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Sciences humaines & sociales
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Calcul et morale ; coût de l'esclavage et valeur de l'émancipation (XVIIIe - XIXe siècle)
Caroline Oudin-Bastide, Philippe Steiner
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité
- 7 Janvier 2015
- 9782226337948
Des premiers textes abolitionnistes du début du XVIIIe siècle à son abolition finale en 1848, la question de l'esclavage resta au coeur de la science politique française. Cette discussion sans fin, dont les débats révolutionnaires et l'abolition de 1793 ne constituèrent qu'un moment, vit s'affronter valeurs morales et principe de réalité économique. Écrit par une historienne de l'esclavage et un sociologue de la pensée économique, ce livre retrace l'évolution de longue durée au cours de laquelle s'affirma progressivement la nécessité morale de l'abolition de la traite et de l'esclavagisme, à mesure que la pensée économique, armée d'instruments statistiques d'une précision croissante, démontrait l'efficience amorale de l'économie de plantation.Aujourd'hui connu des seuls historiens de l'esclavage et de la pensée économique, ce débat mobilisa les meilleurs penseurs français, de Turgot à Tocqueville en passant par Condorcet et Jean-Baptiste Say. Attentif aux conditions de l'affrontement intellectuel et à l'enchaînement des arguments et des oppositions, ce livre rappelle combien la naissance d'une science sociale quantitative, alors à ses débuts, contribua à replacer sur leur vrai terrain, moral et politique, la question de l'esclavage et l'idée de l'émancipation. La leçon vaut aussi pour aujourd'hui.
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Histoire des villes d'Afrique noire ; des origines à la colonisation
Catherine Coquery-vidrovitch
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité
- 1 Avril 2014
- 9782226296009
L'Afrique fut durablement considérée comme un continent enfoui dans sa ruralité. Les historiens de l'Afrique ont assez peu écrit sur les villes, surtout anciennes (précoloniales), ils ont laissé ce champ à quelques anthropologues et, à partir de l'époque coloniale, aux géographes. Il ne s'agit pas, ici, de « réhabiliter » purement et simplement une Afrique urbaine oubliée : le continent subsaharien fut, en très grande majorité, peuplé de paysans, à plus de 95, sinon 99 %. Mais, pour peu nombreuses et minoritaires qu'elles furent, les villes n'en ont pas moins été présentes, comme ailleurs, tout au long de son histoire. Qui plus est, elles ont joué - elles continuent de jouer - un rôle essentiel de creuset et de diffuseur culturel, d'accélérateur des mutations sociales et politiques. Elles ont, à leur façon, exercé une influence sans commune mesure avec leurs dimensions apparentes.
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En 1811, l'Empire napoléonien englobe la moitié de l'Europe ; l'autre moitié, Espagne et Portugal soutenus par l'Angleterre exceptés, n'ose s'opposer à lui. Rome, Bruxelles, Amsterdam, Hambourg, Cologne sont villes françaises. L'empereur décide du destin des Allemands, des Italiens, des Suisses et de la majeure partie de l'ancienne Pologne ; son frère aîné règne à Madrid cependant qu'un maréchal français est choisi par le roi de Suède comme prince héritier.
Pourquoi la France a-t-elle dominé l'Europe en ce début de XIXe siècle ? Pour la première fois on trouvera ici un tableau complet des causes de cette suprématie : universalité de la langue française, poids de la démographie, innovations militaires... Et cet impérialisme n'est pas né avec Napoléon : le Grand Empire est fils de la Grande Nation.
L'écroulement de cette Europe française fut rapide : le refus de Napoléon de créer une solidarité économique entre les États à la faveur d'un blocus continental qui n'avantagea en définitive que l'industrie française, le réveil des nationalismes se retournant contre la France, l'hétérogénéité des armées levées par Napoléon à partir de 1807 sont autant de raisons de cet échec final. Mais Metternich ne réussira pas davantage lorsqu'il voudra façonner une autre Europe au congrès de Vienne. -
Israel : des origines au milieu du VIIIe siècle avant notre ère
Adolphe Lods
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité Poche
- 1 Mai 2015
- 9782226225191
« Ce qui confère au peuple d'Israël une place unique, égale en importance à celles de la Grèce et de Rome dans l'histoire de l'humanité, c'est sa religion, mère du christianisme, du judaïsme et de l'islamisme. »
Ainsi débute l'ouvrage d'Adolphe Lods qu'on va lire et cette première phrase suffit à en justifier le propos, qui est « l'étude de la formation et du développement de la religion d'Israël ». Le volume suivant, du même auteur, continue celui-ci au moment où Israël aborde une expérience toute nouvelle et originale, le prophétisme ; enfin, Ch. Guignebert a établi lui-même l'ouvrage qui étudie le Monde juif au moment où va naître Jésus. Le lecteur disposera alors - avec Jésus et Le Christ - des cinq volumes qui, dans la Collection « L'Évolution de l'humanité », sont consacrés aux origines du Christianisme.
Dans le présent ouvrage, qui est, historiquement, le premier de cette série, nous allons suivre l'histoire des tribus hébraïques nomades, jusqu'au moment où, fixées en Palestine, elles se sont transformées en un peuple sédentaire. Nous assisterons à la formation de leur religion et à son adaptation difficile à un nouveau genre de vie. Tout naturellement, l'auteur est amené à ressusciter le milieu, géographique, historique et social, de toute cette région de l'Orient antique, - qui, aujourd'hui, par un étrange destin, continue à faire parler d'elle. -
Histoire de l'idée de nature
Robert Lenoble
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité Poche
- 1 Octobre 2014
- 9782226297426
Robert Lenoble scrute l'inconscient pour que s'éclairent en même temps l'aspect de la Nature et le régime de la raison aux différentes époques de notre culture occidentale. Il fait l'histoire d'une idée, mais ce ne peut pas être celle d'une idée claire. On dirait plus exactement qu'elle est l'histoire de la relation fondamentale que l'homme noue avec le monde dans son underground psychique et qu'il exprime dans ses systèmes de représentations conscientes, histoire de l'« idée » qui conditionne les diverses notions de Nature qu'utilisent les rationalisations scientifiques, les théories esthétiques et les doctrines morales.
En fin de compte, l'effort entrepris est double, ou plutôt le but poursuivi s'éclaire sous deux points de vue complémentaires et indissociables : d'une part, faire voir comment la conscience humaine s'adresse à la réalité extérieure et opaque du monde qu'elle affronte, d'autre part, montrer comment l'univers des choses se réfère à la réalité intime et obscure des sujets vivants qui le pensent.
Joseph BEAUDE -
Avec La Cité antique de Fustel de Coulanges, La Cité grecque de Gustave Glotz reste l'un des plus importants ouvrages écrits sur la société antique. Cette superbe synthèse où sont pris en compte aussi bien les faits sociaux que les faits religieux, la psychologie des individus comme les structures économiques, a marqué d'un sceau indélébile notre image de la "cité grecque".
Ecrit à la fin des années 1920, à une époque où la démocratie était attaquée par l'idéologie totalitaire, La Cité grecque est un témoignage irremplaçable sur l'école politique de l'humanité qu'a été l'Athènes des Ve et IVe siècles. En voulant faire une histoire totale dépassant le simple alignement des faits, en questionnant le passé à l'aune du présent, Gustave Glotz reste ainsi un de nos maîtres à penser.
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L'impérialisme macédonien et l'hellénisation de l'Orient
Pierre Jouguet
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité Poche
- 1 Avril 2014
- 9782226297204
Ce volume de Pierre Jouguet, ancien membre de l'École française d'Athènes, qui fut membre de l'Institut et professeur à la Faculté des Lettres de Paris, est le sixième qui, dans la Collection « L'Évolution de l'Humanité », est consacré à l'hellénisme antique. « Après avoir - dans la mesure du possible - expliqué le miracle grec, la floraison magnifique d'un individualisme qui ne s'était vu nulle part ailleurs ; après avoir précisé les caractères du génie grec dans la religion, l'art et la spéculation, puis la constitution originale de la Cité, il nous faut étudier... les conditions nouvelles qui ont favorisé l'expansion de l'hellénisme, tout en lui faisant subir une transformation profonde. »
« [...] Le facteur essentiel de cette évolution, c'est l'impérialisme... II arrive, d'ailleurs, que l'impérialisme se mitige, qu'il se teinte de motifs et de sentiments grâce auxquels il est moins oppressif, propre à devenir facteur d'unité profonde. Tel a été le cas de l'impérialisme macédonien » (Henri Berr).
Après Philippe, qui avait assuré l'hégémonie de la Macédoine, la volonté de puissance macédonienne, avec Alexandre, s'est non seulement renforcée, mais enrichie, ennoblie d'éléments divers. Le personnage central du présent ouvrage est évidemment cet empereur-philosophe, qu'on dit élève d'Aristote, et qui, par la gloire qui I'auréole de Memphis à Babylone et à Persépolis, va se muer en roi-dieu. Ad. Reinach s'est demandé ce qu'aurait pu réaliser ce puissant cerveau, ce héros au sens grec du mot, s'il n'était pas mort prématurément à trente-trois ans.
Entre la disparition du grand conquérant et l'extension de la puissance romaine, plus d'un siècle s'écoule, au cours duquel évolue puis se disloque peu à peu ce que la volonté d'un homme exceptionnel avait réussi à unifier. -
Histoire du blasphème en Occident ; XVIe-XIXe siècle
Alain Cabantous
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité
- 1 Janvier 2015
- 9782226295866
À évoquer le blasphème, on voit aussitôt surgir tout un monde de marins, de charretiers, d'artisans et de soldats. Jardinieu, palsambleu, morbleu et autres jurons sont à tout propos dans la bouche de ces soudards, fanfarons, athées, anticléricaux, ainsi que les nommes les théologiens et les magistrats.
C'est en rencontrant la répression du blasphème dans les codes disciplinaires maritimes qu'Alain Cabantous, professeur d'histoire moderne à l'université de Paris I-Sorbonne et historien de la mer, a entrepris une enquête systématique sur la parole impie, entre les Réformes et le premier XIXe siècle. Par fidélité au second commandement, « Tu ne prononceras pas en vain le nom de Dieu », une véritable police de la langue veille à la stabilité d'un monde dans lequel sacré et profane sont profondément liés. Révélateurs de la non- ou mal-croyance, de la violence, des codes d'une corporation, le blasphème constitue un fait social qui mobilise la parole et ses usages, les pouvoirs ecclésiastique, politique et judiciaire, les structures et les représentations des sociétés de l'Europe moderne.
Ainsi l'histoire du « péché de langue » rejoint celle des multiples procédures mises en oeuvre pour christianiser l'Occident et adoucir les moeurs. S'il semble s'effacer au XIXe siècle, il n'y a là qu'apparence : la parole blasphématoire témoigne de ce qui, pour chaque époque, demeure sacré. -
La philosophie du moyen age
Emile Bréhier
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité Poche
- 1 Avril 2014
- 9782226295729
Émile Brehier nous propose ici une présentation claire et précise de la philosophie au Moyen-Âge : à partir du sommeil de la philosophie au VIe-VIIIe siècle, il dresse une histoire chronologique qui aboutit à la fin de la scolastique au XVe siècle. Il fait une courte biographie et un résumé des idées de tous les philosophes importants de cette longue période. Ce livre montre que le Moyen-Âge, loin d'être la période d'obscurantisme que l'on a longtemps décrit, a été le cadre d'une activité intellectuelle très importante.
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La fin du monde antique et le début du moyen âge
Lot-F
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité Poche
- 1 Avril 2014
- 9782226297525
La Fin du monde antique et le début du Moyen Age fut un succès lors de sa parution en 1927. On avait traité jusqu'alors soit de l'empire romain, soit du Moyen Age en scindant les deux époques à la mort de Théodose. Pionnier du concept d'Antiquité tardive, Ferdinand Lot est le premier à consacrer un travail d'ensemble à l'histoire romaine entre le IIIe et le Ve siècle et à affirmer que "le Moyen Age ne peut se comprendre si l'on ne remonte pas au Bas Empire".
Se dégageant du carcan de l'histoire événementielle, il met l'accent sur l'analyse économique et sociale. En ce domaine aussi, Ferdinand Lot innove, deux ans avant la fondation des Annales, la revue de Marc Bloch et Lucien Febvre. Mais il n'oublie pas la leçon de Fustel de Coulanges : "L'histoire n'étudie pas seulement les faits matériels et les institutions : son véritable objet d'études est l'âme humaine."
Si les apports de l'archéologie ces dernières décennies ont bien changé nos connaissances des temps barbares, Ferdinand Lot reste d'actualité lorsqu'il écrit : "II est impossible de comprendre quoi que ce soit à l'histoire contemporaine si on ne sait rien de la dislocation du monde ancien, rien du nouveau peuplement de l'Europe du IVe au Xe siècle..." Une bonne raison de se féliciter de la réédition de ce classique que maîtres et étudiants ont lu et relu.
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Les institutions de l'empire byzantin
Louis Brehier
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité Poche
- 1 Avril 2014
- 9782226295767
Ce volume s'attache à l'étude de la société, en analyse les structures et les fonctions : Louis Bréhier parle de « I'expérience sociologique que représente l'histoire de Byzance ». Expérience qui aurait pu se poursuivre bien plus longtemps si les principes politiques qui firent sa grandeur n'avaient pas été abandonnés au XIe siècle. Le progrès de l'absolutisme basé sur la puissance de l'armée avait déjà conduit Rome à la catastrophe. La nouveauté, par rapport à Rome, c'est que Byzance avait une mission spirituelle : la conversion de Constantin lui enjoignait « de soumettre tous les peuples et de faire régner le christianisme sur toute la terre ».
Autour du souverain, il y a I'Administration, le Palais, dont les préoccupations essentielles semblent avoir été l'étiquette, la pompe des cérémonies, les titres et le luxe des costumes... Le lecteur sera étonné et émerveillé par les pages si documentées que Louis Bréhier consacre à ces « questions importantes ».
Des chapitres sont consacrés aux grands Services de l'État, dont le mécanisme est soigneusement examiné : la justice, les finances, la diplomatie, la poste impériale, l'armée et la défense de l'Empire, la marine impériale. En mille ans les modes d`administration, les moeurs politiques ont bien souvent changé - mais pas toujours, hélas, dans le bon sens...
La dernière partie de l'ouvrage analyse le statut et le rôle de l'Église. À Byzance comme pour tout État médiéval - chrétien ou musulman , les institutions civiles et religieuses sont liées intimement. II y eut enfin, dans les derniers siècles, le grand développement monastique que l'on sait et qui ne fut pas la moindre cause de l'effondrement final. -
Le temps des laboureurs ; travail, ordre social et croissance en Europe (XI-XIV siècle)
Mathieu Arnoux
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité
- 27 Août 2024
- 9782226280152
Du xie au xiiie siècle, l’Europe connut une phase sans égale de croissance et de développement. C’est alors que furent créés les paysages qui sont encore ceux de nos campagnes. Plus que le temps des chevaliers et des seigneurs ou des moines et des prêtres, ce temps fut celui des laboureurs et des vilains, dont le travail seul fut à l’origine de cette prospérité. Pour un temps, la société reconnut sa dette à l’égard de l’ordre des paysans, donnant à leurs peines valeur d’engagement mystique et d’accomplissement spirituel. Ce livre examine les conditions sociales et économiques de ce processus, et montre que les travailleurs des campagnes ne furent pas seulement la main-d’œuvre de la société seigneuriale mais aussi, et peut-être surtout, les acteurs de ce changement, qu’ils voulurent et dont ils tirèrent profit. Épris d’ordre et prêts à la révolte, unis sous les figures d’Adam, cultivateur du Paradis, et du Laboureur, dont la silhouette pacifique traverse alors toute la littérature européenne, les paysans furent à l’origine d’un développement véritablement durable. Construit avec leurs mots, ce livre leur rend la parole.Dans cet ouvrage novateur, Mathieu Arnoux propose autant une recherche sur un lointain épisode de l’histoire économique de l’Europe qu’une enquête sur une figure idéologique du travail, dont bien des éléments restent aujourd’hui identifiables dans la culture européenne.
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Un moyen âge grec ; Byzance IXe-XVe siècle
Evelyne Patlagean
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité
- 1 Novembre 2015
- 9782226334459
Disparue corps et biens au milieu du XVe siècle, Byzance occupe dans l'historiographie une place paradoxale. Face à la lente construction des sociétés occidentales et du monde turco-musulman, elle apparaît comme une Antiquité continuée, à laquelle la chute de Constantinople, en 1453, mit fin. Elle doit en bonne partie ce statut atypique à la conviction des historiens de la période médiévale que la « féodalité » qui caractérisa l'Occident fut l'exclusivité d'une « Europe fille des invasions ».
Remontant à la source de cette interprétation, Évelyne Patlagean propose un réexamen de l'histoire byzantine des IXe-XVe siècles à la lumière du livre fondateur de Marc Bloch La Société féodale. L'entourage impérial, le milieu aristocratique, l'appareil d'État sont ainsi analysés du point de vue des liens familiaux et sociaux, des engagements de fidélité et de l'organisation des pouvoirs.
La société byzantine apparaît alors sous un jour nouveau, comme une composante à part entière du monde médiéval. Le « Moyen Âge grec » révélé par ce livre redonne sa place à Byzance dans la lente gestation des structures sociales et des pouvoirs issus de la société antique, et fait sortir l'Empire d'Orient de l'obscurité où la cantonnent trop souvent encore les historiens du monde occidental.
« Un livre essentiel qui, en brisant les clivages académiques artificiels, aide à comprendre aussi bien Byzance que l'Occident [...]. Un de ces livres rares qui, par une largeur de vue appuyée sur des enquêtes d'une infinie précision, renouvellent les perspectives, remettent en cause les convictions les mieux établies et obligent à rouvrir les dossiers qu'on croyait clos. Une bouffée d'air frais, en quelque sorte. » Maurice Sartre, Le Monde des livres. -
La boîte à Perrette ; le jansénisme parisien au XVIII siècle
Nicolas Lyon-Caen
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité
- 27 Août 2024
- 9782226222541
Au début du XVIIIe siècle, le jansénisme a pris l’aspect d’une opposition religieuse et politique, et est suffisamment répandu pour inquiéter aussi bien Louis XIV que le pape. La bulle Unigenitus, édictée en 1713 par Clément XI, quatre années seulement après la destruction du monastère de Port-Royal, est destinée à éradiquer le mouvement. Pourtant, tout au long du siècle des Lumières, les résistances se font ardentes. La doctrine gagne une bonne partie des élites marchandes et des notables, rassemblant les fidèles autour des miracles du diacre Paris, créant de multiples réseaux, sur des bases qui ne suivent pas tout à fait la hiérarchie sociale. Son originalité est de fournir aux aspirations d’une bourgeoisie montante un terrain d’opposition qui l’aide à trouver cohérence et identité. Revenant sur cet aspect trop longtemps négligé du dossier janséniste, Nicolas Lyon-Caen s’interroge sur le lien entre la fidélité aux thèses jansénistes et l’appartenance à la bourgeoisie parisienne. À partir entre autres du fonctionnement de la « boîte à Perrette », sorte de caisse de secours clandestine au service des militants, cette enquête, fondée sur une documentation immense, met en lumière les pratiques sociales, économiques, politiques qui donnèrent sa cohérence au groupe. Renouvelant radicalement un sujet que l’on croyait bien connu, ce livre marque une étape dans l’exploration d’une question historiographique majeure et dans la défense d’une sociologie historique du fait religieux.
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Le génie grec dans la religion
Gernet, Boulanger
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité Poche
- 1 Avril 2014
- 9782226296825
Louis Gernet ne considère pas seulement la religion dans le cadre de l'histoire générale de la Grèce, mais dans son rapport avec la société dont le rôle dans la formation de la mentalité humaine est ici serré de près ; et c'est l'une des originalités de ce livre, qui a marqué un tournant important dans l'histoire des religions.
Mélange, par son origine, d'éléments égéens et d'éléments indo-européens qui ont commencé leur fusion dès l'époque mycénienne - un millénaire avant l'époque classique - la religion grecque, qui reçut encore bien d'autres influences, a eu une évolution complexe. L. Gernet en retrace des épisodes essentiels au cours de la première partie de son ouvrage. Il montre que bien des points restent obscurs, mais il semble certain qu'« une bonne part de la religion officielle de la cité est héritée de cultes agraires, c'est un fonds primitif qui se reconnaît là ». C'est aussi de ces époques lointaines que datent le culte de Dionysos et la célébrité de lieux sacrés qui deviendront d'« intérêt national », comme Delphes.
Le génie grec a créé une religion dont le cadre est, par excellence, la cité ; elle est civique, humaine et mesurée, à la fois conservatrice et, dans une certaine mesure, tolérante. Cette religion a été traversée par un courant mystique, mais elle a su longtemps le contenir grâce à la majesté de l'Olympe. Elle a libéré la pensée spéculative et l'imagination artistique. Mais, au demeurant, elle n'a guère su émouvoir le coeur.
La période hellénistique, traitée dans cet ouvrage par André Boulanger, va rompre cet équilibre harmonieux qui, d'ailleurs, on vient de le rappeler, n'avait jamais cessé d'être menacé par un « travail souterrain ». Et ce sera, à partir de la conquête d'Alexandre, le grand succès des sectes à mystères, des cultes de provenance étrangère, où l'émotion personnelle reprend ses droits. Toute l'Asie Mineure, l'Égypte, la Mésopotamie et l'Iran apporteront les rites et les dieux officiels défaillants : ce sera le déclin des Olympiens et, du même coup, celui de la cité. Mais, pendant ce temps, le besoin d'expliquer historiquement et rationnellement les mythes apparaîtra ; la spéculation philosophique s'épanouira en tous sens : la pensée atteindra à l'universalisme. -
Le génie romain dans la religion
Albert Grenier
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité Poche
- 1 Mai 2014
- 9782226296986
Le but d'Albert Grenier - professeur au Collège de France, puis directeur de l'École Française de Rome - consiste, dans cet ouvrage, à déterminer le germe psychique du génie romain. Celui-ci, sans doute, résulte de mélanges ethniques et de certaines conditions de vie, mais il se manifeste à un moment donné dans l'histoire, et l'on peut suivre le génie de ce peuple à travers les influences diverses avec lesquelles il a dû composer. Les traits dominants du Romain sont le sens pratique, la volonté et l'action. Ce pragmatisme essentiel marque son empreinte sur la religion, la littérature et l'art. À défaut d'imagination poétique, ou plastique, ou métaphysique, le Romain applique aux pratiques religieuses l'esprit juridique, qui est chez lui très développé. Il n'a d'attention que pour ce qui est susceptible d'application pratique : dans les lettres, par exemple, il est d'abord intéressé par la législation, l'éloquence, l'histoire.
Ce livre est une importante étude de psychologie historique, conduite avec sympathie, et réussie grâce à une connaissance achevée du sujet. On peut connaître Rome de bien des façons, mais il faut avoir lu l'oeuvre d'Albert Grenier pour connaître les Romains. -
Le chasseur et la cité ; chasse et érotique dans la Grèce ancienne
Alain Schnapp
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité
- 1 Avril 2014
- 9782226297662
Pour tout Grec en passe de devenir adulte, la chasse est à la fois une épreuve et un passe-temps. Sa pratique est l'un des révélateurs de l'histoire de la cité. En examinant les liens qui unissent les figures du chasseur dans la Grèce archaïque et classique, Alain Schnapp, professeur à l'Université de Paris I et membre du Centre Louis Gernet (CNRS), a voulu, plutôt qu'écrire une histoire de la chasse, montrer comment, à travers cette pratique sociale, la cité grecque s'est construite et pensée.
Par un va-et-vient permanent entre les textes classiques et les images peintes sur les vases, il révèle comment la chasse, école de citoyenneté et de civilité, témoin de l'ambivalence de la condition humaine partagée entre humanité et animalité, a constamment suscité passions et inquiétudes.
En maîtrisant ses pulsions, en affrontant les risques de la quête en forêt, le chasseur incarne la perfection de la jeunesse, la beauté des corps, bref, l'ordre d'un monde qui doit faire place aux dieux, aux hommes et aux animaux. -
Les Bourgeois de Calais ; essai sur un mythe historique
Jean-Marie Moeglin
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité
- 1 Avril 2014
- 9782226297747
L'épisode des bourgeois de Calais est des plus célèbres. En 1347, à l'aube de la guerre de Cent Ans, six bourgeois de la ville, tête et pieds nus, en chemise et la corde au cou, se rendirent devant le roi d'Angleterre Édouard III afin de remettre leurs vies et les clefs de la ville entre ses mains. Ils parvinrent ainsi à éviter la destruction de Calais et eurent la vie sauve grâce à l'intervention de la reine Philippa de Hainaut.
Cette version des faits ne résiste pas aux travaux des historiens modernes. Jean-Marie Moeglin souligne ainsi l'instrumentalisation progressive de cet épisode depuis les chroniques médiévales jusqu'à la construction d'un « récit exemplaire » profondément ancré dans le patrimoine culturel français. On a tout simplement travesti un rituel de capitulation en une édifiante manifestation de dévouement héroïque. Le mythe s'est bâti progressivement autour de thèmes précis tels que l'opposition des libertés et des franchises urbaines aux violences de la monarchie féodale, l'antagonisme France-Angleterre ou encore l'exaltation du « patriotisme » et du « civisme ».
Au-delà de la compréhension d'un épisode qui aurait dû apparaître tout au plus comme une anecdote dotée d'un certain pittoresque, l'étude de Jean-Marie Moeglin apporte un éclairage inédit sur les structures de représentation d'une société et l'élaboration du passé dans l'imaginaire collectif. -
Une tache au front ; la bâtardise aux XVIe et XVIIe siècles
Sylvie Steinberg
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité
- 3 Novembre 2016
- 9782226421999
De nos jours, le vieux mot « bâtard » reste une insulte cuisante, comme pour rappeler ce qu'il y a d'essentiel dans l'appartenance familiale et la filiation. Sujet anthropologique ou sociologique, la bâtardise est aussi objet d'histoire. Confrontant études de cas, réflexions juridiques et représentations littéraires, Sylvie Steinberg montre de façon saisissante qu'elle fut paradoxalement un pivot de l'ordre absolutiste. Mais comment une société fondée sur le mariage chrétien, monogame et indissoluble, fit-elle une place, au sein de l'institution familiale, à des individus dont l'identité témoignait de l'inconduite de leurs géniteurs ?
Les bâtards, qu'ils soient issus de la paysannerie ou de l'aristocratie, furent au centre de débats juridiques et moraux, portant sur les comportements des individus et des groupes, et se trouvèrent à partir de la fin du XVIe siècle au coeur du dispositif de mise en discipline de la société. La loi de 1600, qui exigeait une naissance légitime ou légitimée de tout membre de la noblesse, faisait entrer en conflit règles de filiations et conditions sociales. Elle donna à l'état un droit de regard sur des questions qui relevaient auparavant de l'ordre privé.
Par-delà droit et théologie, cette histoire de la filiation aborde enfin la dimension vécue des liens entre enfants et parents, qui ne se réduisaient pas aux problèmes de nom et de patrimoine. Entre les « sans-familles » et leurs parents, l'amour, l'attachement, les sentiments de possession ou d'exclusion composaient un tableau changeant des normes et des comportements. Sommes-nous étrangers à cette histoire ? -
La terre et l'évolution humaine
Collectif
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité Poche
- 1 Avril 2014
- 9782226296740
Ce livre n'est pas un livre d'histoire, mais un événement historique : il se place au centre du grand tournant méthodologique du début du XXe siècle concernant le problème des rapports entre la géographie, la sociologie et l'histoire. Lucien Febvre établit un dialogue, d'abord sur les mérites et sur les erreurs des grands géographes et des grands sociologues du début du XXe siècle, auxquels on cherche à faire entendre raison. Dialogue sur les climats, leurs modifications, leur importance ; sur les montagnes, les plaines et les plateaux, qui sont des réalités moins simples qu'il ne paraît, sur les îles, les oasis, les « paysages ». Dialogue sur les moeurs des chasseurs, pêcheurs, pasteurs, cultivateurs, - sur les nomades et les sédentaires. Sur les États, les frontières « naturelles », les routes, les villes...
Lucien Febvre établit un travail d'orientation, de réflexion critique sur l'énorme question des rapports du sol et des sociétés humaines, en transposant le problème dans le temps, pour se demander quelles déterminations - ou quelles prédéterminations - la terre habitable impose en ses diverses parties à l'Histoire.
Toute la vie des hommes, toute l'activité multiple des hommes, des groupes humains, des sociétés humaines se trouve étudiée méthodiquement, rationnellement, en fonction du milieu géographique. -
Les communes françaises
Charles Petit-dutaillis
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité Poche
- 1 Avril 2014
- 9782226298201
Ce n'est pas un schéma sociologique abstrait que nous offre ce livre. Dans la France du Nord et du Centre, pour une vingtaine de communes, les plus importantes, l'auteur détaille, d'après les documents originaux, les péripéties souvent dramatiques de leur histoire. Et au passage l'auteur trace, de main de maître, les portraits de quelques-uns de nos rois, de Philippe Auguste à Henri IV, et de certains penseurs politiques, tels Bodin, Montaigne, Turgot ...
Ch. Petit-Dutaillis a mis, au service de son réel talent d'exposition, l'acquis, l'expérience psychologique, l'expérience de la vie. II a, dans sa préface, une phrase qui pourrait être mise en épigraphe à L'Évolution de l'Humanité dans son ensemble : « II y a trop de cloisons entre les savants » ; et il ajoute à l'usage des historiens : « Qu'il s'agisse de psychiatrie, de politique ou de conceptions juridiques, l'historien doit s'en soucier, et il a intérêt à interroger tous ceux qui étudient la nature humaine comme à regarder lui-même ce qui se passe autour de lui. » Attitude évidemment indispensable à qui veut écrire une Histoire vivante. Pour la présente édition une Bibliographie complémentaire a été établie par Jean-Loup Lemaitre à l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes du Centre National de la Recherche Scientifique.
Paul CHALUS, Secrétaire général du Centre International de Synthèse. -
Les Sciences de la vie dans la pensée française au XVIIIe siècle
Jacques Roger
- Albin Michel
- Evolution de l'humanité
- 1 Octobre 2014
- 9782226298386
Voici la troisième édition de la thèse de Jacques Roger qui, dès sa parution en 1963, fut salué comme un « très important ouvrage » dont l'ambition était de « refaire l'histoire des découvertes scientifiques sur la génération des animaux, mais, aux confins des domaines respectifs de l'histoire de la philosophie et de l'histoire des sciences, d'écrire un chapitre de l'histoire des idées, capable de conduire à une meilleure connaissance de l'homme. » (La Revue d'histoire des sciences, XVII, nº2, avril-juin 1964, Yves Laissus, p.190).
Jacques Roger est un historien des sciences, né en 1920 et mort le 26 mars 1990. Agrégé de lettres classiques en 1943, Jacques Roger présente un parcours original, échappant « à la bipartition de l'histoire des sciences entre scientifiques et philosophes ». N'étant pas un historien de formation, il n'en a pas moins contribuer à introduire la méthode historique dans le domaine de l'histoire des sciences. Doyen de l'université de Tours, il devient professeur d'histoire des sciences à l'université Paris-I (1970), directeur à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, directeur du Centre international de synthèse et rédacteur en chef de la Revue de synthèse. Ses travaux, essentiellement consacrés au développement des sciences naturelles à l'époque moderne et à Buffon (1707-1788), font encore autorité. -
L'Iran : des origines à l'Islam
Roman Ghirshman
- Albin Michel (réédition numérique FeniXX)
- L'Evolution de l'humanité
- 9 Novembre 2018
- 9782226344984
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
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Rome et le droit privé
Robert Villers
- Albin Michel (réédition numérique FeniXX)
- L'Evolution de l'humanité
- 13 Janvier 2017
- 9782226355072
"Si Rome s'impose à notre admiration, a écrit André Malraux, ce n'est pas par ses triomphes et ses conquêtes, c'est par le droit romain, qui fut son oeuvre, droit dont le premier principe s'écrit : « pacta sunt servanda »."
Exagération d'un profane au grand talent, dira-t-on. Pourtant, c'est vrai, le droit romain fut l'orgueil de Rome. Il fut aussi sa grande chance.
Perdue entre ses sept collines, la Rome primitive n'avait pu pratiquer qu'un « pré-droit » - assez peu original bien qu'il fût autochtone - tout hérissé de rituels et de contraintes pré-étatiques. Dressée contre ces contraintes, la loi des Douze Tables ne fut encore, à bien prendre, qu'une charte municipale en faveur de la jeune cité.
Mais les armées romaines, suivies des administrateurs, pénétrèrent ensuite dans le monde méditerranéen. La philosophie d'Aristote inspira à des juristes, nobles cultivés, le « suum cuique tribuere ». Et, à partir de ce qui n'était sans doute qu'une habitude des praticiens grecs de Sicile, se constitua cet « astre » que fut l'Édit du préteur. Éthique et pratique s'associèrent, d'âge en âge, pour améliorer les règles anciennes, au nom d'une liberté - sinon d'une égalité - l'une et l'autre grandissantes. Enfin, le christianisme, porteur d'individualisme spirituel, vint renforcer un mouvement qu'il n'avait pas créé.
Après la chute de l'Empire, nos rois barbares auront beau se parer du décorum des Césars, ils ne voudront - ni ne pourront - imposer à leurs compagnons les règles et les garanties trop subtiles du Code théodosien. Car les tribus qui les avaient suivis, n'étaient pas mûres pour l'individualisme. Il faudra la lutte pluriséculaire des clercs, pour qu'on revienne à la logique romaine.
Le bel ouvrage de Robert Villers expose avec clarté l'évolution et le contenu très vivant, très passionnant du droit romain, et nous rappelle que celui-ci, pour imparfait, pour inachevé qu'il puisse nous paraître, fut un moment de l'émancipation humaine.