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Les gestes de la cuisine
Valérie Linder, Amandine Marembert
- Esperluète Éditions
- Cahiers
- 10 Septembre 2021
- 9782359841404
On mélange, émiette, mouline, saupoudre, tamise, malaxe... dans la cuisine d'Amandine Marembert et Valérie Linder. Poète et illustratrice posent leurs regards attentifs et délicats dans ce lieu si commun où petits et grands se retrouvent pour composer chaque jour des menus savoureux. Elles racontent les gestes simples, appris, répétés et échangés au fil du temps.
Elles nous transmettent le plaisir de cuisiner pour soi ou pour les autres, de préparer et se régaler ensemble, reliés aux générations qui nous suivent ou nous précèdent.
Et puis, ça marine ou ça mijote dans la casserole... Et c'est tout un paysage - où se mêlent jardins, forêts et souvenirs - qui se répand dans la maison et dans les pages.
Ici, on fait sauter des crêpes, là, on sauce un saladier, on se délecte d'une purée de châtaignes, ou on partage une galette...
Ouvrir ce livre, c'est être invité chaleureusement à la table des autrices, se laissant porter par le rythme des saisons en goûtant mots et images, plaisirs simples et infinis.
Les gestes de la cuisine est le troisième volet de cette exploration des gestes du quotidien. Il fait suite aux gestes du linge et du jardin dans une trilogie qui trouve ici son aboutissement.
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Les gestes du jardin
Valérie Linder, Amandine Marembert
- Esperluète Éditions
- Cahiers
- 20 Août 2020
- 9782359841299
Après Les gestes du linge, Amandine Marembert et Valérie Linder explorent ensemble les gestes du jardin.
On retrouve avec plaisir la poésie du quotidien, la transmission familiale, le labeur du potager, la joie simple d'être ensemble les mains dans la terre que ces deux observatrices nous racontent par petites touches impressionnistes...
Le jardin, c'est surtout du travail, mais ausi la joie de la récolte ou la douceur de la rêverie et de la sieste. Le jardin devient alors échappatoire, un lieu hors du temps où les mains prennent le relais et mènent le corps.
Les mots d'Amandine Marembert et les aquarelles de Valérie Linder jouent tout cela et à leur tour transmettent ce bonheur au jour le jour et au fil des saisons.
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Les gestes du linge
Valérie Linder, Amandine Marembert
- Esperluète Éditions
- Cahiers
- 2 Septembre 2013
- 9782359840407
Les gestes du linge nous parlent de la transmission, de mère en fille, de mains en mains. Les gestes ne s'oublient pas, ils s'accordent pour entamer une danse délicate, celle des mains qui apprennent à plier, repasser et repriser.
Les textes courts évoquent la douceur de la lessive, les souvenirs de linge frais flottant au vent, les draps fraîchement pliés dans l'armoire, les mains qui s'activent. C'est une histoire de famille, entre la grand-mère qui montre à sa fille, la petite qui imite la première et suspend sa peluche sur les fils du linge, l'épouse qui plie les affaires du mari.
Les dessins, bleus comme l'eau, le vent et le ciel, délicats comme le linge, esquissent ces gestes avec légèreté.
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Une arbre parle :
Je pousse.
Je continue de pousser malgré moi.
Quelque chose de plus fort que moi.
Me prolonge jusqu'au ciel.
J'ai fait mes chemins de terre, j'ai fait mes chemins de ciel.
Une arbre, car oui, ici, il s'agit bien d'une arbre parce que l'auteure s'y identifie ; et cette arbre parle et raconte le jour où l'une de ses branches s'est brisée et est tombée sans faire de bruit. Cette arbre traverse une épreuve, elle lui fait face, la surmonte et se reconstruit.
C'est avec pudeur que Sara Gréselle aborde la question de l'avortement. Texte et images font appel à nos sens, plus qu'à notre raison, pour questionner ce ressenti intime du choix, de la perte et de la solitude. Mais aussi, et surtout, ils nous rappellent que nous faisons partie du vivant, de quelque chose de plus grand et de plus fort.
Les femmes sont des forêts...
Les femmes sont de vivants piliers dit, le poète, et ces femmes-arbres sont autant de voix de femmes qui s'élèvent, faisant confiance à la vie et à son éternel recommencement. -
L'instant vertical
Anne Collongues, Patrick Devreux
- Esperluète Éditions
- Cahiers
- 17 Mars 2023
- 9782359841695
S'éloigner du départ et de la route goudronnée.
Tout au long du livre, il s'agit de restituer l'expérience sensorielle d'une promenade et du lien ténu qui se crée entre les marcheurs.
Car ils sont deux, reliés par la marche et la nature qu'ils traversent. En silence, ils progressent, pas à pas, page à page, fragment après fragment. Le rythme des pas s'imprime au rythme de lecture, le temps se matérialise, devient concret, une forme de lenteur se déploie. La marche les rapproche ou les éloigne, et fait poindre quelque chose de sourd, de non-dit qui perd petit à petit de son importance au fil de leur progression.
Ce livre s'inscrit dans le temps. Il se vit comme une expérience : celle d'offrir à chaque pensée (ou impression) un espace où éclore et se prolonger sans être aussitôt chassée par une autre. Celle aussi de ne pas tout dire, dans l'immédiateté du moment. Une forme de retenue à contre-courant des injonctions de notre monde.
À l'écriture précise et ciselée d'Anne Collongues répondent les dessins envoûtants de Patrick Devreux. Ancrés dans le présent, les deux expressions nous plongent dans une expérience sensible qui nous invite à la prolonger. -
Vibrionnante
Valérie Linder, Claudine Paque
- Esperluète Éditions
- Cahiers
- 11 Septembre 2017
- 9782359840797
- Il est toujours vivant ?
- Nan.
Corps plié en deux sous le coup Poumons rétractés Air expulsé Vagissement de celle que je deviens à l'instant même Ni chaud ni froid ni faim ni soif ni fatigue ni sommeil Pas de nuit pas de journée non plus Boule d'émotion en état de choc Comment vivre après la perte brutale d'un être aimé ?
C'est ce thème du deuil qu'explore Claudine Paque, entre émotion, tristesse, soutien des proches et souvenirs heureux.
Comment avancer après la perte ? Comment réinventer la vie quotidienne ? Par touche sensible ce cahier, véritable livre d'artiste tente une réponse imagée.
Les dessins de Valérie Linder accompagnent avec justesse et légèreté le chemin intérieur de cette femme repliée, portée par une énergie qui donne son titre au livre.
Vibrionnante se veut le reflet d'une expérience humaine : la traversée d'un chagrin et la force de la vie.
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Ce texte d'Albane Gellé est tout à la fois une adresse à un tu absent et un long monologue où le temps, la nature et les vivants prennent chacun leur place. Elle nous donne à sentir que l'absence physique peut être compensée par une omniprésence dans les «?petites?» choses de tous les jours. Elle nous dit qu'une présence rendue vivante au fil du temps, des saisons et des enfances qui se succèdent, est le seul atout de l'absence et le point d'ancrage des vivants. Avec elle, le lecteur imagine l'absent, accompagne les gestes simples et se souvient de ses propres fêlures.
Albane Gellé fixe les mots comme autant d'objets à manipuler avec soin pour que la mémoire affleure et que le son fasse sens.
Les dessins au crayon d'Anne Leloup invitent à une rêverie organique. Les fleurs, les saisons et le temps qui passe accompagnent le texte. Ces dessins aériens proposent une seconde lecture de la perte et du souvenir comme un renouvellement, un cycle, celui de la vie.
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EXTRAIT :
La parole n'est promesse de rien :
Elle naît.
On ne peut rien en dire.
Elle éloigne la tristesse de mourir.
Ce poème, qui introduit Une saison en éclats, donne toute la mesure des textes qui vont suivre, et de l'écriture de Serge Meurant. Dépouillés et méditatifs, les vers suggèrent la fugacité du temps qui passe et la vie qui l'accompagne.
Les images de Kikie Crêvecoeur égrènent les saisons et en suggèrent le cycle. Saturées de couleurs, elles font à la fois écho au foisonnement et à la générosité de la nature.
Linéaires et cycliques, les instants d'Une saison en éclats invitent à la retenue, à la transparence et à la méditation.
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La légende de la feuille a le goût du « il était une fois » de l'enfance, tout en fraîcheur et en rêve. Avec un petit quelque chose en plus: l'expérience de Bob Verschueren, plasticien qui, depuis de nombreuses années, manipule le végétal. On le connaît pour ses installations qui se jouent des formes et des couleurs. Des feuilles, des branches, des arbres, des graines sont autant de points de départ. Il intervient. Il assemble, coupe, trie, organise pour habiter les espaces qui lui sont confiés.
Rien n'est laissé au hasard même si tout est imprévisible, et c'est là le paradoxe et le savoir-faire de cet artiste qui se dit « être aux aguets pour saisir ce qui se présente de manière fortuite. Ce type d'approche me force à la modestie. Rien ne peut être imposé à ces éléments végétaux, ce sont eux qui me dictent leurs lois ».
Ce texte est une étape originale et ludique du travail de Bob Verschueren. Déclinaisons naturelles de ses installations, les phytogravures qui l'accompagnent ont toutes été réalisées pour l'occasion. -
De son enfance dans les Vosges, la petite garde quelques souvenirs, et surtout des blessures : le premier jour d'école, le maquillage de craie que l'instituteur lui fit sur l'estrade, les railleries des camarades de classe, les insultes. Et sa réaction muette, sa stupeur, son immobilité face à la violence du monde, ses années perdues. Prostrée au fond de la classe, la petite se taît. Puis la famille déménage. Et la petite poursuit sa vie, devient femme, et traîne toute sa vie ses blessures silencieuses, au gré des voyages.
Ce texte de Pascale Tison dit nos traumatismes d'enfance, dont nous ne pouvons nous dépétrer. La pudeur de l'écriture croise la violence des blessures anciennes. -
Elles viennent dans la nuit
Kikie Crêvecoeur, Corinne Hoex
- Esperluète Éditions
- Cahiers
- 21 Novembre 2018
- 9782359841053
Comment retenir les rêves, les empêcher de fuir ? L'espace d'un instant, parfois, affleure la présence d'un monde invisible. Des visages, des voix se dégagent de l'ombre. Des figures irréelles, fascinantes, fugaces, apparaissent en songe. D'énigmatiques visiteuses qui, à peine entrevues, à chaque fois s'échappent, se glissent hors de la chambre, laissant flotter l'énigme de cet instant de grâce.
Parce que le monde de la nuit est fugace, il nous manque les mots pour en parler. C'est là que le poème intervient. Dans cet entre-deux, reflet de sensations, de moments évanouis sitôt perçus... Peu importe ce que sont ces visiteuses, ces pensées, ces fantômes, elles sont différentes pour chacun, peuplant les nuits de leurs pas légers.
Le poème de Corinne Hoex se fait scansion, presque chanson, pour évoquer cette fragilité du songe.
Les images de Kikie Crêvecoeur - des estampes rehaussées à l'encre - par petites touches sensibles nous emmènent dans un paysage nocturne où règnent apaisement et mystère.
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Ce récit de Nicole Malinconi est la tentative sensible de mettre des mots sur ce qui échappe aux descriptions ordinaires. Essai sur l'évidence, sur ce contour qu'on tend à oublier. Objet anodin, inaperçu s'il en est, et pourtant qui marque la limite du dehors et du dedans, qui ouvre et qui impose la dimension du passage, de la transgression.
Y frapper, s'y coller, se frayer un chemin au travers du mur. La porte est aux confins de tout cela. Ainsi Cézanne passait-il ses toiles de l'intérieur vers l'extérieur.
Le temps de passer par là, les ocres et les roux de la Montagne Sainte-Victoire devaient flamboyer comme des incendies, dans la lumière du dehors.
Jean-Gilles Badaire a illustré ce texte d'encres noires, qui, une fois imprimées sur calques, matérialise l'idée de passage et de traversée. -
Il y a une jeune femme qui aimerait jouer dans un vrai film et qui se dit qu'on ne devrait jamais avoir le temps de tricher.
Frédérique Dolphijn signe un court récit qui bouscule la question de la représentation. Lors du tournage d'un film, comme l'exige le scénario, on creuse des tranchées pour être au plus près de la réalité. A grand renfort de technique, on essaye de dire l'indicible de la guerre. Et un gars de la régie s'exécute, creuse la tranchée et tombe sur une mine. Une vraie mine de la vraie guerre. Et ce moment suspendu, qui bouleverse les acteurs et les techniciens, est au coeur du récit.
Il sait qu'il ne peut pas bouger sous peine d'explosion. Il l'a vu dans un vrai film. Effroi. Il se voit explosé par la mine. Ce boy de la régie est devenu le centre du plateau, personne ne voudrait être à sa place.
Les gravures de Rebekka Baumann explorent le texte. Elles lui choisissent des chemins de traverse qui mettent en lumière les éléments du décor, de la nature. Des oiseaux, des chemins, des arbres, dans lesquels les personnages semblent suspendus à leur destin. -
La nuit je cherche l'eau
Anne De Roo, Dominique Van den bergh
- Esperluète Éditions
- Cahiers
- 10 Octobre 2012
- 9782359840315
Une femme, la nuit, marche dans une maison.
La nuit, je ne vois pas et c'est bien. La matière me suffit.
Elle explore son corps, le dedans le dehors. Les humeurs qui en sortent, les larmes, la salive, l'urine... La nuit, elle est plus sauvage et plus vive. Peut-être moins sage que le jour.
Le texte rythme ces moments de réflexion et explore chaque facette du corps, entre repli et ouverture. Par leur légèreté, les dessins au crayon tracent cette géographie du corps. -
Le rêve de la secrétaire
Caroline Lamarche, Alain Petre
- Esperluète Éditions
- Cahiers
- 29 Juillet 2002
- 9782930223308
La secrétaire cherche en vain le sommeil. Elle se souvient d'un rêve. Comme la courbe d'un fleuve, il rassemble fantasmes et souvenirs, alluvions tantôt sombres, tantôt étincelantes.
Caroline Lamarche, un pied dans le songe, un pied dans la réalité, nous offre, avec Le rêve de la secrétaire, une méditation dense et fluide. Alain Petre, avec une intuition très sûre, accompagne, plus qu'il n'illustre, le récit. -
Princesse Bryone
Ludovic Flamant, Sara Greselle
- Esperluète Éditions
- Cahiers
- 7 Juin 2019
- 9782359841084
Une légende vieille comme le monde ; une princesse aimée, chérie, protégée... enfermée ? Quand la curiosité devient trop forte, quand les murs du château sont trop étroits, quand l'appel de la forêt est le plus fort, malgré les interdits... qu'adviendra-t-il ?
Avec comme point de départ une légende inventée par l'artiste Stephan Goldrajch, Ludovic Flamant donne vie à la princesse Bryone, au Monde Merveilleux et à ses secrets. Renouant avec le symbolisme, il brode cette légende comme on retouche un tableau ancien et précieux :
Avec précision et grand soin.
Les dessins de Sara Gréselle résonnent face au texte, et proposent un équilibre délicat entre des réminiscences d'objets du quotidien, mêlés à des formes plus abstraites, à la lisière du réel et du fantastique.
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Après La porte de Cézanne et Les oiseaux de Messiaen, Nicole Malinconi prolonge dans ce texte sa réflexion sur la création.
Au point de départ, il y a le film que Bruno Monsaingeon consacre à Sviatoslav Richter, pianiste virtuose, mondialement célèbre et pourtant si méconnu. Personnage aussi attachant qu'énigmatique, Richter apparaît dans le film, dans des images d'archives mais aussi des témoignages, habité par la musique, le doute, la tentative de perfection,... mais aussi farouche, irascible, capricieux. Seule la musique compte, depuis toujours. Il dit le rapport difficile, souvent, au piano et à l'interprétation.
Nicole Malinconi raconte, ce que le film raconte, elle lui superpose sa perception d'écrivain, de femme et de mélomane.
On la sent fascinée par l'histoire de l'homme et par l'histoire du film, qui s'arrêtèrent en même temps.
Et son récit accompagne Sviatoslav Richter dans l'absence, au coeur de la plus grande présence.
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La nuit, le silence fait moins de bruit
Eva Kavian, Maryline Coppée
- Esperluète Éditions
- Cahiers
- 29 Juillet 2002
- 9782930223346
C'est un moment de vie, ténu, discret, sur le fil du désir. Entre l'homme qui l'a choisie, celui qui la lit et celui qu'elle aime, une femme fait ce qu'elle peut, de ce silence où rôde son enfant sans mots.
Une voix, dans le silence et dans la nuit... Le lecteur l'entendra comme un murmure ou comme un cri. C'est qu'on ne sait pas, la nuit, quelle forme et quelle densité prennent les choses et les êtres. Ce qui les fige ou ce qui les pousse hors d'eux.
Marilyne Coppée offre à ce texte dense d'Eva Kavian des touches de couleurs qui lui ressemblent. Des formes et des figures naissent de ce bel assemblage. -
Entrer dans l'univers d'Ania Lemin se fait à petits pas, non pas que cet univers soit hermétique, mais parce que les images, les sentiments, les histoires qu'elle nous propose sont tout en nuances. Les images et les textes se livrent de manière simple et très vite l'on peut croire que tout est là.
Mais au-delà? Entre les lignes au graphisme ludique, derrière l'image au trait clair se cache un bouillonnement de sentiments : comment surmonter les non-dits, la peur de la différence, le regard des autres? Comment être sincère et pure quand les autres vous agressent?
Un livre peut, en quelques pages, nous donner l'ampleur d'un sentiment amoureux sincère et l'envie d'une réflexion sur la différence et le respect de celle-ci. A mettre entre toutes les mains. -
Une femme danse le tango, dans l'attente et la tension. Elle préférerait une robe qui lui tienne au corps loin des rubans et des falbalas. On devine qu'elle aimerait également un danseur à sa hauteur !
Par ce poème tout en suggestion, Corinne Hoex révèle le rythme et l'impulsion de la danse, mais aussi ceux de l'écriture. Les mots y trouvent leur mouvement propre, une forme d'autonomie dans la répétition qui chante la sensualité du tango.
Les gravures de Martine Souren rencontrent à merveille ces mots-là. Cette série d'eaux-fortes créée au contact de danseurs de tango nous parle tout autant de la femme que de ses robes, de la sensualité du trait et des gestes qui se déploient.
La rencontre entre ces deux univers ne pouvait mieux se faire. -
Dans Les mille corps, on apprend de la poésie que le corps est plein de possibles, bien au-delà de l'image quotidienne qu'on en a, que ses possibilités sont infinies. Quand l'imaginaire offre au corps de s'identifier à certaines images, à première vue étrangères à sa nature, issues d'un règne différent du sien, il peut arriver qu'il y reconnaisse une possibilité intéressante, qui le réjouit et lui donne de nouvelles facultés. C'est comme un outillage, une augmentation.
Un corps ne s'arrête pas aux frontières de sa peau, ni au sol sur lequel il pose les pieds. Il travaille, avec son frère le cerveau, à nous constituer une panoplie d'avatars plus ou moins larges, fluides ou enracinés. Ces autres corps, on peut les appeler images du corps et il ne tient qu'à nous de les multiplier. Loin d'appartenir au seul domaine de la pensée, ces images prennent leur origine et se développent en sensations bien concrètes.
Le corps peut gagner en épaisseur, longueur, largeur, membres et bifurcations, s'il utilise cette faculté de se réinventer selon sa perception du monde extérieur :
Celle des objets, des plantes, des animaux, des mains aimées et même celle des pieds qui nous ont heurtés. À chaque perception, un nouveau corps possible à mettre dans notre panoplie. Il trouvera son usage. À l'occasion il nous élargira.
Les textes sont une invitation à se réinventer sous d'autres formes qui, étrangement, nous révèlent à nous-mêmes.
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Les Oiseaux de Messiaen
Nicole Malinconi, Mélanie Berger
- Esperluète Éditions
- Cahiers
- 2 Avril 2005
- 9782930223568
Une idée naît du vol des oiseaux, écrire à propos des oiseaux, voilà ce que la narratrice essaye de nous faire croire, qu'elle va « tâcher de trouver quelque chose parmi les mots qui sont là, à sa disposition "pour parler des oiseaux" ; et sa réflexion, sa rêverie, va courir des oiseaux à la musique, pour s'adresser au lecteur et lui faire part de ses questions d'écrivain.
Nicole Malinconi lève doucement un coin du voile de la création et, entre les lignes, avec pudeur, on trouve dans ce texte les questions d'écriture qui la préoccupent : les mots, les non-dits, la langue maternelle et ce temps qui coule entre ce qu'elle appelle si justement "la connaissance des modèles" et "la naissance de l'oeuvre". -
Ce qu'on oublie : souvenir trois
Annick Ghijzelings, Anne Leloup
- Esperluète Éditions
- Cahiers
- 29 Juillet 2002
- 9782930223315
Il arrive que la mémoire soit malhonnête, ou qu'elle se trompe, ou qu'elle mente. Il arrive aussi que la mémoire pleure, comme pour oublier, comme si c'était possible.
Une histoire qui commence comme une promenade. Un été qui se partage entre les mots, la musique et le plaisir. Tout cela ressemble au bonheur, à un excès de bonheur que le récit rompt et nie brutalement. Jusqu'à l'absence de souvenir.
Annick Ghijzelings se souvient ici qu'elle oublie. Son écriture sonde le lieu de la mémoire dans sa défaillance et questionne la vérité du souvenir.
Anne Leloup accompagne la promenade, du début à la fracture, puis dans le souvenir. Des images qui se jouent de l'effacement, de l'absence et du manque. -
Amour, impossibles objets
Anne De Roo, Monique Dohy
- Esperluète Éditions
- Cahiers
- 1 Mai 2010
- 9782359840070
Un geste, un objet, une sensation et Anne De Roo entrevoit l'espace d'un instant les moments du lien amoureux. Entre lien et perte, déséquilibre et repos, un temps en creux ou en plein se construit en une suite de textes courts.
Les gravures à l'eau-forte de Monique Dohy montrent l'équilibre fragile qui s'installe entre deux objets.
Ces formes en suspension se cherchent dans les plis du livre ou tout au bord de la page. Textes et images se répondent alors comme les amants peuvent le faire.