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L'herbe Qui Tremble
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1861-1865. La guerre de Sécession oppose les États-Unis d'Amérique et les États confédérés. Cette guerre civile est l'un des premiers conflits à être couvert par des photographes. L'un d'eux en tire la matière d'un ouvrage célèbre, « Gardner's Photographic Sketch Book of the Civil War ».
Années 1960. Un jeune garçon, en Flandre, découvre le monde des images à travers les chromos offerts dans les paquets de chewing-gum. Une des séries, consacrée à la guerre de Sécession, le marque durablement.
De nos jours. Venu aux États-Unis faire l'acquisition de photographies inédites de la guerre de Sécession, un reporter affronte des péripéties obscures de roman noir.
Entrelaçant l'Histoire, la mémoire personnelle et la fiction, Faire sécession propose une méditation sur les rapports entre la guerre et ses représentations forcément trompeuses, et, plus généralement, entre le récit et l'image. Les gravures de Frédéric Coché, qui accompagnent le livre sans l'illustrer, repensent la même thématique à la lumière de l'histoire de l'art.
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Amour quelque part le nom d'un fleuve
Alain Dantinne, Jean Morette
- L'Herbe Qui Tremble
- 1 Octobre 2020
- 9782491462000
« Amour quelque part le nom d'un fleuve » réunit un large choix des poèmes d'Alain Dantinne publiés de 1979 à 2011. Ce sont pour la plupart des poèmes du voyage, voyages intérieurs du poète qui, des routes d'Amérique du Sud à celles de Roumanie, ne cesse d'interroger les vies qu'il croise et les sentiments qui le submergent. C'est une interrogation constante sur la recherche d'amour, voyager pour chercher, rencontrer enfin ce fleuve qui se trouve quelque part.
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Poésie (presque) incomplète
Laurent Demoulin
- L'Herbe Qui Tremble
- D'autre Part
- 1 Janvier 2019
- 9782918220701
Voici un oiseau rare pour qui le vers classique reste une forme vivante, qu'on le coule dans un sonnet régulier ou qu'on lui forge un écrin neuf : le poème à rimes contrariées, par exemple, invitant à une double lecture horizontale et verticale.
Voici un poète insistant. Un seul poème ne lui suffit pas à épuiser un motif. Il lui faut, sur un même thème, broder des variations - en prose, en vers libres ou rimés - qui en explorent les possibles, en déploient toutes les nuances.
Voici un homme enfin en qui se disputent l'étonnement, le bonheur et l'angoisse d'être au monde, que taraudent la mémoire et la filiation, que subjugue la beauté stupéfiante des femmes. Aussi bien, jouer avec les formes, en inventer de nouvelles, n'a de sens pour Laurent Demoulin qu'au regard de cette conviction peut-être démodée : la poésie a quelque chose à nous dire. La forme, disait Victor Hugo, c'est le fond qui remonte à la surface.
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"Et ton corps et les mots, c'est pareil.
C'est tout un.
C'est tout nu."
Écrit sous l'eau est une suite de proses brèves au croisement de la poésie et de la narration, où l'on retrouve toute la puissance d'évocation du romancier Jacques Richard (la Femme qui chante, la Course, éd. Onlit).
Où sommes-nous ? Dans des lieux et un temps indéterminés, où la mer, les corps, les chemins et le ciel incertains, l'opacité du jour et la nuit alentour pèsent cependant de tout le poids de leur présence.
Qui sont-ils ? Un je qui adresse fréquemment à un tu. Deux êtres à la dérive qui boitent de n'être pas un et s'épuisent de se chercher sans fin. Mais se trouve-t-on jamais ?
Dans le secret de la chambre, l'existence n'est pas moins pleine d'ivresses et d'abîmes que dans la forêt du monde. Car vivre, c'est danser sur le fil tendu entre l'illusion de ce que nous croyons être et le péril de la réalité, dans la chair d'une langue que Jacques Richard fait parler pour nous, même et surtout quand il dit je. -
Alphabétiques est un abécédaire oulipien.
Vingt-six variations sur un même thème. Une lamentable histoire de drague : A désire ardemment suborner B ; B proteste avec énergie ; C intervient et ratatine A.
Vingt-six tautogrammes, un par lettre de l'alphabet. Mais qu'est-ce donc qu'un tautogramme ? Un tautogramme est un texte dont tous les mots commencent par la même lettre. Dans Alphabétiques, tous les mots du premier récit commencent par la lettre A, tous ceux du deuxième par la lettre B, et ainsi de suite jusqu'à Z.
Vingt-six images de Mathieu Labaye illustrant librement chacun des textes en jouant elles aussi de l'idée de variation.
Vingt-six variations typographiques.
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Attaques éclairs suivies de replis silencieux/ aux griffes des pleurs voici de grands chemins très blancs/ des bêtes surgissent, puis disparaissent / au point de haltes sèches/ la foudre m'a embrassé/ Demain j'irai vivre dans les forêts// Rien, ne dis rien, écoute/ ce que ce cri de vent glacé/ va détruire et proclamer/ / UN JOUR LE MOT ORAGE S'EST DECHAÎNÉ.
Que restera-t-il de la foudre et de l'orage?? Des éclairs amoureux ? La cendre des villes ? Des gestes de pluie?? Que ce qui doit tomber Tombe. C'est avec le feu dans la langue que Constance Chlore écrit nos tremblements, l'errance, la violence faite aux hommes, notre relation aux vivants. Poèmes courts, poèmes longs cherchent au rythme des battements d'ailes un espace plus large. Loin des gouttes de néant. Le feu est dans la phrase et éveille nos sens?; les vents arrivent, nous soulèvent. L'oeil vient aux fleurs?; le vol des oiseaux n'est jamais loin. Aimer ressemble à une aile.
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Prix Georges-Perros 2009.
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Dans ce recueil d'essais portant sur des auteurs du domaine français, Jan Baetens déballe une partie de sa bibliothèque d'amateur. Chaque chapitre est l'occasion d'articuler l'examen d'un écrivain (Jean Paulhan, Léon-Paul Fargue, Valery Larbaud, Julien Gracq, Bernard Frank...) avec une question littéraire plus générale : le plaisir et les surprises de la relecture, les vertus du livre pauvre, la fécondité des erreurs d'interprétation, l'âge des textes et des lecteurs, les mécanismes de l'allusion, les limites de la hiérarchie des genres. Mais on trouvera aussi dans ces pages un essai sur la disparition des timbres-postes et des croquis de Grenade et de Brattleboro, car la vie est inséparable de la fréquentation des livres.
En se donnant pour modèle « Jaune, bleu, blanc » de Valery Larbaud, Jan Baetens renoue avec la tradition des mélanges, ces recueils de textes inclassables qui rappellent que la littérature ne circule pas que dans la fiction.
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Les poèmes de Carino Bucciarelli adoptent fréquemment une forme narrative. Ils se déploient dans un monde instable où chaque être, chaque objet est à la fois lui-même et un autre. Les rencontres, les péripéties de l'existence ordinaire y prennent l'allure d'un mauvais rêve. On y croise des personnages interlopes, les fantômes obsédants des ancêtres. L'ensemble respire une inquiétante et fascinante étrangeté, souvent empreinte d'humour.
L'imagination ne connaît pas de frontières. Carino Bucciarelli est belge d'ascendance italienne, mais l'on serait tenté de rapprocher ses poèmes et ses fictions du réalisme magique latino-américain.
Le présent recueil réunit, sous le titre « Quelques visages », un choix de poèmes écrits entre 1985 et 1992. S'y ajoutent deux ensembles plus récents, « Dix étincelles » et « Couleurs inouïes ».
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Une vie d'éclairs : le titre ne ment pas. Un éclair, c'est à la fois de l'électricité et de la lumière. C'est une énergie intermittente, qui illumine violemment un lieu et un moment, puis s'interrompt, et reparaît plus loin, pour un nouvel accès de clarté.
Le narrateur unique de ce livre est un curieux personnage. Un voyageur mystérieux qui ne semble connu de personne, qui cache sa vie, qui donne de faux noms, qui n'a aucune mission à accomplir, qui repart à peine arrivé, qui mène vingt vies différentes en une seule année, et qui cherche sans se lasser quelque chose qui se dérobe au regard. Quelque chose mais quoi ? L'amour ? La vérité ? La paix ? Le bonheur ? Tout cela, sans doute, et autre chose encore...
Une vie d'éclairs est un livre de récits au galop qui traversent les cahots de la vie, à la recherche de l'équilibre et d'un bonheur toujours fuyants. Il offre au passage des tableaux saisissants, des rencontres de pur enchantement, mais aussi des drames, des chagrins, des morts. L'impression générale qui en ressort est contrastée. Parfois amère, parfois douloureuse ; mais le sentiment qui prédomine est celui d'une constante liberté.
Ces vingt-quatre nouvelles qui se succèdent à un rythme rapide constituent un ensemble organisé. Chaque récit rebondit sur le suivant, pour créer un effet d'urgence. Peu à peu, l'unité de l'ensemble se dessine : un univers traversé par une onde de vitesse et de péril diffus, avec çà et là des moments de grâce, comme des haltes entre deux voyages, comme des pauses entre deux combats.
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Tout est près, tout est loin : les vestiges de l'enfance, l'amitié, les amours difficiles, la mémoire et l'oubli, la solitude et l'ombre de la mort, la grâce furtive de la vie ordinaire, la mer atteinte au bout du train, les autres observés de biais, soi-même aperçu dans la glace. Funambule sur la corde du temps, Karel Logist cultive une sorte de distraction méthodique - mais méfiez-vous des distraits : rien ne leur échappe.
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« Derrière les maisons » que voit le poète? Qu'y découvre-t-il ? Un jardin, un ruisseau, le printemps, des arbres. Il aime jardiner, marcher, contempler la nature, qu'une main sur l'épaule le surprenne. « On sait qu'en son jardin/ on effleure déjà le paradis ». Souligner la discrète vibration d'une feuille, se laisser traverser par le vent, être enlacé par une lumière tendre, tout ce qui s'observe, tout ce qui se ressent, nous entraîne à méditer avec le poète notre condition de passants sur terre. Mais il sait aussi que le « chemin dénoue les peurs/ t'emmène plus loin ».
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Le recueil est constitué de deux parties : Petite Suite de l'incendie et de la dévoration et R.B.
Dans Petite Suite de l'incendie et de la dévoration, sept poèmes se suivent et se répondent, petite suite qui va de matin en matin pour déboucher sur le dernier poème « Et puis la nuit ». Entre-temps a eu lieu l'incendie de la dévoration :
On mange lentement la matière de la peur on mange l'ébranlement de la nuit dans le coeur comme un couteau carnivore « C'est quelque chose à l'intérieur de moi, explique l'auteur, qui me donne l'impression d'être dévorée. L'incendie de la dévoration, c'est accepter de céder à ce qui dévore, et je le dis par l'écriture et la poésie. » « R.B., ce sont les initiales d'une femme qui m'a bouleversée par la manière dont elle vivait un deuil. J'ai réalisé combien j'aime les femmes, combien ce qu'elles vivent me touche. Toutes les femmes que je connais contribuent à ce que je suis. R.B. m'a donné à toucher cette présence. » J'écris R.B. pour toutes les femmes.
Pour leurs seins dans mes seins, leur ventre dans mon ventre, leurs mains et leurs silences.
Et aussi leur fatigue dans ma fatigue.
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D'écluse en écorce est un court recueil écrit à deux mains. Deux poètes se rencontrent puis se quittent, le temps d'un livre.
Marc Dugardin est un poète belge, auteur de nombreux recueils publiés en Belgique comme en France. Sa poésie se nourrit de musique, de solitude et de fraternité.
Alexandre Valassidis est un jeune poète, remarqué dès ses deux premiers recueils, son écriture est grave, nourrie aussi de solitude.
La différence d'âge, écart de presque une vie, les poètes l'expriment avec retenue, discrétion, on ne sait qui du jeune ou du plus âgé, demande aide, conseil, réconfort sur l'état du monde en chacun d'eux. Nous nous trouvons dans la très belle poésie, oeuvres de deux poètes devenues une pour quelques pages.
La rareté de cette démarche, deux écritures pour une lecture, et la richesse de l'échange nous ont convaincus de publier ce recueil.
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Depuis qu'il n'y a plus de papillons sur terre il n'y a plus d'anges musiciens dans le ciel
Pierre Garnier
- L'Herbe Qui Tremble
- 1 Mars 2011
- 9782918220121
Une partie de l'oeuvre, visuelle et linéaire - il n'y a pas de différence pour lui - de Pierre Garnier est bâtie sur l'évocation de l'enfance, qu'il évoque, raconte, reprend et réécrit sans cesse. C'est de cette expérience qu'il s'agit ici. Devant l'impermanence du quotidien, le poète recrée à l'infini des images poétiques : c'est une poésie circulaire, comme le cycle des saisons, comme le cycle de la vie. « Depuis qu'il n'y a plus » : nous pourrions n'y lire qu'un poème pessimiste, nostalgique. C'est tout l'inverse qu'il révèle. Toutes les choses finies que le poète amasse, il les raconte, il en exalte la nature et l'homme indissociés : tout devient «merveilles», tout le poème est au présent, car l'enfance est éternelle et ne tarit jamais pour le poète. Pour réanimer le soleil de l'enfance, Pierre Garnier, avec douceur mais non sans feu, non sans émotion, nous entraîne dans sa réalité. « Il sort du réel, il entre dans le vrai », dit Victor Hugo du poète. Il est aussi la mémoire du monde, son monde, ses champs, son église, ses ruisseaux, ses oiseaux et ses blés, ses papillons, ses escargots, dont nous avons, autant que les oeuvres d'art, les récits de l'Histoire, les peintures des grottes, besoin pour vivre.
De même qu'on ne subdivise pas l'expérience de la vie d'un homme et qu'on ne la sépare pas de son langage - la poésie naît de ces allers-retours -, de même sont unies poésie spatiale et poésie linéaire. Qu'importe comment surgit le poème : sans images, pas de poésie. Images et mots s'associent pour entrer dans l'être ; ces mots et ces images n'ayant rien de communs visiblement, nous devons tenter de voir l'invisible. Ce qui ne se voit pas à première vue, c'est pourtant ce qui éclaire finalement : la poésie de Pierre Garnier est une source de lumière.
Certains des poèmes qui composent ce livre sont extraits de Botschaften der Sonne / Messages du Soleil (éditions Ralf Liebe, Weilerswist, Allemagne, 2008), inédit en France, et du Testament de Saisseval (éditions G&g, Berthecourt), paru en 2006.
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Une vie mélangée réunit une soixantaine de poèmes écrits sur plusieurs années (le plus ancien remonte à 1969). C'est un livre bref mais tout entier condensé autour d'un point, la condition humaine que l'art peut rendre visible. C'est, au fond, la question à laquelle chaque artiste, et poète, tente de répondre.
Philippe Lekeuche parle ainsi son recueil : « Lorsqu'on jette une pierre dans un étang, des cercles se forment à partir du point d'impact, s'élargissant lorsqu'ils s'éloignent du centre et allant jusqu'à s'éteindre à partir d'une certaine distance : c'est de la dissipation. Le livre présente le mouvement contraire, une concentration autour du point central. C'est de la condensation, voilà ce que fait le recueil. » Spiritualité, énoncé du quotidien, forme douce d'humour, recherche de sa vérité, en souffrant, en désespérant, en riant, en désirant, font du poète un homme entier.
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Ce livre met en scène des rencontres, des nuits, des chambres, des morsures, des pleurs, des baisers, des corps nus, des appels, des taxis, des vitres, des escaliers, des beaux visages, des mensonges, des jouissances rapides, des parfums qui flottent longtemps, des regrets, des moments de douceur inattendue, des draps tordus comme des lianes, des mains serrées, des regards qui se détournent et qui se perdent. Toute la vie du héros tourne autour d'un point unique qui est l'amour. Toutes les femmes qui sont évoquées semblent atteintes de la même et funeste folie. Le plaisir n'est rien. L'espérance n'est rien. Le bonheur n'est rien. Ce n'est pas cela qu'ils cherchent, mais autre chose, qui les brûle même s'il n'existe pas. À la fois carnet amoureux, journal d'une guérison impossible, tableau de moeurs modernes, « l'Amour et puis rien » est aussi une enquête menée à l'envers pour remonter à la source des passions. C'est un roman qui raconte comment une vie consacrée à un but unique, poursuivi en dépit de tout, finit toujours par récolter quelques fruits d'or. Le narrateur ment : il prétend n'être qu'un amoureux. Il est probable qu'il n'est qu'un écrivain.
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Ce recueil de Fabien Abrassart a été écrit après un voyage à Jerusalem et à Auschwitz laisse entendre le préfacier, qui précise : Les poèmes, "denses", « gravitent autour de ce point de non retour dans l'humain » que furent les catastrophes du 20ème siècle. Être humain cela s'oublie vite, le poète est là pour nous rappeler que nous le sommes toujours, humains, que l'homme n'est jamais loin et qu'il ne faut pas le laisser s'atténuer, s'effacer, disparaître. Le poète l'écrit avec une rage non contenue, par de petites historiettes, et même une « chansonnette » :
« dans le visage un trou d'obus entre deux tasses de café qui mène à mort les étrangers revient toujours la haine au cul » car, « s'il n'émeut le salaud à quoi bon le poète ».
Avec ses peintures, Marie Alloy nous donne une raison de plus de croire que la mémoire aussi sombre soit-elle recèle bien cet humain qui ne nous quitte jamais.
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Tombeau de Christopher Falzone raconte en quelques poèmes la courte existence du pianiste américain, Mort à 29 ans, Christopher Falzone était un génie du piano, il était beau, aimait rire, aimait sa femme de 20 ans plus âgée, était diagnostiqué fou, fut enfermé. Pour se libérer de l'enfermement et des médicaments il prit la voie des airs.
C'est ce que raconte Jean-Louis Rambour en quelque 50 courts poèmes. Il entre dans la pensée de Falzone, il le comprend, ne paraît pas s'émouvoir de son destin.
Le poète raconte quelques moments de l'enfance du virtuose, d'autres avec sa femme «Lilas», d'autres dans l'hôpital qu'il supportait mal.
On dit de l'enfant qu'il est une «éponge», qu'il voit tout, retient tout et raconte sans mettre de l'ordre dans le récit. Les poètes savent garder certaines choses de l'enfance et Jean Louis Rambour, qui en a gardé le sens de l'observation, raconte, comme s'il y était entré, les mouvements du cerveau de Christopher Falzone. C'est à nos yeux un grand talent poétique.
Chez Jean Louis Rambour, la poésie est dans le récit des autres, qui ne nous ressemblent pas mais auxquels nous nous identifions. Il y a chez l'homme, nous dit JL Rambour, une communauté des émotions, des joies et des souffrances, et c'est au poète de nous la rappeler.
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Des pierres de mouvances suivi de marche du lierre et de siècles ciselés
Gérard Legrand
- L'Herbe Qui Tremble
- 15 Octobre 2018
- 9782918220695
Proche d'André Breton, Gérard Legrand fut un membre important du groupe surréaliste de 1948 jusqu'à la dissolution du groupe en 1969. Le présent volume réunit ses trois premiers recueils de poésie, « Des pierres de mouvance » (1953), « Marche du lierre » (1969) et « Siècles ciselés » (1973). Le lecteur y découvrira une poésie altière déployant un faisceau d'images somptueuses, où le souci de se saisir dans sa vérité profonde - hors de tout épanchement existentiel ou biographique - se nourrit d'un contact essentiel avec le monde naturel, mais aussi de références à la mythologie, au jazz et au cinéma, de Johnny Hodges à la « Laura » d'Otto Preminger.
Cette réédition s'accompagne de six collages de Gérard Legrand.
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Toute forme d'excès est absente de la poésie de Véronique Wautier. Elle privilégie au contraire le registre de la discrétion : pas de mots à l'emporte-pièce, pas de grandiloquence, mais quelques moments de notre vie difficiles à traverser que son langage parvient, grâce à une économie d'effets, à nous rendre acceptables.
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Anachroniques : causeries
André Doms
- L'Herbe Qui Tremble
- Trait D'union
- 1 Novembre 2021
- 9782491462222
Anachroniques poursuit la discussion commencée dans Topiques. Ainsi nous retrouvons l'homme en colère contre cet «Empire» qui s'impose dans nos espaces économique et mental, pèse sur nos pensées, tente de les dominer, y est peut-être presque parvenu, nous transforme avec le consentement de beaucoup. Mais pas de tous.
André Doms partage ses réflexions - dans lesquelles résonne un peu d'ironie - à travers des causeries qui nous appellent à dire parfois : «Non.» EXTRAIT [...] Rien de moins nouveau que ce leurre, l'arche de Noé. L'être est apparition et disparition, toutes deux évidentes bien qu'impénétrables à notre propre conscience. Pourquoi (se) mentir sur un monde imaginaire et manquer le réel ? Entre deux rêves vivons le rêve de vivre. Il avance, il me semble. [...]
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On met longtemps à voir ce qui est sous nos yeux. On doit apprendre à distinguer les contours de la réalité comme on apprend une langue inconnue. La mémoire se déclenche à retardement. Il suffit parfois de remettre ses pas dans ses pas effacés. Les voyages suspendus, les tarmacs, les voix enregistrées, prennent alors tout leur sens. Les images se précisent, les émotions reviennent avec une force inouïe. L'impression de feu dans la brume devient vision pure. Elle trouve ici à s'appliquer à des souvenirs sans visage, d'abord à New York, puis dans une ville dont le nom n'est prononcé nulle part et qui est la terre natale : cet endroit toujours hors d'atteinte, sauf à la veille d'un nouveau départ.
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Les poèmes en prose d'Entre-temps disent la vie dans un corps âgé. L'entre-temps, n'est-ce pas ce moment unique, garant d'intensité, la vie ?
Dans cet entre-temps, il faut exister, pleinement, sans concession :
« La nuit monte, sans qu'on y regarde. Pas ébloui ni pris de vertige, l'oeil au liseré suit notre route : sangs, sueurs et hontes, courtes gloires, et si rares les amants qui larguent. Je m'acquitte : dettes du ventre et du coeur. Car la tête fait long feu, et mieux vaut le désordre de vivre, ces sentiers nés de mes pas que les carrés de Lenôtre. Je ne me trafique plus. Homme entre chien et loup, chaque jour moins sûr de plus de choses, peu à peu, je me quitte. Heureux, encore, d'avoir été. » Au seuil de la vie, reste l'amour :
« Seul s'allège le coeur. Miroir où tu t'envisages. Naître et ne plus être échappent au passant. L'amour, cependant. » André Doms, à quatre-vingts ans passés, ne s'encombre pas de la vieillesse : il vit.