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Cnrs
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Traduire sous contrainte ; les écrivains et le communisme
Ioana Popa
- Cnrs
- 21 Octobre 2010
- 9782271068095
L'instauration des régimes communistes en Europe de l'Est entraîne une transformation radicale des conditions de publication et d'exercice du métier d'écrivain, due à l'étatisation, à la centralisation, au contrôle idéologique, à l'instauration d'une censure préventive et répressive. Subsiste-t-il alors un espace d'échange intellectuel entre l'Est et l'Ouest ? Comment des oeuvres produites dans des conditions de contrôle étroit de l'imprimé parviennent-elles à circuler au-delà des frontières et à être traduites ? Comment déjouer un faisceau de contraintes politiques, économiques, juridiques, matérielles et linguistiques ?
L'étude magistrale de Ioana Popa répond à ces questions à travers une analyse sociologique et historique des transferts littéraires en provenance de Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie, Roumanie et d'URSS vers la France de 1947 à 1989. Grâce à une approche originale et à un riche matériau empirique en grande partie inédit, elle permet de saisir par quels circuits les textes passent en traduction, retraçant les trajectoires de leurs auteurs et de leurs intermédiaires ainsi que leurs savoir-faire. De l'exportation éditoriale d'oeuvres engagées à la clandestinité littéraire, elle restitue des logiques de circulation qui relèvent aussi bien des États et des appareils partisans que des réseaux transnationaux structurés autour de l'exil ou d'organisations de combat « antitotalitaire ». Instrument de propagande extérieure mais aussi de contestation, l'écrit apporte, à travers la traduction, une notoriété qui protège les écrivains de la persécution qu'ils subissent dans leur pays. En restituant les enjeux politiques de ces transferts culturels, ce livre majeur montre que la littérature, à l'heure de la Guerre froide, était d'abord et surtout une arme de combat.
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Du romantisme au symbolisme, la « poésie pure », formule de combat contre toute soumission du langage poétique à des fins instrumentales, tend à s'imposer en valeur directrice au sein du microcosme des poètes : « La poésie n'a pas la Vérité pour objet, elle n'a qu'Elle-même », affirme Baudelaire en 1857.
Pascal Durand s'attache à montrer que cette poésie de plus en plus repliée à l'intérieur de ses propres signes revêt des dimensions sociales spécifiques. Suivant une démarche nourrie de sociologie de la littérature et de rhétorique des textes, il y procède à deux échelles. Tantôt par l'examen de configurations répondant aux dynamiques de différenciation et de coalition du champ littéraire moderne : l'offensive des romantiques contre le formalisme, la doctrine de combat de Leconte de Lisle, le rapport officiel de Gautier sur les « Progrès de la poésie » en 1867, ou le Tombeau à la mémoire du même Gautier orchestré par les parnassiens. Tantôt par des lectures rapprochées, mettant en relief les opérations qui assurent, au coeur des textes, diverses médiations du social : transposition des structures du système poétique chez Mallarmé, mécanisme parodique des « beau comme » chez Lautréamont ou poétique du décor chez Laforgue.
De la « forme idée » portée par Hugo à « l'initiative aux mots » chez Mallarmé, en passant par la prose furieuse des Chants de Maldoror, réflexivité faite oeuvre, une troisième perspective se dessine : celle de théories proprement poétiques de la signification dont certains principes continuent de régir notre conception de la poésie. -
Créer des automates, inventer des labyrinthes complexes à s'y perdre, remodeler les lois de la nature et s'envoler vers le soleil : les figures associées à Dédale continuent d'animer nos rêves en dépit d'un essor des techniques qui a transformé ces défis en expériences familières.
Le mythe grec du premier artiste-ingénieur mobilise en effet un symbolisme universel en construisant la scène - masculine - des origines de la culture, quand la chute de son fils, Icare, illustre le statut tragique de sa transmission.
La culture européenne, des lettres aux arts - peinture, sculpture, musique, danse, cinéma -, a constamment interprété la fable au fil des siècles. Le Moyen Age marque le mythe du sens chrétien de la faute, alors que la poésie baroque célèbre l'énergique Icare, fils émancipé que tout oppose au fils déraisonnable de l'Antiquité.
Du XVIIIe au début du XIXe siècle, les utopies politiques et techniques annexent Dédale et Icare, mais à l'Age industriel, c'est le seul Icare qui devient à la fois le pionnier de l'aéronautique et la figure impuissante de la sublimation artistique.
La culture contemporaine, plus que jamais, retisse la fable. Les artistes découvrent de nouveau la figure de Dédale l'inventeur de labyrinthe en même temps que celle de son autre fils, le Minotaure, part d'ombre des multiples visages de l'artiste.
Michèle Dancourt déchiffre l'histoire et les métamorphoses des fictions singulières forgées autour des deux noms mythiques à travers textes et images, et leurs jeux.
Elle ouvre des chemins inédits dans le dédale des inventions artistiques, de Gilgamesh à Joyce, du skyphos Rayet à Brazil de Terry Gillian.