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Demain sera féminin ? indifférence et différence des sexes
Anne Juranville
- Les Contemporains favoris
- Bleue/essais
- 18 Février 2022
- 9782909140797
« Demain sera féminin » affirme un personnage de Michel Houellebecq. On pourrait s'attendre à ce que ce soit là l'effet en Occident de l'égalité socio-juridique entre les hommes et les femmes et de l'avancée de la cause des femmes redevable aux conquêtes du féminisme.
Décisifs et irréversibles, ces acquis ouvrent l'horizon d'une présence accrue des femmes sur la scène du monde. Ils n'épuisent pourtant pas la question. A côté, en parallèle, la formule requiert une approche du féminin non superposable à celle de la sociologie, fût-elle nécessairement en interaction permanente avec elle.
Envisager le féminin autrement ne s'inscrit pas moins dans le cadre de la contestation contemporaine des normes rendue possible par une rupture historique avec la tradition. Mais c'est se situer sur un autre plan : celui de la logique de l'inconscient. Le hors-norme propre au féminin ressortit alors à ce que la psychanalyse théorise comme limites de l'ordre symbolique. Si le féminin se soustrait au patriarcat, c'est parce que cette marginalité (partielle) le situe au-delà de l'ordre oedipien phallique des pères. Par structure, les femmes sont « pas-toutes » phalliques.
Ce qui n'est pas sans jeter un pavé dans la mare. Outre que ce féminin comme catégorie de pensée s'applique au champ de l'anthropologie, il renouvelle les débats actuels autour de l'identité sexuée. Les artistes (Bellmer, Soutine, Bacon, mais aussi des écrivains comme Pascal Quignard, Catherine Millet, Elfriede Jelinek, Nelly Arcan, ...) permettent de saisir quelque chose de cette part du féminin qui pose sous un jour nouveau la question polémique de l'indifférence des sexes. Ainsi, dans le processus de création, hommes et femmes occupent-ils une même place hors-sexe dont la marginalité s'accompagne de singulières jouissances. Ce qui n'exclut pas la nécessité d'articuler position d'indifférence sexuelle et statut d'être sexué. Côté hommes, l'envie, par exemple, à l'endroit d'une jouissance qui échoit spécifiquement aux femmes. Côté femmes, la difficulté fréquente d'une construction de leur propre féminité.
Anne Juranville, agrégée de philosophie et professeur émérite de psychologie clinique (Université de Nice-Sophia-Antipolis), a déjà publié notamment : La femme et la mélancolie (Puf, 1993), Figures de la possession (Presses Universitaires de Grenoble, 2001), La mélancolie et ses destins (InPress, 2005), et La psychanalyse à l'épreuve de l'art (Editons Universitaires Européennes, 2017). -
Études lacaniennes, vol. II : La psychanalyse lacanienne, théorie et pratique
Didier Moulinier
- Les Contemporains favoris
- 15 Mars 2022
- 9782909140841
Ce volume 2 de nos Etudes lacaniennes se penche sur les relations fondamentales mais « compliquées » que la psychanalyse entretient avec les sciences humaines, l'épistémologie et la logique, l'éthique et la politique, les pratiques sociales ou encore l'éducation. Résolument, la psychanalyse est présentée ici comme un discours structuré et consistant, une théorie et une clinique du sujet originales, enfin une expérience thérapeutique construite et fortement pensée. Nous interrogeons longuement, non sans nous appuyer sur des analyses savantes et « autorisées », les conditions épistémologiques d'un dialogue entre les sciences et la psychanalyse. Celle-ci les a d'autant moins ignorées que, sous l'égide de Lacan, elle prétend mettre à jour le « sujet de la science » en tant que forclos et inconscient, et opérer sur celui-ci. Le psychanalyste n'est donc pas sans savoir, ni même sans posséder un savoir certain contrairement à ce que voudrait une certaine vulgate socratique.
De façon incontestable, la psychanalyse appartient au temps présent auquel elle rend de grands services : pratiquement elle contribue à redonner l'espoir à des sujets dont le mal-être est structurellement persistant. Mais la psychanalyse fait souvent figure de parasite dans le champ des disciplines constituées où elle réinjecte le concept de Sujet, et de façon encore plus perturbante ceux de Jouissance et de Réel ; elle est en plus ou en trop, elle introduit le symptôme et s'introduit elle-même comme symptôme... Il en va de même pour la théorie et l'oeuvre de Lacan, adulées par certains, vilipendées par d'autres, et cependant clairement incontournables - d'abord parce que Lacan (se déclarant nommément « freudien ») a sans doute été le plus minutieux et en même temps le plus audacieux des lecteurs de Freud.
Ces "études lacaniennes", réunies en 2 volumes dans leur version numérique (revues et considérablement augmentées par rapport à l'édition papier de 2013) forment une suite orientée et un ensemble cohérent, mais non certes une démonstration logique implacable ; c'est dire qu'ils peuvent à volonté se lire dans n'importe quel ordre, et chacun indépendamment de l'ensemble.
Didier Moulinier est professeur et docteur en philosophie. Il est l'auteur d'une quinzaine d'ouvrages.
I / La théorie lacanienne et le champ lacanien
II / La science et le savoir du psychanalyste
III / Logique et topologie lacaniennes
IV / De la linguistique à l'histoire
V / L'éthique de la psychanalyse
VI / La clinique et l'expérience psychanalytiques
VII / Implications politiques, sociales et pédagogiques
VIII / L'Ecole de Lacan et la formation des analystes
Conclusion : Haine de la psychanalyse et antisémitisme (de la conjoncture) -
La Jouissance dont on traite ici est un concept lacanien, voire le concept lacanien fondamental. Bien que ce terme désigne quelque "chose" généralement au-delà de toute raison et de toute logique, le concept de jouissance n'en est pas moins puissamment articulé chez Lacan. Désignant une épreuve corporelle indicible "au-delà du principe de plaisir", ou se référant à des réalités absolues telles que l'Autre, l'être ou la Chose, voire le féminin dans son altérité radicale, la jouissance ne s'affranchit pas de toute logique, celle du signifiant et celle qu'inscrivent les "mathèmes de la sexuation". Le concept de jouissance dans l'oeuvre de Lacan est présenté ici dans chacune de ses dimensions, en relation avec d'autres concepts-clés comme le sujet, le fantasme, la pulsion, le désir, la castration, le surmoi, le symptôme, etc., sous la forme d'une série d'articles dûment regroupés et ordonnés, mais pouvant tout aussi bien se lire de façon aléatoire.
Didier Moulinier est philosophe. I / Pulsion, plaisir, jouissance
1 / Du principe de plaisir à la jouissance via la pulsion de mort 2 / L'(in)satisfaction d'une pulsion 3 / Discussions sur la différence entre plaisir et jouissance 4 / Libido ou le passage de l'amibe 5 / La jouissance littéralement 6 / La lettre et le refoulement 7 / D'un usage controversé du mot Energie
II / La castration et la partition des jouissances 8 / De la loi de la castration à la loi du désir 9 / De la jouissance de l'Autre à l'autre jouissance 10 / L'incontournable jouissance phallique 11 / Le rapport-sans-rapport des jouissances 12 / La castration, le Phallus, et le Nom-du-Père 13 / L'Autre qui manque 14 / L'objet 'a' ou la mesure du manque III / La jouissance hors-sujet ? 15 / Le fantasme à la fois comme accès et barrière à la jouissance 16 / Aliénation et séparation 17 / Le traumatisme du Sujet 18 / La jouissance (manquée) de l'acte 19 / L'impossible sujet de la jouissance 20 / La peur, comme la jouissance, ne s'écrit pas 21 / Le moi est un objet 22 / La jouissance moïque chez Lacan et Lévinas 23 / Le temps du bonheur et le temps de la jouissance. Lacan contre Levinas 24 / Du temps de la jouissance à la jouissance-temps IV / Corps et langage de Jouissance 25 / Difficile jouissance de la parole 26 / La Jouissance inter-dite au parlêtre 27 / Corps de discours, corps de jouissance 28 / La fiction du corps total de la jouissance 29 / Le signifiant cause de la jouissance V / Jouissance, amour, désir 30 / L'amphibologie du désir et de la jouissance 31 / Donner son angoisse 32 / Condescendre au Désir VI / La Chose ou la jouissance impossible 33 / Signifier la Chose 34 / Le Prochain et la jouissance de la Chose 35 / L'hallucination de la Chose 36 / Une jouissance hors-discours VII / L'autre jouissance ou la jouissance féminine 37 / Ecritures lacaniennes de la négation 38 / "Il n'y a pas de rapport sexuel" 39 / L'Autre sexe 40 / En-corps et pas-toutes 41 / L'amour du semblant 42 / Le mythe féminin de Don Juan VIII / Clinique de la jouissance 43 / La loi sacrificielle du surmoi 44 / La jouissance toxicomane 45 / La pathologie comme débordement de la jouissance 46 / La masturbation est-elle une jouissance idiote ? 47 / Le symptôme, entre signifiant et jouissance 48 / La névrose ou la défense de la jouissance 49 / Tel fils, tel père, ou la jouissance démythifiée 50 / Entre désir innommable et jouissance indicible : le calvaire de l'hystérique IX / L'art de la jouissance et la sublimation 51 / Jouissance et sublimation 52 / De la littérature comme érotisme (note sur Bataille) 53 / Obscénité de l'art 54 / Ecriture à haute voix X / Jouissance au savoir et non savoir de la jouissance 55 / Le gai sçavoir du déchiffrage 56 / Le coût du savoir 57 / Savoir y faire avec son symptôme XI / Annexes 58 / Ethique et usage des plaisirs 59 / Réjouissances, entre joie et jouissance Illustration de couverture : Louise Bourgeois -
Psychanalyse sans domicile fixe ; topologie de sans-logis (nouvelle édition revue et augmentée)
Sandra Meshreky
- Les Contemporains favoris
- 19 Février 2022
- 9782909140896
Avant-propos - " Ces recherches sont nées de la profession que j'ai exercée pendant plus de quatre ans au sein du Samu Social de Paris comme écoutante sociale du 115, permanence téléphonique d'urgence des sans-abri. Les écoutants sociaux sont souvent des psychologues, des éducateurs spécialisés ou des assistants sociaux. Pour ma part, j'ai fait des études de philosophie. Cet amour de la sagesse' (-) s'est commué en Désir de vérité quand la psychanalyse s'est progressivement imposée à mon écoute comme le seul vrai cadre possible, et trop peu exploré, d'accueil de la parole de celles et ceux que l'on nomme S.D.F.... " Sandra Meshreky
Pré -
Dépersonnalisations au cinéma ; du traumatisme à la création
Virginie Foloppe
- Les Contemporains favoris
- 23 Février 2022
- 9782909140582
L'affect de dépersonnalisation n'est pas uniquement une réaction psychique à un environnement défaillant. Il peut aussi être le levier de la création. L'analyse de Virginie Foloppe oscille constamment entre ces deux formes de dépersonnalisation. L'une relève donc de la création, qu'elle aboutisse ou non à une oeuvre d'art, quand l'autre s'achève dans une destruction perceptible à travers la destinée tragique d'êtres privés de tout élan vital, après qu'ils aient été confrontés à des traumatismes ; deuil, envie, inceste, viol. L'art cinématographique crée une psyché flottante à même de réfléchir la mémoire sensorielle de situations traumatiques à la violence insoutenable et de nous livrer les moyens d'en sortir. Hitchcock, Vinterberg, et Kim Ki-duk, chacun avec un style singulier, composent des miroirs perceptifs capables de ne pas se confondre avec leur objet, mais de réfléchir l'autre voie de la dépersonnalisation.
La recherche de Virginie Foloppe, docteure en esthétique et sciences de l'art, est pluridisciplinaire : de la fabrique de l'écriture (article, essai, fiction) à celle des images (art digital, art vidéo) en passant par l'enseignement des arts (Panthéon-Sorbonne et Sorbonne Nouvelle) et un diplôme de psychologue clinicienne. Elle a déjà publié aux éditions Les Contemporains favoris : L'hémorragie des contemporaines, Nelly Arcan et Chloé Delaume (2015).