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Prix
Anthropologie
-
Voyager dans l'invisible : techniques chamaniques de l'imagination
Charles Stépanoff
- La Decouverte
- Les Empecheurs De Penser En Rond
- 29 Août 2019
- 9782359251586
Les civilisations de l'invisible bâties par les peuples du nord, encore puissantes à l'aube du XXe siècle, n'ont pas résisté longtemps à l'entreprise d'éradication méthodique menée par le pouvoir colonial des États modernes. Ce livre permet enfin de rendre compte de l'immense contribution à l'imaginaire humain des différentes pratiques cognitives des chamanes.
Le chamane est un individu capable, d'une façon mystérieuse pour nous, de voyager en esprit, de se percevoir simultanément dans deux espaces, l'un visible, l'autre virtuel, et de les mettre en connexion. Ce type de voyage mental joue un rôle clé pour établir des liens avec les êtres non humains qui peuplent l'environnement.
Les chamanes ne gardent pas pour eux seuls l'expérience du voyage en esprit : ils la partagent avec un malade, une famille, parfois une vaste communauté de parents et de voisins. Les participants au rituel vivent tous ensemble cette odyssée à travers un espace virtuel. De génération en génération, les sociétés à chamanes se sont transmis comme un précieux patrimoine des trésors d'images hautes en couleur, mais en grande partie invisibles.
Ce livre est le fruit d'enquêtes de terrain et reprend l'ample littérature ethnographique décrivant les traditions autochtones du nord de l'Eurasie et de l'Amérique. Au travers de récits pleins de vie, il rend compte de l'immense contribution à l'imaginaire humain des différentes technologies cognitives des chamanes. Les civilisations de l'invisible bâties par les peuples du Nord, encore puissantes à l'aube du XXe siècle, n'ont pas résisté longtemps à l'entreprise d'éradication méthodique menée par le pouvoir colonial des États modernes, qu'il s'agisse de l'URSS, des États-Unis ou du Canada. Ce livre nous permet enfin de les appréhender dans toute leur richesse.
Livre Finaliste en 2020 pour le Prix littéraire de la Fondation François Sommer -
Qui a vu le zébre ? : L'invention de la perspective animale
Thibault de Meyer
- Les Liens Qui Liberent
- 10 Avril 2024
- 9791020924100
Quels efforts faut-il mettre en oeuvre pour arriver à prendre en compte le point de vue d'un autre ? La question des perspectives est au coeur des pratiques artistiques, en particulier de la peinture de la Renaissance florentine qui a voulu représenter sur le tableau le point de vue d'un observateur humain. Plus récemment, certains éthologues ont radicalisé le projet des peintres en cherchant à reproduire la perspective d'autres animaux : celle des chiens, des mouches, des abeilles, des vaches, des lions, des hyènes et de bien d'autres espèces encore. Thibault De Meyer montre comment, en poussant le projet perspectiviste le plus loin possible, l'éthologie donne naissance à une nouvelle philosophie.
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L'inconnue : Cinq présences mystiques féminines contemporaines
Hilary Hart
- Vues De L'Esprit
- 10 Mai 2024
- 9782960345902
Les femmes auraient-elles un accès spécifique à l'expérience mystique ? La question se pose depuis longtemps et a suscité de multiples débats. Les courants de l'écoféminisme lui donnent à présent une nouvelle actualité. Plutôt qu'une approche théorique, Hilary Hart va à la rencontre de femmes engagées dans des démarches spirituelles de différentes traditions : sioux Lakota, soufisme islamique, bouddhisme tibétain ou chamanisme Dagara d'Afrique de l'Ouest. Des contreforts de l'Himalaya au désert de Mojave en Californie, du Burkina Faso aux plages de la Mer du Nord, ce livre fait résonner des voix que l'on entend rarement. Elles parlent de la condition féminine et des capacités qui lui seraient propres dans le rapport à l'invisible et au monde naturel. En partageant leur vie quotidienne, Hilary Hart s'est imprégnée de la sagesse de ces femmes mystiques. Elle n'en revient pas avec des enseignements conceptuels mais brosse les portraits vivants de ces exemples d'une spiritualité incarnée et fait le récit d'expériences parfois bouleversantes. Se dessinent ainsi sous une forme plurielle et ouverte, les grands traits d'une énergie féminine, aussi bien accessible aux hommes qu'aux femmes, que l'une des personnes rencontrées appelle « l'Inconnue ». Son trait le plus essentiel consiste à laisser entrer le divin - les aspects ultimes de la réalité - dans tous les plans de l'existence, et se transmet autant par l'amour que par la joie et la connaissance. On rit beaucoup dans ces pages qui peuvent se lire comme autant de récits initiatiques. En ces temps de guerres et de dévastation écologique, on trouvera plus qu'un réconfort dans la sérénité de ces femmes qui incarnent une autre manière d'être pleinement au monde. De nos jours, la simplicité est peut-être ce qu'il y a de plus profond.
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Les intelligences particulières : enquêtes sur les maisons hantées
Grégory Delaplace
- Vues De L'Esprit
- 19 Novembre 2021
- 9782931146019
Les habitants des maisons hantées s'inquiètent des présences invisibles qui troublent leur quotidien ; il leur arrive de demander de l'aide pour qualifier ces inquiétantes apparitions. En Angleterre, la Société pour la recherche psychique avait précisément été créée pour répondre à de telles interrogations. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, face aux appels qui lui sont soumis, le jeune enquêteur Donald West affiche un scepticisme inébranlable. Ce dialogue de sourds, confronté à d'autres réponses possibles, permet de mettre en évidence les différents régimes d'explication mobilisés pour rendre compte de ces perturbations de l'expérience commune. La subtile enquête menée à propos de ces enquêtes contradictoires chemine vers une proposition de méthode : les fantômes résistent à la généralisation, ils appartiennent à la texture des lieux qu'ils hantent. Si certaines « intelligences particulières » savent se montrer sensibles à leur présence, c'est qu'elles habitent déjà le monde en étranger.
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Journal d'un explorateur noir au Pôle nord
Matthew Henson
- Zones Sensibles
- 19 Mars 2021
- 9782930601458
Le 6 avril 1909, l'exporateur blanc Robert Peary a conduit une expédition qui, pour la première fois, a atteint le pôle Nord en traîneau à chiens. Dès son retour, il suscite la polémique avec Frederick Cook, un autre explorateur qui, lui aussi affirmait avoir atteint le pôle nord, le 21 avril 1908. La controverse sera tranchée par le congrès des États-Unis, qui fait officiellement de Peary le premier vainqueur du pôle Nord.
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Tradition critique : penser après la rencontre coloniale
Talal Asad
- Vues De L'Esprit
- 5 Mai 2023
- 9782931146064
« Le plus influent anthropologue vivant » selon la revue L'Homme, et pourtant ignoré en France, Talad Asad est mondialement connu pour avoir amorcé la critique du concept de « religion ». Source majeure de L'Orientalisme d'Edward Saïd et des courants décoloniaux. Cet ouvrage de synthèse inédit rassemble ses articles les plus importants. Anthropologue reconnu dans le monde entier, Talal Asad a été l'un des premiers chercheurs à critiquer les présupposés coloniaux des sciences sociales, dès les années 1970. Son approche anthropologique des sociétés modernes et sécularisées l'a conduit à mettre en évidence l'origine occidentale et chrétienne de la notion de « religion ». Le présent recueil rassemble ses essais anthropologiques les plus marquants. Ils examinent notamment la position de l'anthropologue après la « rencontre coloniale » qui traduit la parole « indigène » dans un langage qu'Asad définit comme intrinsèquement chrétien, et proposent une redéfinition de l'islam comme « tradition vivante » et non comme une religion ou un système de croyance. Alternant questions de méthode, généalogies et sensibilité aux situations concrètes, cet ouvrage fournit une introduction idéale aux propositions d'Asad. On y découvrira une pensée anthropologique exigeante et provocante - héritière de Mauss, de Certeau ou Foucault -, qui a constitué une source majeure des études post-coloniales. Les perspectives comparatistes tracées par Asad rendent sensibles le « provincialisme » de la modernité européenne, les spécificités de son sécularisme et invitent à donner un sens positif et critique à la notion de tradition. L'absence de réception francophone de son oeuvre était une anomalie. Ce livre y remédie, en donnant les moyens de prendre la hauteur nécessaire vis-à-vis de sujets sensibles mais centraux, par-delà les polémiques récentes autour de l'« islamo-gauchisme ».
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Au risque des effets
Didier Debaise, Isabelle Stengers
- Les Liens Qui Liberent
- 18 Avril 2023
- 9791020924995
Le pragmatisme conjuguerait les pêchés de l'irrationalisme, de l'irréalisme et de l'immoralisme. La pensée de W. James en particulier, a été l'objet de violentes critiques : remise en question de toute position de vérité, celle-ci étant réduite à ce qu'elle rapporte ; célébration inconditionnée du sens commun, identifié à des opinions infondées ; subjectivisme, mettant au premier plan la confiance contre l'esprit objectif ; remise en question de toute valeur au profit des effets...
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Devenir autre: hétérogénéité et plasticité du soi
David Berliner
- La Decouverte
- 5 Mai 2022
- 9782348069697
Même si la plupart des humains disposent de la conscience d'avoir un moi unique et stable, ce dernier est plus fragmenté et plastique qu'on ne tend à le penser. Des sosies de Napoléon à Gary inventeur d'Ajar, de la cosplayeuse fan de Wonder Woman à l'amateur de devenir animal, du rôle d'acteur au jeu grandeur nature, en passant par l'anthropologue qui s'indigénise, David Berliner étudie un répertoire étonnant d'expériences identificatoires. En électrisant nos capacités de prise de perspective, d'empathie et d'imitation, ces formes spectaculaires du devenir autre sont autant de laboratoires de l'exploration du soi qui rendent possible l'émergence de la multiplicité et de la versatilité identitaires. On y est, notamment, amené à se découvrir soi-même comme un autre.
Et si être soi, c'était non seulement ressentir l'unité du moi, mais également éprouver son inconstance, le passage incessant entre ses diverses facettes et l'acquisition de nouvelles dimensions ? Si être soi-même, c'était à la fois être un et plusieurs, permanent et oscillant ?
Cet essai invite à étudier la gymnastique complexe du soi pour appréhender la nature hétérogène des identités ordinaires. Dans le même mouvement, il pose les bases d'une nécessaire discussion sur l'une des grandes controverses culturelles de notre époque : qui peut jouer à être qui ? -
Camp est : journal d'une ethnologue dans une prison de Kanaky-Nouvelle-Calédonie
Chantal Deltenre
- Anacharsis
- Les Ethnographiques
- 22 Septembre 2022
- 9791027904440
En 2016, Chantal Deltenre se voit confier une mission d'observation ethnographique par l'administration pénitentiaire française au « Camp Est », la prison de Nouméa en Nouvelle-Calédonie. Elle y est demeurée un mois. Étrangère à l'univers carcéral tout autant qu'au monde calédonien, elle en rapporte un récit qui plonge le lecteur de plain-pied dans un centre de détention directement hérité de la colonisation - et peuplé à 90 % de détenus kanak.
Son témoignage interroge alors avec acuité les impasses d'une justice pénale trop facilement conçue au prisme des « différences culturelles ».
Car c'est surtout la prison dans son ensemble, ici ou ailleurs, que questionne cet ouvrage. -
Après 6/5 (2013-2014), ouvrage qui retraçait les origines historiques et technologiques du trading à haute fréquence depuis l'apparition du télégraphe au XIXe siècle jusqu'aux réseaux en fibre optique du XXIe siècle, Alexandre Laumonier poursuit ici, avec une écriture plus « humaine », son exploration des marchés financiers où désormais chaque microseconde compte. Dans ce nouvel ouvrage en deux parties de 96 pages chacune - soit deux récits indépendants -, il sera tour à tour question de religion, de la mafia ukrainienne, d'un impressionnant raid d'agents du FBI, de vol de codes, de mathématiques financières, mais aussi de réseaux de communications, de pylônes haubanés et d'antennes, de Londres, de Francfort et de la Belgique, de l'armée américaine et de Christ en croix...
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Nomad's land ; éleveurs, animaux et paysage chez les peuples mongols
Charlotte Marchina
- Zones Sensibles
- 14 Juin 2019
- 9782930601397
Cet ouvrage est un essai sur les relations que les éleveurs nomades entretiennent avec leur environnement chez deux peuples mongols, en Mongolie et en Sibérie du Sud. Il propose une vaste synthèse de la littérature publiée sur le sujet dans de nombreuses langues occidentales et orientales, mais est aussi et surtout le fruit d'une vingtaine de mois d'enquête cumulés sur le terrain entre 2008 et 2015. Grâce à sa connaissance des langues (mongol, bouriate, russe) et ses séjours prolongés, l'auteur entraîne le lecteur dans l'intimité et la vie quotidienne des éleveurs. Ce livre se concentre sur les aspects spatiaux du pastoralisme nomade, et notamment sur les manières dont les éleveurs envisagent et mettent concrètement en oeuvre l'occupation de l'espace, à partager avec des être non humains, que ce soient des animaux domestiques, sauvages, ou encore des entités invisibles. En comparant les situations de peuples mongols de part et d'autre de la frontière mongolo-russe, il donne également à voir un continuum culturel mongol malgré l'inscription dans des trajectoires historiques et politiques différentes.
La grande originalité de l'ouvrage réside dans l'abondante cartographie, résultat de données GPS de première main collectées par l'auteur, qui donne à voir les itinéraires de nomadisation des éleveurs et les trajets quotidiens des différents troupeaux sur les pâturages. Les nombreuses cartes, accompagnées d'une analyse fine des données, offrent une meilleure compréhension de toute la complexité des relations en jeu entre les éleveurs, leurs animaux - chevaux, chameaux, bovins, moutons, chèvres et chiens - et leur environnement partagé, ainsi que des manières dont systèmes sociaux et écologiques interagissent entre eux à travers des boucles d'actions et rétroactions.
En ces temps de changements climatiques extrêmement rapides sur ces terrains, et plus généralement à l'ère de l'« Anthropocène » - concept qui implique que l'homme est devenu une force géologique majeure qui agit sur la terre -, les relations que les humains entretiennent avec leur environnement sont devenues, dans la plupart des endroits du monde, un enjeu écologique, économique, politique et éthique majeur. Dans ce contexte, la grande division entre nature et culture qui caractérise les visions du monde occidentales est lentement en train de s'effondrer. Loin de vivre « en symbiose » ou en « harmonie » avec leur environnement, comme se plaisent souvent des Occidentaux à s'imaginer ou à présenter les Mongols, ils ne nous donnent pas moins, en se refusant eux-mêmes à toute relation de domination exclusive sur les animaux et les ressources naturelles, l'occasion de réfléchir aux relations que nous-mêmes voulons entretenir aujourd'hui avec notre environnement.
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Mexique profond ; une civilisation niée
Guillermo Bonfil batalla
- Zones Sensibles
- 19 Septembre 2017
- 9782930601274
Mexique profond. Une civilisation niée, paru pour la première fois en 1987 (15 autres réimpressions seront réalisées depuis en langue espagnole), est un classique de l'anthropologie historique mexicaine. L'argumentation de Guillermo Bonfil Batalla dans cet ouvrage ne se réduit nullement à opposer de façon schématique le monde indien (« Mexique profond ») et le « Mexique imaginaire » (qui correspond au monde occidental). Certains passages attestent d'un désir de convaincre les lecteurs de la réalité de la domination qu'un groupe humain a exercée sur un autre depuis l'arrivée des Conquistadores sur le territoire mésoaméricain au début du XVIe siècle, mais l'enjeu est avant tout d'inscrire cet antagonisme au sein d'un processus historique évolutif qui tend parfois à en occulter l'existence, notamment à travers la négation de la présence des Indiens depuis l'époque Moderne.
Le principal effort de Batalla vise à rendre sensible « l'ubiquité de la présence multiforme de l'indianité » en particulier en retraçant certains épisodes-clés de l'histoire du Mexique. De ce point de vue, les premières descriptions du monde préhispanique, non exemptes d'une idéalisation de l'autochtonie, ou les vigoureuses critiques formulées à l'encontre de l'entreprise coloniale, ne sont pas les plus surprenantes puisqu'elles s'appuient sur des données historiques bien connues. On notera cependant que, dès la première partie, plusieurs développements dépassent avec beaucoup de perspicacité bon nombre d'oppositions (ville/campagne, indien/ métisse) à l'intérieur desquelles le dualisme exposé dans l'introduction semblerait enfermer le propos de l'auteur. Les pages consacrées à la présence des Indiens dans l'univers urbain, dans les marchés ou pendant les activités rituelles font comprendre que l'anthropologue doit suivre la capillarité du corps social et non se contenter de délimiter des camps, territorialement hermétiques, dans lesquels vivraient de façon séparée des groupes différents.
En affirmant que le monde indien apparaît partout, sous de multiples visages, le propos de Batalla consiste donc à interpréter le réel pour rendre perceptible une forme d'existence qui a été chassée du champ de la visibilité. À cet égard, la dimension la plus stimulante de la réflexion de l'auteur réside dans sa capacité à faire émerger les paradoxes, voire les réécritures de l'histoire, autour desquels, comme dans beaucoup d'autres sociétés, s'est construite l'identité du Mexique. Les chapitres III et IV de la deuxième partie, s'attachent ainsi à démontrer que l'Indépendance de 1812, puis la Révolution éclatant un siècle plus tard, sont loin d'avoir été les périodes les plus favorables pour les cultures indiennes, en dépit de la glorification de « l'Indien », popularisé par les grands peintres muralistes. Ainsi, en prenant des distances avec une histoire officielle largement répandue dans son pays, Bonfil décèle-t-il une « alchimie mentale qui perdure jusqu'à nos jours » en vertu de laquelle les Mexicains possèdent une « capacité à dissocier l'Indien d'hier et l'Indien d'aujourd'hui ».
Pour ce qui concerne la dimension anthropologique, un des problèmes importants abordé par l'ouvrage est celui de l'articulation entre la multiplicité des peuples et leur intégration à l'intérieur d'un ensemble culturel uniforme, problème qui, depuis longtemps, aiguille la réflexion mésoaméricanistes (et dont l'insurrection du Chiapas ou l'élection de certains présidents indiens ne constituent que la partie la plus visible).
Par ailleurs, Mexique profond s'inscrit parfaitement dans des débats extrêmement contemporains concernant le multiculturalisme, le métissage, les situations postcoloniales, la question de la visibilité des minorités.
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On pourrait l'appeler le tout-perdre contemporain. « On perd notre culture », « On a abandonné nos coutumes », « Les traditions se perdent », « Tout fout le camp », « Il n'y plus rien ici », « les jeunes ne s'intéressent plus au savoir », la perte se décline aujourd'hui sous toutes les formes.
Perdre sa culture, son identité, ses traditions, son savoir ou ses racines, et son corollaire - le besoin de transmettre - sont des figures mobilisées par de nombreux individus et collectifs à travers le monde. Irréversibilité du temps et lamento sur la perte, ce que l'on a perdu soimême ou pas. Au nom du tout-perdre, il faut absolument faire passer quelque chose du passé, des identités et des cultures, qu'il s'agisse des nôtres ou de celles des autres. Perdre sa culture invite le lecteur à réfléchir sur ces nostalgies patrimoniales contemporaines, en révélant les formes diverses que peut prendre le diagnostic de la perte culturelle. Alors que se multiplient partout sur le globe les revendications à la préservation culturelle, l'anthropologie nous enseigne qu'il existe des façons différentes de penser la disparition, la mémoire, la transmission et le patrimoine.
Le premier chapitre « Une impossible transmission en Afrique de l'Ouest » explore les discours liés à la perte culturelle et les mécanismes qui président à la transmission religieuse chez les Bulongic de Guinée-Conakry, une culture africaine décrite comme en train de disparaître.
Dans le second chapitre, à partir d'une recherche ethnographique menée au Laos (à Luang Prabang), j'analyse le travail de cette nostalgie patrimonialiste dans le contexte particulier d'une institution, celui de l'Unesco et de ses actions patrimoniales sur le terrain. Les chapitres 3 et 4 sont historiques et réflexifs. Le troisième chapitre expose l'histoire des liens complexes entre ethnologie et nostalgie, et invite à réfléchir sur la persistance de la figure de l'anthropologue nostalgique aujourd'hui. Enfin, l'ultime partie traîte de l'observation participante dans ces rapports avec la perte culturelle. L'anthropologue est rarement celui qui perd sa culture, mais plutôt celui qui louvoie entre différents horizons culturels et la nourrit d'influences multiples, un homme-caméléon par excellence.
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La pandémie de grippe est un des événements qui suscitent une mobilisation au niveau global. Le caractère cyclique des pandémies - la « grippe espagnole » en 1918, la « grippe asiatique » en 1957, la « grippe de Hong Kong » en 1968 - a conduit les experts à penser qu'une nouvelle pandémie était imminente, et qu'elle tuerait des millions de personnes. La question, pour les autorités de santé globale, n'est pas tant de savoir quand et où cette pandémie commencerait, mais si nous sommes prêts pour ses conséquences catastrophiques (l'apparition d'un nouveau coronavirus en Chine fin 2019, source d'une nouvelle pandémie mondiale déclarée en janvier 2020, va permettre de mesurer si les autorités sont réellement prêtes à affronter un tel événement). Les Sentinelles des pandémies montre, avec les méthodes de l'anthropologie sociale, comment les techniques de préparation pour une pandémie de grippe ont transformé nos relations aux oiseaux. Des milliards de volailles ont été tuées à travers le monde pour éviter que des pathogènes potentiellement pandémiques ne passent la frontière d'espèces, et les oiseaux migrateurs ont été surveillés pour comprendre la diffusion des virus de grippe en-dehors de leur lieu d'émergence. L'anthropologie sociale, en tant qu'elle produit du savoir sur les similarités et les différences entre les humains et les autres animaux, peut prendre les pathogènes franchissant les barrières d'espèces comme point de départ d'une enquête sur les transformations des relations entre humains et non-humains.
Ce livre est basé sur une recherche ethnographique conduite à Hong Kong, Taiwan et Singapour entre 2007 et 2013. Après la crise du SRAS en 2003, ces trois territoires ont investi dans les techniques de préparation à une pandémie de grippe en surveillant les virus de grippe aviaire venant de Chine, où le nombre de volailles domestiques a dramatiquement augmenté au cours des quarante dernières années. Hong Kong, Taiwan et Singapour sont trois points de passage
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Le rêve du chien sauvage ; amour et extinction
Deborah Bird Rose
- Empecheurs De Penser En Rond
- 6 Février 2020
- 9782359251470
Comment résister à la peur et à l'impuissance que provoquent aujourd'hui les extinctions de masse dans la grande « famille des vivants » ? Deborah Bird Rose nous propose ici de penser, sentir et imaginer à partir d'un terrain concret et situé : les manières de vivre et de mourir avec les chiens sauvages d'Australie, les dingos, cibles d'une féroce tentative d'éradication.
En apprenant des pratiques aborigènes, de leurs manières de se connecter aux autres vivants, elle active une puissance que la Raison occidentale a dévolue aux seuls humains : l'amour. Que devient cette capacité de répondre à l'autre, cette responsabilité, quand elle s'adresse à tous les terrestres ? En s'attachant à des bribes d'histoires logées dans nos grands récits moraux et philosophiques, elle fait sentir que le non-humain continue d'insister silencieusement et que cet appel, perçu par Lévinas dans les yeux d'un chien rencontré dans un camp de prisonniers en Allemagne nazie, n'en a pas fini de nous saisir et de nous transformer.
Il s'agit de faire sentir et aimer la fragilité des mondes qui se font et se défont, au sein desquels des vivants hurlent contre l'inexorable faillite, tressent des chants inoubliables. Les faits parlent d'eux-mêmes, disent parfois les scientifiques de laboratoire. Ici, ils nous parlent.
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Énergies Désespoirs, Un monde à réparer est le catalogue de l'exposition éponyme initiée et conçue par Encore Heureux Architectes et l'École urbaine de Lyon, installée au CENTQUATRE à Paris du 29 mai au 1er août 2021. L'exposition explore deux faces de notre planète contemporaine qui s'opposent : la crise de l'habitabilité de la Terre d'un côté, les initiatives possibles à différentes échelles de l'autre. L'ouvrage rassemble un texte de José-Manuel Gonçalvès, une préface de Jean-Christophe Bailly, un entretien avec l'équipe de commissariat d'exposition et un ensemble de 120 tableaux grand format peints par l'artiste Bonnefrite. Il comprend également les réponses de quinze personnalités à la question "Quel est votre désespoir? Quelle est votre énergie?" et la re-publication de cinq articles issus du journal quotidien en ligne AOC.
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L'invention du Cap-Vert : de la créolisation
Pierre-joseph Laurent
- Depaysage
- Sous L'ecorce
- 4 Novembre 2022
- 9782902039326
Comment est née la société insulaire du Cap-Vert ? Cette question, longtemps restée en suspens en raison d´une vision du passé confisquée par l´ancienne métropole, Lisbonne, trouve ici sa réponse. Le défi consiste à articuler les approches anthropologiques et historiques à travers trois périodes (les XVe-XVIe?siècles, du XVIIe siècle à 1980 et de 1980 à nos jours) afin de tirer les faits de l´oubli et comprendre les interactions entre courtiers luso-africains, esclaves et Portugais. Si la rencontre entre la culture des maîtres et celles des esclaves est inégale, cette minutieuse enquête nous révèle que, finalement, c´est le catholicisme qui s´est créolisé, engendrant une société profondément originale.
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Réflexion du philosophe sur les motivations des auteurs d'attentats-suicides, depuis la fin du XIXe siècle. Ecartant les explications idéologiques, il démontre qu'ils sont pris dans une guerre des images, rappelant la surenchère visuelle des société...
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Pensées en archipel : de Madagascar aux Antilles
Christophe Genin, Rafolo Andrianaivoarivony
- Impressions Nouvelles
- Reflexions Faites
- 7 Avril 2022
- 9782874499555
Pensées en archipel résulte de rencontres entre universitaires, poètes et artistes venus de Madagascar, de La Réunion, des Antilles françaises et de la région parisienne. Toutes et tous se sont voulus des voyageurs au long cours de la pensée, à l'instar de Jean Paulhan. Toutes et tous se sont fédérés autour d'un concept : l'indianocéanie. Cette notion, géographiquement située mais humainement universelle, promue par l'humaniste Camille de Rauville, retrouve des échos dans la créolisation antillaise. Si l'insularité est un fait géographique qui peut induire une mentalité singulière, elle est foncièrement une interprétation du monde, faite de représentations locales et d'interférences dans un réseau d'îles pour lesquelles la mer est un lien et non un obstacle.
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Résister ! De l'adaptation à la dissidence en terrains criminologiques
Valérie Caprasse, Nelson Das Neves Ribeiro, Dominique De Fraene, Luce Molitor, Sybille Smeets, Collectif
- Universite De Bruxelles
- Droit Et Criminologie
- 3 Octobre 2024
- 9782800418858
Évaluer, expertiser, standardiser, normaliser ; autant d'injonctions qui infiltrent depuis plusieurs décennies les terrains hétéroclites intéressant la criminologie dans le cadre d'un mouvement plus global de managérialisation de la fonction publique.
Face à celui-ci, on observe de multiples formes d'adaptations, d'aménagements, de contournements, de bricolages, d'instrumentalisations, voire, plus rarement, d'oppositions directes.
En s'appuyant essentiellement sur des travaux empiriques, une vingtaine de chercheur·es mettent en lumière comment des professionnel·les du champ criminologique, mais également des membres de la société civile, « résistent » concrètement aux nouvelles logiques gestionnaires et invitent les lecteurs et lectrices à poser leur regard sur la créativité et l'ingéniosité que déploient les personnes concernées.
Ce livre est une invitation au voyage, par des chemins divers, parfois de traverse, en hommage à Christophe Adam, ami et collègue de l'Université libre de Bruxelles. -
Créer une monnaie complémentaire : manuel à l'usage des citoyen-ne-s
Bernard Lietaer
- Bord De L'Eau
- La Bibliotheque Du Mauss
- 23 Janvier 2018
- 9782356875556
Unique en son genre, ce manuel est un guide pratique à destination de toutes les personnes impliquées dans la création et la gestion de monnaies complémentaires et citoyennes.
De tels projets foisonnent depuis quelques années sous des formes diverses, en lien avec l'intérêt grandissant pour les questions liées à la transition écologique et sociale. En France, aujourd'hui, on compte une centaine de monnaies dites « citoyennes », à vocation locale affirmée, dans des villes ou territoires de tailles diverses, et sans doute autant sont en gestation. Par ailleurs, de plus en plus d'acteurs (citoyens, associations, collectivités territoriales, entreprises...) réfléchissent à des monnaies plus spécifiquement orientées vers tel ou tel sujet (la réduction des déchets, la vie de quartier, le développement de la culture...).
Or, dans ces projets passionnants, beaucoup d'aspects doivent avoir été anticipés et maints écueils doivent être évités.
Ce manuel cherche à présenter des pistes pour repérer certaines difficultés et pour les contourner, mais aussi des propositions pour renforcer la solidité et la pérennité des projets. Il tente de balayer l'ensemble des questions qui se posent, avec des exemples d'organisation, des propositions de manière de faire, des listes de points à aborder pour chaque aspect du projet. Il ne prétend pas à l'exhaustivité ni à procurer une manière unique de faire mais, en se basant sur de nombreuses expériences, à dessiner des possibles pour que la monnaie prenne corps et atteigne ses objectifs.
L'auteur principal de ce guide, Bernard Lietaer, est aussi un des principaux défenseurs, et peut être le plus connu, des monnaies locales : économiste renommé, ancien responsable de la Banque centrale de Belgique (où il participa à la création de l'euro), ancien opérateur de marché, il travaille depuis plus de dix ans à comprendre et promouvoir les monnaies locales en tant qu'outil d'action publique, auprès des autorités politiques comme des acteurs citoyens. Le manuel, rédigé à l'origine pour le gouvernement flamand, a été ici réactualisé, et renforcé d'une analyse juridique et fiscale spécifique à la France : il est ainsi aujourd'hui enfin disponible en français.
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Quel dommage que tu ne sois pas un garçon ! rencontres avec des femmes remarquables en Chine impériale
Françoise Lauwaert
- ACADEMIE ROYALE DE BELGIQUE
- L'academie En Poche
- 10 Octobre 2020
- 9782803107322
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Qui étions-nous ? Pour répondre à cette question, Paul Jorion dresse l'inventaire de ce que nous, êtres humains, avons pu comprendre jusqu'ici de notre destin. Il convoque pour ce faire les phares de notre réflexion sur nous-mêmes, certains aux noms attendus : Confucius, Socrate, Aristote, Paul de Tarse, Hegel, Nietzsche et Freud, ou moins attendus, tels Machiavel, Shakespeare et Victor Hugo, voire inattendus, comme Mao Tse-toung et Jacob Taubes.
Cette évaluation est réalisée en vue d'assurer notre salut, lequel est sérieusement compromis aujourd'hui, dans un contexte de destruction accélérée de nos conditions de vie à la surface de la Terre. Le scénario le plus optimiste parmi les plus plausibles a cessé d'être celui de machines de plus en plus intelligentes à notre service, pour être celui de notre remplacement pur et simple par celles-ci. Si nous voulons survivre en tant qu'espèce, il nous faut sans plus tarder passer la vitesse supérieure. Il faut pour cela réunir l'équipe de ceux qui ne se résolvent pas à notre disparition, des femmes et des hommes qui soient précisément résolus, bâtissant sur les principaux acquis de l'humain, de la réciprocité au génie technologique. C'est l'appel lancé dans cette Défense et illustration du genre humain.
Anthropologue et sociologue, Paul Jorion révolutionne depuis dix ans le regard que nous portons sur la finance et l'économie. Il a récemment publié chez Fayard À quoi bon penser à l'heure du grand collapse ?