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Seuil
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La condition juive dans l'histoire moderne exige d'être traitée dans toute sa complexité, donc sa difficulté. Je me suis attelé à cette tâche, autant pour concevoir les temps modernes dont on ne peut abstraire le ferment juif, que pour concevoir la question juive dont on ne peut abstraire la question des temps modernes. Bien que je veuille avant tout comprendre et faire comprendre, je sais que la compréhension est souvent mal comprise, et je ne peux affronter ce travail sans crainte ni tremblement.
La notion de juif était claire quand elle indiquait une identité à la fois de nation, de peuple, de religion. Dès lors que les juifs ont participé à la culture et à la citoyenneté des gentils, la disjonction entre juif et gentil a masqué la jonction accomplie entre ces deux termes devenus complémentaires mais pouvant demeurer antagonistes selon les développements du moderne antisémitisme (racial) qui succède au vieil antijudaïsme (religieux).
Au terme de cet essai, il a fallu considérer la tragédie provoquée par le nazisme, d'où est né l'Etat d'Israël, et où la notion de juif prend une nouvelle signification. Par malheur, l'implantation d'Israël en terre islamique a créé une nouvelle tragédie d'ampleur planétaire.
E. M.
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Le présent livre donne la raison, jusqu'à présent occultée, du schisme de 1964 qui a irrémédiablement divisé le mouvement psychanalytique. La cause de cette rupture, Lacan la désigne du nom de " péché originel de la psychanalyse ", péché en ceci que " quelque chose dans Freud n'a jamais été analysé " : son rapport au judaïsme. Or, insiste Lacan, " remonter à cette origine est tout à fait essentiel si nous voulons mettre l'analyse sur ces pieds ".
En reprenant tous les textes qu'il consacre à question juive, mais aussi en révélant des informations inédites sur le très secret commerce de Lacan avec la culture biblique, l'auteur dévoile, avec humour et conviction, l'ampleur de ce " péché originel " qui n'aurait rien de véniel. Il pose aussi cette question : dans sa propre confrontation au judaïsme, Lacan ne se serait-il pas à son tour fourvoyé, entraînant dans l'impasse ses disciples ?
Gérard Haddad, psychanalyste, spécialiste de la culture juive (il est notamment le traducteur de Y. Leibowitz chez Desclée de Brouwer), est l'auteur de nombreux livres dont Le Jour où Lacan m'a adopté. Mon analyse avec Lacan (Grasset, 2002). " Je vous aime bien, lui disait Lacan, parce que vous êtes un des rares à piger ce que je raconte. " Grâce à lui, on pige beaucoup mieux en effet.
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La politique de la peur, c'est celle qui, menée par la droite comme par la gauche, empile les lois liberticides, développe sans relâche les techniques de surveillance et les fichiers, et choisit de brandir toujours plus haut la menace " terroriste ". C'est celle qui, au nom du 11 septembre, s'en prend quotidiennement aux étrangers, aux jeunes, aux internautes, aux prostitués, aux chômeurs, aux autres, à tous les autres. Celle qui, avec l'active complicité des médias, fabrique des ennemis imaginaires (le " groupe de Tarnac ", Cesare Battisti...) pour mieux détourner notre attention des oppressions quotidiennes.
Pour les dirigeants politiques qui tentent vainement de gérer l'économie globale, la politique de la peur permet de compenser leur quasi-impuissance par un activisme répressif surmédiatisé. C'est enfin une " politique de civilisation " qui est à la fois la négation de la politique et de la civilisation.
Romancier, traducteur, éditeur, Serge Quadruppani est aussi un militant et essayiste qui mêle sa voix aux critiques radicales du capitalisme. Il est notamment l'auteur de L'Antiterrorisme en France, ou la terreur intégrée (La Découverte, 1989) qui trouve ici sa suite naturelle.
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Changer le monde du travail, accorder à chacun davantage d’autonomie, de reconnaissance matérielle et symbolique, voilà qui semble faire l’unanimité. Pourtant, comme le montrent les enquêtes sociologiques, la « modernisation du travail » ne va pas dans ce sens : sentiment d’abandon, d’isolement, de précarité, peur de ne pas y arriver, méfiance à l’égard des autres, tout concourt en réalité à dénaturer le travail. La société tout entière en est affectée.
Symbole de cette modernisation en mauvaise passe, le chassé croisé entre secteur public et privé : le management s’acharne, sans y parvenir, à importer au sein des entreprises privées le sens de l’engagement et la loyauté des agents du service public, alors même que celui-ci subit une attaque en règle de ces mêmes valeurs sous les coups de boutoir de la logique gestionnaire.
C’est à l’analyse du devenir tourmenté du travail dans notre société que se risque ce livre.
Danièle Linhart est sociologue du travail et directrice de recherche au CNRS. -
Il faut faire payer les riches !
Vincent Drezet, Liêm Hoang-Ngoc
- Seuil
- Non conforme
- 26 Octobre 2010
- 9782021037784
Cet ouvrage va à contre-courant des idées reçues qui ont servi au cours des deux dernières décennies à faire l'apologie d'un système économique ayant favorisé la reconstitution d'une classe de rentiers. Il montre qu'il n'est pas aberrant de vouloir " faire payer les riches " par le biais de l'impôt sur le revenu et de l'impôt sur le patrimoine. Tout d'abord du point de vue de la justice fiscale. Ensuite du point de vue macroéconomique. Enfin du point de vue microéconomique.
Surtout, il expose les principes de la réforme fiscale dont les auteurs souhaitent que le camp du progrès s'empare lors de l'élection présidentielle de 2012. Il souligne la pertinence particulière, dans le contexte actuel, de la montée en puissance de l'Impôt progressif sur le Revenu, assis sur une assiette large, comme instrument essentiel de redistribution et de financement des dépenses universelles. Il propose de faire table rase des prélèvements sur le patrimoine, partiels et imparfaits, pour leur substituer un Impôt Général sur le Patrimoine (IGP) dont la vocation est d'être plus simple et plus " lisible ".
Cet ouvrage est l'occasion de rendre pour la première fois publique cette proposition, qu'une gauche décomplexée saura, le jour venu, mettre en œuvre.
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Comment comprendre que l’omniprésence de la sphère culturelle ne suscite nulle part ni opposition ni inquiétude ? D’où vient pareil unanimisme ? Et que cache-t-il ?
Partant de ces questions peu orthodoxes, Alain Brossat dessine les mornes contours de la « démocratie culturelle » dans laquelle nous baignons désormais, gavés et assoupis, mais aussi isolés et insatisfaits. Ce nouveau régime de gouvernance supplante chaque jour un peu plus notre vieille « démocratie politique », vaincue par le marché et ses irrésistibles attraits : précisément les marchandises culturelles !
Non content de donner, avec les armes du philosophe, un grand coup dans la fourmilière de notre tout-culturel, de ce « toujours plus de culture » que l’édition et la librairie connaissent si bien, non content d’être un livre de combat contre une pensée plus que dominante (il faudrait dire hégémonique), cet essai résolument à contre-courant dévoile l’ampleur de ce qui se joue dans ce désintérêt de la politique au profit de la culture : tout simplement notre servitude.
Alain Brossat enseigne la philosophie à Paris VIII-Saint-Denis. Auteur de nombreux ouvrages, il vient de publier Le Sacre de la démocratie, tableau clinique d’une pandémie, Anabet, 2007.