Eugène Mattiato (1910-1991).
Italien arrivé à Charleroi en 1924 et descendu à la mine pour ses quatorze ans, il suit les cours du soir afin de s'émanciper. Militant syndical déjà lors de la grève des mineurs en 1932, il rédige alors des articles dans divers périodiques ouvriers. Durant la Seconde Guerre, il entre en résistance et diffuse la presse clandestine. Il se met également à écrire des nouvelles, romans et pièces de théâtre, le plus souvent d'inspiration autobiographique et socialement engagés.
Son roman La Légion du Sous-Sol est primé en 1958 et connaît un immense succès. Mattiato y dénonce les conditions de travail déplorables et les mesures de sécurité insuffisantes des charbonnages belges. Le drame du Bois du Cazier, le 8 août 1956, est encore dans tous les esprits... Pamphlet peu apprécié par les milieux patronaux, son roman lui vaut d'être licencié du charbonnage où il travaillait. La Ligue des Familles le recrute alors comme secrétaire permanent à Charleroi.
II collabore à divers journaux (L'Action, Sole d'Italia, La Lotta sindacale, Le Ligueur, Le Peuple,...), milite dans le mouvement laïque (il est notamment conseiller laïque auprès des hôpitaux civils de Charleroi), donne des cours d'italien et d'allemand au Cercle polyglotte, s'implique dans diverses associations culturelles et siège au Conseil Consultatif des Etrangers, où il défend l'idée du droit de vote des étrangers aux élections communales.
De son vivant, aucun autre roman n'est édité malgré ses démarches auprès de plusieurs éditeurs. Pronostiqué parkinsonien en 1978, il rédige au jour le jour son Journal d'un Parkinsonien. Décédé en 1991, il doit à la ténacité de sa veuve Marie-Louise d'être aujourd'hui publié plus largement. La Légion du Sous-Sol a été rééditée dans la collection Espace Nord, chez Labor en 2005, tandis que les éditions Memogrames ont pris l'initiative de publier quatre oeuvres inédites : Fils de Houilleur (un roman très autobiographique), La Babel des Ténèbres (roman où se côtoient au fond d'une mine impitoyable et éprouvante Wallons et Flamands, Allemands anciens prisonniers de guerre, Grecs, Yougoslaves, Baltes, Russes, Marocains, ...
Et beaucoup d'Italiens, puisque l'action se déroule au lendemain de la 2e guerre, quand la main-d'oeuvre afflue d'Italie), Le Baiser à la Morte (roman sentimental à connotation sociale, puisque l'héroïne est une hercheuse et son fiancé, un mineur) et Les Fils de la Louve, récit burlesque relatant les mésaventures d'un jeune Italien de Belgique, enrôlé dans l'armée de Mussolini, inspiré du vécu du frère cadet d'Eugène Mattiato et écrit dans les années 1970.