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« Ni mémoires, ni autobiographie », Little Boy retrace les souvenirs d'un Lawrence Ferlinghetti imaginaire, de sa prime enfance et ses origines européennes aux réflexions sur l'avenir de la démocratie américaine au Caffè Trieste à San Francisco, au crépuscule de sa vie. Les conquêtes amoureuses ou leurs échecs cuisants, Jack Kerouac et Allen Ginsberg, le Mississippi et le Mont Analogue, la Seconde Guerre mondiale et l'écologie, Ferlinghetti délie ici sa langue en toute liberté dans une prose beat fluide et ininterrompue.Originellement paru aux États-Unis le 24 mars 2019, jour de ses 100 ans, Little Boy est enfin disponible en français dans une traduction de son amie et collaboratrice de longue date, Marianne Costa.Après Blind Poet, Démocratie totalitaire, A Coney Island of the Mind et Poésie Art de l'Insurrection, Little Boy est la cinquième publication de Lawrence Ferlinghetti aux éditions maelstrÖm reEvolution, la maison qu'il s'était choisie pour la diffusion francophone de ses recueils.
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L'heure est venue pour vous de parler
Vous tous, amants de la liberté
Vous tous amants en quête du bonheur
Vous tous amoureux et dormeurs
Enfoncés dans vos rêves intimes...
Ainsi s'exprime, après plusieurs années d'absence en langue française, la dernière grande voix vivante de la Beat Generation.
Si le poète peut être aveugle en ce monde, il ne saurait être muet.
Et c'est haut et fort que Ferlinghetti l'Américain nous chante les «masses opprimées / et les riches sur leurs gros fessiers», de ce « Nouvel Empire romain » qu'il fustige et qui pourtant chaque jour l'enfante, dans les poèmes engagés qui constituent la première partie de ce recueil (Démocratie Totalitaire, C'est nous idiot, J'attends...). Mais sa voix sait aussi se faire douce : voyages du poète à sa source européenne et italienne, pérégrination dans le désert des sens (Migrations réelles et surréelles). Murmure accompagnant les derniers instants de l'ami Allen (« pas besoin d'ajouter Ginsberg / Dans le monde entier / le monde des poètes / il n'y a qu'un seul Allen »).
Le recueil se termine en pure clarté dans des textes où l'on respire l'air de la côte Pacifique, où l'on est ébloui par les lumières de sa ville, la capitale des poètes et de la poésie : San Francisco. Serein, le poète nous surprend alors : mots devenus ressac, où la douceur de l'embrun l'emporte sur la violence des vents contraires, et où la lune, « miroir de cristal / éternelle trompeuse », reflète l'unique lumière : celle du soleil intérieur... -
Harmonies Jaguar est un livre actif : il écrit l'expérience intensive, non linéaire, bouleversante et chaotique de la cérémonie Yagé, rituel curatif amérindien où le jaguar occupe la place de l'animal sacré. Par cette écriture, la poète convoque toute l'histoire de la poésie en inventant une forme nouvelle qui agit dans le contemporain, au contact des questions, combats, préoccupations qui sont les nôtres (l'anthropocène, la dévastation, le désir, le féminisme, la physique des trous noirs...). Héritière de la beat generation tout autant que de l'urbanité et de l'humour de la poésie new-yorkaise des années 1960, pratiquante du bouddhisme tibétain, poète par vocation, féministe et activiste, dans ce livre, Anne Waldman voit et pratique la poésie comme un ensemble de « structures dissipatives », c'est-à-dire des « systèmes ouverts pris dans des échanges incessants d'énergie avec leur environnement - une totalité éminemment organisée mais toujours en processus ». Créant une langue merveilleusement libre, elle déchiquète la syntaxe, elle écrit parfois des phrases agrammaticales, elle passe par des expériences purement sonores qui lancent des appels, elle écrit des rébus, laisse son langage s'auto-engendrer, et dissipe ainsi le seul vouloir-dire pour atteindre une écriture singulière et paradoxale du flottement actif, un flottement que l'on pourrait comparer aux séquences de free Jazz composées par Ornette Coleman.
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Les censiers et les mutation des campagnes du hainaut français
Delleaux F.
- Presses Universitaires de Namur
- 14 Mai 2012
- 9782870377581
Les campagnes du Hainaut français sont déjà dominées à la fin du Moyen Âge par les « censiers ». Ces moyens et grands exploitants en fermage sont à la tête d'exploitations appelées « censes ». Pourvoyeuses d'emplois et propriétés bien souvent des seigneurs, elles se distinguent par de vastes bâtiments et une cour fréquemment fermée par un porche. Les censiers produisent surtout des céréales, des ovins et des bovins, en plus ou moins grandes quantités selon les terroirs. La préservation des marges bénéficiaires et l'augmentation si possible des profits sont au coeur de leurs préoccupations. Pour y parvenir, ils font preuve d'inventivité et de souplesse, surtout lorsqu'une conjoncture particulière se présente.
Dès lors, les dures guerres au terme du règne de Louis XIV et l'exceptionnelle croissance démographique qui suit, ne sont-elles pas pour nos exploitants de formidables opportunités de spéculation et d'innovation ? Impliqués dans la gestion de leurs domaines et attentifs à leur rentabilité, les propriétaires seigneuriaux ont tout intérêt à soutenir, voire impulser auprès des censiers, différentes initiatives à l'image des rassemblements fonciers ou de la suppression de la jachère. L'impact socio-économique de ceux-ci ne peut être négligeable.
Grâce essentiellement à des témoignages directs (livres de raison), l'ouvrage reconstitue ainsi la contribution marquante des censiers à partir de la fin du XVIIe siècle, à la formation originale de la structure socio-économique des campagnes hennuyères, révélée en pleine lumière au seuil de la Révolution française.
Cet ouvrage vient apporter un nouvel éclairage sur la question du changement agricole, objet de nombreuses controverses historiographiques, dans les campagnes de la France du Nord et plus généralement des anciens Pays-Bas méridionaux à l'époque moderne.