Ce livre est né d'une complicité, de l'amour commun des tableaux, de quelques contraintes amicalement choisies et de l'irrésistible envie de rendre le sérieux ludique. Jacques écrirait une fiction sur la peinture au début du XXIe siècle.
Quel autre écrivain aurait pu se mouvoir avec tant de facilité et de souplesse dans l'univers quasi secret des galeries et des ateliers d'artiste ? Sous son regard assuré d'observateur, ce fils de peintre a inclus dans un récit aussi précis que passionnant une tranche de vie complète de l'époque : les personnes qui travaillent pour qu'une galerie « tourne », les comportements parfois étranges des collectionneurs, les commerces avoisinants avec leurs vitrines et leurs secrets avouables et inavouables. Au cinéma, nous imaginerions l'auteur en photographe joué par James Stewart dans Fenêtres sur cour. Mais il ne s'est pas arrêté là.
Par une provocation habile, il m'a amenée, quelques années plus tard, à mettre son récit en images. En fin connaisseur, il savait parfaitement comment parler à l'illustratrice que je suis. Nous avons ainsi joué à un jeu vertigineux : prendre la peinture, la transformer en verbe pour retransformer celui-ci en images...
Hélas, le décès inopiné de Jacques est survenu avant la parution de ce livre.
Puisse Suzanne à la pomme offrir au lecteur le même plaisir que celui que nous avions à évoquer si souvent ce petit monde insolite et tellement humain.