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La Difference
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Enfant, tu venais d'avoir cinq ans. Cinq ans d'une vie éclair. Cinq ans de remue-ménage, de rebondissements et de sourires d'espoir. Tout passerait vite de sourires, coups de dés, coups de Dame, sans y croire. Tout passerait le temps d'une vie éclair, semée ci et là d'heures d'inconsciences et de comas, de sourires et d'espoirs. Tout passerait le temps d'un dernier soupir, d'un dernier espoir, d'un dernier refus de soleil noir. Ton père tenterait de te réanimer, préférant voir une nouvelle absence, une crise dérisoire. Ton père tenterait de te réanimer, casserait l'ampoule de valium, aspirerait le valium dans la seringue inversée, injecterait le valium dans ton petit cul, dans ton petit corps de chair dérisoire.
Sous le pseudonyme de Ben Arès se cache un jeune écrivain liégeois, sans concessions, attentif à la place du poète dans sa ville. Depuis quelque temps déjà, la poésie l'accompagne : " La poésie m'est tombée dessus, peu après certaines lectures... Cette rencontre a eu lieu assez tard, vers l'âge de vingt ans. Une série de hasards, une suite d'événements ont en quelque sorte "préparé" cette rencontre. "
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Thibaut Binard, jeune poète liégeois, s'est suicidé le 16 septembre 2005. Il avait envoyé à La Différence ce recueil : Diagonal doce. Son ami Karel Logist le présente : " Thibaut Binard est né en novembre 1980. Il a vécu en Belgique, à Liège et dans beaucoup d'autres lieux. Il n'aimait pas seulement les livres et la littérature, mais aussi la musique, les voyages, l'amitié et par-dessus tout la rencontre. Après une licence en philosophie, il s'est mis à la recherche de ses limites. Et à remplir ses promesses. Sa vie fut dès lors passionnément habitée par l'écriture. Il faisait des poèmes en regardant plus loin. Quelques-uns d'entre eux ont paru en revue. Son premier livre, Lancer, est paru à Bruxelles chez Maelstrom l'année dernière. Thibaut a choisi de partir le 16 septembre 2005. Il nous laisse de nombreux poèmes, des notes, des lettres et deux romans.
Et voici que surgit Diagonal Doce, un livre "vivant", né de sa rencontre avec l'Amérique latine. Et Thibaut Binard, c'est certain, aurait aimé notre surprise, lui qui a toujours eu une question, un voyage et un rêve éveillé d'avance sur nous tous. "
Diagonal dos C'est un paysage lunaire. On y marche sans grande peine La fatigue est derrière soi On y marche sans cratère devant soi sans Plus de côte, sur l'horizon, sur l'altitude Et les pieds s'enfoncent dans les galets - c'est surtout pour cela que ça ressemble à la lune - avant de gagner les tremplins. Alors le regard plonge et s'abîme comme sur un chariot fou Alors les paupières ne retiennent plus le jaune d'oeuf de tes yeux qui Dégringolent les versants ondulés Qui glissent sur la patinoire de la projection, cette projection : toi-même ayant sauté. Mais tu ne sautes pas car tu as faim alors les yeux voyagent plus Et mieux Mais tu ne sautes pas car le soleil t'agrippe Il est plus près de toi
Il te colle à la peau Il est plus près de toi ; vous êtes deux vigiles Et le fond du canyon implore votre clémence.
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L'oeuvre de Serge Delaive, Liégeois pérégrinant de l'Argentine à la Corée, se construit, tantôt poèmes, tantôt romans (il a reçu le prix Rossel en 2009 pour son roman Argentine). Mais c'est toujours sur le voyage qui nous ramène à la solitude essentielle, que s'ancrent ses textes. D'un bout à l'autre des continents, dans l'apogée ou le déclin des civilisations, l'homme ne change pas et chemine sur le vide : " Nous marchons des heures et des heures / nous parcourons des distances prodigieuses / à travers les montagnes les étendues blanches / les forêts sombres l'enchevêtrement urbain / il nous arrive parfois de nous retourner / pour évaluer la réalité du trajet parcouru / alors nous cherchons l'empreinte de nos pas / et chaque fois nous posons un constat identique / il ne reste aucune trace pas le moindre indice de notre passage sur la surface écaillée de la sphère étrange. " Serge Delaive est né à Liège en 1965. Il a publié plusieurs recueils en Belgique. En compagnie de Karel Logist et de Carl Norac, il anime la revue littéraire Le Fram.
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Après Le livre de la neige publié en 1990 et qui obtint le prix Max Jacob en 1991 et La Rose de décembre et autres poèmes paru de manière posthume en 2004, ce Prologue au silence, si mince et si dense, vient confirmer la nature métaphysique de la poésie de François Jacqmin. Écoutez :
Là, c'est installer la distance où l'être s'effondre dans le plaisir d'être là.
Ou encore :
Il faut s'étonner d'une certitude davantage que de l'inconnu, frais et limpide comme l'eau du monde.
On apprend dans la postface due à Catherine Daems que l'oeuvre de Jacqmin compte des milliers de pages inédites. Comme son illustre devancier, Pessoa, François Jacqmin, être modeste et secret, ne pensait sans doute pas que ses contemporains soient prêts à entendre à ce qu'il avait à leur dire. Le temps est venu d'écouter un des plus grands poètes de langue française.
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En attendant Bénarès la quête de son nom en attendant Bénarès sur la côte la quête de son ombre voilà qu'il gardait les braises à nu du fragile équilibre voilà que l'heure brûlait et s'imposait de poser les limites de pied ferme la maîtrise de la langue où passion n'est plus la réponse du chant manquant mais la voie de l'unité du poing qui sert l'étranger l'étrangère aux lèvres de lune et d'air aux retours ô combien discrets et songeurs
Sous le pseudonyme de Ben Arès - nom évoquant les voyages - se cache un jeune écrivain liégeois et sans concessions, attentif à la place du poète dans sa ville. Depuis quelque temps déjà, la poésie l'accompagne : « La poésie m'est tombée dessus, peu après certaines lectures... Cette rencontre a eu lieu assez tard, vers l'âge de vingt ans. Une série de hasards, une suite d'événements ont en quelque sorte "préparé" cette rencontre. Avant d'écrire des poèmes, j'aimais déjà l'écriture, de lettres, par exemple », explique Ben Arès.
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Qui souffle sur la paume ! L'haleine rêve de roses et nul ne caresse l'eau qui coule à travers corps pour mieux irriguer les poèmes. Invisible haleine sans mots ! Tout dire sans rien dire ! Ton fragile regard en mon regard. Et l'aérienne existence proche du vent, de la clarté ! Ne ferme pas les paupières. Poussière d'or : un seul reflet.
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Christ film Dans la rue aux bastringues la grosse dame vend des cartes postales obscènes.
Grouillement bleu violet la lune est large et chaude et sur les joues de la femme tous les regards de la foule en joie.
Le bar, le rire hystérique des carreaux rouges dans la nuit est un clavier en délire qui pianote une musique aigre une musique nègre.
Tout à coup éclairs soleils éblouissement gong jazz-bands bonds violons carillons masques hanches danses ventres spasmes cris La redécouverte d'un poète belge, ami de Magritte, et dont les livres, aujourd'hui épuisés, ont été publiés au Mercure de France et chez Gallimard.
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