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Belin
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Le 2 juillet 1816, la frégate La Méduse s'échoue sur un banc de sable au large de la Mauritanie avec, à son bord, quatre cents passagers. Cent cinquante sont abandonnés sur un radeau construit à la hâte qui dérive pendant treize jours. Sans provisions, les naufragés de la Méduse s'entre-tuent, les rescapés dévorant la chair des cadavres gisant à leur côté. Quinze seulement survivent. Quatre témoigneront de cette expérience hors du commun. Leur récit bouleverse et divise la France de la Restauration. À travers la mise en cause du capitaine, dont l'incapacité est avérée, c'est le gouvernement lui-même qui est attaqué. Au-delà de cette dimension politique, les Français découvrent avec stupeur cette aventure tragique et macabre qui touche les replis les plus sombres de l'âme humaine. Le souvenir des guerres de l'Empire rejaillit. La catastrophe de la Méduse, immortalisée par Géricault au salon de 1819, exprime un indicible refoulé depuis l'avènement de Napoléon.
Partant des récits des témoins et d'archives inédites, Jacques-Olivier Boudon nous fait revivre l'odyssée des naufragés de la Méduse. Il nous raconte, d'une écriture alerte, les rebondissements de ce drame et explore les profondeurs d'une société qui solde alors le passif d'un quart de siècle de violences de guerre. -
Les survivants ; les Juifs de Pologne depuis la Shoah
Audrey Kichelewski
- Belin
- Contemporaines
- 30 Mai 2018
- 9782410014358
Entre 1939 et 1945, le meurtre systématique de près de 90 % de plus de trois millions de Juifs polonais laisse exsangue l'une des communautés juives les plus florissantes du monde d'avant-guerre. Les dizaines de milliers de survivants font alors face à l'incompréhensible : la persistance d'un antisémitisme après Auschwitz. Craignant leurs voisins polonais mais fuyant aussi le nouveau régime socialiste, plus de la moitié des juifs rescapés choisirent les chemins de l'exil. Que devinrent ceux qui restèrent dans une Pologne devenue communiste ? Ce livre retrace l'histoire oubliée de ces survivants et de leur descendance, à travers la manière dont ils ont été perçus par la société et les autorités polonaises. Entre assimilation systématique, efforts pour préserver la mémoire juive et rejet récurrent lors de soubresauts à caractère antisémite, les débats demeurent toujours vifs sur les relations polono-juives.
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Rwanda. racisme et génocide
Jean-Pierre Chrétien, Marcel Kabanda
- Belin
- Alpha
- 19 Mai 2017
- 9782410001600
Le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994 est emblématique de la catastrophe qui a frappé toute l'Afrique des Grands Lacs depuis une vingtaine d'années. Il n'a été le fruit ni d'une fureur conjoncturelle, ni d'une fatalité ethnographique ou biologique, mais il est le produit très moderne d'une option extrémiste, jouant du racisme comme arme de contrôle du pouvoir. En effet, cette mise en condition de tout un pays aurait été impossible sans l'inscription durable dans la culture de cette région d'Afrique d'une idéologie racialiste, discriminant, sous les étiquettes hutu et tutsi, des autochtones et des envahisseurs, le « vrai peuple » rwandais majoritaire et une « race de féodaux ». Ce livre décrypte la construction de cette idéologie, trop méconnue, qui oppose les « vrais Africains » à des « faux nègres », ceux qu'on a appelés les Hamites depuis les années 1860 dans la littérature africaniste. Le schéma racial dit « hamitique » est né de la même matrice intellectuelle que celui opposant Aryens et Sémites, qui a embrasé l'Europe dans les années 1930-1940.
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Le feu aux poudres ; qui a déclenché la guerre en 1914 ?
Gerd Krumeich
- Belin
- Alpha
- 7 Mars 2018
- 9782410009811
La question des origines de la Grande Guerre préoccupe les historiens. Pour deux raisons majeures : parce qu'elle est la première guerre totale de l'histoire ; parce que, détruisant un ordre ancien, elle inaugure l'ère des totalitarismes. Qui donc fut responsable du déclenchement de la Grande Guerre ? Existe-t-il même un responsable, ou les nations ont-elles basculé plus ou moins sciemment dans la guerre ? Les politiques ont-ils fait preuve d'aveuglement et d'inconséquence ? Gerd Krumeich, l'un des meilleurs spécialistes de 1914-1918, apporte une réponse frappante : l'Allemagne a joué le tout pour le tout et s'est servi de l'attentat de Sarajevo pour devancer une éventuelle agression de la Russie et de son allié français.
Ce fut non pas la soif d'une suprématie internationale qui fut à l'origine de la crise mais une peur panique de l'avenir. Face au « péril russe », mieux valait déclencher la guerre « maintenant que plus tard ». Mais aucun des dirigeants politiques et militaires n'avait prévu ce que deviendrait le conflit, aucun d'eux n'avait imaginé l'horreur que seraient les batailles de Verdun et de la Somme. -
Cerveau, sexe et pouvoir
Catherine Vidal, Dorothée Benoit-browaey
- Belin
- Alpha
- 19 Mai 2017
- 9782701199740
Les femmes sont-elles « naturellement » douées pour le langage et les hommes bons en maths ? Nos aptitudes et nos personnalités seraient-elles inscrites dans le cerveau dès la naissance ? Les recherches récentes montrent au contraire que, grâce à ses propriétés de « plasticité », le cerveau fabrique sans cesse de nouveaux circuits de neurones en fonction de l'apprentissage et de l'expérience vécue. Rien n'est jamais figé dans le cerveau. C'est une véritable révolution pour la compréhension de l'humain. Cet ouvrage, qui s'est imposé au fil du temps comme une référence, replace le débat autour de la différence des sexes sur un terrain scientifique rigoureux. Il s'appuie sur les avancées des neurosciences, qui apportent un éclairage nouveau sur le rôle de la biologie et de l'environnement socio-culturel dans la construction de nos identités de femmes et d'hommes. Notre destin n'est pas inscrit dans notre cerveau !Ce livre comporte un épilogue qui fait le point des toutes dernières découvertes.
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Moi, Galilée, qui ne suis qu'un homme
Danièle Vegro
- Belin
- Science à plumes
- 20 Août 2020
- 9782410014440
Acquapendente, janvier 1633. Galilée, convoqué par le Saint-Office pour « avoir tenu et cru la doctrine fausse et contraire aux Saintes Écritures que le Soleil est le centre du monde », se retrouve en quarantaine à cause d'une épidémie de peste. À Rome, son Dialogue sur les deux grands systèmes du monde a causé le scandale et provoqué l'ire de son protecteur Urbain VIII. Le savant toscan, malade et à moitié aveugle, va devoir répondre de ses écrits...
Il met ce temps à profit pour repenser à sa vie, fantasmer le futur, tout en craignant de ne jamais revenir des mains de l'Inquisition. S'adressant directement au lecteur, il cherche à justifier sa version des faits avant d'être englouti à jamais par l'histoire... livrant ainsi un témoignage intime sur sa vie étonnante, ses découvertes, ses succès, ses combats, et la vie tumultueuse de son époque.
Dans ces vrais-faux Mémoires, tour de force littéraire mêlant véracité historique et imaginaire, Daniele Vegro livre un portrait haut en couleur d'un Galilée plus vrai que nature, partageant sans retenue doutes, passions, émois et colères. Et nous révèle, derrière le savant de génie dont les découvertes en astronomie et en physique vont bouleverser le monde, l'homme, truculent, passionné, irrévérencieux... et impitoyable démolisseur de dogmes. -
Détesté par les uns, adulé par les autres, Jean-Paul Marat est le plus controversé et le plus méconnu des grands acteurs de la Révolution française. Médecin et penseur au temps des Lumières, il subit l'hostilité ou l'indifférence de Voltaire et de Condorcet. Journaliste engagé, Marat illustre l'explosion de la presse d'opinion, le quatrième pouvoir, à travers son quotidien, l'Ami du Peuple, au fil de 685 numéros souvent censurés et publiés dans la clandestinité. Élu à la Convention, accusé d'aspirer à la dictature, associé à Danton et Robespierre, il est acquitté triomphalement par le Tribunal révolutionnaire, avant d'être assassiné, le 13 juillet 1793, par Charlotte Corday.
Après sa mort, sublimée par le tableau de David, commence pour Marat une existence posthume, non moins agitée que la première. Héros d'un culte inouï rendu au "martyr de la Liberté" pendant la Terreur, il devient ensuite un anti-héros absolu, victime d'une "dépanthéonisation" spectaculaire. Dès lors, des mythes tenaces, des légendes inconciliables - dorée ou "maratiste", d'un côté, noire ou "anti-maratiste", de l'autre ; s'affrontent et brouillent notre compréhension du personnage.Recentrant les analyses sur les documents et les archives, donnant la parole au principal intéressé, Serge Bianchi se propose de réduire, voire d'abolir, le fossé creusé entre ces mémoires si contrastées et la biographie de celui qui se voulut "l'Ami du Peuple". -
Juifs et musulmans en France ; le poids de la fraternité
Ethan Katz
- Belin
- Contemporaines
- 28 Mai 2018
- 9782410013672
Loin d'être tout simplement conflictuelles, les relations entre juifs et musulmans en France sont anciennes, complexes, changeantes. La République qui les abrite et accueille tous ceux qui traversent la Méditerranée au moment des indépendances leur offre sa laïcité. Le monde tel qu'il se reconfigure au lendemain de la guerre impose interrogations, contradictions et violences. Comment, dans l'espace colonial d'abord, puis sur le sol de la métropole, ces deux groupes ont-ils cohabité au XXe siècle? Quelles ont été leurs relations, au Maghreb d'abord, en France ensuite?
Ethan Katz, à l'issue de plus de 10 années de recherches, s'attache à décrire et analyser ces relations entre juifs et musulmans. Il montre que la réduction de ces catégories de Français à des identités religieuses et conflictuelles est récente et que la question coloniale en premier lieu a créé un fossé progressif entre les deux communautés.
Juifs et musulmans en France offre un regard neuf sur une histoire, ici toute en nuances, des relations entre juifs et musulmans depuis la Première Guerre mondiale. Cet ouvrage constitue une contribution inédite à la compréhension de la société française contemporaine. -
Par les armes ; le jour où l'homme inventa la guerre
Anne Lehoërff
- Belin
- Histoire
- 25 Avril 2018
- 9782410003611
Un jour, vers 1700 avant notre ère, une épée sortit de l'atelier d'un bronzier, marquant un jalon clef dans une course à l'armement qui ne cessa alors plus. Révolution technologique, cette invention eut des conséquences majeures. La figure du guerrier émergea, les sociétés de l'âge du bronze se transformèrent. Elles rendirent la guerre légitime et l'organisèrent aussi bien économiquement que politiquement. L'Europe occidentale du IIe millénaire inventa un modèle spécifique, une troisième voie de civilisation qui ne fut ni celle des villes, ni celle de l'écrit.
En abordant le sujet « par les armes », Anne Lehoërff s'interroge sur le développement de la guerre, sur la longue durée, dans ces sociétés orales qui ont été très longtemps mal comprises, ignorées au sein d'une histoire intellectuelle dominée par l'Antiquité classique opposée aux « primitifs ». Nos ancêtres européens ont eu une autre histoire. Cet ouvrage la raconte. -
Les gens d'autrefois ; la noblesse russe dans la société soviétique
Sofia Tchouikina
- Belin
- 15 Mai 2017
- 9782410005554
Que sont devenus les nobles russes après la révolution d'Octobre 1917 ? Une fois leurs privilèges abolis, leurs biens mobiliers et immobiliers confisqués, une vague de violence contre « les classes exploiteuses d'autrefois » poussa une partie de la noblesse à l'exil. Ceux qui restèrent durent s'adapter, se cacher, se reconstruire au sein de la société soviétique...
Si l'Etat n'a pas réussi à écarter complètement les anciennes élites des postes à responsabilité, de nombreuses mesures vexatoires et répressives rendirent leurs vies compliquées. Elles durent dissimuler leurs titres et se doter progressivement d'une « biographie soviétique ». Malgré un voisinage hostile dans les appartements communautaires, les familles nobles mirent en place des stratégies éducatives qui assurèrent la transmission d'un héritage culturel et d'un sentiment d'appartenance à l'élite.
Ce livre retrace les parcours poignants de personnes dont les vies ont été bouleversées par l'une des plus grandes ruptures de l'histoire du XXe siècle. -
Le royaume inachevé des ducs de Bourgogne ; XIVe-XVe siècles
Elodie Lecuppre-desjardin
- Belin
- Histoire
- 15 Mai 2017
- 9782701199849
Le 25 janvier 1474, Charles le Téméraire, dernier des ducs Valois de Bourgogne, revêtu d'or et de pierreries, portant un couvre-chef similaire à une couronne fermée, s'adresse à son peuple en évoquant de manière sibylline ses rêves de grandeur et sa volonté d'élever ses territoires en royaume. La Grande Principauté de Bourgogne qui, du milieu du XIVe à la fin du XVe siècle, s'est progressivement étirée des brumes de la Zélande aux vignes du Mâconnais, offre un laboratoire d'analyse politique exceptionnel permettant de disséquer la nature du pouvoir à la fin du Moyen Âge.
Préférant le feuilletage à la narration linéaire des faits, Élodie Lecuppre-Desjardin propose ici une relecture ample et originale de cette aventure politique qui fit des ducs de Bourgogne les princes les plus puissants de leur temps, avant que la débâcle nancéenne n'arrête brutalement les ambitions du Téméraire. Cet ouvrage saisit les forces motrices d'une société composite et fait l'histoire non pas d'une perfection croissante, mais des cheminements qui peuvent mener à la construction d'un Bien Commun.
Dans cette oeuvre magistrale, Élodie Lecuppre-Desjardin nous entraîne au coeur d'un univers médiéval passionnant où se pose avec une étonnante actualité la question du sens des communautés, de la nature des loyautés et de la reconnaissance d'une autorité suprême. -
Face au passé ; essais sur la mémoire contemporaine
Henry Rousso
- Belin
- Histoire
- 15 Mai 2017
- 9782701199863
Le terme de « mémoire » n'est plus seulement un mot galvaudé, c'est un mot usé. Il a fini par désigner sans distinction tout type de rapport entre passé et présent, reléguant au second rang, non sans de vives querelles, d'autres modalités comme la tradition ou l'histoire. Si la mémoire continue de fonder toute identité collective, elle a donné lieu ces dernières décennies à des formes inédites de revendications sociales et de politiques publiques. Elle est devenue une valeur cardinale de notre temps, un nouveau droit humain, un marqueur des sociétés démocratiques, qui repose sur l'idée qu'il faut agir rétroactivement sur l'Histoire, même révolue, pour la « réparer » et la réécrire au nom de principes qui fondent notre présent.Dans cet ouvrage, Henry Rousso, l'un des premiers historiens à avoir travaillé sur l'histoire du souvenir des grands traumatismes collectifs, s'intéresse aux évolutions récentes des usages et politiques de mémoire en France mais montre aussi à quel point la compréhension de ces phénomènes doit se penser à une échelle globale, européenne ou mondiale. L'enjeu est d'importance : l'investissement considérable des sociétés modernes pour entretenir le souvenir des catastrophes historiques ne les a pas prémunies contre un retour du tragique et de la violence de masse qu'elles pensaient ainsi conjurer.
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Pouvoir et corruption aux Indes espagnoles ; le gouvernement du comte de Baños, vice-roi du Mexique
Pierre Ragon
- Belin
- Histoire
- 15 Mai 2017
- 9782410002171
En mars 1660, Mexico, capitale de la Nouvelle-Espagne, est livrée aux mains du comte de Baños. Le nouveau vice-roi s'empare du pouvoir avec violence et avidité, plaçant ses proches et détournant les revenus de la colonie. En à peine quatre années, il plonge l'administration de la région dans un régime de corruption inédit. Le comte de Baños était-il un gouvernant plus âpre au gain que d'autres ? Un homme sous l'influence de son épouse ? Un vice-roi malhabile ? L'innocente victime des circonstances ?
Pierre Ragon démêle devant nous les fils d'une enquête qui met au jour les arcanes d'un gouvernement rapidement décrié. À travers cette histoire singulière, il définit les contours d'un système colonial où les marges lointaines doivent s'accommoder de l'absence du roi, en un temps où l'obéissance et la fidélité tiennent à sa présence. Éloignés du souverain, ses représentants sont les premiers à s'affranchir de l'autorité dont ils se prévalent. Et souvent, ils en abusent.
Cet ouvrage est tout à la fois le portrait d'un vice-roi avide de biens et de pouvoir, et l'exploration d'un gouvernement profondément corrompu. Pierre Ragon nous transporte au coeur d'un système politique fait de réseaux et de clientèles et nous donne à voir, à hauteur d'homme, les arcanes d'un monde colonial méconnu. -
L'amiral Georges Thierry d'Argenlieu est entré dans l'histoire sous les traits du « carme naval ». Incarnation à l'eau salée de l'alliance du sabre et du goupillon, il aurait déclenché la guerre d'Indochine en torpillant les efforts du général Leclerc en faveur d'une solution négociée avec Hô Chi Minh. Pourtant, la vie de ce très proche du général de Gaulle ne saurait se résumer à la légende noire d'un moine-soldat. L'homme est un marin qui a connu l'expérience de la Grande Guerre, un catholique intransigeant, un temps séduit par les thèses de l'Action française, résistant de la première heure, aux avant-postes de la France Libre ; la Seconde Guerre mondiale s'apparente pour lui à une croisade contre le nazisme et Vichy.
Cette biographie, fondée sur des riches archives publiques et privées dont beaucoup sont inédites, est à la croisée de l'histoire navale, religieuse, politique et coloniale. Elle entend retrouver l'unité d'un homme et l'intransigeance d'une vie, sans éluder les interrogations soulevées par ce parcours singulier. -
Jeanne d'Arc, patriote et martyre, héroïne féminine au sommet du panthéon national, est une figure centrale de l'histoire de France. Sa mémoire est au coeur d'enjeux politiques dont on sait peu qu'ils ont été mouvants : avant d'être la figure de proue de l'extrême droite, elle a été tour à tour fille du peuple en armes, restauratrice de la monarchie, patriote trahie par son roi et l'Église... Son histoire et sa mémoire ont été le jeu d'appropriations multiples et antagonistes qui prennent leur source dans ses procès même : condamnée au bûcher comme hérétique et réhabilitée quelques années plus tard afin de légitimer le règne de Charles VII qu'elle a soutenu. Gerd Krumeich retrace, à partir de la Révolution française, les usages de l'histoire de Jeanne d'Arc. Il nous rappelle qu'elle a un temps représenté le parcours d'une simple fille du peuple qui, par son action et ses souffrances, aurait donné naissance au nationalisme français. « Souvenons-nous toujours, Français, que la Patrie chez nous est née du coeur d'une femme, de sa tendresse et de ses larmes, du sang qu'elle a donné pour nous », écrit Michelet. Cependant, d'héroïne de gauche, elle devient, au cours du XIXe siècle, le symbole d'un nationalisme conservateur. Jeanne marque l'impossibilité de trouver un consensus politique qui aurait permis aux « deux France » de se réconcilier. Gerd Krumeich, en analysant les évolutions d'un mythe, fait finalement une histoire du nationalisme français.
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Port-Royal et le jansénisme ; des religieuses face à l'absolutisme
Philippe Luez
- Belin
- Histoire
- 28 Novembre 2017
- 9782410011500
Généralement présentée comme un épisode marquant de l'histoire du jansénisme et souvent confondu avec lui, l'histoire de Port-Royal fascine et interroge encore aujourd'hui. Le XVIIe siècle, en écrivant avec Jean Racine une histoire militante du monastère, a bâti un grand mythe dont nous sommes toujours tributaires.
Installé entre Paris et la vallée de Chevreuse, Port-Royal fut un des lieux majeurs de la réforme catholique française comme une société de penseurs et de pédagogues. Au coeur de cette aventure unique, une communauté de religieuses, prise entre la mystique du siècle des saints et l'émergence de la philosophie à l'aube du siècle des Lumières.
Du récit mythique de la « Journée du Guichet » à la légende noire de la destruction de l'abbaye des Champs un siècle plus tard, il faut franchir la clôture pour comprendre la vie quotidienne et héroïque d'une communauté de femmes qui résista jusqu'au bout au pouvoir politique. -
De Charybde en Scylla ; risques, périls et fortunes de mer du XVIe siècle à nos jours
Alain Cabantous, Gilbert Buti
- Belin
- Histoire
- 14 Mars 2018
- 9782410013658
La maîtrise du danger, jusqu'à la recherche vaine d'un « risque zéro », est devenue l'une des facettes de la modernité. Jadis, la mer a largement mais étrangement participé à l'appréhension du risque. Ce milieu a constitué pour les périodes anciennes une sorte d'immense réservoir où, aux sources de « la fortune », venait s'adjoindre un ensemble de constructions imaginaires, généralement monstrueuses, comme pour mieux souligner la malignité native du milieu océanique. À la violence des éléments à laquelle devaient faire face ceux qui prenaient la mer, s'ajoutait une inclination logique à le peupler de créatures horribles et diaboliques qui accroissaient l'éventail des aléas jusqu'à celui, ultime, d'être immergé définitivement dans les abysses de ce monde infernal.
De l'imaginaire de la peur aux réalités du risque en mer, les auteurs nous entraînent dans un récit peuplé de naufrages, d'animaux fabuleux, de piraterie, de flibuste, et de la peur de l'autre aussi. -
Durant plus d'un siècle et demi, l'empire colonial français fut un espace de contacts entre les religions du Bassin méditerranéen. Comment instaurer la coexistence ? Comment réguler, dans un cadre français, les relations entre islam, confréries musulmanes, chrétiens et juifs ? Ces interrogations furent le souci quotidien de générations d'officiers et d'administrateurs, sous la houlette des gouvernements successifs.
Cet ouvrage retrace l'histoire des pratiques mises en oeuvre dans le coeur battant de l'empire colonial, ses terres « arabes » et « arabo-berbères ». Il raconte la découverte de l'islam au début du xixe siècle, les aléas de la protection des chrétiens d'Orient, la relation au judaïsme, les missions et la politique du « royaume arabe ». Il analyse la manière dont la République « laïque » a piloté les religions et les réactions suscitées en Afrique du Nord, notamment la montée du salafisme à l'aube de la décolonisation.
Souvent ignoré, l'héritage colonial pèse sur notre présent. En saisir les complexités ne peut qu'aider à affronter les problèmes de notre temps, en particulier la question religieuse, qu'on croyait à tort apaisée. À cet égard, ce livre est une contribution essentielle. -
Que cherche-t-on dans nos origines ?
Sophie Marinopoulos, Michel Wieviorka, Etienne Klein, Azar Khalatbari
- Belin
- L'atelier des idées
- 10 Mai 2017
- 9782701199641
La question des origines interroge les ressorts les plus profonds de l'être humain. Il faut s'avoir d'où l'on vient pour savoir qui l'on est. D'où le besoin individuel de s'ancrer dans une lignée ; d'où le besoin collectif de se créer un mythe fondateur ; et d'où le besoin universel d'expliquer l'origine du monde. Les réponses à ces questions de la psychologie, avec Sophie Marinopoulos (1re partie), de la sociologie, avec Michel Wieviorka (2e partie) et de la cosmologie, avec Étienne Klein (3e partie). En guise d'épilogue, tous trois confrontent leurs points de vue dans une dernière partie.
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Les années Mitterrand ; du changement socialiste au tournant libéral
Mathias Bernard
- Belin
- Histoire
- 15 Mai 2017
- 9782410075472
Le 10 mai 1981, les Français élisent François Mitterrand à la présidence de la République. Ils expriment ainsi une volonté de changement qui réveille les souvenirs du Front populaire, de la Libération ou de Mai 68 et qui inspire d'importantes réformes : abolition de la peine de mort, 5e semaine de congés payés, renforcement des droits des salariés, « libération des ondes ». Ce changement se heurte rapidement à la crise et au « tournant libéral » qui s'impose alors dans l'ensemble du monde occidental. Au cours des années 1980, le système social hérité du XIXe siècle cède définitivement la place à un autre modèle, encore dominant aujourd'hui, avec la prise de conscience du caractère structurel de la crise, la désindustrialisation, la primauté de l'image en politique comme dans les pratiques culturelles, la domination de l'individualisme, l'apparition du Front national comme acteur majeur du système politique, l'émergence des communautarismes...
Mathias Bernard analyse avec acuité et vivacité les grandes transformations de la France au cours de cette décennie décisive et nous offre enfin un regard d'historien sur ces « années Mitterrand ». -
Le 6 juin 1944, les Alliés débarquent en Normandie. Les maquisards sortent alors de l'ombre et s'engagent dans les combats de la Libération. Cette résistance en armes a pourtant été longue à s'imposer : les maquis n'apparaissent que lorsque le refus du Service du Travail Obligatoire pousse des milliers de réfractaires à choisir la clandestinité. Les chefs de la Résistance se sont largement divisés à leur sujet : quelle place accorder aux maquis ? A quel moment les employer ? Guérilla, action immédiate, attente du jour J ? Tenus à l'écart par les Alliés et le général de Gaulle, les maquis ont finalement longtemps été privés d'armes. Rassemblés sous la bannière commune des FFI en 1944, les hommes et les femmes des maquis allaient toutefois écrire les plus belles pages de l'histoire de la Résistance intérieure, sur le plateau des Glières, dans le Vercors, au mont Mouchet ou à Saint-Marcel. Stéphane Simonnet présente une histoire synthétique des maquis dans la diversité de leurs formes et de leurs combats. Il revient sur la vie de ces volontaires engagés pour mettre fin au régime de Vichy et à l'occupation allemande.
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Exils arméniens ; du Caucase à Paris ; 1920-1945
Anouche Kunth
- Belin
- Contemporaine
- 15 Mai 2017
- 9782410008302
Les convulsions de la révolution bolchevique jettent hors de Russie plus d'un million de réfugiés, qui croient leur fuite temporaire. Elle va s'avérer irréversible, la perte de la patrie se conjuguant bientôt avec celle des droits nationaux. Parmi ces « sans-droits », quelques centaines de grandes familles arméniennes, issues des marges caucasiennes de l'Empire des Romanov. Banquiers et industriels, artistes, professeurs d'université, hommes politiques : tous, vers 1920, s'enfuient avec femmes et enfants, par crainte des violences que le nouveau régime de Moscou inflige à ses « ennemis de classe ». Hors de Russie, et tout particulièrement en France où convergent des dizaines de milliers d'exilés, leurs trajectoires croisent celles des Arméniens de Turquie, persécutés quant à eux pour des motifs ethno-confessionnels.
L'histoire des exils arméniens s'écrit ici à hauteur d'hommes et de femmes en fuite, de familles soudées face au danger, parfois séparées, plongées dans l'opacité après le renversement de l'ordre ancien. Que faire ? Où aller ? Quel projet poursuivre en ces temps de chaos et d'incertitude ? Comment préserver ses ressources et recréer un ordre pour soi ? Les parcours de ces anciens sujets d'empires donnent à penser ce que reconstruit l'exil, lieu de mise à l'épreuve individuelle et de réélaboration des destinées collectives. -
Le matérialisme que ce livre interroge et construit n'est pas une « philosophie », mais la condition de possibilité et l'outil de la connaissance objective.
Historiquement, il se confond avec l'élaboration de la science moderne s'affranchissant graduellement des contrats de parole qui l'asservissaient à la métaphysique et à la théologie. Comment, d'une part, cette émancipation s'est-elle effectuée en des temps où une croyance instituée imposait a priori la limite de l'Inconnaissable ? Comment, d'autre part, une métaphysique résiduelle impose-t-elle toujours aux artisans de la connaissance objective, sans qu'ils s'en doutent, des cadres, des frontières, des démarches et des représentations ?
Ce livre montre qu'une analyse savante des complexes de discours dans l'histoire permet de comprendre et d'améliorer ce qui constitue aujourd'hui l'acte de connaître. De redéfinir la « conscience ». De sortir des leitmotivs exténués sur le « hasard ». De penser plus authentiquement la singularité émergente du vivant. De s'éloigner d'un modèle strictement nécessitariste du « déterminisme ». De sortir des impasses du réductionnisme. De résoudre les contradictions entre matérialisme et morale, ou entre déterminisme et conduites autonomes. D'entrevoir l'origine du symbolisme. De comprendre la nature fondamentalement politique de la religion. De penser l'articulation évolutive entre « nature » et « civilisation », et un lien cohérent et critique entre sciences de la nature et sciences de la société. D'identifier les comportements discursifs récurrents de ce que l'on nomme l'« idéologie ». Et d'édifier sur de nouvelles bases une histoire naturelle et sociale de la liberté.
Revenant sur une part essentielle de son oeuvre, Patrick Tort invite ici à une véritable réforme logique de l'initiative de connaissance, et, simultanément, à instruire la méthode capable d'éclairer les mécanismes qui la favorisent ou qui la combattent dans l'univers infini des discours. -
Le voyage à la Mecque ; un pèlerinage mondial en terre d'islam
Sylvia Chiffoleau
- Belin
- Histoire
- 15 Mai 2017
- 9782410007558
Pilier de l'islam, le pèlerinage à La Mecque est à l'origine du plus grand rassemblement humain au monde. Née aux premiers temps de l'islam, cette pratique n'a cessé de croître, s'inscrivant dans une histoire qui mêle les dimensions religieuses, politiques, sociales, économiques ou encore sanitaires. Au cours du XIXe siècle, le voyage à La Mecque prend un essor inédit et cesse d'être une affaire exclusivement musulmane : les puissances coloniales s'attachent à gouverner administrativement ce vaste mouvement touchant chaque année plusieurs dizaines de milliers de leurs ressortissants. La communauté internationale se mobilise pour assurer un strict contrôle sanitaire de ces rencontres qui catalysent les risques d'épidémies. Avec la fin des empires coloniaux, le pèlerinage entre dans l'histoire de reconfigurations géopolitiques, qui demeurent jusqu'à aujourd'hui au coeur des enjeux de la région.En retraçant l'histoire du voyage à La Mecque, Sylvia Chiffoleau nous plonge dans le quotidien des pèlerins et nous montre que ces croyants, au fil du temps, expérimentent les territoires de la modernité.