République des Lettres
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Durant les hivers 1915-16 et 1916-17, Freud donne une série de conférences à la faculté de médecine de Vienne. Indice de la popularité croissante de la psychanalyse à l'époque, ces conférences, publiées en volume et bientôt traduites dans une quinzaine de langues, connaîtront un grand retentissement dans le monde entier. Un siècle plus tard, le succès de ce livre-source de la psychanalyse et du freudisme, ne se dément toujours pas. "L'Introduction à la psychanalyse" comprend trois groupes de leçons: les quatre premières - qui reprennent en partie la matière de "Psychopathologie de la vie quotidienne" - concernent les actes manqués. Dans le chapitre introductif, Freud y fait alterner avec brio le sérieux et l'humour, la rigueur et la dérision, afin de présenter sa nouvelle science à un public qu'il considère mal informé, voire en partie hostile. Il s'attarde notamment sur la distinction entre médecine et psychanalyse: "Le traitement psychanalytique ne comporte qu'un échange de paroles entre l'analysé et le médecin", assène-t-il. Il aborde ensuite les deux grandes difficultés qui attendent les analysants: l'essentiel des processus psychiques sont inconscients et la sexualité y joue un rôle majeur avec ses divers phénomènes de pulsions, de résistances, de refoulements et de sublimations. Les onze leçons suivantes - synthèse récapitulative de l'ouvrage pionnier "L'Interprétation du rêve" - sont consacrées au rêve et à la connaissance nécessaire de son imposant corpus de symboles lorsque la technique de l'association libre n'opère pas. Enfin les treize dernières sont regroupées sous le titre de "Théorie générale des névroses" et marquent une étape importante dans le développement théorique freudien qui sera poursuivi par la suite à travers les études sur la libido, l'inhibition, l'angoise ou encore le narcissisme. Le dernier chapitre est consacré à la thérapeutique analytique, soulignant tant les préjugés auquels elle doit faire face que les abus auquels elle peut donner lieu, du fait notamment de la manipulation du transfert.
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En distinguant les périodes qui scandent le trajet de Sigmund Freud vers la conquête de l'objet psychanalytique, on peut distinguer une première période consacrée à l'exploration, via les formations inconscientes, des modalités conflictuelles des pulsions et du refoulement. Le rêve y fournit, comme objet d'interprétation, la voie royale et le Schibboleth d'accès à l'inconscient. D'où l'importance de ce texte inaugural de la psychanalyse, aussi précis que lumineux, sur l'interprétation des rêves, où Freud expose sa thèse majeure sur le rêve comme accomplissement d'un désir refoulé. Pour le futur auteur de "Psychopathologie de la vie quotidienne" et du "Mot d'esprit dans sa relation avec l'inconscient", le rêve possède un sens qui peut être interprété pour dévoiler la névrose. Le texte est suivi d'une biographie de Sigmund Freud.
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Au début de l'année 1924, Otto Rank, qui commençait à s'écarter de la doctrine freudienne classique, publia un livre iconoclaste qui allait le rendre célèbre: "Le Traumatisme de la naissance". Il y soutenait l'idée qu'à la naissance tout être humain subit un traumatisme majeur qu'il cherche ensuite à surmonter en aspirant inconsciemment à retourner dans l'utérus maternel. Autrement dit, il faisait de la première séparation biologique d'avec la mère le prototype de l'angoisse psychique. Cette thèse, proche de celle que commençait à élaborer Melanie Klein, allait être adoptée, à quelques variantes près, par tous les représentants de l'école anglaise: non seulement par les kleiniens, qui lui donneront un contenu différent en situant l'angoisse de séparation dans la relation ambivalente de l'enfant avec le sein de la mère, mais aussi par les Indépendants, de Donald Winnicott à John Bowlby, qui ne cesseront de s'interroger sur l'aspect biologique et existentiel du phénomène de séparation. Loin de s'en tenir à une conception classique du complexe d'OEdipe, Rank s'intéressait donc déjà à la relation précoce (et préoedipienne) de l'enfant à sa mère et à la spécificité de la sexualité féminine. De l'intérêt porté au père, au patriarcat et à l'OEdipe classique, il passait à une définition du maternel et du féminin, et donc à une critique radicale du système de pensée du premier freudisme, trop exclusivement fondé à ses yeux sur la place du père et le phallocentrisme.
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Texte intégral révisé suivi des biographies d'Albert Einstein et de Sigmund Freud. Initié en 1932 par l'Institut International de Coopération Intellectuelle de la Société des Nations (futur Unesco) - qui diffusait alors un discours humaniste afin de lutter contre la montée des nationalismes - "Pourquoi la guerre ?" est un échange de lettres entre Albert Einstein et Sigmund Freud. Le théoricien de la relativité, pacifiste convaincu et militant des droits de l'homme, y interroge le fondateur de la psychanalyse sur les racines inconscientes de la guerre. Y-a-t-il quelque chose au coeur de l'homme qui veut la guerre ? interroge Einstein, et existe-t-il une possibilité de lutter contre les psychoses collectives de haine et de destruction, peut-on éduquer l'humanité afin de vivre dans un monde en paix ? Freud - qui s'était déjà intéressé à cette problématique dès 1915 à travers ses "Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort" et plusieurs études cliniques sur des cas de névroses de guerre - lui répond d'abord en termes politiques sur la relation du droit et du pouvoir, puis aborde lucidement le thème de la Pulsion de mort. Pour lui, la guerre est le lieu où la pulsion de mort rencontre la puissance comme violence. S'il existe un espoir de paix universelle où la psychanalyse aurait un rôle à jouer c'est, dit-il, en renforçant Eros aux dépens de Thanatos, avant de conclure que "Tout ce qui travaille au développement de la culture travaille aussi contre la guerre." Ce bref mais brillant échange épistolaire, publié simultanément en allemand, anglais et français en 1933 mais censuré immédiatement par l'Allemagne nazie, reste hélas près d'un siècle plus tard plus que jamais d'actualité.
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Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Rudolf Steiner. Ce recueil de quinze conférences, prononcées à la Maison des Architectes de Berlin en 1909 et 1910, s'interroge sur les métamorphoses de la vie psychique et les voies de l'expérience intérieure. Ces études psychologiques sont fondées sur une anthropologie transcendante, une science de l'Homme dont les aspects, tant physiques que métaphysiques, font également l'objet de la recherche scientifique. À ce sujet, il y a lieu de noter que dans l'oeuvre du fondateur de l'anthroposophie, l'anthropologie, étude réellement générale de l'Homme, complète la théosophie dont l'accent repose sur la sagesse universelle. L'anthroposophie de Rudolf Steiner alimente donc une psychologie assez riche pour explorer de manière rationnelle l'expérience que fait l'Homme de son âme. "Nous allons parler ici de la vie de l'âme, non comme on le fait d'ordinaire, du point de vue de la psychologie courante, mais de celui de la Science Spirituelle. Le fondement solide de la science spirituelle est l'idée que derrière tout ce que le monde livre à nos sens, se trouve une réalité spirituelle, source et origine de l'existence extérieure. Elle affirme en outre que cette réalité, l'homme est capable de l'étudier". - Rudolf Steiner.
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Commentaire psychologique du Bardo-Thodol
Carl Gustav Jung
- République des Lettres
- 26 Février 2014
- 9782824901824
Texte intégral révisé suivi d'une biographie de Carl Gustav Jung. Écrit en 1939 et publié en postface de l'édition du Livre des morts tibétain du dr. W. Y. Evans-Wentz, ce commentaire de Jung se penche sur le célèbre Bardo-Thodol du bouddhisme tibétain qui traite des états de conscience et des possibilités de libération spirituelle pendant la période de 49 jours symboliques s'étendant entre la mort et la renaissance. Pour le psychanalyste auteur de L'Âme et la Vie, il est évident que ce livre a été "puisé dans les représentations archétypiques de l'inconscient" et que son propos est de dire à l'agonisant, s'il n'a pas compris au cours de sa vie que son âme et le donateur de toutes les données sont une seule et même chose, "qu'il n'y a pas de réalités physiques ou métaphysiques, mais seulement la réalité des données psychiques." [...] "Le monde des dieux et des esprits n'est rien d'autre que l'inconscient collectif en moi. Mais pour inverser cette phrase de telle sorte qu'elle dise: l'inconscient est le monde des dieux et des esprits à l'extérieur de moi, il ne faut aucune acrobatie intellectuelle, mais toute une vie humaine, peut-être même une pluralité de vies."