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Les Boîtes en carton est le livre qui fit connaître Tom Lanoye au grand public en France en 2013. Comme le signale la première phrase : « Ceci est la relation d'un amour banal et de son pouvoir dévorant », il s'agit de l'histoire d'un gamin issu d'un milieu populaire qui, lors d'un voyage scolaire organisé par une caisse d'assurance « Les Mutualités Chrétiennes » au début des années soixante, tombe amoureux d'un des garçons qui participent à l'excursion.
L'homosexualité approchée sans tabou fit le succès du livre mais, au-delà de cette relation aujourd'hui encore sulfureuse dans un pays catholique, l'auteur dessine une galerie de portraits, tant de son milieu familial que scolaire criants de vérité, souvent cruels et hilarants. Avec cet art de la caricature et du burlesque qui a enchanté les lecteurs de La Langue de ma mère, Tom Lanoye parvient à nous faire revivre cette période de l'après-guerre avec ses poncifs et son euphorie, et cette région, la Flandre, qui faisait, alors, complètement partie de la Belgique..
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Maarten Seebregs, un homosexuel dans la cinquantaine, malade, fauché et sans travail, ne peut oublier Gaëtan, l'amour de sa vie, mort quelque temps auparavant. Cynique, mais avec le sourire, il vivote de ses derniers centimes, sans aucun horizon. C'est alors qu'un inconnu lui fait une proposition avantageuse : épouser sa fiancée africaine, car après deux mariages avec des étrangères, l'homme est tenu à l'oeil par la Police des Étrangers. Aussitôt que la jeune femme aura acquis la nationalité belge, Maarten pourra divorcer et garder l'argent. L'homme ne pose qu'une condition : « Tu te maries avec elle, tu vis avec elle. Mais si tu la touches, je te massacre. » Maarten finit par accepter et le roman nous raconte la cohabitation bizarre entre lui et la jeune Africaine désinvolte. Rien ne les rapproche et pourtant une sorte d'affection vraie finit par les lier.
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Deux Tony Hanssen, parfaits homonymes, flamands l'un et l'autre, tous deux en manque d'argent, dérivent dans des pays lointains.L'un, looser sans illusions, a quitté son milieu bourgeois provincial et ses études universitaires pour courir le monde d'un bateau de croisière à l'autre. Habitué à user de ses charmes auprès de riches passagères, il se trouve à Buenos Aires, gigolo de la vieille épouse d'un mafieux chinois, Bo Xiang, après avoir perdu gros dans la plus grande maison de jeu de Macao.L'autre, informaticien surdoué et arrogant, a fui la Belgique après la faillite de la banque qui l'employait. Les dirigeants voulaient lui faire porter le chapeau. Avec, dans ses bagages, des clés USB pleines de secrets d'affaires, il s'introduit dans une réserve naturelle d'Afrique du Sud pour traquer un animal protégé, ce qui peut lui rapporter gros.Les deux Tony se rencontrent en Asie et, par l'intermédiaire de Bo Xiang, s'apercevront que leurs destins sont liés. Avec ces deux Flamands projetés dans le monde, Tom Lanoye fait une nouvelle fois un portrait grinçant de la Flandre et à travers elle, de l'Europe dont elle est « le nombril malodorant ». Ces deux homonymes ne peuvent oublier leurs racines, leur petit pays plat aux idées étriquées, symbole d'un Occident usé qui contamine les autres continents.
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Molem' : ainsi disent les jeunes d'origine maghrébine à Molenbeek Saint-Jean. Ainsi se sont-ils approprié le nom de la commune bruxelloise où souvent ils sont nés. Le faubourg au passé populaire, et demeuré populeux, s'est retrouvé placé sous les feux de l'actualité après les attentats de Paris du 13 novembre 2015, en raison des attaches molenbeekoises de certains terroristes.
Oui, il existe des zones de non-droit à Molenbeek, oui, la commune souffre d'un chômage endémique. Mais les médias ont fait mine de tomber des nues en ce novembre noir, alors que les ferments de la radicalisation d'une partie de la jeunesse étaient déjà connus voici plus de dix ans. La jeunesse n'y est pas si déconnectée que cela du monde et du mode occidental, mais l'oisiveté forcée la conduit parfois à des actes de forcenés.
C'est cet arrêt sur image que la jeune journaliste Hind Fraihi, attachée au quotidien Flamand Het Laaste Nieuws, a dépeint dans Undercover Molenbeek (En immersion à Molenbeek).
Au moment de la rédaction de son livre, qui se lit comme un roman, Theo Van Gogh venait de payer de sa vie sa critique de l'Islam. Du fait de ses origines marocaines, Hind Fraihi était à même de décrire une jeunesse ballottée entre errance dans la rue et prêches enflammés. Côté obscurantiste, c'est la loi du silence sous la burqa, la sourde mainmise de l'Arabie saoudite sur des consciences déboussolées, côté plus rose et punk, les fashionistas musulmanes, la poupée, un aimable fantôme.
Infiltrée dans Molenbeek, Hind Fraihi a écrit son témoignage dans un néerlandais tel que le parle une partie de la population immigrée, une langue réinventée, avec ses raccourcis, son sens du direct, comme cela se passe pour l'anglo-américain des ghettos noirs de Chicago.
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Le 4 juillet 1989, en pleine guerre froide, un MiG (avion russe) s´écrasait sur une maison à Kooigem, petit bourg de Flandre, près de Courtrai, en Belgique. Cet événement minime mais inouï fut à deux doigts de déclencher un conflit entre les blocs de l´Ouest et de l´Est.
Tom Lanoye prend prétexte de ce fait divers pour imaginer la vie banale d´une famille flamande bouleversée par ce cataclysme. Avec un humour ravageur, Lanoye mêle petite et grande Histoire. Le drame ordinaire d´une femme trompée, drôle et poignant, se déroule tandis que deux chefs d´état-major américains, sur une base belge en alerte maximale, suivent la trajectoire de ce MiG qui viole l´espace aérien occidental.
Voici comment les hommes vivent, en Flandre ou ailleurs, en attendant que le monde vole en éclats...
Tom Lanoye est un écrivain flamand très populaire en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne, où il est le dramaturge étranger le plus joué. Digne successeur de Hugo Claus et de son célèbre Chagrin des Belges, il allie un regard sarcastique sur la société flamande à une tendresse ironique et lucide. Les Éditions de la Différence ont publié son premier roman traduit en français, La Langue de ma mère, en 2011, Forteresse Europe, en 2012 et Tombé du ciel, en 2013.
Traduit du néerlandais (Belgique) et préfacé par Alain van Crugten