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CHERCHE MIDI
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Sur les ruines de nos civilisations, un nouveau monde s'est bâti. L'humanité a renoncé au progrès matériel et retiré au sexe masculin ses anciens privilèges. Les royaumes sont désormais gouvernés par des femmes, autant de Reines que l'épreuve du pouvoir révèle parfois autoritaires et souvent rivales.
Dans ce monde aux immenses espaces sauvages, des groupes de nomades, artisans, chasseurs et comédiens se croisent sur les vestiges des routes d'autrefois. Parmi ces communautés, celle des Britannia, où les jeunes Milo et Faith brûlent d'un désir réciproque et néanmoins interdit. Leur attirance va provoquer le bannissement de Milo. Commence alors pour le jeune homme une longue errance à travers les terres du Nord ; mais si Milo espère retrouver Faith, il n'imagine pas combien son voyage obéit aux lois de la destinée - ce grand compas qui, toujours, nous entraîne vers nos origines.
Sous la surface agitée de l'épopée, Emmanuelle Pirotte installe le décor et les enjeux de la tragédie antique. Jalousies, tensions amoureuses, filiations cachées, prophéties et voeux de vengeance électrisent les personnages qui se donnent à toutes les passions. Et l'on retrouve enfin, loin des potions prudentes et morales, la plus aberrante et la plus formidable des littératures. -
Il regagna sa chambre dans la nuit, se mit à écrire tout en buvant. Il plongea avec Léandre dans les abysses, en rapporta quelques trésors naufragés dont les images, dans l'ivresse, l'éblouissaient comme un enfant. Il pensait à elle, c'était elle qu'il voulait émerveiller, qu'il voulait ravir. Il lui avait menti, car il brûlait de l'enlever à son ennui, à son Dieu, à Walter, à tout ce qui l'empêchait d'être à lui. Ou plutôt, et avant tout, à elle-même.
Walter a recueilli chez lui son ami Christopher Marlowe, laissé pour mort après une rixe. Dans le manoir au bord de la falaise, le poète en sursis rencontre Jane, l'épouse de son hôte. Entre ces deux insoumis naît une passion rare. Les corps et les esprits s'unissent dans un élan charnel et artistique, un amour hanté par la création et l'urgence du temps qui reste.
D'innombrables soleils est à la fois une plongée dans l'intimité de deux amants, l'évocation d'un des poètes les plus fascinants de l'Angleterre élisabéthaine, et un vibrant hommage à la littérature. Porté par une écriture incandescente, le quatrième roman d'Emmanuelle Pirotte fait la preuve de son talent inclassable, se jouant de toute frontière littéraire.
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Une rencontre improbable...
Décembre 1944. C'est la contre-offensive allemande dans les Ardennes belges. Pris de panique, un curé confie Renée, une petite fille juive de 7 ans, à deux soldats américains. Ce sont en fait des SS infiltrés, chargés de désorganiser les troupes alliées. Les deux nazis décident d'exécuter la fillette. Au moment de tirer, Mathias, troublé par le regard de l'enfant, tue l'autre soldat.
Commence dès lors une cavale, où ils verront le pire, et parfois le meilleur, d'une humanité soumise à l'instinct de survie.
Aucun personnage de ce roman palpitant n'est blanc ou noir. La guerre s'écrit en gris taché de sang. Une écriture efficace et limpide.
Today we live est lauréat du Prix Edmée de La Rochefoucauld 2016.
Finaliste Meilleur Premier Roman Lire 2015 -
Hiver 1663. Armand, marquis de Canilhac, est prêt à tout pour retrouver le saphir entrevu au cou de cette jeune Amérindienne, croisée dans un salon parisien. Il a reconnu la pierre que portait son frère Loup. Loup, trahi par Armand vingt ans plus tôt, condamné aux galères, et que tout le monde croit mort.
Hanté par son passé, le marquis embarque avec son fidèle Valère pour la Nouvelle-France. Le vent gonfle les voiles, et les images du Gévaudan natal ressurgissent : Loup, enfant trouvé, adopté... Loup, trop beau, trop brave, trop vivant.
Entre la France et l'Iroquoisie barbare se tisse le destin d'un homme hors du commun, dont le portrait se précise lentement, et dont l'ombre plane, de plus en plus palpable, sur ceux qui le cherchent.
Et si Loup avait trouvé un destin à sa mesure au pays des Sauvages ?
Enquête à l'échelle d'un continent, grande histoire d'amour fraternel, peinture d'un Nouveau Monde en ébullition, Loup et les hommes nous emporte sur les traces d'Alexandre Dumas et de Jack London. Emmanuelle Pirotte convoque les classiques du roman d'aventures pour plonger au fond des âmes et fait surgir, au milieu des paysages grandioses, sa vision des hommes.
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Du traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations à la nouvelle insurrection mondiale
Raoul Vaneigem
- Le Cherche Midi
- 26 Octobre 2023
- 9782749176970
Raoul Vaneigem fait de nouveau entendre sa voix singulière, celle d'une conscience humaine, celle d'une insurrection du coeur .
Rédigé de 1963 à 1965 et publié en 1967, le Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations doit sa pertinence à une constante réécriture où les mots issus de la réalité vécue opposaient leur acuité au langage dominant. À dater de mai 1968, son auteur a mené, du Livre des plaisirs au Retour à la vie, la lutte contre la déshumanisation propagée par le capitalisme et trop souvent relayée par un anticapitalisme ayant plus d'une fois asservi le prolétariat sous couvert de l'émanciper. Une insurrection de la vie quotidienne propage, en France et dans le monde, une guérilla qui ne tue pas mais est résolue à éradiquer la machinerie qui détruit le vivant. À ruiner les entreprises du Profit. La lutte des femmes contre le patriarcat est devenue exemplaire. L'individu s'émancipe de l'individualisme. L'État s'effondre. L'autodéfense du vivant s'en prend à l'empoisonnement généralisé. L'exercice du Pouvoir sombre dans le ridicule. Les mots cessent de travailler pour jouer et découvrir que l'entraide est la source de l'amour qui sans cesse renaît en nous et dans l'univers. Ce glossaire est une invitation à se promener distraitement dans le jardin de la terre jusqu'à ce que surgisse la passion d'en jouir et de le cultiver.
La vie n'a pas besoin de maître, elle a besoin d'une conscience humaine. -
Flamboyant crépuscule d'une vieille conformiste
Emmanuelle Pirotte
- Le Cherche Midi
- 11 Janvier 2024
- 9782749177182
" Je m'appelle Dominique Biron et j'ai décidé de mourir dans trois jours. C'est le temps qu'il a fallu au Christ pour revenir d'entre les morts, ça me suffira bien pour faire mon petit ménage. " Quand Alzheimer frappe à sa porte, Dominique, 81 ans, préfère ne pas s'attarder. Elle se prépare à dire adieu à sa petite vie, ses enfants, ses bibelots... Lorsqu'elle fait le tri dans ses souvenirs, c'est avec une réjouissante férocité. Car l'ennui bourgeois n'a pas réussi à priver Dominique d'une certaine hauteur de vue sur l'Existence.
Le plus difficile est de prendre congé de sa petite-fille adorée, Victoire, 20 ans. Que lui dire ? Que lui écrire ? Comment lui faire comprendre que le choix de sa grand-mère est celui de la liberté et, paradoxalement, de la vie ?
Dans un texte qui claque comme un uppercut, Emmanuelle Pirotte fait du lecteur le dépositaire d'une singulière confession, implacable, drôle et tendre. Travaillé par les problématiques qui hantent nos sociétés modernes, le roman interroge sans concession notre rapport à la mort et au libre arbitre.
Flamboyant crépuscule d'une vieille conformiste est le portrait d'une femme qui se lance, avec panache, dans un ultime face-à-face avec elle-même. -
Bruxelles, dans un avenir proche. Ebola III a plongé l'Europe dans le chaos : hôpitaux débordés, électricité rationnée, fanatismes exacerbés. Roxanne survit grâce au trafic de médicaments et pense à suivre le mouvement général : s'ôter joyeusement la vie. Mais son ex-mari succombe au virus, lui laissant Stella, une fillette étrange dont elle ne s'est jamais occupée. Quand une bande de pillards assassine sa voisine, Roxanne part pour un hameau oublié, où l'attend une ancienne maison de famille. La mère et la fille pourront-elles s'adapter à ce mode de vie ancestral et à cette existence de recluses ?
Entre dystopie et conte fantastique, De profundis est un roman hors normes. Une plongée en enfer, doublée d'une fabuleuse histoire d'amour.
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Il a près d'un quart de siècle, on se croyait loin des terreurs de l'an il, mais sournoisement l'heure de l'école et des amours s'était mise à changer.
Le narrateur (est-ce moi ?) se réfugiait à la maladière, au bord des vignes, à l'ombre du mont afrique, entre chenove et morey. le curé, les vignerons, les vaches et les cancres refusaient de faire allégeance à l'horloge allemande. les renards, enragés de flairer les premiers placards de l'occupation, tentaient désespérément une sortie aux lisières du morvan. follain nous avait quittés devant une bouche de métro, perros gravait son ardoise magique, dhôtel publiait la vie passagère.
Verdi s'échappait de prison. l'histoire ne commence ni ne finit. du mont afrique au pic de note, le narrateur boitille, et cultive son nostalgique et précieux cancer. " je partirai quand il n'y aura plus de raisin ", promet cingria. moi aussi. c'est beau d'être un espoir toute sa vie. j. -c. pirotte.
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Le chevalier, la dame, le diable et la mort
Raoul Vaneigem
- Le Cherche Midi
- 11 Septembre 2003
- 9782749101361
Je souscris à la résolution de Lautréamont : " Je n'écrirai pas des mémoires ".
Je n'ai pas le goût des confessions, elles offrent trop de gages à un spectacle où ma démarche même renierait son propos. Je n'ai en revanche aucune raison de dissimuler l'attrait qu'a toujours exercé sur moi la tentative de Montaigne de se peindre sur le vif en dépit des couleurs que le monde lui imposait. N'ayant écrit qu'un seul livre, sans cesse récrit, complété, corrigé selon la facture qu'empruntaient les bouleversements de la société et, inséparablement, les variations de mon existence, je me sens en narquoise familiarité avec lui.
Chacun de mes livres traduit le progrès, si incertain qu'il soit, d'une conscience en peine de dénouer les fils enchevêtrés d'une destinée, dont j'aspire à régler le cours. Si mon analyse se fonde sur des éléments personnels, ce n'est pas pour en tirer valeur d'exemple, c'est pour tenter d'éclairer un dernier voyage comme s'il dût, envers et contre tout, être encore le premier; c'est pour aviver, dans un refus de ce qui doit finir, une volonté, sinon de tout recommencer, du moins d'ouvrir des portes demeurées fermées ou entrouvertes par crainte.
Ce désordre d'émotions et de pensées, j'ai choisi de l'aborder par le biais des passions auxquelles je demeure le plus attaché l'amour, l'amitié, la volonté de vivre, l'aventure labyrinthique de la destinée, l'alchimie du désir, la sensibilité, l'animalité, le bonheur, la poésie; et à travers ce qui les corrompt: la peur, l'argent, la présomption de l'esprit. Mon questionnement est sans réponses, mais j'ai, au plus profond de mes doutes, quelques certitudes.
Peut-être est-ce suffisant au coeur d'une époque qui, présentant comme nulle autre pareille les symptômes d'un pourrissement universel, cherche, au crible de ses désillusions, les signes d'une civilisation humaine qui tente maladroitement et naïvement de s'instaurer.
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Tintinophile averti, Albert Algoud a lu et relu chaque album du héros d'Hergé. La Castafiore n'a donc aucun secret pour lui.
Jusqu'au jour où, face au Sceptre d'Ottokar, il se met à douter : et si la Castafiore n'était pas ce qu'elle semblait être ? Il se lance dans une enquête, dont il publie les premiers résultats en 2006. Mais la Castafiore n'avait pas livré tous ses mystères...
Dans cette biographie humoristique et amoureuse, Albert Algoud retrace le parcours personnel, musical et historique d'une icône queer qui a côtoyé les plus grands, de Lawrence d'Arabie à Lou Reed en passant par Joséphine Baker et le général de Gaulle. Des péripéties qu'Alain Bouldouyre illustre avec légèreté et poésie.
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La liberté enfin s'éveille au souffle de la vie
Raoul Vaneigem
- Le Cherche Midi
- 24 Septembre 2020
- 9782749165981
« Sous la pression de l'économie, l'être humain se desséchait. Il était temps que la vie lui revînt. » Daté pour la rédaction finale du 25 janvier 2020, le manifeste La liberté enfin s'éveille au souffle de la vie a été revu en juillet de la même année en raison d'une épidémie, révélatrice du délabrement et du malaise de notre civilisation. Que mes thèses s'en soient trouvées affermies est d'une importance mineure en regard du projet d'émancipation qui est entre les mains de l'humanité tout entière.
Nous sommes au coeur d'un bouleversement des mentalités, des comportements, de moeurs. Au coeur d'une Renaissance.
De la désobéissance civile à l'insurrection de la vie quotidienne, le cheminement échappe désormais à ce time is money qui a imprimé sa marque infamante sur l'histoire de notre inhumanité. L'émergence de la vie brise le temps monnayable du profit. Quel que soit le cours des années, tout se joue ici et maintenant.
R. V.
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Un assassinat en pleine brasserie et en plein jour, mais personne n'a rien vu, et le mort est un inconnu. Un patriarche étrange, assisté de deux geishas non moins équivoques, au cœur d'un vaste espace de banlieue. Un narrateur adolescent, précoce et tourmenté. Des personnages insolites et une enquête qui piétine. Une investigation à l'objet fuyant qui, pour le jeune homme, prendra la forme d'une quête d'identité, fantasque et obstinée. Tel un vieil alcool dont les vapeurs colorent la vie, la prose de Jean-Claude Pirotte est un enchantement permanent.
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Voici un livre en rupture avec la plupart des idées qui depuis des siècles gouvernent les opinions et les comportements. Issu du Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations, il pousse plus avant la réflexion sur la subjectivité radicale et sur le renversement de perspective. Comme toute remise en cause, les Propos de table se heurteront au poids des préjugés et à la prétendue réalité qui a modelé nos moeurs, nos conceptions, notre vision du monde. « Vous possédez l'enclume et le marteau des préjugés qui forgent vos chaînes et les miennes. Je n'ai pour les scier qu'une lime à ongles dont seul le va-et-vient sans cesse répété obtiendra de les entailler et de les rompre. »
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L'histoire d'une bande de hooligans belges, du foot au banditisme et des tribunes aux tribunaux.
Depuis les années 1980, leur quotidien se construit entre les bars, les stades et la prison.
Les BCS (Brussels Casual Service), hooligans du prestigieux club de football belge d'Anderlecht, ont longtemps compté parmi les groupes les plus actifs d'Europe de l'Ouest. Ils ont forgé leur légende au gré des affrontements dans les stades, mais aussi au fil d'une carrière dans l'illégalité, entre petite délinquance et banditisme.
Avec cette enquête digne d'un roman noir et les témoignages exclusifs des principaux membres du groupe, les auteurs brossent le portrait d'une bande que la passion commune pour le foot et la bagarre a menée vers de plus sombres horizons. D'arnaques lucratives en trafics rocambolesques, leurs vies passées entre tribunes et tribunaux dessinent les contours d'une contre-société cimentée par la violence, le rejet de l'ordre établi et l'appât du gain. -
Je me transporte partout ; 5000 poemes inédits (2012-2014)
Jean-Claude Pirotte
- Le Cherche Midi
- 1 Octobre 2020
- 9782749155432
J'irai partout où me rappelle ;
Ma mémoire du fond des temps ;
J'ai des souvenirs à la pelle ;
Et les prochains je les attends ;
Le ciel se couvre;
Ce livre est fait pour durer toute une vie. Dès l'instant où vous l'ouvrirez, vous ne pourrez plus vous en séparer. Vous le lirez d'une traite - une histoire en 5 000 poèmes, une « série » en 40 épisodes (40 recueils) -, ou bien vous prendrez l'habitude de l'ouvrir au hasard, et vous tomberez sur un poème destiné spécialement à cet instant de votre vie.
Si vous lisez un poème par jour, il vous faudra plus de treize ans. Mais vous ne lirez pas un poème par jour, vous tournerez page après page pour vite découvrir la suite, vous serez envoûté, troublé, bouleversé souvent, empli d'un indicible bonheur d'accompagner Jean-Claude Pirotte pendant les deux dernières années de sa vie.
Sylvie Doizelet ;
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L'auteur met l'accent sur la prééminence de la vie et de la conscience humaine.
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Le narrateur, double de Pirotte, en proie aux métastases et à la chimiothérapie, se penche sur son passé.
Celui-ci le rejoint dans un présent où sa mort approche, où d'anciens sentiments de culpabilité le rattrapent. Le jeune homme qu'il fut, entouré de poésie alors qu'il fréquente des voyous et semble leur prêter la main, ne cesse de se reprocher chacune de ses aventures, qui l'ont mené à un mariage obscur, une naissance, et la perte de ce qu'il se croyait en mesure de sauver d'une existence erratique. L'enchevêtrement des événements, dont ses carnets retrouvés font foi, conduit le lecteur à se poser, comme souvent, la question du rachat par la littérature, telle que se la posent l'auteur et le narrateur. La vie est un brouillard.
La magie Pirotte est intacte dans ces pages vibrantes de vie où sourdent des musiques, de Schubert au blues de Billie Holiday. Un roman exceptionnel. À part. Au-dessus de la mêlée littéraire.
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Au fil des ans et d'un quotidien malmené par la petite et la grande histoire, trois femmes font battre le coeur de cette saga. Avec les êtres qui gravitent autour d'elles, elles conjuguent la vie avec la vie, la vie avec l'amour, la vie avec la mort. Plus que les liens du sang, et en dépit de leurs aspirations propres, leur volonté de vivre dans la liberté du corps et de l'esprit fait de ces femmes des âmes soeurs.
Irène, la cosmopolite, veut traverser le siècle et l'Europe à cent à l'heure, goûter à tous les fruits défendus. Delphine, la sage, n'aspire qu'à l'ordre et à la sérénité : elle aime sans poser de questions, sans revendiquer, mais elle affronte avec bravoure. Entre les deux, Odile, enfant lumière, porte sur son univers un regard sans concession ; elle cherche sa vérité, n'hésitant pas à renier les croyances que lui impose le monde bourgeois dans lequel elle est née.
Jusqu'à ce que leur destin bascule, le 10 mai 1940, quand Hitler envahit la Belgique.
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La plus familière des passions nous est la moins connue.
" Le caractère intime, spécifique, purement subjectif de l'expérience amoureuse la rend presque incommunicable. La gageure est que rien ne la destine par nature à proposer quelque modèle, à offrir ses conseils, à fournir des recettes. Sur le mode du spectacle, elle ne sert donc à rien. Dans le même temps, l'authenticité à laquelle elle atteint aisément s'exprime selon des tonalités, des accords, des dissonances dont peut tirer usage quiconque s'attache à composer le plus harmonieusement possible les modulations de sa vie amoureuse.
Le drame originel de la vie amoureuse, c'est qu'elle n'existe pas, si ce n'est en marge d'une existence dévolue à cette activité fondamentale qu'est la quête de la subsistance. Réduite à en passer par les filières bestiales de la prédation, que transcende la lutte quotidienne pour le pouvoir et le profit, elle ne nous échoit que dénaturée. Ainsi réinventer l'amour relève-t-il de la volonté subversive de dépasser la civilisation marchande en fondant sur l'être véritablement humain une civilisation vivante. "
R. V. -
Les vieux m'emmerdent. Ainsi commence Série grise. Le ton est donné. Chronique cynique et acerbe, ce roman décrit, sous le regard d'un vieux, le quotidien d'une maison de retraite. Le narrateur, un vieux cynique, s'exerce à l'observation cruelle de ses contemporains, réunis en un monde uniformément clos, une « maison de repos pour adultes valides ». Petites maniaqueries et décrépitude aigrie ou consentie, il s'offrira les champs d'un univers qui finit. Lucide, son regard sans complaisance sera aussi celui de sa propre dégénérescence, d'une fatale et ultime décroissance. Roman de la vieillesse, abordé sur le ton d'un humour forcément caustique puisqu'il est celui d'un regard aigu sur la sénescence qui nous attend chacun.
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Il n'est rien de plus exaltant qu'une intelligence en mouvement obligeant le lecteur à incendier ses certitudes et autres préjugés. Certes, une fois encore, Raoul Vaneigem célèbre la vie, non celle qui nous est faite, mais celle qui serait si les hommes s'appartenaient enfin.
Loin des diaristes ordinaires qui ne voient pas plus loin que leurs petites misères existentielles, Raoul Vaneigem nous entraîne à travers ce Journal imaginaire dans le tourbillon de ses idées. Nombre de ses phrases sonnent comme des aphorismes cinglants. Des insolences à portée de coeur.
Prix Grandgousier 2006 -
" Pour ne pas me quitter vraiment, il avait pris ma place. " " Ce qui me laissait plantée là, je n'arrivais pas à l'exprimer. Pourtant, j'en comprenais confusément le sens. C'était quelque chose de l'ordre de l'adieu. Pas à la maison. Pas à Franck, non plus. Mais à notre amitié. [...] Je savais que nous ne nous retrouverions pas. Mais je restais fidèle. Pas à lui, mais à mon passé. À ce qui restait de lui en moi. Et, pendant toutes ces années, je n'ai pas voulu voir. Je n'ai pas voulu voir qu'il ne partait pas. Je n'ai pas voulu voir, alors qu'il évitait de me côtoyer, qu'il prenait place dans ma vie. Qu'il se glissait dans ma famille. Qu'il s'enroulait autour des miens. Qu'il occupait mes amis. Qu'il habitait mes engagements. Pour ne pas me quitter vraiment, il avait pris ma place. " C. H.
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Un écrivain majeur contre Nicolas Sarkozy.
La maison de douane désaffectée, où séjourne Jean-Claude Pirotte, est un lieu enchanté. En contrepoint de la magie du paysage, un désespoir s'insinue peu à peu dans les pages de ces carnets tenus de mars 2010 à juin 2011. L'observation d'un pays aimé - la France -, avili par un certain Nicolas Sarkozy, mine l'écrivain. Alors que pour beaucoup le sarkozysme n'est qu'un épisode social et politique parmi d'autres, Jean-Claude Pirotte, jour après jour, l'associe à une perte irréversible de la dignité, qui prépare le terrain aux pires lendemains. La lecture de Déposition, journal écrit par Léon Werth entre 1940 et 1944, lui inspire de troublants parallèles.
Visions graves ou notes plus légères, Traverses est un diamant noir, étincelant au travers des fêlures d'un monde de moins en moins respirable.