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P.O.L
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Morceaux choisis et autres morceaux choisis
Christophe Tarkos
- P.O.L
- Poésie - Théâtre
- 10 Octobre 2024
- 9782818061855
Depuis la mort de Tarkos, en 2004, les éditions P.O.L ont publié plusieurs volumes pour remettre en circulation les textes qui n'étaient plus disponibles. En prolongement des Écrits poétiques (2008), de L'Enregistré (2014) et du Kilo et autres inédits (2022), ce volume rassemble les livres que Tarkos a publiés chez différents éditeurs (L'Évidence, Les Contemporains Favoris, AIOU, Al Dante, Contre-pied, Derrière la salle de bains), très souvent épuisés ou introuvables, et qui n'avaient pas encore été réédités. Avec ce volume, l'intégrale de l'oeuvre publiée de Tarkos est désormais accessible aux éditions P.O.L. Les Morceaux choisis donnent à lire les débuts de Tarkos, quand il détaille tout ce qu'il sait faire et, d'une certaine façon, annonce tout ce qu'il va faire, des formes basiques et vivantes comme des lignes, des carrés, des ronds et des dessins. Cette « méthode » de fabrication permet aussi de publier quelques nouveaux inédits (Poèmes d'une ligne, Le besoin, La sensibilité, ou Quelques millimètres). Ainsi qu'une salve de neuf « notices biographiques » encore inédites également.
Ces Morceaux choisis et autres morceaux choisis nous font pénétrer dans l'atelier Tarkos, sa langue, son imaginaire artisanal, jusqu'à des listes de poèmes à écrire. Ces listes des travaux en cours (dont huit sur dix n'ont pas été réalisés) sont un lieu fascinant d'élaboration d'intentions formelles diverses et complémentaires. Un même projet peut, au fil des catalogues, listes de travaux ou biographies, recevoir des définitions chaque fois remaniées et se décliner sous différentes formes. -
Michael
Bon, restons nous-mêmes, et restons ici, mais finissons-en. Il doit bien y avoir une chanson pour ça.
Fan
Une chanson de toi, Michael, mon coeur ! Il y a une chanson de toi pour toutes les situations et pour toutes les humeurs.
Michael
Je l'ai cru longtemps, mais là, j'ai beau chercher, je ne vois pas. Une chanson qui dise à la fois la tristesse d'avoir raté sa vie et la fierté d'avoir rendu les gens heureux, ça n'existe pas. -
' Deux mots placés au fond d'une grotte sont aussi l'espace du langage. Je pénètre à nouveau dans cette grotte et m'enfonce dans les soubassements du langage, armé de ce paradoxe qui doit nous servir de guide. Avec cette contradiction, creuser la langue, en explorer les galeries ; ouvrir l'espace des mots pour y découvrir des cavernes insoupçonnées. '
Valère Novarina -
'Ne laisse pas ma part obscure me parler. Je me suis dispersé là-bas. Je suis obscur. Mais là, même là, je t'ai aimé à la folie. Je me suis perdu et je me suis souvenu de toi... Maintenant je reviens vers ta source. En feu. Le souffle coupé. Personne pour m'en empêcher. Je vais la boire. Je vais en vivre. Je ne suis pas ma vie. Je vis mal de moi. J'ai été ma mort.' Livre XII, 10 'Interpellations, confidences, exhortations, aveux, micro narrations, souvenirs, hymnes, fictions, louanges, analyses exploratoires, déplorations, cris, anathèmes, psaumes, discours, chants... J'ai voulu, par une nouvelle traduction intégrale du texte d'Augustin, rendre justrice à cette véritable odyssée personnelle, à ce voyage intime dans le temps, la mémoire de soi et l'écriture. Augustin révolutionne ainsi la confession antique, détourne la littérature classique, et fait exploser les cadres anciens à l'intérieur desquels nous avons l'habitude de nous réfugier et de penser notre vie.' Frédéric Boyer.
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ni pendu ni au pied d'une potence, mais à Vianden une araignée, un rhino au carnaval, un lion dans un studiolo, dans une mare une chorale de grenouilles, etc. l'animal figure, sa note inimitable
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Une disposition primitive
Claude Royet-Journoud
- P.O.L
- Poésie - Théâtre
- 14 Novembre 2024
- 9782818062074
' Après le cours, l'étudiant posa une de ces questions qu'on pose dans une phrase et dont la solution demande toute une vie. Mais cet étudiant était de ceux qui viennent et ne reviennent pas. '
Marcel Jousse -
L'Art Poetic' est un recueil de poèmes 'en série qualifiée', sorte de mise en vers de la grammaire du 'bon usage'. Olivier Cadiot s'appuie sur un système de répétition détournée du mot qui prend tour à tour toutes les formes que la syntaxe et le sens veulent bien lui donner. Et des détours par la langue latine, l'Angleterre, la musique.
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Ça va bien dans la pluie glacée ?
Dominique Fourcade
- P.O.L
- Poésie - Théâtre
- 22 Février 2024
- 9782818061022
Avec ce nouveau long poème qui alterne vers et prose, écrit dans l'urgence, Dominique Fourcade offre une déploration intime, amoureuse, et collective sur les événements tragiques de la guerre Israël - Gaza. « c'est le déluge qui se produit en Palestine-Israël et qui engloutit l'Occident. une douche de sange réciproque qu'il est de mon destin de vivre en écrivain » Il nous entraîne jusqu'à un désamour crépusculaire, tout en passant par les plus folles et excitantes pensées et visions (comme le chantier de Notre-Dame la nuit éclairée par les néons, pour son « lyrisme laïc »). Le poème devient le lieu où chercher auprès d'artistes, dans des textes, des références, des images, des obsessions, et en soi, l'impossible responsabilité de chacun devant le désastre du monde.
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Une articulation sensée
Une prochaine articulation
Une centaine d'articulations
Un millier de poulets
Une appréhension saine de la réalité
Une opposition avec franchise
Une articulation soudaine instinctive
Une production de mille poulets/jour
Une véritable articulation lourde de sens
Une simplification à l'extrême
Une opportunité de croire à une saine articulation -
Un homme parle à des animaux, c'est-à-dire à des êtres sans réponse. Il prononce Le Discours aux animaux qui est une suite de douze «promenades», une navigation dans l'intérieur - c'est-à-dire d'abord dans sa langue et dans ses mots. Un homme parle à des animaux et ainsi il leur parle des choses dont on ne parle pas : de ce que nous vivons, par exemple, quand nous sommes portés à nos extrêmes, écartelés, dans la plus grande obscurité et pas loin d'une lumière, sans mots et proches d'un dénouement. Les autres siècles appelaient ça «crise intérieure», le nôtre «dépression». Valère Novarina pense que c'est un état très nécessaire, très salutaire, à ne pas soigner : l'homme a encore beaucoup à se parler à lui-même...
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« Tu es né à Draâ Ben Khedda, près de Tizi Ouzou, sur une montagne magique. Au fil des ans, tu subis les affres d'une décolonisation ratée sur une terre hostile à Alger. Par-dessus le marché, ton père s'avère ne pas être ton père et ta patrie se compromet dans des querelles fratricides. Alors, comme tant d'autres, tu suis l'exode aveugle qui, de logements radieux en prisons modèles, clouera définitivement le bec à tes illusions. Dans un ultime baroud tu t'engages à la Légion étrangère où tu te fonds sans mal dans le paysage. On te retrouve femme de ménage nettoyant l'infirmerie en préfabriqué d'un Quartier anonyme. C'est là, parmi les serpillières et sous l'accablante moiteur, que tu décides enfin de ton sort : tu allais devenir le premier homme à partir dans la jolie fusée qui te nargue derrière ses feuilles de palme. Et c'est ainsi qu'avec l'aide de mercenaires décatis et de putains, tu mets sur pied le premier vol habité d'Ariane. »
On retrouve dans ce récit poétique composé comme une BD sans dessins, avec collages, éclats de voix, digressions mentales, messes basses, compositions abstraites, anecdotes déjantées, les personnages de plusieurs livres de Frédéric Léal depuis Selva ! en 2002. Mais cette fois, les protagonistes décident d'aider un légionnaire cafardeux à s'envoler dans la fusée Ariane. Un roman débridé, pratiquant l'auto-science-fiction et promouvant une forme de résilience trash. -
« tueuse, et tuante
est l'époque
à nouveau insensément cruelle
c'est un murmure distinct entre des lèvres inconnues sur lesquelles on a peur de poser les siennes. »
Directement écrit à la suite de ça va bien dans la pluie glacée (P.O.L, 2024), ce nouveau poème intensifie la déchirure provoquée par les événements tragiques de la guerre à Gaza - dans l'intimité, le quotidien, dans l'histoire, dans les oeuvres (poésie, sculpture, musique...). Chaque texte tremble d'espérer que le moment présent ne soit pas celui où « la race humaine a peut-être besoin du bain de sang et du passage périodique dans la fosse funèbre » (reprenant les mots de Marguerite Yourcenar dans les Mémoires d'Hadrien). Le poète ajoute : « Je redoute que ce soit le cas pour la Palestine comme pour Israël ».
Texte à la fois spectaculaire, érotique, psalmodique, répétitif, dissonant, composé de plusieurs moments lyriques arrachés à la vie, aux événements, aux rencontres, notamment de splendides variations autour de la sculpture de Rodin, Iris, messagère des dieux. voilà c'est tout est écrit au bord du précipice collectif, repoussant la mort, tenant jusqu'au bout à « la condition de voyeur », devant le monde et son désastre, sa beauté, jusque dans « l'impasse de la condition humaine ». Sachant qu'il n'y a de vérité que paradoxale : « Je vous interdis, vous m'entendez, je vous interdis de perdre espoir ». -
«Voici que les hommes s'échangent maintenant les mots comme des idoles invisibles, ne s'en forgeant plus qu'une monnaie : nous finirons un jour muets à force de communiquer ; nous deviendrons enfin égaux aux animaux, car les animaux n'ont jamais parlé mais toujours communiqué très-très bien. Il n'y a que le mystère de parler qui nous séparait d'eux. À la fin, nous deviendrons des animaux : dressés par les images, hébétés par l'échange de tout, redevenus des mangeurs du monde et une matière pour la mort. La fin de l'histoire est sans parole.»
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DANS LA LITTÉRATURE QUI ME PRÉCÈDE (PARTICULIÈREMENT LA POÉSIE) PEU DE GUEUNONS. C'EST LE RÈGNE DU SINGE.
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Chino fait poète s'inscrit à la suite de quatre livres publiés chez P.O.L. Leur personnage central est l'alter ego de l'auteur. Les Enfances Chino (2013) a évoqué ses commencements ; Les Amours Chino (2016) sa vie érotique ; Chino aime le sport, (2017) ses engouements sportifs ; Chino au jardin (2021) quelques lieux émouvants de sa vie. Devenu un vieil homme, Chino fait du rangement dans sa tête : où fut, pour lui, l'essentiel ? quelle était au fond sa question ? Seul le mot « poésie » lui fournit une réponse : sans doute n'a-t-il jamais écrit que pour savoir ce qu'est le langage poétique, quel rôle il tient dans le monde, comment il y agit. C'est une bonne raison pour revenir au poème. Par exemple à la bonne vieille bucolique : extases paysagistes, émois devant des flores et des faunes, fusion des climats du dedans avec ceux du dehors. Mais quoi de moins naturel que l'élaboration formelle du langage poétique ? Quoi de plus séparé des choses de la nature - de ce que Ponge appelait « le monde muet » ? Chino fait poète essaie, comme on dit, de « faire avec ». On y propose d'abord quelques promenades au grand air : le sentier d'un cap armoricain, un bocage d'Arcadie paradisiaque, une plage. La nature y est moins regardée qu'éprouvée. Et on note ce que cette épreuve fait à la langue. C'est cela que Chino appelle poésie. Mais on fait aussi un peu d'histoire : aperçus bouffons sur l'éveil d'une vocation ; quelques étapes du parcours ; salut à des amis, qui en furent (par exemple ceux de la revue TXT). L'ensemble est monté par séquences alternées (promenades / histoires / saluts).
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Ce livre, s'il contient quelques poèmes inédits, est une anthologie, composée par Charles Juliet lui-même, de ses poèmes au long de plus de cinquante années de recherche, de tâtonnements, de découvertes. On y retrouve donc cette écriture si simple, si évidente mais aussi âpre, dure comme le silex et dense comme une terre nourricière, qui redonne leur sens immédiat aux mots, et leur valeur, et leur sonorité. Les titres des parties qui composent ce recueil révèlent bien l'itinéraire de l'auteur : "Enfance", "Effondrement", mais aussi "Ouverture", "Avancée", "Lueurs"...
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Métamorphiques est écrit journellement au cours d'une saison d'hiver. Le livre est d'abord composé de six fois neuf poèmes de même forme. On entrevoit quelques possibilités de deviner l'avenir par les moyens verbaux. Le désir de prédire, autant que le bon sens, étant sans doute les choses du monde les mieux partagées. Ici, les signes à déchiffrer sont recherchés dans un corps souffrant et rêvant ; des coïncidences sont reconnues dans la vie sociale afin de déterminer des décisions. L'exploration des signes est une véritable épreuve de lecture du poème. Et puis, le journal se rompt.
Deux séquences font suite, formellement en ruine : les mots sont défaits, des sons foisonnent. Une sorte de discours se constitue, son objet est l'anéantissement de tous les enfermements. Dans une oeuvre radicale, qui recourt à la poésie sonore, Luc Bénazet cherche à saisir les paroles : matières composées de souffles et de lettres, dont la page et l'oralité sont les deux horizons sur lesquels elles apparaissent et se désagrègent.
Un homme est invité à un dîner. Il décide de s'y rendre à pied. Il escalade d'abruptes montagnes, traverse des forêts épaisses, parcourt des plaines fertiles. Il s'émerveille des beautés de la nature et de la variété des vivants. Arrivé à destination, il prend place à table. Il y a là un jardinier, une sexologue, un architecte, une philosophe, un phytothérapeute et tant d'autres convives. La discussion s'engage. Elle est très animée.
Anne-James Chaton dessine les contours de notre monde en relisant l'Histoire Naturelle de Pline l'Ancien. Par le filtre de la langue et des descriptions de l'écrivain latin, contemporain de Néron, l'auteur donne un éclairage inédit sur les interrogations environnementales de notre temps. La terre d'avant l'industrie humaine se réveille et demande des comptes aux générations qui l'ont épuisée. -
« Après la réalisation et la parution de vous m'avez fait chercher (2021), je pensais faire une longue pause, peut-être même ne plus jamais écrire de livre. Cependant, lorsque j'ai appris la nouvelle de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, quasi instantanément, et comme irrésistiblement, j'ai commencé d'improviser flirt avec elle, il me semblait que je devais transcrire au jour le jour l'horreur que cette guerre m'inspirait, pour repousser les limites de mon écriture. »
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Les derniers seront les premiers : Poèmes (1989-2017)
Harry Mathews
- P.O.L
- Poésie - Théâtre
- 15 Février 2024
- 9782818060087
On peut dire de la plupart des poèmes rassemblés ici qu'ils ont des origines biographiques, imaginaires ou d'ordre procédural.
Une fois établies ces catégories simples, il est indispensable de ne pas tarder à les bousculer voire à les détruire. En fait, presque tous ces poèmes entrent dans plus d'une catégorie et parfois dans les trois.
Harry Mathews -
2 587 personnages entrent et sortent, naissent et meurent. Ils sont animés par une pulsion suicidaire, comique (où le comique extrême rejoint l'extrême spiritualité) et allègre. En faisant ce livre, Valère Novarina a eu la vision de «l'accéléré» du temps : toutes les vies se réduisant à une entrée et une sortie, un instant très bref où nous aurions juste le temps de dire une phrase.
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Chiennes manières, est un « livre sur les noms ». Qui explore, reprend, éprouve plusieurs langages et écritures. Et qui prend la forme d'un double album conceptuel qui peut se lire comme un véritable manifeste poétique d'une langue en transformation, en devenir.
Partie 1, c'est KOTOR-la-polychick : un long poème épique et polyphonique qui reprend un CRPG (computer role playing game), Star Wars : Knights of the Old Republic II. Paru en 2004-2005, à l'histoire et aux conditions de possibilités complexes, il continue dans ce texte à faire écho dans ses motifs : avec la nécessité de déjouer en rejouant.
Partie 2, c'est Chiennes manières, : sept poèmes séquencés où « se chiennent », selon l'expression de l'autrice, la théorie et la pratique. En voici la « table des manières » : une autre expression sibylline du répertoire / tu vois ce que je veux dear, alors / à relire des entrées / une bonne correction / hot, génies, seules les légendes, etc. / les choses layered entre elles / types of ambiguity. -
De ce texte théâtral, une véritable opérette avec lyrics, voici ce que dit Valère Novarina : 'C'est une forme acérée, un théâtre acide et en relief : une eau-forte. La pâte théâtrale a disparu : reste le trait, l'élan, la gravure. Par projections, sauts projetés, par passage d'un plan à l'autre, par pointillés, par découpes, le théâtre vient ici se débarrasser du tendre, de la plainte, du partage ému. L'opérette : ossature et forme cruelle du théâtre.' Ou encore : 'Le temps avance par irruption de personnages rythmiques - affublés d'un air animalesque ou trop humain, ils entrent, traînant ritournelles et romances. L'action avance par secousses de l'espace : le public vient voir se percuter des sentiments, s'entrechoquer la vie (...) : pas de personnages mais des vêtements habités. Vêtus de langue, voici des masques, des cavaliers d'anatomies, tournant en cercles, spirales, en figures de quadrilles, carrés, constellations : comme les personnes d'un jeu de carte. Souffrance du Valet de carreau. Joie du 8.
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"la honte nous survivra
nos descendants diront
enjambaient des corps
longeaient des familles à terre
pour faire leurs courses
ou des as du contrôle
héros de sf
parleront de l'époque
où l'on s'est mis à s'entrevoir
en mesures de chair
humaine biomasse
sans dessin net
et scruteront les figurants
au drôle d'accent
d'une série z en costumes"
Pierre Alferi. -
Organisé en deux parties articulées autour d'un court poème (« Une question de traduction »), Let, premier livre d'Olivier Brossard, prend sa source dans l'oeuvre du poète états-unien John Ashbery et dans celle du poète florentin Pétrarque. La série de poèmes « USOPEN » est en effet dérivée du Serment du Jeu de Paume de John Ashbery qu'Olivier Brossard a traduit (José Corti, 2015), comme s'il s'agissait d'un « match retour » dans les nombreux échanges entre poésie « américaine » et poésie française. C'est le jeu entre les lettres, les mots et les langues qui anime le livre, jusque dans le dernier long poème « Exzoniere », variation sur les Canzoniere de Pétrarque. Il s'agit moins de passer à travers les mailles du filet du langage que de les éprouver en s'y faisant prendre : une balle « let » est une balle qui touche le filet avant de retomber sur le terrain adverse. C'est l'ancienne question de la possibilité même de la parole poétique et lyrique qui est ici à nouveau lancée.
Le nom Let en anglais signifie obstacle ; que le mot devienne un verbe, il se fait alors proposition et invitation : le jeu des poèmes explore cette tension au coeur de la parole poétique entre retenue et permission, au beau milieu du langage. Let, c'est aussi le début de « lettres » : peut-être pour réussir à dire les choses suffit-il de commencer, d'accepter d'avoir de la suite dans les mots en jouant le jeu de la lecture et de l'écriture.