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L'Herbe Qui Tremble
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Poésie (presque) incomplète
Laurent Demoulin
- L'Herbe Qui Tremble
- D'autre Part
- 1 Janvier 2019
- 9782918220701
Voici un oiseau rare pour qui le vers classique reste une forme vivante, qu'on le coule dans un sonnet régulier ou qu'on lui forge un écrin neuf : le poème à rimes contrariées, par exemple, invitant à une double lecture horizontale et verticale.
Voici un poète insistant. Un seul poème ne lui suffit pas à épuiser un motif. Il lui faut, sur un même thème, broder des variations - en prose, en vers libres ou rimés - qui en explorent les possibles, en déploient toutes les nuances.
Voici un homme enfin en qui se disputent l'étonnement, le bonheur et l'angoisse d'être au monde, que taraudent la mémoire et la filiation, que subjugue la beauté stupéfiante des femmes. Aussi bien, jouer avec les formes, en inventer de nouvelles, n'a de sens pour Laurent Demoulin qu'au regard de cette conviction peut-être démodée : la poésie a quelque chose à nous dire. La forme, disait Victor Hugo, c'est le fond qui remonte à la surface.
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"Et ton corps et les mots, c'est pareil.
C'est tout un.
C'est tout nu."
Écrit sous l'eau est une suite de proses brèves au croisement de la poésie et de la narration, où l'on retrouve toute la puissance d'évocation du romancier Jacques Richard (la Femme qui chante, la Course, éd. Onlit).
Où sommes-nous ? Dans des lieux et un temps indéterminés, où la mer, les corps, les chemins et le ciel incertains, l'opacité du jour et la nuit alentour pèsent cependant de tout le poids de leur présence.
Qui sont-ils ? Un je qui adresse fréquemment à un tu. Deux êtres à la dérive qui boitent de n'être pas un et s'épuisent de se chercher sans fin. Mais se trouve-t-on jamais ?
Dans le secret de la chambre, l'existence n'est pas moins pleine d'ivresses et d'abîmes que dans la forêt du monde. Car vivre, c'est danser sur le fil tendu entre l'illusion de ce que nous croyons être et le péril de la réalité, dans la chair d'une langue que Jacques Richard fait parler pour nous, même et surtout quand il dit je. -
Tout est près, tout est loin : les vestiges de l'enfance, l'amitié, les amours difficiles, la mémoire et l'oubli, la solitude et l'ombre de la mort, la grâce furtive de la vie ordinaire, la mer atteinte au bout du train, les autres observés de biais, soi-même aperçu dans la glace. Funambule sur la corde du temps, Karel Logist cultive une sorte de distraction méthodique - mais méfiez-vous des distraits : rien ne leur échappe.
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Dans ce recueil d'essais portant sur des auteurs du domaine français, Jan Baetens déballe une partie de sa bibliothèque d'amateur. Chaque chapitre est l'occasion d'articuler l'examen d'un écrivain (Jean Paulhan, Léon-Paul Fargue, Valery Larbaud, Julien Gracq, Bernard Frank...) avec une question littéraire plus générale : le plaisir et les surprises de la relecture, les vertus du livre pauvre, la fécondité des erreurs d'interprétation, l'âge des textes et des lecteurs, les mécanismes de l'allusion, les limites de la hiérarchie des genres. Mais on trouvera aussi dans ces pages un essai sur la disparition des timbres-postes et des croquis de Grenade et de Brattleboro, car la vie est inséparable de la fréquentation des livres.
En se donnant pour modèle « Jaune, bleu, blanc » de Valery Larbaud, Jan Baetens renoue avec la tradition des mélanges, ces recueils de textes inclassables qui rappellent que la littérature ne circule pas que dans la fiction.
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Les poèmes de Carino Bucciarelli adoptent fréquemment une forme narrative. Ils se déploient dans un monde instable où chaque être, chaque objet est à la fois lui-même et un autre. Les rencontres, les péripéties de l'existence ordinaire y prennent l'allure d'un mauvais rêve. On y croise des personnages interlopes, les fantômes obsédants des ancêtres. L'ensemble respire une inquiétante et fascinante étrangeté, souvent empreinte d'humour.
L'imagination ne connaît pas de frontières. Carino Bucciarelli est belge d'ascendance italienne, mais l'on serait tenté de rapprocher ses poèmes et ses fictions du réalisme magique latino-américain.
Le présent recueil réunit, sous le titre « Quelques visages », un choix de poèmes écrits entre 1985 et 1992. S'y ajoutent deux ensembles plus récents, « Dix étincelles » et « Couleurs inouïes ».
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Dans un pays pourtant phénomenal
Pascal Leclercq
- L'Herbe Qui Tremble
- D'autre Part
- 4 Avril 2022
- 9782491462406
"La vie est intraitable. On se cogne aux barreaux de la réalité. On circule dans un monde instable et menaçant. On croise des personnages hostiles. On affronte des péripéties tour à tour burlesques et brutales. L'amour lui-même n'est pas une sinécure. Les rêves se désagrègent. On se réveille avec la gueule de bois. On se défait en mille morceaux. Mais on rassemble ses abattis pour tenir vaille que vaille dans un pays pourtant phénoménal.
Pascal Leclercq pratique l'humour noir comme une forme de survie et le poème en prose comme un sport de combat."
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L'ombre et autres reflets
Daniel De bruycker
- L'Herbe Qui Tremble
- D'autre Part
- 15 Mars 2023
- 9782491462550
Un poète rêve d'une oeuvre effaçable. Un livre contient une introuvable page en trop. Une peuplade pratique l'amour des essences de bois rares comme une forme de bibliophilie. Un espion est poursuivi par une mélodie entêtante qui signera l'arrêt de son destin. Des cités perdues dans le désert sont à la fois partout et nulle part... Les nouvelles de Daniel De Bruycker sont habitées de reflets trompeurs. Les lieux, les êtres, la littérature même y sont frappés d'incertitude. Elles ne connaissent d'écrivains qu'apocryphes et suggèrent qu'on n'est jamais que le prête-nom de soi-même. Le charme ensorcelant des contes orientaux ne leur est pas non plus étranger. Elles célèbrent en somme les pouvoirs mystifiants de l'imagination, pour l'égarement délicieux de la lectrice et du lecteur.
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Rome n'est plus dans Rome. Rome est toujours dans Rome. On ne se promène jamais deux fois dans la même ville, surtout quand, pour la première fois, on y retourne seul : ce livre de déambulations urbaines, de souvenirs sédimentés, est aussi un tombeau, hanté par le fantôme d'une absente. Aux poèmes répond une suite de douze photographies, d'apparence « romaine ». Ah, mais furent-elles prises à Rome ?
Cette ville, cette errance, que de raisons, toutes liées à une personne que la grammaire appelle deuxième et la vie, absente.
Devant la caisse, par toutes heures et par heureuse malchance, une file, comme pain sans croûte.
Puis je sens une main sur mon épaule, je sais qu'au moindre mouvement elle me sera enlevée.
C'est pourquoi j'aime m'arrêter dans ce bazar de fortune, je tiens à sentir deux fois ta main, celle qui me soutient, celle que je devine et qui tremble.
L'effroi aussi tient compagnie. -
Le monde est une drôle de chose.
Il est aussi plein d'objets, qu'on peut collectionner, quitte à les transformer en autre chose encore - un texte, un film, une illusion, un mensonge.
On trouvera dans ce livre, ni répertoire ni catalogue raisonné, quelques exemples de pareil passage, par collections interposées, du monde à son double.
Dresser des listes, inventorier le monde à la manière de Georges Perec ou de Thomas Clerc, ou le dupliquer à la manière de Kenneth Goldsmith, est-ce une manière de le collectionner? Comment concilier le double impératif du choix et de l'ordonnancement? Une série est-elle une collection? Existe-t-il des collectionneurs heureux ? Peut-on se débarrasser d'une collection? Est-il possible d'enseigner une collection? À quoi bon la montrer, et à qui? Telles sont quelques-unes des questions agitées en ces pages où le motif de la collection est envisagé sous divers angles : comme thème ou principe organisateur d'un certain nombre d'oeuvres, artistiques ou littéraires; comme objet éditorial ; comme manière d'être au monde chez ces personnes qu'on dit collectionneurs (plutôt les modestes amateurs que les «grands collectionneurs»). En s'interrogeant sur le devenir-collection du monde, cet essai suggère que le plaisir de la collection est celui d'inventer des rapports qui sans elle n'existeraient pas; et que «le vrai collectionneur est celui qui s'autorise le droit à l'erreur, sans craindre les faux pas. Sans ratés de collectionneur, une collection n'est rien d'autre qu'une forme d'héritage».