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Anamosa
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Le paysan nous fascine, entre altérité et familiarité. Alors que la population agricole ne cesse de s'étioler, le paysan est partout et nulle part. Il est le réceptacle de nos espoirs et de nos angoisses. C'est cette " paysannerie classe objet " qui est au coeur de ce texte, d'une grande actualité. Début 2024, alors que les manifestations d'agriculteurs s'étendaient à travers le pays, les responsables politiques se sont succédé sur les plateaux des chaînes d'info pour appuyer le mouvement et clamer leur amour du " monde paysan ". De François Ruffin à Jordan Bardella, on défendait " l'exception agriculturelle " française face à la concurrence déloyale de produits étrangers. Cette unanimité autour de la " cause paysanne " renvoie à un rapport particulier entre un " nous non paysan " et un " eux paysan " aux contours flous et protéiformes. Le paysan c'est l'agriculteur, l'habitant des campagnes, le " petit " producteur. Mais c'est aussi la France, la nation, la république. C'est le bon sens, la simplicité, le travail, l'effort, l'enracinement, la nature, la convivialité, l'authenticité, le savoir-faire, la droiture. C'est tout ça à la fois. Le paysan nous fascine. C'est un énigmatique mélange entre altérité et familiarité. Alors que la population agricole ne cesse de s'étioler, le paysan est partout et nulle part. Par-delà les barrages autoroutiers, il est présent dans les publicités pour du jambon et du fromage industriel, il est sur nos pièces de monnaie (" la semeuse "), dans la littérature, dans les discours politiques, et dans les cris de supporters se moquant des joueurs de l'équipe adverse (" paysans, paysans, paysans "). Il est le réceptacle de nos espoirs et de nos angoisses. De nos injonctions contradictoires. Au fil des années et des crises, on l'a dépeint en républicain, en réactionnaire, en patriote, en productiviste, en écolo aussi. On l'a voulu de gauche, de droite, sans étiquette. Les paysans, comme le résume Pierre Bourdieu, c'est une " classe-pour-autrui " " sans cesse invités à prendre sur eux-mêmes le point de vue des autres, à porter sur eux-mêmes un regard et un jugement d'étrangers ". C'est cette " paysannerie classe objet " qui est l'enjeu de ce texte.
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Par monts et par vaux : petit abécédaire des paysages
Martin de La Soudière
- Anamosa
- 17 Août 2023
- 9782381910697
D'alpage en verger : l'ethnologue du dehors et arpenteur Martin de la Soudière, remarqué notamment pour son superbe Arpenter le paysage (2019), livre ici un abécédaire personnel et nourri de littérature des motifs paysagers. D'alpage en verger, de bocage en sommet, d'étang en marais... Voici quelques-uns des motifs qui marquent en profondeur le territoire de la France tout comme les paysages intimes de l'ethnologue et arpenteur Martin de la Soudière. Dans cet abécédaire délibérément parcellaire, il en a répertorié vingt-deux et les décline de manière généreuse et joyeuse, selon cette approche qui lui est propre, personnelle et polyphonique, autant littéraire que géographique.
Ces motifs paysagers sont aussi des lieux : non pas des hauts lieux, mais des lieux ordinaires, des lieux communs en commun. À la fois singuliers et emblématiques, ils nous interpellent, renvoyant ainsi plus largement à notre culture de l'espace et de la nature. Cet ouvrage est aussi un appel à se rendre sur place, non comme un parcours fléché en suivant un guide, à la recherche du pittoresque, mais comme une promenade buissonnière, à l'écoute de nos sensibilités collectives et individuelles. -
En redonnant du crédit à l'idée que nous faisons partie d'un monde vivant, les pensées de l'écologie accompagnent aujourd'hui une recomposition de l'idée de nature, lourde de conséquences politiques et qui ébranle en profondeur les croyances et les valeurs de l'Occident moderne. Pour se repérer dans ce vaste chantier philosophique, cet ouvrage propose quelques balises.
Après des études de philosophie et différents postes dans l'édition, Baptiste Lanaspeze, l'auteur de ce livre, a créé en 2009 Wildproject à Marseille, une maison pionnière dans la diffusion des pensées de l'écologie et de la philosophie environnementale. Dans une époque de prolifération parfois cacophonique des discours sur l'écologie et la crise en cours, ce livre a été conçu comme une boussole pour s'orienter. C'est aussi une tentative de synthèse d'une vie intellectuelle, professionnelle, psychologique et politique. Tout en s'appuyant sur des lectures et références philosophiques et scientifiques non occidentales en grande partie et muries depuis une vingtaine d'années (citons notamment l'historien powatan Jack Forbes, l'écologue japonais Kinji Imanishi, l'historien camerounais Achille Mbembe ou encore la philosophe et écoféministe indienne Vandana Shiva), le texte témoigne aussi d'une trajectoire, du mouvement d'une génération.
En redéfinissant la nature comme la société des vivants, les pensées de l'écologie nous invitent à penser nos organisations sociales non pas comme une prérogative spécifiquement humaine, mais comme des prolongements des sociétés animales et végétale. Nos sociétés humaines ne transcendent pas les autres sociétés terrestres, mais y sont intégrées, elles en découlent, et elles lui sont redevables. Tout en s'adossant à l'idée d'un sens ancien de la nature comme " monde vivant dont nous faisons partie ", il s'agit cependant ici de " recharger " l'idée de nature par les avancées des pensées écoféministes et décoloniales. Il s'agit même d'un enjeu majeur pour l'auteur : " une lutte écologiste conséquente est nécessairement décoloniale ; et inversement ". -
Entre politique, droit et éthique, une nouvelle vision doit contribuer à remettre en cause les liens d'une domination délétère qui caractérisent nos rapports avec ce (et donc ceux) qui nous entourent. Le moment est venu de faire monde autrement.
L'impression tous les jours plus nette que nous vivons dans un monde diversement abîmé se cristallise particulièrement bien quand il est question d'environnement. En la matière (car c'en est bien une, physique et chimique), les éléments du diagnostic sont, dans leur quasi-totalité, sans appel : climat, biodiversité, eau, air, sols, ressources naturelles... l'avenir paraît bien sombre. La conscience des enjeux et des risques a beau croître, la notion d'environnement est toujours plus fuyante, le sentiment d'impuissance s'intensifiant au rythme de notre consommation vorace du monde. La crise écologique majeure que nous traversons (et qui finira par nous traverser) est pourtant une occasion inespérée d'explorer de nouvelles pistes, notamment celle d'une démocratie écologique prenant appui sur une conception repensée, inclusive et pacifiée, de nos relations avec la Nature. Entre politique, droit et éthique, une nouvelle vision doit contribuer à remettre en cause les liens d'une domination délétère qui caractérisent nos rapports avec ce (et donc ceux) qui nous entourent. Le moment est venu de faire monde autrement.