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Il ne suffit pas de dresser la liste des égarements polymorphes de la sexualité humaine - voire des comportements pernicieux, "narcissiques" ou "sadiques", comme si ces termes résumaient tout ! - pour parvenir au diagnostic de « perversion ». La psychanalyse freudienne, puis lacanienne, insiste sur le fait que la perversion correspond à une structure subjective au même titre que la névrose ou la psychose notamment, répondant à une logique spécifique. Autour de quelle construction fantasmatique et quel mode de jouissance (fétichiste), à partir de quel évitement de la castration et quel détournement du désir, enfin selon quelle interprétation très spéciale de la loi une telle structure peut-elle se construire ? Quelles formes prend-elle dans les comportements individuels et collectifs, voire en politique, et surtout dans l'art et la littérature où la perversion trouve peut-être une résolution honorable ? Le sujet pervers est-il analysable ? Etc. Ce sont toutes ces questions qu'aborde cet ouvrage dans une série de chapitres dûment ordonnés, mais qui peuvent tout aussi bien se lire, chacun, de façon indépendante et aléatoire.
Didier Moulinier est philosophe, auteur d'une quinzaine d'ouvrages.
I / La structure du sujet pervers et l'évitement de la castration
1 / La division spécifique du sujet pervers
2 / Théorie de la castration et perversion
3 / Le pervers choisit la tromperie plutôt que l'illusion
4 / La jouissance perverse et le déni de la castration
II / La jouissance perverse
5 / La théorie perverse de la jouissance
6 / La volonté de jouissance
7 / Le pervers et l'énigme de la jouissance de l'Autre
8 / L'Autre dans la structure perverse
9 / Destin des pulsions et perversion chez Freud
10 / La dérive perverse
11 / La perversion est-elle la fin du désir ?
III / Fétiche et fétichisme
12 / De la trace au fétiche : une genèse de la perversion
13 / Fétichisme et sublimation, de concert et de structure
14 / Objet phobique et objet fétiche
15 / Totalitarisme et Fétichisme
IV / Pères-versions
16 / La fonction paternelle et ses aléas
17 / Du trait trait primaire au fantasme pervers selon Freud : un enfant est battu
18 / Père-version du temps
19 / Carence du Nom-du-Père et perversion
20 / Surmoi et masochisme : la voi(e)x paternelle
21 / L'hainamoration du Père
22 / Don Juan et le défi au Père. Séduction et subversion
V / Le pervers hors-la-loi ?
23 / La loi perverse
24 / La transgression de la loi chez le sujet pervers
25 / Signifiant et signification de la loi
26 / La perversion et l'évitement de l'inceste
27 / Amour pervers. Au sujet de la pédophilie
28 / L'acte pervers
29 / Le crime comme passage à l'acte
30 / Psychopathe !
31 / L'obligation de soin, un concept inadapté
VI / Formes de la perversion
32 / Petite histoire psychiatrique de la Haine
33 / D'une prétendue "perversité morale"
34 / Généralité du masochisme
35 / Le mythe d'une perversion homosexuelle masculine
36 / Le couple pervers et son contrat
37 / Subversive passion
38 / Le fantasme du voyeur
39 / Mélancolie et mauvaise foi
40 / Sport et castration. La force de perdre
VII / La perversion et les femmes
41 / Jouissance féminine et perversion
42 / Le mythe d'une perversion homosexuelle féminine
43 / L'érotomanie entre psychose et perversion
44 / Le transvestisme et les femmes
45 / Le passage à l'acte de la "jeune homosexuelle"
VIII / Le pervers et l'analyste
46 / Le pervers en analyse
47 / Le secret partagé du pervers
48 / Dérives perverses en analyse
49 / Du contrat pervers à la perversion de l'analyse
IX / Perversion, art et littérature
50 / La littérature comme perversion et transmutation
51 / L'écrivain, la mort et l'empereur
52 / Le fantasme sadien et son écriture
53 / Sublimité et nocivité de l'oeuvre
54 / Le chant divin (ou diabolique ?) de la jouissance
55 / Transe et transgression
56 / Plaisir du texte et subversion chez Roland Barthes
57 / L'hystérique, politiquement et poétiquement incorrecte -
La Jouissance dont on traite ici est un concept lacanien, voire le concept lacanien fondamental. Bien que ce terme désigne quelque "chose" généralement au-delà de toute raison et de toute logique, le concept de jouissance n'en est pas moins puissamment articulé chez Lacan. Désignant une épreuve corporelle indicible "au-delà du principe de plaisir", ou se référant à des réalités absolues telles que l'Autre, l'être ou la Chose, voire le féminin dans son altérité radicale, la jouissance ne s'affranchit pas de toute logique, celle du signifiant et celle qu'inscrivent les "mathèmes de la sexuation". Le concept de jouissance dans l'oeuvre de Lacan est présenté ici dans chacune de ses dimensions, en relation avec d'autres concepts-clés comme le sujet, le fantasme, la pulsion, le désir, la castration, le surmoi, le symptôme, etc., sous la forme d'une série d'articles dûment regroupés et ordonnés, mais pouvant tout aussi bien se lire de façon aléatoire.
Didier Moulinier est philosophe.
I / Pulsion, plaisir, jouissance
1 / Du principe de plaisir à la jouissance via la pulsion de mort
2 / L'(in)satisfaction d'une pulsion
3 / Discussions sur la différence entre plaisir et jouissance
4 / Libido ou le passage de l'amibe
5 / La jouissance littéralement
6 / La lettre et le refoulement
7 / D'un usage controversé du mot Energie
II / La castration et la partition des jouissances
8 / De la loi de la castration à la loi du désir
9 / De la jouissance de l'Autre à l'autre jouissance
10 / L'incontournable jouissance phallique
11 / Le rapport-sans-rapport des jouissances
12 / La castration, le Phallus, et le Nom-du-Père
13 / L'Autre qui manque
14 / L'objet 'a' ou la mesure du manque
III / La jouissance hors-sujet ?
15 / Le fantasme à la fois comme accès et barrière à la jouissance
16 / Aliénation et séparation
17 / Le traumatisme du Sujet
18 / La jouissance (manquée) de l'acte
19 / L'impossible sujet de la jouissance
20 / La peur, comme la jouissance, ne s'écrit pas
21 / Le moi est un objet
22 / La jouissance moïque chez Lacan et Lévinas
23 / Le temps du bonheur et le temps de la jouissance. Lacan contre Levinas
24 / Du temps de la jouissance à la jouissance-temps
IV / Corps et langage de Jouissance
25 / Difficile jouissance de la parole
26 / La Jouissance inter-dite au parlêtre
27 / Corps de discours, corps de jouissance
28 / La fiction du corps total de la jouissance
29 / Le signifiant cause de la jouissance
V / Jouissance, amour, désir
30 / L'amphibologie du désir et de la jouissance
31 / Donner son angoisse
32 / Condescendre au Désir
VI / La Chose ou la jouissance impossible
33 / Signifier la Chose
34 / Le Prochain et la jouissance de la Chose
35 / L'hallucination de la Chose
36 / Une jouissance hors-discours
VII / L'autre jouissance ou la jouissance féminine
37 / Ecritures lacaniennes de la négation
38 / "Il n'y a pas de rapport sexuel"
39 / L'Autre sexe
40 / En-corps et pas-toutes
41 / L'amour du semblant
42 / Le mythe féminin de Don Juan
VIII / Clinique de la jouissance
43 / La loi sacrificielle du surmoi
44 / La jouissance toxicomane
45 / La pathologie comme débordement de la jouissance
46 / La masturbation est-elle une jouissance idiote ?
47 / Le symptôme, entre signifiant et jouissance
48 / La névrose ou la défense de la jouissance
49 / Tel fils, tel père, ou la jouissance démythifiée
50 / Entre désir innommable et jouissance indicible : le calvaire de l'hystérique
IX / L'art de la jouissance et la sublimation
51 / Jouissance et sublimation
52 / De la littérature comme érotisme (note sur Bataille)
53 / Obscénité de l'art
54 / Ecriture à haute voix
X / Jouissance au savoir et non savoir de la jouissance
55 / Le gai sçavoir du déchiffrage
56 / Le coût du savoir
57 / Savoir y faire avec son symptôme
XI / Annexes
58 / Ethique et usage des plaisirs
59 / Réjouissances, entre joie et jouissance
Illustration de couverture : Louise Bourgeois -
Études lacaniennes, vol. II : La psychanalyse lacanienne, théorie et pratique
Didier Moulinier
- Les Contemporains favoris
- 15 Mars 2022
- 9782909140841
Ce volume 2 de nos Etudes lacaniennes se penche sur les relations fondamentales mais « compliquées » que la psychanalyse entretient avec les sciences humaines, l'épistémologie et la logique, l'éthique et la politique, les pratiques sociales ou encore l'éducation. Résolument, la psychanalyse est présentée ici comme un discours structuré et consistant, une théorie et une clinique du sujet originales, enfin une expérience thérapeutique construite et fortement pensée. Nous interrogeons longuement, non sans nous appuyer sur des analyses savantes et « autorisées », les conditions épistémologiques d'un dialogue entre les sciences et la psychanalyse. Celle-ci les a d'autant moins ignorées que, sous l'égide de Lacan, elle prétend mettre à jour le « sujet de la science » en tant que forclos et inconscient, et opérer sur celui-ci. Le psychanalyste n'est donc pas sans savoir, ni même sans posséder un savoir certain contrairement à ce que voudrait une certaine vulgate socratique.
De façon incontestable, la psychanalyse appartient au temps présent auquel elle rend de grands services : pratiquement elle contribue à redonner l'espoir à des sujets dont le mal-être est structurellement persistant. Mais la psychanalyse fait souvent figure de parasite dans le champ des disciplines constituées où elle réinjecte le concept de Sujet, et de façon encore plus perturbante ceux de Jouissance et de Réel ; elle est en plus ou en trop, elle introduit le symptôme et s'introduit elle-même comme symptôme... Il en va de même pour la théorie et l'oeuvre de Lacan, adulées par certains, vilipendées par d'autres, et cependant clairement incontournables - d'abord parce que Lacan (se déclarant nommément « freudien ») a sans doute été le plus minutieux et en même temps le plus audacieux des lecteurs de Freud.
Ces "études lacaniennes", réunies en 2 volumes dans leur version numérique (revues et considérablement augmentées par rapport à l'édition papier de 2013) forment une suite orientée et un ensemble cohérent, mais non certes une démonstration logique implacable ; c'est dire qu'ils peuvent à volonté se lire dans n'importe quel ordre, et chacun indépendamment de l'ensemble.
Didier Moulinier est professeur et docteur en philosophie. Il est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages.
I / La théorie lacanienne et le champ lacanien
II / La science et le savoir du psychanalyste
III / Logique et topologie lacaniennes
IV / De la linguistique à l'histoire
V / L'éthique de la psychanalyse
VI / La clinique et l'expérience psychanalytiques
VII / Implications politiques, sociales et pédagogiques
VIII / L'Ecole de Lacan et la formation des analystes
Conclusion : Haine de la psychanalyse et antisémitisme (de la conjoncture) -
Un enfant est abandonné ; la pelade au risque de la psychanalyse
Sandra Meshreky
- Les Contemporains favoris
- 20 Avril 2016
- 9782909140346
Dans ce livre Sandra Meshreky s'intéresse à la pelade, maladie de la peau caractérisée par la chute des cheveux. Elle montre en quoi la psychanalyse peut aider les sujets à dénouer et renouer autrement les fils psychiques inconscients qui, dans certains cas, ont pu conduire à ce singulier dénuement corporel...
Qui n'a jamais eu peur de perdre un être aimé ? Le sentiment d'abandon est constitutif de la nature humaine. Mais il revêt parfois un caractère extrême qui le fige en véritable angoisse. Or, c'est cette fixion lacanienne que l'auteure entend réinterroger en la narrant dans un conte.
Autour de la maladie psychosomatique de la pelade, elle tisse une trame interprétative où Le Petit Poucet de Perrault, L'Homme aux Loups et Un enfant est battu de Freud viennent éclairer un enfant abandonné. Non sans humour, elle nous emmène dans un Au-delà du principe de plaisir et soutient l'idée insoutenable que dans la souffrance d'abandon loge aussi une jouissance.
La perte des cheveux apparaît alors progressivement comme le symptôme d'une perte métaphysique. Destiné à être manquant, chacun en effet doit résoudre à sa manière l'énigme insoluble d'avoir toujours déjà perdu quelque chose...
De formation philosophique et titulaire d'un master de psychanalyse, Sandra Meshreky poursuit son cursus analytique au sein de l'Association Lacanienne Internationale. Après Psychanalyse sans domicile fixe [réédition prévue fin janvier 2015 aux CFavoris], elle renouvelle ici contre la souffrance psychique tout son engagement poétique.
Avec une préface de Danièle Pomey-Rey, dermatologue et psychanalyste. -
Alors que les médias ne font plus entendre que les mots simplificateurs de dépression et de stress comme s'ils résumaient à eux seuls l'ensemble des maux psychiques affectant l'homme moderne, alors que le lobby neuropharmacologique étend son hégémonie au moyen du fameux D.S.M. (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux ), seule la psychanalyse propose encore de chercher du sens derrière les affections psychologiques, faisant l'effort de les structurer dans une logique subjective et existentielle où le désir fait loi. Dans ce court exposé qui se veut avant tout pédagogique et accessible à tous, délibérément expurgé de tout jargon, Simon Canat reprend les fondamentaux de la psychanalyse freudienne et lacanienne autour du concept de névrose tout en nous présentant un tableau psychopathologique bien plus large (incluant notamment perversion et psychose). Qui ne se sentirait concerné par des questions telles que : Un père réel endosse-t-il toujours la fonction paternelle ? Toute existence repose-t-elle sur une identification imaginaire ? Comment s'articulent angoisse et symptôme ? Le pervers est-il un être narcissique ? Le délire est-il une tentative d'auto-guérison ? Etc.
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Psychanalyse sans domicile fixe ; topologie de sans-logis (nouvelle édition revue et augmentée)
Sandra Meshreky
- Les Contemporains favoris
- 19 Février 2022
- 9782909140896
Avant-propos - " Ces recherches sont nées de la profession que j'ai exercée pendant plus de quatre ans au sein du Samu Social de Paris comme écoutante sociale du 115, permanence téléphonique d'urgence des sans-abri. Les écoutants sociaux sont souvent des psychologues, des éducateurs spécialisés ou des assistants sociaux. Pour ma part, j'ai fait des études de philosophie. Cet amour de la sagesse' (-) s'est commué en Désir de vérité quand la psychanalyse s'est progressivement imposée à mon écoute comme le seul vrai cadre possible, et trop peu exploré, d'accueil de la parole de celles et ceux que l'on nomme S.D.F.... " Sandra Meshreky
Présentation - Exclus de partout, les S.D.F. se tiennent pourtant au coeur de la cité. À l'ère de la surconsommation, ils donnent à voir ou à imaginer un dénuement à la fois insupportable et fascinant. Et si cette détresse réelle ou supposée cachait autre chose ? Quelque chose bien moins du côté du besoin que du désir ? À partir d'une expérience de quatre ans au Samu Social de Paris, l'auteur ouvre à un autre regard sur les S.D.F.. Son approche psychanalytique de l'errance sociale invite à redécouvrir l'originalité et l'actualité de la pensée lacanienne. Son état des lieux fait du lieu lui-même le point central. La difficulté pour un S.D.F. à habiter un lieu physique se révèle comme le symptôme d'une difficulté à habiter un lieu symbolique. C'est dire que l'obsession du lieu dans le corps du sans-abri trouve un écho dans l'obsession du lieu dans l'esprit du psychanalyste, et que la question S.D.F. offre de tester l'intérêt topologique que Lacan fait prendre à la psychanalyse.
Sandra Meshreky est psychothérapeute et poursuit son cursus analytique au sein de l'Association Lacanienne Internationale.
" Le grand radar électrifié de Sandra Meshreky est une arme de guerre contre l'endormissement, un allié de révolte pour échapper aux moules du social, une amie pour ne pas perdre sa colère." *
* Extrait de la préface de Julia Peker(auteur entre autres de Cet obscur objet du dégoût, Le Bord de l'eau, 2012) -
Dépersonnalisations au cinéma ; du traumatisme à la création
Virginie Foloppe
- Les Contemporains favoris
- 23 Février 2022
- 9782909140582
L'affect de dépersonnalisation n'est pas uniquement une réaction psychique à un environnement défaillant. Il peut aussi être le levier de la création. L'analyse de Virginie Foloppe oscille constamment entre ces deux formes de dépersonnalisation. L'une relève donc de la création, qu'elle aboutisse ou non à une oeuvre d'art, quand l'autre s'achève dans une destruction perceptible à travers la destinée tragique d'êtres privés de tout élan vital, après qu'ils aient été confrontés à des traumatismes ; deuil, envie, inceste, viol. L'art cinématographique crée une psyché flottante à même de réfléchir la mémoire sensorielle de situations traumatiques à la violence insoutenable et de nous livrer les moyens d'en sortir. Hitchcock, Vinterberg, et Kim Ki-duk, chacun avec un style singulier, composent des miroirs perceptifs capables de ne pas se confondre avec leur objet, mais de réfléchir l'autre voie de la dépersonnalisation.
La recherche de Virginie Foloppe, docteure en esthétique et sciences de l'art, est pluridisciplinaire : de la fabrique de l'écriture (article, essai, fiction) à celle des images (art digital, art vidéo) en passant par l'enseignement des arts (Panthéon-Sorbonne et Sorbonne Nouvelle) et un diplôme de psychologue clinicienne. Elle a déjà publié aux éditions Les Contemporains favoris : L'hémorragie des contemporaines, Nelly Arcan et Chloé Delaume (2015). -
Face au harcelement, une ethique de la parole
Simon Canat
- Les Contemporains favoris
- 25 Février 2022
- 9782909140971
Le harcèlement nous apparaît comme un mal contemporain, voire comme un mal du siècle. De l'école jusqu'à la politique, en passant par le bureau, le phénomène s'est banalisé et semble atteindre toutes les strates de la société. Nous voyons naître des maux, des maladies, des violences, qui n'existaient pas auparavant - y compris de nouvelles formes d'esclavagisme. Nous faisons l'hypothèse que le harcèlement non seulement en fait partie, mais qu'il en résume l'esprit. Il est devenu l'autre nom du Pouvoir - et le Pouvoir le sait bien.
D'un autre côté, si le harcèlement est partout, il n'est nulle part. Or s'il est important de nommer le mal, pour le dénoncer, il n'est pas moins requis de l'imputer à des sujets, pour tenter de les traiter. Le fait est que nous avons affaire à des actes singuliers, impliquant des individus dotés d'une structure psychique particulière, que nous n'hésiterons pas à caractériser comme perverse. Où certes le rapport à la loi est biaisé, mais où la prééminence de la chose sexuelle est non moins patente. Quiconque ne voit pas le motif systématiquement sexuel, explicitement sexiste, de tout acte de harcèlement, assurément ne voit rien.
Un acte qui est de parole. C'est là l'autre point essentiel : le harcèlement dit « moral » est un phénomène essentiellement verbal. C'est pourquoi, spécifiquement, il s'agirait de réfléchir à un usage éthique de la parole pour contrer cet usage vicié du langage qu'est, selon nous, le harcèlement. Que faire - au mieux - face au harcèlement ? Comment y répondre ? C'est donc bien la dimension du langage, plus précisément de la parole, qu'il convient de pointer. Que dire, comment dire, comment ne pas laisser dire ? -
Demain sera féminin ? indifférence et différence des sexes
Anne Juranville
- Les Contemporains favoris
- Bleue/essais
- 18 Février 2022
- 9782909140797
« Demain sera féminin » affirme un personnage de Michel Houellebecq. On pourrait s'attendre à ce que ce soit là l'effet en Occident de l'égalité socio-juridique entre les hommes et les femmes et de l'avancée de la cause des femmes redevable aux conquêtes du féminisme.
Décisifs et irréversibles, ces acquis ouvrent l'horizon d'une présence accrue des femmes sur la scène du monde. Ils n'épuisent pourtant pas la question. A côté, en parallèle, la formule requiert une approche du féminin non superposable à celle de la sociologie, fût-elle nécessairement en interaction permanente avec elle.
Envisager le féminin autrement ne s'inscrit pas moins dans le cadre de la contestation contemporaine des normes rendue possible par une rupture historique avec la tradition. Mais c'est se situer sur un autre plan : celui de la logique de l'inconscient. Le hors-norme propre au féminin ressortit alors à ce que la psychanalyse théorise comme limites de l'ordre symbolique. Si le féminin se soustrait au patriarcat, c'est parce que cette marginalité (partielle) le situe au-delà de l'ordre oedipien phallique des pères. Par structure, les femmes sont « pas-toutes » phalliques.
Ce qui n'est pas sans jeter un pavé dans la mare. Outre que ce féminin comme catégorie de pensée s'applique au champ de l'anthropologie, il renouvelle les débats actuels autour de l'identité sexuée. Les artistes (Bellmer, Soutine, Bacon, mais aussi des écrivains comme Pascal Quignard, Catherine Millet, Elfriede Jelinek, Nelly Arcan, ...) permettent de saisir quelque chose de cette part du féminin qui pose sous un jour nouveau la question polémique de l'indifférence des sexes. Ainsi, dans le processus de création, hommes et femmes occupent-ils une même place hors-sexe dont la marginalité s'accompagne de singulières jouissances. Ce qui n'exclut pas la nécessité d'articuler position d'indifférence sexuelle et statut d'être sexué. Côté hommes, l'envie, par exemple, à l'endroit d'une jouissance qui échoit spécifiquement aux femmes. Côté femmes, la difficulté fréquente d'une construction de leur propre féminité.
Anne Juranville, agrégée de philosophie et professeur émérite de psychologie clinique (Université de Nice-Sophia-Antipolis), a déjà publié notamment : La femme et la mélancolie (Puf, 1993), Figures de la possession (Presses Universitaires de Grenoble, 2001), La mélancolie et ses destins (InPress, 2005), et La psychanalyse à l'épreuve de l'art (Editons Universitaires Européennes, 2017).