Aspect essentiel de son oeuvre, le théâtre a littéralement habité Jean-Richard Bloch. Sa première pièce fut montée par André Antoine à l'Odéon durant la saison 1910-1911. La suivante, Le Dernier Empereur, écrite après l'épreuve sanglante de la Première Guerre, a été jouée dans plusieurs théâtres parisiens avant de connaître le succès à Berlin chez Erwin Piscator. Mais c'est Naissance d'une cité, commandée par le Front populaire et jouée en 1937 au Vel d'Hiv, qui reste l'oeuvre la plus ambitieuse de Bloch auteur dramatique. Avec ce spectacle d'avant-garde Fernand Léger a signé le décor, Arthur Honegger et Darius Milhaud, la musique , Jean-Richard Bloch veut à la fois renouveler le répertoire contemporain, rénover la mise en scène et créer le premier « théâtre de masses » français.
Depuis 1910 et son essai sur Le Théâtre du peuple, Jean-Richard Bloch a souligné la nécessité d'écrire pour son époque, d'écrire « avec du présent ». En avance sur son temps, marqué à gauche, son théâtre fut parfois mal accueilli en France. Pourtant son essai, Destin du théâtre, qualifié par Jacques Copeau d'« admirable petit livre, le plus vivant, le plus informé, le plus intelligent que j'ai lu d'une main française sur notre art du théâtre », recueille l'estime unanime de la profession.
La réédition de ces deux textes, Le Théâtre du Peuple, critique d'une utopie et Destin du théâtre, indisponibles depuis plus d'un demi-siècle, redonne à l'écriture de Jean-Richard Bloch ce goût du présent qu'il défendait et illustrait à travers son théâtre et son engagement.
L'essai d'Antoinette Blum, en introduction, retrace l'itinéraire d'un intellectuel pour lequel le «théâtre associe dans un mariage inséparable le poète et le public, l'homme et l'époque».