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Allia
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«Très franchement, je ne crois pas qu'on puisse parler d'un monde dans la langue d'un autre monde. Je ne veux pas dire que ce ne serait pas souhaitable, simplement que ce n'est peut-être pas possible. À moins de recourir à des artifices. Sauf que tout ça prend du temps, tout ça demande de l'énergie, et je ne crois pas qu'on en ait tant que ça. Parce qu'autant le dire clairement : je ne la parle pas leur langue, je ne l'ai jamais parlée. Avec le temps, j'ai fini par la comprendre.» Avec la version, Debora Levyh nous entraîne à la rencontre d'un peuple imaginaire et insaisissable. Observation poétique de leur artisanat, leurs coutumes, leur rapport au temps et à l'écriture, ce récit aux accents anthropologiques nous plonge avec inventivité au coeur d'un groupe d'individus en mue perpétuelle, chez qui la notion d'identité n'a pas de valeur. La description de cette mystérieuse communauté est aussi l'occasion pour Debora Levyh de proposer une fine analyse sur la question du langage, et plus particulièrement sur la difficulté à parler d'une culture dans une langue qui n'est pas la sienne. Au-delà de sa force descriptive, ce premier roman brille par l'étrangeté de sa poésie, où l'onirisme côtoie des visions surréalistes aussi déroutantes que fascinantes.
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En proie à de multiples doutes quant à son inspiration, Rainer Maria Rilke se promène sur les rochers du château de Duino, non loin de Trieste, quand il entend soudain une voix : «Qui donc, si je criais, m'écouterait dans les ordres des anges ?» Il tient là les premiers mots des Elégies de Duino, dont la rédaction s'échelonne de 1912 à 1922. Comment vivre avec la menace de la mort ? Comment accepter les limites de l'homme, qui n'est ni animal ni Ange ? L'amour peut lui offrir ce soupçon d'éternité. Et les figures les plus hautes de cette aspiration première seraient l'enfant qui connaît la mort précoce ou encore la femme à l'amour brisé, fuyant tout lien terrestre. En acceptant de se plier à sa condition terrestre, l'homme peut accepter la mort, condition de l'éternité.
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«J'ai quelque chose à dire. Et c'est très court.» Voilà qui résume la forme lapidaire, définitive et jouissive, privilégiée dans ce recueil, à mi-chemin entre le journal et le cahier d'humeur. Poèmes, aphorismes, sentences entendues et brefs récits se succèdent à un rythme effréné, comme s'il l'on suivait le cours de la pensée de ce poète anti-poète.
Scutenaire ose écrire ce qu'il pense et touche à tous les registres du verbe. Il décrit les livres qu'il aime, les auteurs qui comptent, les mots qui lui importent ou les attitudes qui l'insupportent. Ce recueil regorge de trouvailles langagières et philosophiques, forme un puits de connaissance inépuisable et un témoignage sensible sur une personnalité hors du commun. «C'est ça le génie : ne pas le faire exprès.»
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Par le biais de cette autobiographie, et à vrai dire grâce à elle, je crois avoir répondu, dans la mesure du possible, à une question que l'on m'a souvent posée : "comment en étais-je arrivé à faire de pareilles choses ?" je crois surtout avoir montré suffisamment clairement qu'au fond, c'était une seule et même force qui m'avait poussé, dans mon enfance, vers le rêve et plus tard, dans les frasques stupides puis dans la maladie et finalement vers l'art.
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Au fil des ans, Scutenaire a égréné ses Inscriptions, dans le sillage de Restif de la Bretonne ou de Lichtenberg. Bien plus que de simples aphorismes - avec ce que le terme peut comporter de creux ou de factice -, les réflexions de Scutenaire vont au plus profond sans avoir l'air d'y toucher. Sa méfiance généralisée perce à ce jour les ressorts cachés du moi et du monde, et de cette déconstruction naît une oeuvre d'une richesse infinie, à laquelle on peut sans cesse revenir puiser.
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L'apologie de la paresse
Clément Pansaers
- Éditions Allia
- Petite Collection
- 1 Février 2018
- 9791030408355
Rédigée en 1917 et publiée en 1921, au tout début du mouvement Dada, L 'Apologie de la paresse possède un charme mélancolique singulier, un ton qui ne ressemble à aucun autre.
De fragments en fulgurances, ce pamphlet poétique aurait toute sa place dans l'Antologie de l'humoir noir. Face à la société marchande, l'auteur invite à l'insoumission, à la nonchalance, à la joie et au rire dans une langue vive, libertaire et iconoclaste à souhait.
Dans cette apologie où se mêlent lyrisme iconoclaste, érotisme noir et terminologie savante, Clément Pansaers tire une conclusion sans concession : la paresse est la condition souveraine de la raison humaine.
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Face à un monde peuplé d'algorithmes et d'investisseurs, Robert rêve. Mieux, il invente. Sa « vitrine », capable de traiter et d'actualiser en permanence les données des entreprises, remporte un franc succès. Mais dans un monde soumis à un capitalisme implacable, la situation dégénère et le rêve tourne au cauchemar. Le triomphe de l'efficacité technique coïncide avec celui de la violence : les entreprises qui ont acheté l'invention subissent une vague de meurtres sans précédent.
Dépassé par les événements, sous la pression des investisseurs, Robert médite. Plongé dans l'horreur, il perd tout contact avec la réalité et s'absorbe dans une rêverie lugubre. Fantasmes et réalité se mélangent jusqu'à un paroxysme de confusion, qui se résoudra dans un déchaînement de violence...
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Clément Pansaers est né en 1885 en Flandre. Il découvre en 1919 l'existence du mouvement Dada, dans lequel il reconnaît un mode de pensée paradoxal et libertaire qui correspond à son propre état d'esprit. Pourtant, déçu par les querelles de chapelle, il prend rapidement ses distances avec le mouvement. Ce qui ne l'empêche pas de publier en 1920 Le Pan Pan au cul du nu nègre, suivi en 1921 par Bar Nicanor, deux textes iconoclastes qui, tout en faisant entendre une voix originale, comptent parmi les plus grandes réussites du mouvement. Il meurt prématurément à Paris en 1922. Audaces typographiques jubilatoires, provocations multiples, irrespect généralisé, Bar Nicanor, dont les personnages principaux ont pour noms Couillandouille et Crotte de bique, a tout du texte du dada par excellence. Les nombreuses références musicales qui parsèment le texte invitent à le considérer comme une improvisation à la manière des jazzmen, Pansaers se laissant guider par la libre association des mots. Pourtant derrière les apparences modernistes se révèle à qui sait lire
attentivement le récit d'une profonde expérience spirituelle, qui n'est pas sans lien avec la quête du vide des philosophes taoïstes.
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Le Pan Pan au cul du nu nègre fut salué à sa parution par Aragon et Breton qui trouva dans ce livre «un écho de la voix de Jacques Vaché». Le titre même annonce la couleur : on y retrouve le goût de Pansaers pour la provocation et sa virtuosité langagière qui masque toujours une signification plus profonde. Le Pan Pan est tout à la fois le coup de feu mortel de l'assassinat de Rosa Luxembourg, une critique évidente du colonialisme et une allusion moderniste à la négritude. De tous les membres du mouvement dada, c'est de Picabia dont Pansaers fut, jusqu'à la fin de ses jours, le plus proche. Le Pan Pan est naturellement à placer à côté de Jésus-Christ Rasta
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L'oeuvre tout entière de Paul Nougé le hisse en personnalité singulière du surréalisme.
Cet esprit foncièrement indépendant fait fi de la morale et des conventions en matière de littérature.
Il est surtout doté d'un sens radical du détournement et excelle dans la pensée éclair et dans la forme brève aux accents érotiques, allant par exemple jusqu'à entièrement réécrire un récit populaire pour en faire un véritable brûlot de sensualité. Le volume comprend les textes critiques consacrés à ses amis, tels Magritte ou Raoul Ubac, et à quelques autres fi gures phares comme Jacques Vaché.
Manifestes, tracts, invectives cinglantes et autres textes parus dans les revues font également partie de cette somme, promise à faire date.
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Le point de vue le plus important - parce que dada était plus que dada - est qu'à l'origine il y avait des motifs multiples et complexes, des critiques et des révoltes sociologiques et artistiques.
Ces impondérables restaient cachés à la plupart des gens pendant son activité, et c'est à présent seulement qu'on peut y voir à peu près clair ; en cela, dada ressemble à tous les autres événements. Mais, en son temps, tout était dada et dada était tout. Les bourgeois le croyaient babillage ou plaisanterie saugrenue, mais ils devaient bientôt découvrir qu'ils s'étaient trompés. Nous avons su remplir les journaux de fausses nouvelles sur dada et ses méfaits.
Ce qu'était Dada réellement, on l'apprendra dans les pages qui suivent.
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Alors qu'il commence des assemblages de matériaux hétéroclites et des photomontages, Paul Joostens livre, en 1921, aux éditions anversoises Ça Ira, dirigées par Paul Neuhuys, Salopes, un des textes les plus authentiquement dada. Cette année-là, paraît, aux mêmes éditions, L'Apologie de la paresse de Clément Pansaers. La publication de Salopes, tirée à cent vingt-cinq exemplaires, sera effective en 1922, un an avant que Neuhuys ne publie Les Rêves et la Jambe de Henri Michaux.
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Dans ce récit intime, la narratrice se tutoie et, par la même occasion, tutoie le lecteur. Elle nous met à sa place, devant l'évidence de notre propre trouble identitaire. C'est à nous qu'est reproché d'avoir trahi notre clan ou nos origines. C'est nous, encore, qui sommes devenus étrangers à notre ville natale. Belge ayant choisi de s'exiler à Paris, la narratrice dénoue avec un humour cinglant les liens complexes avec sa famille, notamment sa mère, qui n'a de cesse de relever les indices du fossé qui s'est creusé entre elles : perte de l'accent, style vestimentaire... Preuves que sa fille mène à Paris une vie mondaine.
Pour les Liégeois, Paris, "c'est l'bout du monde". Or, l'on est partout étranger. Mais une réconciliation est encore possible...
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Découragée, l'auteur s'attelle à écrire sur le découragement... Pourtant, lire ce livre, c'est prendre une claque. Car Joanne Anton écrit avec rythme, avec dynamisme, précision et vitalité. Mais aussi avec un sens subtil de l'autodérision et une langueur particulière, en une lutte entre le corps et l'esprit. La pensée est la plus forte, c'est elle qui tire les ficelles du corps et de la plume. L'écriture devient acte de pensée, alors que l'auteur écrit en réfléchissant à l'acte même d'écrire. Le langage tente de se plier aux événements de la vie selon un principe d'imitation, comme une tentative illusoire d'apprivoiser la vie par le récit. Tiraillée entre la question complexe de l'écriture littéraire et la difficulté à vivre, la narratrice parvient à lier les deux, avec en arrière-plan une figure tutélaire, Thomas Bernhard, et un livre en particulier : Marcher. Plus qu'un récit sur le découragement, protagoniste abstrait qui donne son nom à l'oeuvre, le texte de Joanne Anton est un récit-réflexion sur le mal de l'écriture et le rapport obscur de cet acte avec la mort.
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Il ne croit à rein, excepté ce qui est le moins croyable, étant superstitieux sur tout plein d'objets.
Heureusement qu'il a de l'honneur et de la délicatesse, car avec sa phrase : je l'ai promis à dieu, ou bien : dieu le veut, il n'y a pas de chose dans le monde qu'il ne fût capable de faire : il aime, il convoite tout, et, après avoir eu de tout, il sait se passer de tout.
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Publiée en 1921, mais rédigée dès 1917, L'Apologie de la paresse n'a pas encore la violence cacophonique des futurs textes dada de Pansaers. Le charme insinueux et mélancolique de ce long poème qui baigne dans les vapeurs de l'opium invite à l'abandon, au détachement de tout. « O le luxe imprévu de la fainéantise ! La grève générale sur la grève ensoleillée ! »