays avec sa compagne, native de Séoul, membre de cette diaspora d'enfants adoptés au cours des années 1960 et 1970, répandue dans tout l'Occident.
Cette fois, le couple emmène fils et fille à la découverte de la moitié de leur sang ainsi qu'à la rencontre de leur grand-mère naturelle retrouvée cinq ans plus tôt. Ancré dans l'impossibilité et la disponibilité constitutives du voyage, ce livre nous transporte touche par touche dans les traces de l'auteur et de sa famille, enfermés dans leur différence, réceptifs aux différences, parallèles à la Corée du Sud.
Une marche à pas de loup vers ce pays qui se refuse avec une affabilité tout orientale et dont l'attrait complexe mérite largement d'être abordé.
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Découvrez Joseph, le livre de Yun-Sun Limet
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" a la suite d'un accident cérébral, la moitié d'un homme devient comme une feuille morte.
" un scanner avait révélé une tache blanche située en plein centre du langage. " ce demi -géniteur prend place sur le siège avant de la voiture, a côté du chauffeur, le fiston. la place du mort. une longue transhumance commence. sans but avoué, semble-t-il. au hasard des cartes routières. les paysages se détachent dans le ciel comme des tableaux de magritte. le véhicule file à vive allure sur les veines de l'asphalte.
ce voyage somnambulique conduira cet étrange tandem sur la digue d'ostende, dans le périgord noir, le cantal, à travers les alpes, jusuq'aux quartiers résidentiels d'une cité suisse, avec ses larges avenues et des banques fermées. c'est là que se termine ce bouleversant tête-à-tête muet. onze journées comma autant d'étapes initiatiques où un homme anticipe sa fin annoncée et où un fils tisse d'ultimes liens avec son père.
jean-luc outers a réussi un roman rare, exigeant, douloureux, très maîtrisé dans sa distance pudique. " patrice delbourg ? l'evénement du jeudi.
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Entre 2000 et 2020, entre l'amérique du sud et l'europe, chaque personnage, lunus, juan serafini, henk, sofia, angel, hernàn et lucas, en proie à ses démons, emprunte sa voie personnelle.
Les uns disparaissent, les autres les recherchent, la crise argentine de 2001 éclate. chaque protagoniste interagit, de près ou de loin, avec les autres. au lecteur de rassembler les pièces manquantes de ce puzzle, agencées comme des fractales, ces objets mathématiques qui illustrent si bien " l'effet papillon " ou comment l'inattendu peut se glisser au milieu des phénomènes les mieux ordonnés.
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" lunus fouille les directions contradictoires du temps.
il accompagne du regard le tracé sinueux d'un mur d'adobe qui s'étire à travers la plaine. les trois lignes de l'horizon tremblent dans le lointain. un entrepôt recouvert de torchis blanc se détache d'un pan de ciel. deux balafres parallèles suppurent là-haut. la cicatrice de fumée court rectiligne au zénith. elle fractionne la voûte en hémisphères jumeaux puis se dilue dans la matière monochrome. silencieux, le scalpel de l'avion scintille et découd patiemment la suture invisible vers son point de fuite.
lunus baisse les paupières. lentement, il décompte : trois, deux, un. son regard le devance à la vitesse de la lumière. " dans ce roman gigogne, récit de voyage ou récit initiatique, serge delaive cherche-t-il à nous égarer pour nous retrouver ensuite ? on suit la trace de lunus et puis, soudain, on se demande oú l'on est vraiment. en patagonie ? au café europa, dans une ville d'europe du nord ? au milieu du désert avec guadalupe de valparaiso ? réflexion sur le temps et les soubresauts de la mémoire à travers le maillage d'un récit élaboré, café europa nous plonge dans une spirale oú, pour notre plus grand plaisir, la prose côtoie la poésie, les annotations et l'essai historique.
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" Jonglant avec différents vocabulaires, la littérature, la musique, le cinéma, la peinture mais aussi les événements les plus banals, les plus éloquents de la vie quotidienne, Alain Bosquet est à l'écoute de cette belle dame qui a su préserver son image en la cachant.
On ne dit pas grand-chose, mais tout passe entre les mots. Comme Marlène, superbe, émouvante, surgit entre les lignes de ce livre. En sort-elle banalisée ? Oh non ! et c'est tant mieux. Le mystère reste entier, et d'ailleurs Alain Bosquet ne cherche pas à le dissiper. Ce qu'il veut, ce qu'il réussit, c'est évoquer Marlène assez pour que nous, lecteurs immobiles et rêveurs galopants, nous sentions sa présence, presque palpable, son parfum, son charme, son aura.
" Jean-François Josselin, Le Nouvel Observateur
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Livre à deux voix sur la quête de l'impossible fusion, est-ce le peintre qui répond au poète ou l'amant qui répond à l'amant ? " qui cherche trouve.
Mais que cherche-t-on ? que cherches-tu ? la nouvelle pierre de rosette, le talisman de ben laden, le caillou philosophal, ou le coeur d'or du soleil ? non ! tu lacères ta propre ombre, ta double peau d'animal et d'humain. ".
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" Le plus beau jour de la vie de Jean Pilort fut celui où son nom figura dans le dictionnaire.
Les douze lignes qui mentionnaient sa date de naissance, sa qualité d'académicien et les titres de ses romans le remplirent d'aise. A l'heure du pousse-café, il attrapa le gros volume relié, l'ouvrit à la lettre P et, avec une joie enfantine, relut son nom entre celui de Germain Pilon (1537-1590), sculpteur, un des plus grands de la Renaissance française, et celui de Joszef Pilsudski (1867-1935), maréchal, vainqueur de l'Armée Rouge et chef de l'Etat polonais.
Son voyage en postérité s'annonçait faste. "
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Manifeste pour l'édition et la librairie indépendante
Colette Lambrichs
- La Difference
- Politique
- 12 Janvier 2012
- 9782729119744
"À l'heure où les métiers d'éditeur et de libraire indépendants sont menacés par la prolifération folle de publications que les rayons des magasins ne peuvent plus contenir et que le public désorienté délaisse faute d'être en mesure de l'appréhender, à l'heure où la presse, malade, elle aussi, ne joue plus son rôle d'information ni de critique, force est de nous interroger sur le sens de cette profession d'éditeur et sa chance de survie.
Chacun sent que cette situation ne peut plus continuer ainsi et il semble que personne ne soit capable d'enrayer le processus qui conduira nécessairement à la disparition d'un grand nombre d'éditeurs et de libraires. Tout paraît se passer comme si on préparait le terrain engorgé et asphyxié par les allers et retours de nouveautés pour que celui-ci se soumette, contraint et forcé par les impératifs économiques, à promouvoir et à vendre des fichiers numériques consultables sur livre électronique. [...]"
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L'oeuvre de Serge Delaive, Liégeois pérégrinant de l'Argentine à la Corée, se construit, tantôt poèmes, tantôt romans (il a reçu le prix Rossel en 2009 pour son roman Argentine). Mais c'est toujours sur le voyage qui nous ramène à la solitude essentielle, que s'ancrent ses textes. D'un bout à l'autre des continents, dans l'apogée ou le déclin des civilisations, l'homme ne change pas et chemine sur le vide : " Nous marchons des heures et des heures / nous parcourons des distances prodigieuses / à travers les montagnes les étendues blanches / les forêts sombres l'enchevêtrement urbain / il nous arrive parfois de nous retourner / pour évaluer la réalité du trajet parcouru / alors nous cherchons l'empreinte de nos pas / et chaque fois nous posons un constat identique / il ne reste aucune trace pas le moindre indice de notre passage sur la surface écaillée de la sphère étrange. " Serge Delaive est né à Liège en 1965. Il a publié plusieurs recueils en Belgique. En compagnie de Karel Logist et de Carl Norac, il anime la revue littéraire Le Fram.
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Un homme sans nom, à la recherche de sa mémoire, un enfant, une femme, une ourse et Ney. Cinq personnages, peut-être quatre, peut-être un seul en train de rêver, se frôlent en quête de réponses à des questions informulées dans ce récit atemporel, rythmé en courts chapitres. L'espace et les époques se mêlent entre les sommets des montagnes et l'océan. Le mystère reste entier. Au lecteur d'en démêler les fils. L'auteur de Café Europa réécrit ici de fond en comble un récit qu'il avait publié jeune sous pseudonyme. Les obsessions présentes dans Café Europa et Le Livre canoë réapparaissent dans des paysages glacés. Tout est signe. Les empreintes sur la neige ou sur le sable, comme le nombre des vagues, comme les gestes des hommes, comme l'écriture qui griffe la page blanche. Mais si tout est signe, comment les interpréter, comment les déchiffrer ? Dans ce très beau livre, énigmatique et dense, Serge Delaive montre une nouvelle fois son grand talent d'écrivain.
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Souvenirs de José de Nazareth Tome 1 ; "merde à Jésus !"
Marcel Paquet
- La Difference
- 19 Novembre 2009
- 9782729117931
José de Nazareth, frère aîné de Jésus, assiste, impuissant et fasciné, aux malentendus, aux superstitions et aux injustices qui vont conduire à la mort, ou plutôt au suicide de son frère, dont il dira : " Jésus existant, rien n'était plus tout à fait comme autrefois. " Un récit plein de verve, sarcastique et drôle. Une vision originale de la naissance d'une religion.
Jésus comme vous ne l'avez jamais vu !
" [Marcel Paquet] trace le portrait d'un Jésus tout à la fois prétentieux, manipulateur et victime de ses rêves de puissance. [...] Le tour de force de Marcel Paquet est d'avoir donné la parole au frère aîné de Jésus, José de Nazareth, un bon bougre qui assiste, impuissant et médusé, à la sanglante mascarade qui enfantera un nouveau délire, c'est-à-dire une nouvelle religion. À l'heure où les fanatismes de tous bords s'emparent du sacré pour étouffer le doute et la dérision, on ne boudera pas cette leçon d'humour et d'irrespect. " Roland Jacquard, Le Monde.
" [...] voilà un succulent petit brûlot de littérature dérangeante écrit dans un style impeccable. Racé et nerveux. [...] Il faut bien sûr ne le laisser que dans les mains des gens qui ont assez de recul et assez d'humour pour apprécier l'audace de la démarche. " Philippe Lacoche, Courrier picard.
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Souvenirs de José de Nazareth Tome 2 ; Marie et les Jean
Marcel Paquet
- La Difference
- 19 Novembre 2009
- 9782729117948
À la fin du XIXe siècle, en Allemagne, Mme Haynes délire dans l'hôpital psychiatrique que dirige Franz Brentano, frère du célèbre philosophe : elle raconte la vie de la Vierge Marie après la mort de son fils Jésus, supplicié par les Romains. Le psychiatre retranscrit les discours de sa patiente, surtout celui qui concerne la vie de Jean et de Marie, à Éphèse - actuellement en Turquie. Il écrit donc au Vatican qui prend très au sérieux " l'information " et décide de " retrouver " le terrain où vivait Marie afin de bâtir une Maison de la Vierge, sorte de point de péage obligé pour les chrétiens.
Cette fiction relate l'histoire incroyable de ce sacré lieu, visité par Jean-Paul II lors de son périple turc, et aujourd'hui lieu de pèlerinage pour chrétiens et musulmans. Un récit tragi-comique des tribulations de cette Maison de la Vierge, en terre turque, prise dans les tourbillons de l'Histoire.
Un récit haut en couleur et réjouissant sur la religion, ses " labels " et ses " produits dérivés ".
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Enfant, tu venais d'avoir cinq ans. Cinq ans d'une vie éclair. Cinq ans de remue-ménage, de rebondissements et de sourires d'espoir. Tout passerait vite de sourires, coups de dés, coups de Dame, sans y croire. Tout passerait le temps d'une vie éclair, semée ci et là d'heures d'inconsciences et de comas, de sourires et d'espoirs. Tout passerait le temps d'un dernier soupir, d'un dernier espoir, d'un dernier refus de soleil noir. Ton père tenterait de te réanimer, préférant voir une nouvelle absence, une crise dérisoire. Ton père tenterait de te réanimer, casserait l'ampoule de valium, aspirerait le valium dans la seringue inversée, injecterait le valium dans ton petit cul, dans ton petit corps de chair dérisoire.
Sous le pseudonyme de Ben Arès se cache un jeune écrivain liégeois, sans concessions, attentif à la place du poète dans sa ville. Depuis quelque temps déjà, la poésie l'accompagne : " La poésie m'est tombée dessus, peu après certaines lectures... Cette rencontre a eu lieu assez tard, vers l'âge de vingt ans. Une série de hasards, une suite d'événements ont en quelque sorte "préparé" cette rencontre. "
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" le petit roman de marcel paquet tient dans la poche d'une veste.
mais sa minceur n'est que matérielle, car il pose d'une manière tout à fait passionnante et originale quelques questions fondamentales sur la parole, les idées et le pouvoir. il a beau avoir pour cadre athènes au ve siècle avant j. -c. , le champ qu'il trace n'en apparaît pas moins en résonance intime avec des préoccupations extrêmement contemporaines, à l'image de la langue et des concepts qui l'innervent.
une pensée s'exprime là qui, par un détour de facture inhabituelle, force à s'interroger sur un complexe d'idées, qui au fond tissent la toile du présent. " jean-claude lebrun, révolution.
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Le directeur d'un quotidien commande un reportage à Urbin Chave.
A lui de chercher et de trouver le sujet qui séduira les lecteurs. Sur la route de Glome, la " ville nouvelle " au sujet de laquelle Chave décide d'enquêter, on lui apprend qu'une guerre est engagée. Une guerre ? Quelle guerre ? Il croit être l'objet d'une mystification, d'une farce, car rien ne semble, de prime abord, très différent de ce qu'il a coutume de voir. Mais lorsqu'il cherche à avancer vers le centre de la ville, ce qu'il découvre, au péril de sa vie, est si monstrueux qu'il doute de tout, et donc de lui-même.
Fable sur le pouvoir, la fausse liberté, le mensonge, La Guerre pointe les ressorts occultes et redoutables de la société, mercantile et paisible, qui est la nôtre.
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La légende d'Ulenspiegel au pays de Flandres et ailleurs
Charles De coster
- La Difference
- 10 Janvier 2003
- 9782729114411
Écrite dans une langue truculente, inspirée de Rabelais, La Legende d'Ulenspiegel met en scène un personnage de farceur (Thyl Ulenspiegel) issu du folklore flamand.
Né le même jour que Philippe II, empereur d'Espagne et des Pays-Bas, il est aussi joyeux et drôle que l'autre est sinistre et mortifère. Le joug espagnol asservit la Flandre et la Zélande. Ulenspiegel le subit dans sa chair lorsque son père, Claes, est brûlé comme hérétique et quand sa mère, Soetkin, meurt sous la torture pour avoir voulu sauvegarder la fortune de son fils. Il va alors incarner l'esprit frondeur et libre face à l'oppression exercée par Philippe II et le duc d'Albe.
Dans toutes les villes de Flandre et de Zélande, Ulenspiegel sème la révolte : " Debout ! disent ceux de Bruxelles ; debout ! disent ceux de Gand. " Au terme d'aventures héroïques, accompagné du bon et honnête Lamme Goedzak, il libérera la Flandre.
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Jacques-Henri Lartigue ; les tourments du funambule
Patrick Roegiers
- La Difference
- Les Essais
- 7 Juin 2003
- 9782729114794
Jacques Henri Lartigue eut une existence passionnante pour trois raisons qu'il résumait lui-même le plus simplement du monde : " Je peins, j'écris, je fais des photos.
" Dès 1900, il tient son journal qui parcourt tout le siècle, dessine pour capter ce qu'il voit - dans une multitude de registres : croquis sur le vif, pochades, dessins techniques ou de mode, caricatures -, mais aussi pour doubler la prise de vue photographique au cas où celle-ci serait ratée. Dilettante entêté, assoiffé de bonheur, doté d'un incurable optimisme, Lartigue a pour unique but de faire de la vie le sujet de son art.
S'il est célèbre en tant que photographe, il se considère avant tout comme peintre. Il mène de front jusqu'à sa mort, en 1986, ces trois disciplines - dessin, peinture et photographie - qui sont analysées ici pour la première fois. L'essai enlevé et brillant de Patrick Roegiers saisit dans l'ensemble de ses pratiques Jacques Henri Lartigue, à qui le Centre Georges Pompidou consacre, en cette année 2003, une grande rétrospective.
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Thibaut Binard, jeune poète liégeois, s'est suicidé le 16 septembre 2005. Il avait envoyé à La Différence ce recueil : Diagonal doce. Son ami Karel Logist le présente : " Thibaut Binard est né en novembre 1980. Il a vécu en Belgique, à Liège et dans beaucoup d'autres lieux. Il n'aimait pas seulement les livres et la littérature, mais aussi la musique, les voyages, l'amitié et par-dessus tout la rencontre. Après une licence en philosophie, il s'est mis à la recherche de ses limites. Et à remplir ses promesses. Sa vie fut dès lors passionnément habitée par l'écriture. Il faisait des poèmes en regardant plus loin. Quelques-uns d'entre eux ont paru en revue. Son premier livre, Lancer, est paru à Bruxelles chez Maelstrom l'année dernière. Thibaut a choisi de partir le 16 septembre 2005. Il nous laisse de nombreux poèmes, des notes, des lettres et deux romans.
Et voici que surgit Diagonal Doce, un livre "vivant", né de sa rencontre avec l'Amérique latine. Et Thibaut Binard, c'est certain, aurait aimé notre surprise, lui qui a toujours eu une question, un voyage et un rêve éveillé d'avance sur nous tous. "
Diagonal dos C'est un paysage lunaire. On y marche sans grande peine La fatigue est derrière soi On y marche sans cratère devant soi sans Plus de côte, sur l'horizon, sur l'altitude Et les pieds s'enfoncent dans les galets - c'est surtout pour cela que ça ressemble à la lune - avant de gagner les tremplins. Alors le regard plonge et s'abîme comme sur un chariot fou Alors les paupières ne retiennent plus le jaune d'oeuf de tes yeux qui Dégringolent les versants ondulés Qui glissent sur la patinoire de la projection, cette projection : toi-même ayant sauté. Mais tu ne sautes pas car tu as faim alors les yeux voyagent plus Et mieux Mais tu ne sautes pas car le soleil t'agrippe Il est plus près de toi
Il te colle à la peau Il est plus près de toi ; vous êtes deux vigiles Et le fond du canyon implore votre clémence.
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Bruxelles, ville provinciale, métropole européenne, est un noyau qui fermente. Ici, le noyau devient un noeud. Entre les fils mêlés de cette pelote mobile, Éléonore a joué sa vie.
Comédienne, elle aura joué tout, mais elle l'aura joué à tour de rôle. Avant de quitter la scène, partagée entre tant de points cardinaux, tant de forces contraires, telle Bruxelles, Éléonore affronte le dernier acte avec ceux qu'elle aime, en organisant le théâtre d'une représentation finale. L'actrice désire voir, à son tour, le spectacle de la comédie que chacun joue naturellement, croit-il, elle qui sait que rien n'est naturel.
Qui tire les ficelles et les fils de la pelote ? Chacun ? Personne ? Éléonore, la comédienne qui qui n'a pas même entendu le secret de son nom : Elle est au nord.
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Toi, Cécile Kovalsky, premier roman de Marianne Sluszny, évoquait une légende familiale et le malheur d'une diaspora juive émigrée à Bruxelles, moins intégrée qu'elle ne le croyait. Marianne Sluszny revient sur ces thèmes dans Le Frère du pendu. Thomas, jeune cinéaste désespéré par sa rupture avec Rivka, ?lle de juifs orthodoxes, découvre dans un coffre lui appartenant une série de cahiers racontant la vie d'un aïeul de son ex-?ancée, un certain Meier, né en 1880 à Siedlice en Pologne. Il se passionne pour l'existence de cet homme, éternel exilé, révolté par la pendaison de son frère Saul par les cosaques en 1905, et décide de réaliser un ?lm sur le destin mouvementé de ce personnage Marianne Sluszny vit à Bruxelles et travaille depuis plus de vingt ans à la RTBF (Radio Télévision de la Communauté française de Belgique) comme productrice d'émissions et de documentaires culturels. Elle est professeur de philosophie à l'Institut national supérieur des arts visuels de la Cambre, après avoir enseigné à l'Institut national supérieur des arts de la scène (INSAS). Toi, Cécile Kovalsky, paru aux Éditions de la Différence en 2005, a obtenu le prix de la première oeuvre de la Communauté française de Belgique et le prix Lucien Malpertuis de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Le Frère du pendu est son deuxième roman.
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Les écrits peu connus de James Ensor - pas loin d'une centaine de textes rédigés de 1882 à 1946 à la faveur de diverses circonstances - sont d'un style éblouissant et d'une virulence sans pareille : " Ah, parlons-en des peintres doctrinaires et négociants de leurs suffisances matamoresques : leur métier à répétition nous vaut nausées sur nausées.
Que de veuleries d'imitations serviléformes re-pondues, ruminées mille et mille fois par ces beaux cancres de la peinture, gargouillant, affreux déchets... " Il y célèbre la bonne peinture, y honnit les architectes qui défigurent sa belle ville d'Ostende et vitupère contre la bêtise, les arrivistes, les malfaisants de tout poil qui occupent le devant de la scène de son temps.
D'une incroyable modernité.
Textes inconnus en France.
Une écriture à l'image de sa peinture : radicale, sarcastique et insolente.