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DENOEL
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Un huis-clos oppressant : une mère, ses quatre fils, au fin fond de la Patagonie Argentine, plateaux de la Patagonie. Une steppe infinie, balayée par des vents glacés. C'est là que Rafael, dix ans, grandit dans une famille haineuse. Sa mère s'est endurcie autour d'un secret qu'elle a su garder mais qui l'a dévorée de l'intérieur : une nuit, elle a tué leur ivrogne de père et a coulé son cadavre dans les marais. Depuis, elle fait croire que son mari les a abandonnés, et mène son maigre élevage de moutons et de boeufs d'une main inflexible, écrasant ses quatre garçons de sa dureté et de son indifférence. Mais depuis, aussi, les aînés détestent leur plus jeune frère, né après la disparition du père, et en ont fait la cible de leurs jeux brutaux. Alors Rafael, seul au monde, ne vit que pour son cheval et son chien. Voilà longtemps qu'il a compris combien il était inutile de quémander ailleurs un geste d'affection.
Dans ce monde qui meurt, car les petits élevages sont peu à peu remplacés par d'immenses domaines, la révolte est impossible. Et pourtant, un jour, le jour le plus sauvage et le plus douloureux de la vie de Rafael, quelque chose va changer. Le jeune garçon parviendra-t-il à faire sauter l'étau de terreur et de violence qui le condamne à cette famille ?
Avec ce roman sombre, planté dans une nature hostile et sublime, Sandrine Collette explore les relations familiales impossibles, et la rédemption, ou non, d'un petit garçon qui a gardé son humanité.
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Fun Home, chef-d'oeuvre d'introspection familiale, élargissait le territoire du roman graphique. Avec cette nouvelle plongée dans l'alchimie fondatrice des êtres, de leur conscience, de leur sexualité, Alison Bechdel apporte une profondeur inconnue. Son père était le sujet du premier livre. Cette fois, elle tourne le scanner ravageur de sa lucidité et de son humour vers sa maman : lectrice vorace, mélomane invétérée, ardente actrice amateur. Mais aussi, épouse infortunée d'un gay du placard, mère dont les aspirations artistiques ont bouleversé l'existence de sa fille, mais qui a cessé de la toucher et de l'embrasser à l'âge de sept ans. Là où James Joyce et Proust étaient les anges tutélaires du premier livre, ce sont les figures de Virginia Woolf, du pédopsychiatre Donald Winnicott et de l'extraordinaire auteur pour enfants D. Seuss, qui illuminent cette traversée des gouffres mère-fille, prétexte pour Bechdel à revisiter les replis d'une enfance singulière, les tourments d'une artiste à la poursuite de la vérité et les errements d'une vie amoureuse de serial-monogame.
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Créé' a` l'occasion de l'exposition du Centre Pompidou «Surréalisme» célébrant le centième anniversaire de la parution du premier du surréalisme d'André' Breton (1924), ce joyeux traite' graphique n'aborde pas le mouvement littéraire et intellectuel le plus important du XX? siècle sous l'angle strictement muséal. Il le considère pluto^t comme l'outil absolument moderne d'une prochaine révolution des consciences et des inconscients, indispensable face aux défis aggravés du XXI? siècle. Une ode rieuse et panthéiste au tsunami poétique et au triomphe de l'esprit, antidote radical a` l'e'troitesse ve'ne'neuse de l'époque. «¿Le surre'alisme est le "rayon invisible" qui nous permettra un jour de l'emporter sur nos adversaires.» Andre' Breton
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Aux vannes, citoyens ! petit essai d'humour politique
Charline Vanhoenacker
- Denoël
- Documents Denoel
- 2 Mars 2022
- 9782207165201
Une blague, ça ne s'explique pas. Mais l'humour, si.«Malgré la place qu'il occupe partout dans nos vies, dans la sphère privée ou dans les médias, l'humour politique est sousétudié scientifiquement et mal questionné journalistiquement. Il est pourtant l'un des miroirs les plus parlants de la société, et il se pratique dans toutes les situations, même les plus tragiques : en temps de guerre, après un attentat, voire au lendemain de la mort de Johnny. Le rire est comme le coquelicot : il pousse dans la boue et l'éclaire d'une petite touche de couleur vive.»L'humour politique est à la fois jugé suspect et paré de vertus : il inverse les hiérarchies, il témoigne de la bonne santé démocratique d'un pays, il est d'utilité publique en cas de crise (et garantit le retour de l'être aimé).Avec le ton et l'ironie mordante qu'on lui connaît, Charline Vanhoenacker analyse les mécaniques du rire, dévoile les secrets de fabrication de ses chroniques radio et explore les relations ambiguës qu'entretiennent les politiques avec l'humour et... les humoristes.
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En vacances, Simone ! Cahier d'exercices féministes
Titiou Lecoq, Charline Vanhoenacker
- Denoël
- Documents Denoel
- 10 Mai 2023
- 9782207169551
Obtenez votre master en féminisme.Après des mois de grisaille à se coltiner des «Ça va bien se passer, madame», l'été est le moment idéal pour démonter le sexisme tout en se marrant et en se cultivant à travers un parcours d'exercices cérébraux, de niveau débutant à expert, toutes disciplines confondues. Vous apprendrez à féminiser les insultes, à remettre à l'honneur les femmes oubliées de l'histoire, à définir la longueur d'une jupe républicaine, à organiser un voyage au Féministan, à dessiner un clito, ou à jouer à «Devine avec qui on n'ira pas dîner !».Lâchez votre jokari, saisissez-vous d'un crayon et venez déconstruire le sexisme avec nous.
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Je vais au-devant de cette porte ouverte sur le vide, cette béance. Les projecteurs me révèlent et m'aveuglent. Je suis insensé de rentrer dans la lumière, d'exposer à la face du monde mes difformités d'olivier tordu. Une nacelle monte pour me prendre. J'oublie que je suis faussaire, artisan de l'ombre et, dans les archives de Borganov, une plante timorée. À vingt mille lieues des puits vertigineux que creuse son père pour atteindre les cavités magmatiques qui se cachent au coeur de la lithosphère, à mille miles des rêves de fleuves d'eau claire lancés par Tadeusz Nielsen, Antonin Carvagnac se réfugie depuis l'enfance dans un monde fait d'écrans et de séquences transformées pour oublier la paralysie de ses jambes. La vie de ce magicien de l'image change de cap le jour où il devient le veilleur clandestin du projet paternel en danger de s'éteindre. Il nous raconte sa traversée des abîmes qui durera près de sept ans.
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«L'aube s'ouvrit sur un ciel de fumée. La ville, entourée de collines qui la regardaient, semblait bien frêle là-dessous, presque prise en étau, et n'avait plus pour horizon que ce ciel anthracite qui, à mesure que se levait un soleil de feu, s'orangeait.»La petite ville de Bas-les-Monts a subi la mobilisation de ses jeunes et vit, depuis, au rythme des avions et sous la menace.L'ennemi est d'une inhabituelle envergure, la ligne de front se déplace au gré des vents : en ce nouvel été caniculaire, ce sont d'effroyables incendies que les appelés combattent. Séparés de leurs familles, Nino, Joseph, le Moineau et les autres découvrent la camaraderie de la troupe et les limites de la docilité. Sous les frondaisons de la forêt suppliciée, le règne animal paie lui aussi un lourd tribut à cette guerre moderne...Ardente et engagée, cette fable confie à la jeunesse la capacité de lucidité, le pouvoir de l'indignation et la volonté d'inventer l'avenir.
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François Olislaeger rencontre Mathilde Monnier. Il voudrait qu'elle lui apprenne à danser. Elle lui propose de faire une bande dessinée. Au fil des planches, une grande chorégraphe offre une surprenante master class.
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Shoah et bande dessinée ; l'image au service de la mémoire
Didier Pasamonik, Joël Kotek
- Denoël
- Denoel Graphic
- 26 Janvier 2017
- 9782207136683
La mémoire contemporaine réserve une place particulière à la Shoah, événement sans équivalent dans l'histoire moderne. Ce n'est pas sans raison que ce phénomène, pour universel qu'il soit, relève de l'indicible.
Comment imaginer relater - spécialement en images - les expériences de Treblinka ou de Sobibor ? Elles échappent à la raison. On se souvient du « Hier ist kein warum » ("Ici, il n'y a pas de pourquoi") de Primo Levi.
Aucun événement historique, si extrême fût-il, n'échappe à la fiction.
Non sans prudence, timidité, erreurs et tâtonnement, parfois avec génie, la BD s'est donc aventurée sur ce terrain. Chacun connaît Maus d'Art Spiegelman. Mais par delà ce chef d'oeuvre, comment, et depuis quand, les artistes de la bande dessinée se sont-ils saisis de la représentation du sujet ? Jusqu'à quel point de réalisme l'horreur est-elle représentée, autour de quels thèmes, de quels motifs, de quels symboles ? Comment la Shoah a été abordée par la narration graphique, que ce soit dans les comics (chacun se souvient de la scène des X-Men où le jeune Magneto réchappe aux camps de la mort) ou dans la bande dessinée franco-belge avec La Bête est morte de Calvo, où le thème apparaît dès 1944.
C'est à ces questions que répondra l'exposition proposée par le Mémorial de la Shoah de janvier à septembre 2017. Plus de cent vingt oeuvres, signées des plus grands noms (Calvo, Will Eisner, Joe Kubert, Spiegelman) ou complètement méconnues, seront présentées.
Le catalogue, dont les textes sont confiés à un groupe d'historiens contemporains et d'exégètes du 9 e Art, se donne pour mission d'élargir et d'approfondir ce parcours, d'interroger les sources visuelles de ces représentations de l'inmontrable, d'établir leur signification, leur pertinence, leur portée et leurs limites. Et d'essayer de comprendre comment au fil du temps le tabou du génocide juif a pu devenir une unité de mesure de l'horreur, un totem.
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La perversion ordinaire ; vivre ensemble sans autrui
Jean-Pierre Lebrun
- Denoël
- Mediations
- 25 Janvier 2007
- 9782207259245
Des changements majeurs, accélérés par divers progrès techniques, ont mis à l'épreuve tous les repères jusqu'ici les plus stables dans la vie en société: le mariage, la procréation, les rapports entre les générations, la différence des sexes, l'éducation, l'autorité dans la famille, à l'école et dans toute la vie collective, le passage à l'âge adulte, etc. Léquilibre psychique des individus - leur subjectivité - s'en retrouve modifié d'une manière inédite dans l'histoire de l'humanité. C'est à une réelle mutation du lien social qu'on assiste. Parmi les conséquences majeures de ce phénomène, on peut notamment repérer la prévalence accordée à la jouissance par rapport au désir, le rejet de la nécessité de se confronter à la dimension de la perte, le refus du recours au tiers au profit des simples situations duelles, l'illusion d'une nouvelle autonomie subjective et même une tentative, en fin de compte, de vivre ensemble sans autrui. On peut voir là à l'oeuvre un fonctionnement psychique fondé sur un mécanisme - le déni - que Freud considérait central dans la perversion. Sommes-nous donc tous en train de devenir perversoe Certainement pas si l'on veut parler du renversement du rapport à la Loi que l'on constate chez Sade ou Sacher-Masoch. Mais les évolutions en cours nous invitent à adopter des comportements qui relèvent de ce qu'on pourrait appeler une " perversion ordinaire ", propre à notre époque, qui vient se substituer en partie à la " névrose ordinaire " d'hier.
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Quintes - L'Ivre Livre - Sacre de la femme - Discours contre les entraves
Marcel Moreau
- Denoël
- 6 Octobre 2005
- 9782207257609
Né en 1933 au sein d'une famille ouvrière, en Belgique, Marcel Moreau exerce de petits métiers avant de devenir correcteur de presse à Paris où il s'installe en 1968. Paru en 1963, défendu par Queneau, publié en extraits par Paulhan dans la NRF et par Simone de Beauvoir dans Les Temps Modernes, son premier roman, Quintes (1963), aux échos kafkaïens, fait l'effet d'une bombe dans le milieu littéraire. Marcel Moreau poursuit depuis une oeuvre exigeante, née de la secouante rencontre entre le corps sauvage de sa jeunesse et les mots. Alternant des proses romanesques hallucinées, sensorielles, d'un érotisme incandescent, et des essais opposant sur un mode lyrique la toute-puissance des instincts à une modernité exsangue, Marcel Moreau plonge dans le baroque des passions et invente une écriture de tremblements (de l'être), somptueuse, dansante, libératrice. Je crois avec une ferveur accrue que la seule aventure qui vaille est nécessairement intérieure. Que chaque homme se doit de devenir le monstre dont il possède en lui, ravagées, mutilées, maudites, toutes les composantes.
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Dans ce match en dix-neuf rounds se déroulant à partir d'un matin de Noël jusqu'au lendemain soir, qui sont les adversaires ? Un et Deux, faces intérieures de la narratrice elle-même, partagée depuis toujours entre deux tendances contradictoires ; Un est sensuelle, mûre, équilibrée ; Deux, à l'opposé, n'est que doute, peur, culpabilité agressive. Heure par heure, chacune lutte avec l'autre en s'exprimant à tour de rôle, violemment et patiemment, sans craindre de
mélanger tous leurs temps vécus : passé, présent, avenir. -
«Donc, jadis, je suis allé vers les mots pour leur odeur, leur chair et pour le bruit très érotique qu'émettaient leurs enjambées sur les pages de tel livre, sur les lèvres de telle bouche. Donc, j'ai commencé à écrire d'instinct ce que ma conscience espérait pour son agrandissement et mon esprit pour sa libération. Donc, ce donc est l'autre nom que je donne au rythme qui m'a mis dans l'impérieuse nécessité de faire oeuvre littéraire des mouvements les plus intimes de ma vie organique. Donc, c'est ainsi que mon corps a écrit ce qu'il a écrit à la température des sensations et des désirs que lui inspirait sa relation amoureuse ou polémique avec les fondements de l'être, selon que cet être puisait l'essentiel de sa respiration dans un souffle d'avant le cadastre ou selon qu'il l'abandonnait à la mécanique des inhalations de concepts. Donc, ce livre fait monter le son d'une existence passée à rendre sa musique familière à l'obscur tonnerre du dernier des crescendos, celui-là même qui a sans doute manqué au Boléro de Ravel pour être assourdissant tout en demeurant indiciblement mélodieux. Donc.»
Marcel Moreau.
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Il est probable que quand je fais l'amour à la femme que j'aime, je le fais avec le brouillon de mon livre de chair et de sang, non écrit celui-là, pas encore. Mon brouillon a du désir pour le brouillon humide du livre de la vie de cette femme. La peau sur le revers de laquelle s'écrit ce livre en boit les sérosités plus sûrement que le papier d'un manuscrit n'en boit l'encre.
Sous forme d'une «Lettre à un jeune corps n'aimant pas lire et en grand danger de mort dans l'âme», Marcel Moreau retrace son histoire d'écrivain et de lecteur entièrement voué au rythme de la langue. La chair et le livre ne font plus qu'un dans une fusion érotique et littéraire dont l'auteur de Quintes a le secret.
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Tome V : L'amère victoire du debordisme Maurice Wyckaert, le Flamand écossais par Christophe Bourseiller Les peintres sont des personnes particulières, entretien avec Maurice Wyckaert En souvenir du futur : les jugements de l'IS sur la scène artistique des années 1950-1960 par Fabien Danesi N'habite pas à l'adresse indiquée par Yamina El Djoudi Guy Debord et l'hyper-cohérence, entretien avec Dominique Christian À propos d'une lettre de Patrick Straram à Guy Debord par Christophe Bourseiller Lettre à Guy-Ernest Debord par Patrick Straram Les pièces du puzzle, entretien avec Gérard Berréby Allez vous faire influencer : des lettristes chez les surréalistes belges par Jérôme Duwa Un situationniste viking : Jorgen Nash et son « drakkar » par Édouard Jaguer Le roi de ceux qui font des images est mort, poème fraternel pour Asger Jorn par Jorgen Nash Condamné à l'intuition par Christophe Bourseiller Lisez Paul Claudel !, entretien avec Jean-Yves Guiomar Livres et publications En vrac Bibliographie Index des noms cités
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Le 4 octobre 1994, radios et télés rapportent un fait divers d'une extrême brutalité.
Deux jeunes gens, Florence Rey et Audry Maupin, viennent d'attaquer la préfourrière de Pantin pour voler des armes. Place de la Nation, le taxi à bord duquel ils s'enfuient percute une voiture de police. Fusillade. Course poursuite. Cinq morts et cinq blessés en moins de trente minutes. Coup de folie ou opération terroriste ? Le visage d'ange paumé de Florence Rey devient une icône cathodique instantanée, symbole de la violence et de la confusion idéologique des temps.
Les médias invoquent l'influence de films ultraviolents comme le Tueurs nés d'Oliver Stone. On présente Rey et Maupin comme des Bonnie & Clyde de la terreur, des nihilistes délirants, alors qu'en réalité leur parcours épouse celui de tant d'enfants des classes moyenne et ouvrière en rupture avec un modèle de société de plus en plus brutal et matérialiste... Dix ans plus tard, Chantal Montellier rouvre le dossier et suit les pistes négligées à l'époque, y compris celle, évoquée à mi-voix par certains médias, du troisième, voire du quatrième homme.
Son travail, vibrant de sincérité, jette une lumière neuve sur une affaire emblématique de notre histoire récente. Et par-dessus tout cela, flotte l'inoubliable visage de Florence Rey, le soleil noir de son regard.
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Une femme s'abat sur un lit.
Sur le mur d'en face, une autre femme la guette : Suzan, son double, qui la traque dans tous les miroirs. La tuer ? Sous la douche, Suzan pleure, jusqu'à l'ivresse. Tremblante, elle se glisse dans la ville, retrouve l'amant, ses mots d'amour brûlants, leur corps à corps acharné. Le bourreau qu'elle aime et qu'elle ne quitte pas pour l'amant. Les Luciphoriens, étranges créatures qui la persécutent avec leurs sexes inquisiteurs...
À travers la géographie excitante d'un corps dévasté par le manque d'amour, Helena Noguerra met à nu une femme à l'identité incertaine, livrée au désordre fou de ses pulsions. Hallucinations, dédoublements, écoeurements et extases sont les accords majeurs de cette introspection sauvage qui pulvérise tous les tabous et fascine par une écriture crue et innocente.
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«Je me souviens de mon corps comme d'un chaos debout, ne se couchant que pour le sommeil de sa folie ou pour l'amour d'une femme. J'étais jeune et déjà possédé de mots. Le Verbe secouait le corps, ses abîmes. Comme s'il en retournait la part maudite. Plus tard, c'est lui, ce corps qui écrirait, m'écrirait, s'écrirait. Trop de raison tue, il voulait vivre. Il n'attend que ça le corps : que l'on fasse de lui le grand livre sensoriel et vertigineux où puisse se lire l'essentiel de notre identité. L'appauvrissement du langage (sa frivole désincarnation), fait beaucoup de morts... "dans l'âme". C'est parce que nous ne sommes pas ou plus en mesure de nommer notre mal-être que nous ne nous imaginons plus en mesure d'en guérir. Et pourtant, ils existent, ces mots des profondeurs - voix de nos instincts éclairés - capables de nous sauver, par une espèce de danse intérieure, de nos désaccords avec nous-mêmes. Dans Corpus scripti, j'essaie de dire en quoi, à rebours de la névrose générale, il est encore possible, le rare et troublant désir de "tressaillir pour une autre vie"». Marcel Moreau.
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«Morale des épicentres : on dirait le récit d'une vie, sauf qu'ici, c'est la vie des mots se racontant à ma vie, mais c'est la même chose. Simplement ; les mots en disent un peu plus sur ce que fut cette vie, sa véritable histoire, une relation tectonique entre la puissance du langage et les revendications du corps. D'où cette écriture de tremblements (de l'être). Sans elle, je n'eusse pu maintenir en haleine, depuis toujours, ma passion de la liberté. Il n'y a pas de secret : c'est le corps verbal dans le corps charnel qui crée ce mouvement inlassable des ondes de choc, devenu un mode de connaissance et sa nécessité. Trop de pensées prétendant, par la raison, nous délivrer de nos chaînes, se posent sur un socle, s'y fixent, alors que c'est à danser longuement qu'elles devraient s'exercer. Slogans et idoles, que de misères grégaires, au quotidien... Dans Morale, j'évoque la visite (1995), de Mme G. el D., maître de conférences à l'université d'Alexandrie. Elle porte le voile, me parle avec feu de mes livres, me stupéfie (je songe à la condition de la femme musulmane). N'y tenant plus, je lui demande : "Mais, madame, vous avez dû être secouée ?" Elle répond doucement : "Mais, monsieur, nous avons besoin d'être secoués." L'Émotion...» Marcel Moreau.
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1828, un adolescent surgit sur une place de Nuremberg, une lettre à la main. Illettré, comme coupé du monde, il passe aux mains de différents tuteurs avant de disparaître en 1833. Très vite, d'extraordinaires rumeurs circulent sur le jeune homme : il serait le fils du grand-duc de Bade et de Stéphanie de Beauharnais, une nièce de Napoléon mariée à un souverain allemand pour consolider la politique d'alliances impériales. Il aurait été enfermé dès sa naissance dans une minuscule cellule et privé de tout contact avant d'être relâché vers sa seizième année. Banal cas d'autisme ou enfance martyre, brisée par la raison d'État ? Telle est encore aujourd'hui l'énigme de Kaspar Hauser. L'histoire de Kaspar Hauser, adaptée par Werner Herzog, est ici renouvelée à travers les récits vibrants d'amour ou de haine de personnages ayant approché intimement l'enfant sauvage princier: sa mère, un cheval, son assassin... La découverte d'un écrivain de haute volée, d'un lyrisme singulier.
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« Ce livre fut écrit au jour le jour. Il a duré le temps de l'amour qu'il dit, qui est le temps où cet amour valait d'être dit. Il a commencé comme lui, dans l'émerveillement, il a fini comme lui, dans le désabusement. Entre les deux, une vieille histoire : celle du bonheur sans cesse invoqué, sans cesse atermoyé, et en filigrane sa décomposition, mot à mot, puis de geste en geste. Ç'aurait pu être un journal de bord, au bord d'une Absence annoncée. Mais en amour - passion oblige - me quittent mon regard "clinique", mes envies de lucidité. En somme, j'ai de la tendresse pour mes égarements, et j'en ai pour les "égarantes". Après tout, c'est déjà bien assez que dans mes écritures qui parlent de la société en général au lieu de parler de la Femme en particulier, je ne puisse m'empêcher d'être impitoyable plus souvent qu'indulgent. Nous, amants au bonheur ne croyant... n'est donc pas un livre qui désespère de l'amour. C'en est un qui, pour désespérer de l'amour heureux, n'en sait peut-être pas moins, même confusément, pourquoi sa vraie grandeur, à l'amour, secrète, inexplicable, c'est de ne l'être pas, heureux, mais surtout de ne point vouloir à tout prix l'être.» Marcel Moreau.
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Les enfants de jocaste - l'empreinte de la mere
Olivier Christiane
- Denoël
- 25 Juillet 2001
- 9782207251270
Voici " l'autre psychanalyse ", la part féminine, celle que freud n'a pas pu écrire.
En face d'å'dipe, il y a jocaste, sa mère, qui règne sur son fils en l'absence de laïos, le père tué. et jocaste règne toujours, non seulement sur son fils, mais sur sa fille, en l'absence du père qui abandonne avec joie les soins et l'éducation du jeune enfant à sa femme. soins et éducation qui sont ainsi monosexués alors que les enfants sont des deux sexes. pour christiane olivier, femme et psychanalyste, c'est l'ombre de la mère, ressentie si différemment par le petit garçon et la petite fille, qui explique et nourrit l'antagonisme séculaire entre l'homme et la femme.
Dans un style clair et accessible à tous, elle dresse le procès non pas de la maternité, mais du maternage, procès qui peut aussi se lire comme un mode d'emploi de la vie du couple.
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Obsédée par les fêlures de son amante, une femme se perd dans de singulières joutes passionnelles sur fond d'océan... Comment endurer les cinglantes lignes de fuite de Chloé, amazone à la troublante armure ? Comment déchiffrer les langues intimes de son journal, vertigineuse tour de Babel intérieure dans laquelle cette dernière s'est enfermée à double tour ? Comment surtout découvrir le code secret à même de pénétrer les mystérieux écrits d'Ossip, son grand-oncle survivant des camps qui vient de se jeter dans la mer ? Au fil des jours se précise un tragique roman familial : la disparition des siens durant l'orgie de sang de la Seconde Guerre mondiale, l'interminable silence du dieu des Étoiles jaunes...
D'une écriture visionnaire, Véronique Bergen conjugue les mille énigmes d'une passion à une hallucinatoire traversée des pulsions barbares du XXe siècle. Creusant les méandres d'un inépuisable panthéisme amoureux, elle nous happe dans la flamboyante folie de la guerre.