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PIERRE-GUILLAUME DE ROUX
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Ce récit autobiographique retrace les années d'enfance à Bruxelles du "Petit Arménien" , écrivain belge né en 1942, de parents arméniens. L'originalité de ce texte tient à la double résonance que revêt ici l'étranger. Car c'est d'abord l'enfant qui, en véritable petit étranger, s'éveille au monde et fait son éducation tant bien que mal. La passion du football propre à bien des garçons de son âge ne lui suffit plus bientôt : la musique l'attire, les sonorités des noms célèbres le déroutent, les livres peu à peu le guident vers de plus fines découvertes, les cours d'histoire ou de religion n'ont pas toujours sur lui l'effet qu'en escomptaient ses maîtres.
Ce cheminement est avant tout prétexte à des portraits qu'on dirait tout droit sortis d'une bande dessinée : la mère qui ne manque pas de faire le récit de ses rêves quelque peu terrifiants chaque matin, le père qui se livre à des numéros d'imitation irrésistibles, la voisine qui se montre intarissable sur les primitifs flamands sans compter les professeurs, les pères jésuites, etc. Hautement expressifs, ces portraits forment de véritables hommages aux personnages qu'ils animent de passions encore lointaines mais ô combien prometteuses pour le Petit Arménien.
Fragile de santé, indiscipliné mais sensible, il cherche sa voie et ne cesse de voyager de moments ingrats en ravissements inespérés. Où la délivrance surgit presque toujours à la dernière minute comme dans les rêves de sa mère.
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Cela peut arriver n'importe où.
Dans le froid et la pluie d'hiver. Par une chaude après-midi d'été. En pleine ville. Au bord de la mer. Tout près d'un casino ou encore un jour de carnaval où tous déambulent, parfaitement méconnaissables... Soudain quelqu'un vous bouscule et vous voilà nez à nez avec l'être qui a détruit votre existence : le rival qui vous a pris votre fiancée, le père qui ne vous a pas aimé, la maîtresse que vous avez rejetée.
Vous brûlez d'en venir aux mains. Mais non, vous pressentez que tout se jouera autrement. Au-delà de la haine, de l'angoisse et du remords. Autour de vous, la vie continue à suivre son cours : des musiques s'échappent des bars, des voitures accélèrent, des rires résonnent. Et vous pressez l'allure, histoire d'échapper au fantôme du passé qui s'attache à vos pas. Une course-poursuite qui durera toute la nuit.
Jusqu'à échanger enfin un regard, une parole de compassion au point du jour. Neuf nouvelles en forme de déambulations sur le thème des retrouvailles.
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L'écrivain Lester Godard fuit la scène de crime où gît le cadavre de sa femme, Françoise Hardy.
Tandis qu'il s'élance sur la route d'Arras au volant de sa Ford Mustang, les images d'une autre cavale affluent à sa mémoire : celles de son « parcours » d'auteur haché, précaire.... Y défile, par flashes, le film de rencontres capitales, de succès fulgurants, d'interviews bruyantes ou encore de séances de signature envahies de monde. Souvenirs à la précision quasi photographique qui font de lui un homme seul. Un fuyard. Jusqu'à ces quelques petites phrases, échangées en confidence avec un rare initié, figure littéraire complice, compagnon de route, qui surnagent, tout à coup chargées d'une résonance insolite.
La fiction va peu à peu se mêler à ces souvenirs du monde réel. Les oeuvres les plus marquantes de Lester Godard, généralement inspirées par la Seconde Guerre mondiale, créent des personnages semblables à lui-même : qui persistent à vivre leur vie secrète de pure fiction à l'intérieur des minutes les plus graves de l'Histoire. Tel ce pilote de la Luftwaffe ; Erwin Lockhart, qui initie au chamanisme son co-pilote Joseph Beuys et lit l'Anabase de Xénophon pendant la marche triomphale des armées hitlériennes en Russie. Plus le temps avance, plus Lester Godard apparaît comme un caméléon, un écrivain si éclectique que la critique n'arrive plus à le suivre, encore moins à le classer. « Mallarmé pop », « Pérec rock », la voix des plus déterminés et des mieux disposés à son égard s'essouffle. Surtout qu'il demeure « vague » du point de vue idéologique.
Plus il écrit, plus son univers subit la contagion de son imagination et le lecteur lui-même en perd ses repères, après avoir été littéralement embarqué :
Françoise Hardy, son épouse, n'est qu'un homonyme, Mademoiselle Chanel n'était qu'un chat. Pour le reste, en revanche, tout est vrai : un antique électrophone Teppaz et une vingtaine de vinyle 45 tours (Nat King Cole, Petula Clark, etc.), deux photos dédicacées (une de Diana Rigg, l'autre de Linda Thorson), une fausse collection de Cahiers du cinéma des années 1964 à 1967, les deux derniers numéros du magazine Rock& Folk, un album de bande dessinée de Guy Pellaert (Pravda la Surviveuse, l'édition Losfeld originale), quelques Marabout Flash dans un état de fraicheur sidérant, l'affiche Bob Dylan par Milton Glaser, un dessin de Roland Topor, etc.
Lester Godard a maintenant la police à ses trousses.
Le temps accélère comme dans Les Choses de la vie de Sautet. Il a un Beretta sur lui. On devine qu'il va s'en servir pour le meilleur et pour le pire.
Ce récit, séquencé comme un court-métrage, brille par une précision documentaire. Tandis que les flashes se succédant font triompher le rêve et à l'intérieur du rêve, toute la vérité sur la mort de Françoise Hardy ou le dernier mot de la dernière histoire. La dernière séquence de la dernière séance.
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À l'occasion du trentième anniversaire de la mort de Georges Simenon (1903-1989) en 2019, Jean-Baptiste Baronian examine le cas «Simenon» comme s'il dirigeait une enquête criminelle. Simenon est a` la fois victime, coupable et toujours... en cavale. On voyage a` travers les multiples zones d'ombre et non-dits qui planent encore sur son oeuvre et sa biographie pour redécouvrir l'incroyable modernité, la singularité saisissante de cet écrivain.
Un portrait irrésistible et subtil par l'un des plus grands spécialistes de Simenon.
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Poète et fin lettré, le jeune François d'Aygremont vit avec sa mère Oriande à Bruxelles, capitale des XVII Provinces. Initié sous le nom de Maugis aux mystères d'une société hermétique qui remonterait à Empédocle d'Agrigente (Vème siècle avant J.C.), François étudie les belles-lettres à Oxford. La guerre et l'expérience de la clandestinité lui permettra de développer des dons de divination hors du commun et de recevoir la pleine révélation de sa vocation spirituelle.
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Lisez les nouvelles de ce recueil, sans doute le plus remarquable de tous ceux qu'a déjà signés Michel Lambert.
Son thème majeur, la solitude, y est traité avec une maîtrise jamais égalée auparavant. De quoi est-il question ? De coeurs brisés, de deuils, de trahisons, d'échecs cuisants ou de secrets de famille... Choses déjà racontées mille fois, dira-t-on. La force mystérieuse et invincible qui monte de ces nouvelles vient d'ailleurs. Elle s'explique par l'art infiniment subtil du dévoilement et du retardement auquel l'auteur a recours pour traduire l'ineffable de la solitude, un drame dont on ne se débarrasse pas en se confiant simplement à une âme compatissante. La solitude épouse, ici, la consistance fuyante des nuages : peuplée d'ombres dont la nature et la forme fantastiques explosent tout à coup pour introduire un autre sentiment connexe au mal être : la terreur. Qu'on ne s'y trompe pas. Le registre de Michel Lambert demeure celui du réalisme, servi par une minutie d'observation et un rare instinct de la montée en crise et des variations psychologiques les plus infimes, quasi météorologiques. Qui mieux que Michel Lambert parvient à ancrer dans le quotidien le plus banal, l'irruption de la fatalité la plus singulière, exprimé par un style soudain magique ? Écoutez les conversations qu'il nous rapporte. Des conversations de tous les jours, qui se poursuivent entre des regards et des gestes, eux aussi, familiers à notre mémoire. Sauf qu'il s'y cache cette troisième présence, brouillant la ligne, celle du double et du doute : quand le personnage se regarde trente ans en arrière et renie tout bas l'être qu'il a été. Aucun secret ne nous est révélé en ligne droite. La solitude s'appuie, ici, sur un réseau de relations complexes, mise en scène d'une manière qui, toujours, obéit au sens de la désorientation et pour cause... La qualité quasi photogénique rendue à l'énigme des personnages frappe peu à peu le regard. Quand leurs silhouettes d'êtres égarés, seuls sur Terre, se détachent tels des fantômes en avance sur leur propre mort. Entraînés par le flux continuel qui animent les grandes villes, ils lèvent aussi les yeux vers le ciel et c'est alors qu'apparait toute la dimension de l'oeuvre lambertienne : quand ce moment d'éternité se fixe, comme en surimpression, divin et consolateur, au-dessus de la solitude si misérable à l'échelle humaine.
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« Un beau matin de printemps, il avait appris dans un couloir de la radio que son émission ne fêterait pas ses dix ans d'existence. Dès septembre, elle disparaîtrait de la grille des programmes. Il était rentré chez lui eff ondré, en rage, un peu ivre aussi. Il lui avait demandé de le rejoindre au plus vite mais elle n'avait pas su trouver les mots pour le consoler, c'était une femme faite pour le bonheur, le faste, qui, plus que lui, croyait en l'avenir. Alors, au moment de le quitter, sur le seuil de la porte, comme elle évoquait la tiédeur de l'air, les arbres qui embaumaient et le bleu pâle du crépuscule et que, soudain, après l'avoir embrassé, elle lui avait murmuré : «Ne t'en fais pas, mon chéri. Quand nous reverrons-nous ?», il l'avait fixée durement et, à l'issue d'un long moment, de sa voix déjà perdue : «Quand ? Le jour de la fin du monde.» » Il y a comme une lumière qui traverse ces multiples mondes. Et qui rayonne au coeur battant des vies qui s'attirent puis s'éloignent.
Lumière vue de tout près dans les yeux de la bien-aimée. Lumière qui brillera une dernière fois dans la nuit la plus longue. Dans cette nuit où l'on s'appelle en secret, où toujoursrenaît l'ardeur intacte.
Un recueil de nouvelles magnétique.
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« Lorsque, quelques semaines plus tard, le scénario fut enfin achevé, je n'avais toujours pas revu Betty. J'avais tenu bon, m'étant forcé à partager la destinée de mon personnage. Cependant, à la différence de celui-ci, je savais où la retrouver, mon inconnue d'une nuit. Par ailleurs, à bien y réfléchir, je n'étais pas sûr que nous ayons vécu tout à fait la même chose, lui et moi. La jeune fille brune et lui avaient connu une sorte de communion totale, un accord parfait, indépassable des corps et des émotions. De la tendresse pour toute une vie. Betty et moi, qu'avions-nous cherché, sinon à apaiser notre faim ? Ce qui pouvait expliquer pourquoi mon obsession, à l'inverse de celle du personnage, avait connu tant de hauts et de bas, des relâchements. » Un réalisateur travaille sur l'adaptation de La Jeune fille brune, roman du grand écrivain yougoslave Alexandre Tisma (1924-2003). L'histoire est simple : un homme revient sans cesse dans une petite bourgade sans prétention où il a connu autrefois une nuit d'amour mémorable. Le projet, cependant, piétine. Outre les problèmes de budget qu'il soulève, il suscite de nombreuses réticences imprévues chez les membres de l'équipe. Complices artistiques depuis trente ans, ils ont, en effet, essuyé bien des désillusions tant personnelles que professionnelles et, comme le héros de Tisma, gardent en eux une part de nostalgie et de rêve inassouvi.
Quand il ne recherche pas un ciel « vraisemblable », en accord réel avec sa vision, le réalisateur se rend compte qu'il est en train de vivre exactement la même histoire d'amour inconsolable que le personnage de La Jeune fille brune.
Une seconde chance, voilà ce qu'il voudrait...
Une aventure avec une jeune inconnue nommée Betty va rouvrir la boite de Pandore de la nostalgie blessée et créera le drame.
Cette splendide dérive entre rêve et tentative désespérée de retrouver le paradis perdu de la toute première fois avant qu'il ne soit trop tard s'accomplit sur fond de grisaille quotidienne et de lutte de tous les instants. Déployant la subtile tension de la fêlure, Michel Lambert nous entraîne tour à tour dans l'extase et la chute au gré d'un réveil brutal. Magistral.
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Londres, 2000. Traditionnelle et déjantée, capitale financière internationale et centre mondial de la création contemporaine, la ville fascine, attire, inspire. Le narrateur l'a élue en choisissant le très charmant quartier de Chelsea comme lieu de séjour régulier pour ses besoins professionnels. Historien d'art et ethnologue de formation, il a pour métier de fournir à des collectionneurs anglais - dont un certain Sir Harry, financier et esthète - des oeuvres d'artistes italiens des XVIIe et XVIIIe siècles.
Une rencontre avec une jeune femme belle et mystérieuse, Laura, va bouleverser son quotidien. Rome, Venise, Paris, Londres rythment son parcours de chineur sur fond d'attentats, d'émeutes, d'incendies... Jusqu'à l'Afrique qui fera brutalement irruption dans ses rapports professionnels par le biais des "diamants du sang". Se réappropriant sa liberté dévoyée dans un monde saturé d'artifices, il se frayera, en une quête d'amour vrai, une voie salvatrice où Sonia, sa compagne discrète, biologiste, fera entendre sa "voix bleue" immuablement présente.
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« Il lui semblait que son visage, à défaut de lui être familier, lui rappelait quelqu'un, à moins que tous, aussi dissemblables fussent-ils sur les photos du site, n'aient le même visage, le même air, à la fois inconnus et universels. » Une blonde, au physique avantageux, la quarantaine passée, comptabilise d'innombrables heures à paresser à la terrasse de son café habituel comme à y multiplier les rendez-vous aussi express que jetables, résultat d'une consultation régulière d'un site de rencontres sans... « lendemain ».
« Plus tard, alors que nous longions le fleuve en silence, il se tourna brusquement vers moi, empoigna mon bras, le serra si fort qu'il me fit mal. Il me fixa, le regard suppliant, jusqu'à ce que je détourne les yeux. D'une voix sourde, tout en maintenant la pression, il murmura :
- Ma femme est morte ce matin.
Je ne répondis rien parce que, sur le moment, la première pensée qui me traversa l'esprit était que son haleine empestait le whisky et le cigarillo. Et peut-être aussi parce qu'il m'avait donné l'impression de se sentir en faute. L'instant d'après, il était trop tard. De toute façon, il n'y avait rien à répondre.
Il lâcha mon bras, respira très fort plusieurs fois de suite, toussota, inspecta un instant le ciel étoilé.
- Demain, il fera beau.
- Tout à l'heure, rectifiai-je.
Il se tourna vers moi, interdit.
- C'est vrai, nous sommes le lendemain, dit-il d'une voix à peine audible. » Deux solitaires se sont croisés, un soir de réveillon., à la sortie d'un cinéma. Le plus âgé entraîne le plus jeune à ses côtés et tous deux finissent en boîte de nuit. Mais le silence tendu du premier contraste violemment avec la frénésie du second bien décidé à fêter la nouvelle année. Le « lendemain » seulement, c'est-à-dire trop tard... l'écervelé découvrira le drame de son désormais inconsolable compagnon de fête forcée.
« Elle était assise à la terrasse du Continental, sur le boulevard de la Rénovation, à deux pas des principaux ministères, de la Bourse, des grands journaux. Je venais de traverser distraitement. D'où j'étais, j'apercevais, installés à l'autre bout de la terrasse, un ancien Premier ministre et un homme d'affaires connu, mais ç'aurait pu être un trader, une vedette de cinéma ou du showbiz, voire un truand au masque affable. Ou un couple people. Traîne souvent dans le coin l'un ou l'autre paparazzi. Dans une autre vie, j'ai été l'un d'eux, enfin presque. Et dans une autre vie encore, j'ai moi aussi fixé des rendez- vous au Continental, j'y ai même, folie suprême, loué une chambre avec suite. Pour l'épater. » Un homme retrouve une femme à une terrasse d'hôtel cossu. Des années ont passé. Lui est en nage, un peu accroc à la bouteille. Elle semble encore plus mince, encore plus dure et encore plus riche qu'avant derrière ses lunettes noires. On dirait une photographie, une image figée de Hopper où le temps n'a pas progressé d'un pouce. Son ancien amant tente de se remémorer leur passé en vain. En vain, tente-t-il également d'inventer à cette femme étrangement statique et insensible un avenir, un « lendemain ».
Michel Lambert nous fait pénétrer à nouveau dans l'univers chancelant des couples ou des compagnons de route improbables, des secrets douloureux à retardement, des derniers pas que promènent, au fil d'un poignant chant du cygne, ceux qui ne pourront plus jamais se retrouver comme avant, dans l'illusion ou le fantasme, soudain surpris par l'éternel lendemain et sa lumière trop forte et trop blanche.
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Baudelaire au pays des singes
Jean-Baptiste Baronian
- PIERRE-GUILLAUME DE ROUX
- 18 Mai 2017
- 9782363711984
« Quand Baudelaire décrète, haut et fort, que tous les Belges sont « bêtes, menteurs et voleurs », qu'ils sont des « tas de canailles », qu'ils éclatent de rire sans motif (« signe de crétinisme »), qu'ils s'amusent en bande, qu'ils marchent de travers, « remplissent toute une rue, avec leurs pieds et leurs bras », n'ont aucune souplesse et « ne savent pas se garer, s'effacer », qu'ils sont présomptueux, qu'ils méprisent les hommes célèbres, justement en raison de leur célébrité, qu'ils ne pensent pas et que, dans l'échelle des êtres vivants sur la terre, ils ont leur place « entre le Singe et le Mollusque »...
Et quand il se déchaîne contre l'absence de coquetterie et de pudeurs des femmes belges, toutes avec de gros pieds, de gros bras, de grosses gorges et de gros mollets.
Contre la cuisine belge pleine de sel, « dégoûtante et élémentaire » (nonobstant ce que raconte Georges Barral). » Le 24 avril 1864, Baudelaire arrive à Bruxelles, la capitale d'un jeune royaume (il a été créé en 1830), sur lequel il ne connaît pas grand-chose, si ce n'est de vagues lieux communs. Il envisage de n'y rester que deux ou trois semaines, le temps de donner quelques conférences, de proposer sa collaboration à L'Indépendance belge, le plus important quotidien du pays, de rencontrer les éditeurs des Misérables de Victor Hugo, et de prendre quelques notes en vue d'un ouvrage sur « les riches galeries particulières » de la Belgique. Or, très vite, tous ces projets tournent court. Et du coup, du jour au lendemain, il devient belgophobe. Mais quelles sont les raisons exactes de ces échecs à répétition ? Et qu'est-ce qui pousse au juste Baudelaire à rester deux années entières dans ce pays qu'il déteste, où il accumule une multitude de notes éparses et, surtout, où il s'ennuie « mortellement » ?
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Pirotte ou le pays du hasard
Emmanuel Rimbert
- PIERRE-GUILLAUME DE ROUX
- 19 Octobre 2017
- 9782363712189
« Cette rupture, cette passion qu'il eût de basculer soudain vers les frontières, c'est-à-dire les paysages renouvelés avaient pour cause secrète l'envie de Lotharingie. Pirotte l'avocat, Pirotte le poète, Pirotte le Belge, prenait le chemin de l'écrivain maudit. Il dira : je ne suis pas pamphlétaire, je suis Belge. Il doute sur le besoin de majuscule, puis ajoute qu'il n'y a pas de Hasard. Pirotte s'engage seul dans une course contre rien, contre la vitesse, la vie des notables qui ne sert à rien. Pas même à consoler. La consolation apparaitra dans les paysages, la couleur d'un ciel brouté par les nuages. L'horizon comme une montre qui ne cesse d'avancer. Mais ça fera mal de devenir une icône de la douleur. Il est déjà seul dans ce décor. La Flandre, la Hollande, il les aimait moins férocement. Une Flandre aux ciels infinis, à la terre pâteuse comme les repeints de Permeke. » Ce n'est pas une biographie académique, c'est un récit qui ouvre sur le paysage intérieur de Jean-Claude Pirotte (1939-2012), Prix Goncourt de Poésie 2012, Prix Rossel 1986 pour Un été dans la combe, porté par ses souffles et ses paradoxes. C'est un billet pour ses cavales à la Rimbaud, ses bistrots de poète buissonnier à la Blondin, son coeur de cancre lumineux à la Dhôtel. Grâce à Emmanuel Rimbert, on met ses pas dans les pas de Pirotte, l'enfant de la Lotharingie rêvée, des ciels gris bleus d'Ardenne...
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L'indifférence de rébellion, c'est un peu la recherche du juste équilibre : ne surtout pas chercher à devenir, en tant que critique, le petit je-sais-tout dégommeur de talents improbables ou le nostalgique d'une ère qui vit les plus grands mais bien au contraire, rester fidèle à soi-même :" sauvegarder dans ses chroniques comme dans ses évocations, l'innocence créatrice de l'enfance de la sagesse stérile des grandes personnes.«