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Partage des femmes
Eugenie Lemoine-Luccioni
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Le champ freudien
- 4 Novembre 2019
- 9782021271737
Ce livre se veut d'abord clinique - et part d'une série d'analyses de femmes enceintes. Où ce qui s'entend bientôt est : "Que veut une femme ?" - même si l'on s'expose à découvrir qu'elle veut disparaître comme femme. Un tel dit témoigne qu'il est bien vrai que la femme se trouve prise dans les paradigmes systèmes de représentation virils. Fait pathologique ou fait de structure ? En tout cas, cette fragilité expose la femme aux risques de la dépersonnalisation (par l'identification au père ou au frère), du délire mystique (du père à Dieu), et de l'hallucination (la voix). Contre cette partition - celle, aussi bien, de l'accouchement et de toute espèce de pertes -, la femme se réassure dans un narcissisme qui, pour elle, est réparateur : en s'affirmant être elle, même telle que sa mère a pu la concevoir. Bien entendu ce narcissime n'est pas non plus sans danger. L'issue est triple et se ramène toujours à l'acceptation de la loi de la castration : dans la sublimation de la pulsion scopique (la Beauté) ; dans la rencontre sexuelle avec l'homme ; et enfin dans l'enfantement.
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Le rêve du cosmonaute
Eugenie Lemoine-Luccioni
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Le champ freudien
- 7 Décembre 2018
- 9791036904554
« L'homme ne peut choir hors de ce monde », disait à Freud l'un de ses amis. C'est pourtant ce que l'homme veut : sortir de ce monde ; entrer dans un autre ; dans l'Autre. Depuis qu'il est sorti du ventre de sa mère, il ne rêve que de cet au-delà vers où monte le ravi de Jérôme Bosch, sous la conduite de l'ange. Nos anges, aujourd'hui, ce sont les cosmonautes, dit Lacan. Nous les avons vus à la télévision crever notre plafond, traverser nos murs, mettre le pied sur la Lune et réaliser ainsi notre rêve. Mais quoi ? La Lune n'est qu'une planète. Certains sont revenus du voyage ; d'autres pas. Les cosmonautes qui ont vraiment franchi le seuil de l'Autre Monde n'en sont pas revenus. Je veux dire que, même ceux qui sont revenus, ne sont revenus que du Même. Cette effraction, ce fut d'abord et primordialement celle de la naissance : moment de rupture où jaillit le cri ; mais il se répétera en ces autres points de rupture que seront la jouissance et la mort où, dans le déchirement de l'espace imaginaire et de l'organisation symbolique comme système clos et leur enclenchement dans le réel, s'annonce la proximité de ce que Bataille appela le sacré ; mais là où Bataille parle de « sacré », Lacan, lui, s'en tient à l'impossible réel. « Les marques de présence » que l'enfant trouve en naissant, et qu'il reçoit comme une réponse à son cri, mettent fin à l'angoisse et instituent, par un malentendu, l'espace du langage et de l'échange, déportant le sujet à venir dans le symbolique. De ce fait, le sujet manque le réel et se trouve divisé entre jouissance et parole. Devra-t-il perdre le langage pour retrouver l'angoisse et le cri ? Est-ce à ce prix que se récupère le sujet ? Il y a peut-être une autre issue possible au tragique dilemme qui nous enferme et dont témoignent douloureusement les écrivains de notre temps. E. L.-L.
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Structure du sérail
Alain Grosrichard
- Seuil (réédition numérique FeniXX)
- Le champ freudien
- 13 Mai 2019
- 9791036912580
« Le Roi donne un ordre par écrit, d'aller aveugler tel enfant, et cet ordre se donne au premier venu L'ordre, porté dans le sérail, est bientôt compris, et il y excite des pleurs et des cris ; mais enfin, il faut laisser aller l'enfant. Les Eunuques ramènent au cruel messager, qui leur jette l'ordre ou, comme vous diriez, la lettre de cachet et puis, se mettant en terre, il saisit l'enfant, l'étend de son long sur ses genoux, le visage tourné en haut, en lui serrant la tête du bras gauche. Puis, d'une main, il lui ouvre la paupière et, de l'autre, il prend son poignard par la pointe, et tire les prunelles l'une après l'autre, entières, et sans les gâter, comme on fait d'un cerneau. Il les met en son mouchoir et va les porter au Roi. » (Chardin, Voyages en Perse, 1686).
Voilà la scène despotique.
En désignant, après Aristote, l'Asie comme son lieu naturel, Montesquieu a fait du despotisme (qui ne cessera de hanter l'âge classique) le concept d'un fantasme.
À suivre les voyageurs des XVIIe et XVIIIe siècles, c'est au coeur de ce fantasme que ce livre conduit. Dans l'ombre archaïque du Sérail, où l'Eunuque distribue tous les rôles, il invite à découvrir le secret du despote, et de cet inconcevable pouvoir, qui pourtant saute aux yeux.